J'ai payé pour ça
J'ai payé pour ça
Karolina Von Goethe, 78 ème maire de la ville de Gehirn, la ville du savoir. Une grande femme dépassant allègrement les deux mètres et crapotant toujours avec son calumet, cela vous parle-t-il ? Une femme égoïste selon certains, manipulatrice selon d'autres ou simplement précautionneuse pour de rares personnes. L'oeil ne voit que la surface des choses et pourtant en connaitre l'intérieur changerait aisément sa perception, même si cette surface reste identique.
Restons dans cette ville d'alchimiste et retournons dans le temps d'une année avant que cette prise de bec familiale.
Karolina se trouvait dans son bureau, alors qu'un magnifique soleil brillait à travers les carreaux de sa fenêtre. Des chats roupillaient les quatre fers en l'air dans un abondant bain de soleil, des oiseaux se posaient à l'ombre des arbres grignotant quelque baies au passage. Les humains se détendaient sur leurs toits, cueillant des citrons pour en faire une petite limonade, les doigts de pieds en éventail. Pourtant, malgré ce beau temps, madame le maire était bloquée sur sa chaise, face au raz-de-marée administratif qui envahissait sa table. Une montagne de paperasse composé d'article de loi à revoir, de partenariat commercial, caprices de ses citoyens, demande de budget de rénovation et plein feuillets indigestes.
Durant toute cette journée d'administration, Karolina ne vit que le soleil chuter vers l'horizon. Les derniers rayons de lumière avait disparut à présent, la nuit se profilait de nouveau alors que la jeune femme termina d'apposer sa signature ainsi que son sceau de cire sur un ultime papier. Elle lâcha un long soupir en s'étirant les épaules, soulagée d'en avoir terminé avec ces formalité.
- Je vais sortir prendre un peu de bon temps, je l'ai mérité après avoir failli mourir d'ennui ! se dit-elle en agitant ses jambes engourdies par la position assise.
Après s'être coiffée de son chapeau, Karolina descendit vers la ville basse, saluant ces concitoyens au passage. En raison de sa taille, il était impossible pour elle de se promener incognito, par ce fait, elle déambulait non sans une certaine prestance. Alors qu'elle se dirigeait vers sa destination, Karolina aperçu de l'agitation vers une ruelle habituellement calme. Des gloussements féminins accompagnées de voix masculine, au ton un peu aviné si l'on se fiait aux voyelles qui s'allongeaient un peu trop.
Curieuse elle s'enfonça dans cette rue, découvrant un bâtiment fraichement restauré qui était auparavant un salon de thé sur le déclin d'après ses souvenirs. Le propriétaire avait du vendre l'endroit pour pas grand chose vu la localisation peu avantageuse. Des filles en tenue légère et décolleté plongeant aguichaient sensuellement les passants par leurs formes et leur roulement de hanches.
- Tiens donc, un lupanar viens d'ouvrir ? Je me demande ce qu'il vaut...
Quand elle s'approcha des courtisanes ces dernières s'approchèrent immédiatement d'elle en roucoulant.
- Madame le maire ! Quelle surprise de vous voir ici ! Vous désirez la chambre VIP ? dit l'une d'entre elle.
- Nous pouvons garder notre meilleur homme ou notre meilleur fille pour vous ! Dites nous ce qui vous fait envie ! Qu'est ce qui vous ferait plaisir ? rajouta une seconde.
- Je viendrai vous voir plus tard jeunes filles, j'aimerai voir le patron d'abord ! répondit Karolina alors que des mains baladeuses se promenaient sur son corps.
Elle se libéra de cette étreinte et rentra dans la maison close alors qu'une des filles appela le patron. L'endroit n'avait rien à envier aux autres maison concurrente, luxueuse, propre, chaleureuse, et la qualité du personnel semblait à la hauteur.
Au bout d'une poignée de seconde, un homme de petite taille, n'excédant pas le mètre cinquante, descendit l'escalier menant à l'étage. Il portait des vêtement noble sombre doublé de fourrure par certain endroit. Ses cheveux noirs étaient longuement tressés et de même pour certain endroit de sa barbe fournie.
- Et bien, toutes mes salutations les plus sincères madame Von Goethe. Je ne nomme Torain Chester, patron cet antre du plaisir.
- Un plaisir de vous rencontrer ! J'aimerais m'entretenir avec vous, dans votre bureau.
- Ho ? Et bien venez je vous en prie !
N'étant pas du tout intimidé par la différence de taille, Torain marcha à coté d'elle, alors que le haut de son crâne arrivait à peine au nombril de la jeune femme. Une fois installés en face à face au bureau, un bureau ajusté à son gabarit qui bien entendu était bien trop bas pour Karolina, ils restèrent une demi seconde sans rien dire, le temps de se juger.
- Bon je suppose que vous êtes venu ici pour ça je suppose !
- Vous supposez bien ! Allez y montrez moi tout ça !
- Vous n'allez pas être déçu !
Il ouvrit alors un tiroir, et sortit plusieurs documents que Karolina s'empressa de ramasser et de consulter.
- Hummmm... Le rachat est légal, les taxes me semblent être en règle, le contrat de travail des employés est plus que correct, le sceau de la guilde des plaisirs de Black Core est authentique, le contrôle santé et hygiène des employés et des chambres est parfait... marmonna-t-elle, un peu déçue.
- Bien sur, tout est parfaitement en bon ordre ! Les maisons de plaisir sont un business des plus légaux ! Tout types de client est autorisé, tant qu'il est majeur, pour tout type de plaisir qu'il recherche ! Du même sexe ou non, par deux ou plus, le client est roi !
- Surtout s'il paye bien n'est ce pas ?
- Je ne vais pas me priver de profit pour une orientation ou un fetish particuliers ! Il faudrait être un imbécile pour refuser d'exploi...de satisfaire les désirs des gens !
- Oui en effet, c'est des plus logique ! Tout est en ordre au niveau administratif, mais il me reste encore encore un point à vérifier, mais là c'est personnel.
- Ho ? Et quel est il ?
- Et bien la qualité de vos employés, s'ils font bien leurs travail, puis je connaitre votre meilleur homme et meilleure femme ?
- Bien sur, pour regarder ? Ou pour consommer ? dit-il sur un ton taquin.
- Cela ne vous regarde pas ce que font vos clients non ?
- C'est vrai. Demandez Marilyne et Lanzo, ils sont à l'étage dans les chambres VIP, vous pouvez regarder par les miroirs sans tain, si cela vous gène.
- Merci bien, nous nous reverrons !
- Sans doute, comme cliente et non comme inquisiteur des impôts j'espère !
- Qui sait ? conclut-elle en prenant congé de son interlocuteur.
Karolina alla s'installer dans les salles cachées et observa le travail d'un oeil intéressé mais pas pour le spectacle. Les employés faisaient bien leur travail et ne semblait pas maltraité ni forcé.
Après avoir enquêter sur d'autre travailleurs et travailleuses, elle se rendit à l'évidence, Torain était des plus honnête tout comme sa société, impossible de grappiller quelque piécettes sur un détail n'étant pas aux normes. Néanmoins, en se baladant aux alentours de la chambre la plus à l'écart du lupanar, elle tomba nez à nez avec une femme au teint métissé, une peau plutôt rare dans cette région. Un grain de beauté se trouvait à gauche sous sa bouche décorée de rouge à lèvre. Ses cheveux étaient d'une couleur pourpre puis se changeant progressivement au rouge au fur et à mesure qu'on descendait vers les pointes. Ses yeux noirs maquillés en harmonie avec sa chevelure la rendait d'autant plus charmante. Cependant, on voyait sur son front une grande brûlure qui pouvait rebuter le client, tout comme sa taille plutôt importante.
- Ho ! Bonsoir madame Von Goethe ! fit-elle intimidée par la prestance de Karolina.
- Bonsoir madame... répondit-elle en laissant trainé la dernière syllabe.
- Hein ? Que... Heu, Lagertha Sayyida ! balbutia-t-elle.
- Et bien que se passe-t-il ? Tu es timide ? Ce n'est pas handicapant pour ton travail ?
- Non mais ! C'est que je ne m'attendais pas à ce que vous me demandiez mon nom, et encore moins vous voir ici !
- Combien ?
- Pardon ?
- Combien tu prends ? fit-elle sèchement.
- Heu, cinq pièces d'argent de l'heure. C'est pour un ami ?
- Non, pour moi !
Karolina sortit l'argent de sa bourse et les exhiba devant elle. Sayyida resta coi durant quelques secondes. D'un air nonchalant, la grande dame glissa l'argent entre les deux seins de son interlocutrice qui les rattrapa une fois que les pièces tombèrent de son décolleté. Une fois le dû récupérer Karolina se pencha et de l'embrassa à pleine bouche.
Cette dernière piqua un fard, avant d'ouvrir la porte de sa chambre. Une fois à l'intérieur, Karolina fit tomber la toge légère de sa partenaire sur le sol.
- C'est la première fois que tu le fais avec une femme ? susurra madame le maire.
- Heu non mais...
Sans lui laisser le temps de finir sa phrase, Karolina posa ses mains sur sa taille, l'attirant vers elle. Vêtue uniquement d'un string en dentelle Sayyida se laissa faire. Elle sentait les mains de sa cliente se balader sur son corps. Son dos, sa taille, son ventre, ses hanches et se fesses, chaque recoin de son corps passait sous les longues mains inquisitrices de la grande dame.
Pourtant durant cette séance de caresse, la prostituée remarqua un détail étrange. Le regard de sa consommatrice l'inspectait non pas pour la reluquer évidemment mais pour l'examiner. Soudainement, elle arrêta ses palpages et releva la tête de Sayyida en lui attrapant mensuellement le menton.
- Dis moi, es tu heureuse ?
- Pardon ?
- Il y a toujours une fille endettée qui travaille dans ce genre d'endroit, est ce que par hasard ça serait toi ?
- Heu oui enfin, non...
- Allons bon, tu es naturellement une cruche où c'est pour amadouer le client masculin ? fit Karolina en lui coupant la parole.
- Quoi ? Je ne suis pas très adroite je sais mais je...
- Mais quoi ? Arrête de faire ta timide ! T'es peut être à mon gout physiquement mais tu manques cruellement de cran ! Dis moi, combien d'or dois tu à Torain ?
L'intéressée baissa la tête, honteusement.
- Alors ? Combien ?
- Deux cents pièces d'or...
- Un bagatelle pour moi...
- Vous allez m'aider ?
- Raconte moi dans les grandes lignes ce qu'il t'arrive d'abord.
Sayyida prit une grande inspiration et releva la tête.
- Je suis originaire de Black Core, mon père est un natif mais ma mère viens de Maromines. J'ai hérité de mes parents décédés et beaucoup parié là bas malgré tout les avertissements. Et bien sur j'ai absolument tout perdu. J'ai emprunté de l'argent à monsieur Chester pour rembourser mes créanciers en échange de travailler pour lui. Il m'a dit qu'en temps normal il aurait refusé mais il avait besoin d'un peu de diversité dans son... établissement. Quand il a aménagé ici je l'ai suivi...
- Donc c'est entièrement de ta faute ce qu'il t'arrive ! Tu ressers cette rengaine à chacun de tes clients pour grappiller quelques piécettes ? J'ai connu des prostituées bien plus habile des l'utilisation de leur langue. Tu pensais que j'allais te prendre en pitié ?
- Personne ne veut m'aider, je ne sais rien faire... à part écarter les cuisses...
- Et bien écarte les mieux s'il le faut ! Remue toi en dehors du bordel, trouve de un truc dans lequel tu es douée ! Si tu cherches de la pitié dans ce pays tu es bien mal tombé. Si être dur en affaire était un crime, 90% des citoyens de la fédération seraient sous les verrous. Torain est des plus honnête et toi, pardonnes moi ce langage mais, tu t'es foutue dans la merde toute seule. Tout ce que tu peux lui reprocher c'est de vouloir récupérer l'argent qu'il t'a prêté, autrement dit, rien ! appuya-t-elle lourdement.
La prostituée recula immédiatement quasiment en état de choc face à cette réponse si incisive.
- Mais vous êtes le maire non ? Votre boulot n'est pas d'aider vos concitoyens ??
- Gratuitement et pour la beauté de l'altruisme ? Quelle fumisterie ! Rhabille toi, et si tu es motivée viens me voir demain à l'hôtel de ville en fin de matinée, et habillé ! ponctua-t-elle en prenant congé de la prostituée à moitié nue.
Karolina rentra chez elle, un tantinet frustrée d'avoir gâchée sa soirée de détente et de plaisir par appât du gain.
***
Le lendemain madame le maire se réveilla du mauvais pied et d'un air refrogné. Elle se frappa le front, se demandant pourquoi elle avait proposé son aide. Elle se glissa hors de son lit pour foncer vers la cuisine se préparer du café vêtu d'une simple chemise. Une fois une cafetière bien entamée avec un nuage de lait, Karolina alla se laver et se maquiller comme à son habitude, son fard à paupière, son rouge à lèvre beige et son fond de teint sur le nez venant de Capital, de la première qualité.
Machinalement, elle alla ramasser le courrier massif qu'elle avait déjà reçu. Elle s'installa à son bureaux en distribuant de petites caresses aux chats allongés à droite à gauche. Lisant les missives en diagonale, elle se laissa vite de cette triste besogne.
- Je devrais recruter un scribouillard pour faire ça à ma place...
Karolina s'enfonça dans son fauteuil, et sirota une nouvelle tasse de café regardant mollement ses pieds s'agiter dans ses collants. Ses yeux passèrent à la fumée de sa boisson grimpant vers le plafond. Après un long soupir, on toqua à sa porte, vu que personne ne se présentait ici sans autorisation, cela ne pouvait être qu'une seule personne.
- Graaaaahhh ! Pourquoi j'ai proposé de l'aider ! J'aurais dû la laisser se débrouiller comme une grande ! songea-t-elle déjà agacée de lui venir en aide.
Rebutée de ce début de journée s'énonçant d'ores et déjà barbant, elle déverrouilla la porte et laissa rentrer Sayyida qui était vêtue normalement, voir de manière insipide.
- Bonjour, fit Karolina platement.
- Hum, bonjour...
- Pffff, même à la conversation, tu manques d'imagination, allez rentre !
La concernée s'exécuta et rentra, gênée et intimidée. Les deux femmes s'installèrent dans le petit salon. Accompagnée d'une tasse de thé, la métisse essaya de cacher sa nervosité mais c'était peine perdue, cela agaçant plus son hôte qu'autre chose.
- Bon, nous allons commencer simplement, qu'aimes tu faire dans la vie ?
- Je... Je ne sais même pas.. J'essaye de lire durant mon temps libre, pour ne paraitre pour une... procureuse de plaisir illettrée, juste bonne à vendre son corps...
- Bonne initiative, mais bouquiner ne va pas t'aider à te sortir de cette situation...
- Oui je sais...
- Autre chose ? Que sais tu faire de tes mains ? Tu ne sais pas te servir de l'alchimie je suppose...
- À part pour combler mes clients je ne sais rien en faire, et pour l'alchimie non...
- Ho seigneur Balthazar... On n'est pas sorti de l'auberge... pensa-t-elle à moitié désespérer. Nous allons faire quelques petits essais pour voir si tu n'as pas un quelconque talent...
Elles se levèrent et se dirigèrent vers une sorte de salle d'entrainement un peu vide, mais les murs témoignaient d'une utilisation intensive. Des marques de brulures, de coups de sabre et des impacts de balle. Karolina récupéra diverse éléments dans ses placards. Grâce à un cercle runique invoqué sur le sol. Différents ateliers manuels surgir du sol, poterie, soufflerie de verre, écriture, cuisine, menuiserie et plein d'autre chose.
- Normalement, grâce à l'alchimie il n'y a pas besoin de toucher la matière pour la transformer...
Pour appuyer sa phrase, Karolina enfila ses gants et toucha une buche de bois qui se changea immédiatement en une chaise un peu grossière.
- Je ne suis pas maitre menuisier, par conséquent cela n'est pas du grand art. Un spécialiste serait capable de tailler une sublime commode en une fraction de seconde. Bien sur tous ont dû apprendre à travailler à la main pour ensuite diriger la magie des pierres de vent servant à trancher le bois. De même pour les restaurateurs, il se serve des pierres de feu, d'eau et de vent pour cuisiner...
- Vous êtes gentille madame, mais je vous assure que je ne sais rien faire de mes mains...
- Arrêtes de rechigner et mets toi au boulot ! gronda Karolina en la fusillant du regard.
Immédiatement, elle se mit à la tache sous le regard investigateur du maire.
Durant les longues heures de travail Karolina n'en revenait pas de son degrés d'incompétence. Elle avala par mégarde la terre glaise pour la poterie en se servant de la tournette, le reste ayant fini sur les murs, elle fit tomber le peu de verre correctement réalisé, ses écrits ressemblaient plus un test de Rorschach qu'à de la littérature, elle se brula en faisait simplement bouillir de l'eau et faillit bien se planter le rabot dans le pied pour tailler une planche. Karolina comprit aisément d'où son ''apprentie'' avait hérité de sa cicatrice.
- Ca suffit, on arrête le massacre ici ! soupira-t-elle.
- Oui je crois que cela vaut mieux, le manuel ce n'est vraiment pas pour moi...
- Je ne l'avais pas remarqué... fit-elle ironiquement. Peut être que tu te débrouillerais mieux avec l'alchimie...
- Cela ne coute rien d'essayer...
***
Surprenamment, au bout de quelques jours de lecture, Sayyida se montrait plutôt bonne élève. Elle lisait vite et retenait plutôt bien les ouvrages complexes, et souvent indigestes, apprenant les bases de cette magie. Même si elle ne comprenait pas tout ce qui était inscrit, elle retenait les formules et autre concept. Au bout de quelque jours d'apprentissage intense, Sayyida finit par faire grossièrement le tour du problème. Ses dessins de cercles étaient extrêmement basique, à tel point que même elle arrivait à les dessiner sans trop de difficulté. Karolina se surprit elle même à apprécier de faire cours.
Enfin au suite à énième leçon, une lueur de joie se mit à briller dans ses yeux.
- Je sais ce que je veux faire !
- Ha ? Éclaire moi ! minauda la grande femme.
- Je vais devenir professeure ! Vous m'avez donné envie de transmettre ce que vous m'avez appris ! Vous êtes une fantastique enseignante !
- Ne me lance pas des fleurs, je crois que finalement ton hobby de la lecture a été utile...
- Cela risque de prendre du temps, mais je suis motivée ! Une fois mes dettes réglées auprès de monsieur Torain, j'irai passer des entretiens dans des écoles !
- Cela risque d'être compliqué avec marqué ''femme de joie'' sur ton curriculum vitae....
- Ce n'est pas grave ! Si des obstacles me barre la route, je saurais les éviter ! Tant que je ne dois rien sculpter ou manipuler !
- Et bien c'est parfait ! Mais assez discuté, on a encore du travail !
Sayyida se leva et se courba respectueusement vers sa professeure.
- Je vous remercie de vous êtes occupé de moi sans rien demandé, je vais à présent me avancer par mes propres moyens !
- Et bien, voilà qui est des plus soudain ! Tu es sure de ce que tu fais ?
- Oui ! répondit-elle tout excitée.
- Dans ce cas je ne vais pas te retenir, allez vas !
- Merci Madame ! Je viendrais vous rendre une petite visite à l'occasion ! fit-elle en récupérant hâtivement ses affaires.
- J'en prends bonne note !
- Je vous rembourserai quand j'ai aurais l'occasion !!
Elle resta resta statique durant une petite seconde avant de faire un pas vers Karolina et de rougir avant de tourner les talons hâtivement. Elle fila comme le vent sans plus de discours, laissant madame le maire un peu dubitative et pantoise de cette situation. Cette dernière la regarda courir en se grattant la tête d'étonnement.
- Qu'est ce que c'était que cette comédie ?? Elle se débrouille pas trop mal mais c'est pratiquement irréalisable ce qu'elle compte entreprendre... On va devoir s'y coller...
Sur ces pensées, madame le maire s'installa à son bureau et se mit à rédiger immédiatement quelques missives.
***
Environ deux mois plus tard sans nouvelle de sa disciple, la grande dame alla se promener vers l'académie en charge de la formation des professeurs. En promener n'est pas exactement le bon terme, cela serait plutôt une volonté de se trouver au bon endroit au bon moment. Comme de par hasard, elle tomba sur Sayyida qui sortait du bâtiment.
Un pointe de gêne apparut sur le visage de l'apprentie, elle sentit son coeur s'emballer à la vue de madame le maire qui tirait sur son calumet. Karolina marcha vers elle le plus naturellement du monde. Sayyida se recoiffa et essaya de défaire les plis de ses vêtements.
- Ma...Madame Von Goethe ? Que faites vous ici ??
- Je suis venue voir comment tu allais...
- Vous êtes venu uniquement pour moi ? balbutia-t-elle tentant de calmer le sang qui lui montait aux joues
- Arrête de rougir comme une jouvencelle !
- Non mais ! C'est que tout le monde nous regarde !
Karolina zieuta aux alentours mollement, en soupirant de consternation. En effet, tout les badauds les regardaient, allant chacun de leurs ragots.
- C'est madame Von Goethe ? Elle est encore plus belle que dans le journal !
- Qui est cette fille ? Ce n'est pas une prostituée ?
- Elle vient la remettre à sa place celle la ? Cette catin n'a rien à faire ici !
- Diantre, je la voyais moins grande...
- Me dites pas qu'elle se fait pistonner par madame le maire ?
La grande dame se racla discrètement la gorge avant d'hausser la voix.
- Chers concitoyens, ne vous abaissez pas à devenir de vulgaires commères de bas étages ! Si vous avez la moindre chose à dire, je vous en prie, venez me le dire en face !
Un lourd silence s'abattit sur la place, personne n'osant n'agiter les lèvres. Par sa voix et sa taille imposante, aucun clampin se risqua à engager la conversation. La foule se dispersa dans de petits chuchotement, soit effrayée soit au contraire émerveillée. Sayyida, détourna le regard en retenant de tourner au rouge écrevisse.
- Or donc, tu veux venir boire une tasse thé ou de café ?
- B..bien sur, je vous suis, balbutia-t-elle.
- Et par pitié, décoince toi un peu !
Sans rien ajouter, Karolina se dirigea vers le café le plus proche, laissant presque l'apprentie sur le carreau. Cette dernière trottina pour la rattraper à cause des ses grands pas.
- Reste calme, arrête de paniquer ! Reprends toi ! Tu n'arriveras à rien en restant une cruche !!
Les deux femmes s'installèrent dans un café, assises dans de longs fauteuils rouges formant le coin de mur. Karolina commanda deux cafés serrés, elle le sirota tranquillement à l'état brut alors que son invitée rajouta du lait et quelques carrés de sucre.
- Bon, ton petit parcours se passe-t-il de manière convenable ?
- Couci-couça je dirais... Je sais que vous l'avez fait de bonne volonté, mais votre coup de pression sur directeur de l'académie m'a fait passé pour une profiteuse, n'étant pas là pour son talent mais par ses relations. En soit, je sais que j'avais un certain retard et que des préjugés aurait pu me barrer la route. Je pense même certaines filles qui me soupçonnent d'avoir couché avec leurs copain... Et que je ne suis pas pas fait pour ce travail et que ma place est en mer.
- Il est indéniable que les Marominiens sont les meilleurs marins du monde...
- Je ne suis pas obligé de suivre le chemin de mes ancêtres ni de mes contemporains tel que la capitaine Anny Bonnead.
- En effet, Leonardo m'a beaucoup ventée les compétences de sa capitaine, un beau brin de femme doublée d'une solide combattante et confidente pour lui.
Ce petit compliment sur une autre femme fit tiquer Sayyida, une pointe de jalousie surement.
- Dites moi, me trouvez vous ennuyeuse ? demanda l'apprentie timidement.
- Au risque de briser tes sentiments, oui effectivement ! Sois plus dynamique, montre par tes paroles et tes gestes que tu existes !
La concernée fit la moue avant de prendre une grande inspiration et fixer Karolina dans les yeux sans détourner le regard.
- Allez, montre moi que tu as des tripes ! Tu veux qu'on se souvienne de toi comme d'une catin sans talent ?!
- Non ! Je ne veux pas être réduite aux racontars qui pèsent sur mes épaules ! Je vais leurs faire ravaler leurs mépris !
- Bien dis, je vais complètement te laisser à l'abandon à partir de maintenant ! Tu n'auras plus aucune aide de ma part !
- Comptez sur moi ! Je vais leurs rabattre leurs caquet !
- Si tu arrives, je saurais te récompenser comme il se doit ! répondit-elle d'un ton coquin.
Sayyida retint sa gène d'une meilleure manière, ce qui fit sourire la charmeuse.
- Je me permet de prendre congé Miss Lagertha ! conclut Karolina en laissant des pièces de bronze sur la table.
- Merci pour tout, prenez soin de vous !
- Toi aussi, prends bien soin de ton corps !
***
Trois mois plus tard, une certaine personne revint toquer à la porte de l'hôtel de ville. Karolina ouvrit la porte avec un étonnant sourire aux lèvres. Sayyida portait des vêtements de meilleure facture que lors de leur dernière rencontre, ce n'était pas non plus des habits noble mais il y avait un progrès notable.
- Toutes mes sincères salutations madame Von Goethe ! fit énergiquement l'invitée.
- Bien le bonjour miss ! Que me vaut cette visite ?
- Puis je entrer afin que l'on puisse en discuter ?
- Mais certainement !
Les deux femmes s'installèrent dans le salon avec du thé fumant.
- Alors très chère miss Lagertha ? Vous entrez enfin en formation d'enseignant ? Et vos dettes auprès de Torain ? Enfin réglées ? demanda-t-elle d'un ton faussement innocent ?
- Que puis je vous dire que vous ne connaissez déjà ?
Karolina mordilla dans son calumet d'une façon légèrement sadique mais aussi légèrement érotique. Le rouge monta immédiatement aux joues de Sayyida, mais à la différence qu'elle souriait pleinement.
- Mais que dis tu ? fit-elle ironiquement.
- Vous connaissiez les embuches que j'allais rencontrer, les préjugés et rumeurs malveillantes. Au début, je vous en ai voulu de m'avoir donner un coup de main pour me donner certains privilèges et d'avoir jouer de votre stature. Et surtout je vous en voulais d'avoir jouer avec mes sentiments... J'ai voulu vous plaire et cela m'a motivé ! Je ne savais pas si c'était de l'amour ou de l'admiration, mais à présent, j'ai compris !
- J'ai enfin fait ressortir ton orgueil, cela me fait plaisir ! Tu es enfin devenu interessante !
- Merci de ce compliment ! Je suis donc actuellement en formation pour devenir enseignante du primaire ! Je suis impatiente de voir les petites bouilles de mes élèves et de leurs parler d'une manière aussi bienveillante que vous !
- Moi bienveillante ? Je voulais juste m'assurer que tu ne viennes plus m'embêter par la suite !
- Je crois vous avoir cerné, les compliments ça vous écorche la bouche autant que les oreilles ! répondit-elle d'un ton taquin.
- Je ne suis juste pas une adepte des flatteries !
- Vous ne supportez pas qu'on pense que vous faite preuve de bons sentiments ou même que vous êtes gentille !
- Tu as vraiment changé, que d'assurance voir une pointe d'arrogance ?
- Disons que durant ma petite carrière de prostituée, j'ai appris à cerner les émotions de mes clients !
Sayyida déboutonna discrètement un bouton de son chemisier, sachant qu'elle allait le remarquer tout de même.
- Je ne pensais pas montrer autant d'émotion, tu m'apprends des choses professeure !
- Ne vous en faites pas, il n'y a que moi qui puisse voir ça !
- Et bien, que vois tu d'autre ?
- Une femme vraiment altruiste, n'aimant pas qu'on sache ses bonnes actions, et cela même pour celui qui en profite.
- Je resterai muette sur ce sujet.
- Et je crois déceler une contrepartie qui vous plaira ! Voir plusieurs contreparties ! ponctua-t-elle en dévorant Karolina du regard.
- Dis moi en plus ! ajouta-t-elle pour faire trainer la conversation.
Sayyida s'avança faire sa bienfaitrice en dévoilant sa poitrine nue sous son chemisier. Elle voulu la faire chuter sur la canapé, mais Karolina la repoussa doucement. La grande dame posa ses mains sur sa taille, la faisait s'allonger sur le dos. Sayyida devint presque écarlate en voyant que la situation s'était inversée en un clin d'œil et sans que sa cible ne montre le moindre signe de trouble.
- Pas mal, mais tu as encore des progrès à faire. Montre moi de quoi tu es capable, après tout, j'ai payé pour ça !
THE END
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