Chapitre 8 : Confessions

-      Mihïana séséï ! s'entendait-elle crier à la licorne.

Hermione allongée dans son lit rêvait de sa rencontre dans la forêt, mais la scène était cette fois différente. En cet instant, elle ne voyait pas la licorne guérir sous ses mains, elle était l'animal. C’était très étrange pour la jeune femme de regarder la silhouette de sa sauveuse qui n'était autre qu'elle-même, alors qu’elle fermait les yeux et répétait les mots magiques aux vertus guérisseuses.

-     Je savais que tu serais digne de nous et passerais ce test Hermione.

La jeune femme se réveilla en sursaut. Un cours instant, elle papillonna des yeux, essayant de se rappeler où elle se trouvait tout en retrouvant une respiration normale. Son cœur affolé finit par reprendre un rythme normal et sa vue se fit plus nette. Quand elle posa les yeux sur les lits parallèles au sien, le bureau au fond de la pièce, le paravent à sa droite, Hermione comprit qu’elle se trouvait encore à l’infirmerie. Le silence fut brisé par un raclement de gorge discret.

-     Bonjour Miss, ravi de vous revoir parmi nous.

Le vieil homme apparut et la gratifia d’un sourire avant de s'installer au bord de son lit. Il pencha un peu la tête et ses pensées s’envolèrent au loin alors que son regard se perdait à travers la fenêtre.

-     Vous aviez raison professeur, pour le livre, pour tout.

Le directeur reposa son regard bienveillant sur la jeune femme et lui sourit à nouveau.

-     C'est incroyable ce qu'il m'arrive. Je ne peux m'empêcher de penser que j'ai rêvé tout cela.

-     Vous n'avez pas rêvé, Miss Granger, tout est bien réel.

-     Mais pourquoi suis-je ici ? Et comment ai-je réussi à revenir ?

-     Fumseck est allé vous chercher. J’ai été des plus surpris de le voir revenir avec vous alors que je pensais que son agitation de départ était due à une envie subite d’aller chasser. Des animaux bien capricieux, ces phœnix, précisa-il avec un clin d'œil.

Hermione sourit à son tour et remercia mentalement cet animal qui les avaient aidés à maintes reprises Harry et elle. Comme soudain reconnectée à la réalité, elle se redressa d'un mouvement rapide sur son lit.

-     Monsieur, combien de temps suis-je restée inconsciente ?

-     Cela ne fait que deux heures, mon enfant. Rassurez-vous, vous n'avez raté aucun cours, s'amusa-t-il.

Était-elle si transparente ? Toutefois rassurée en se souvenant que nous étions dimanche, Hermione laissa échapper un long soupir et se réinstalla confortablement dans son lit. Les couvertures furent tirées jusqu’à son menton et avec appréciation, elle s'emmitoufla dedans. Face au regard amusé de Dumbledore, la jeune femme sentit ses joues chauffer.

-     Harry et Ron sont-ils au courant que je suis ici ? Savent-ils ce qu'il s'est passé ?

-     Non Miss, ils ne savent pas, personne ne sait, précisa-t-il en se levant. J'ai pensé qu'il serait judicieux de vous laisser décider seule. Vous pouvez le dire si tel est votre choix, cela ne me pose aucun souci d'avoir une jeune femme telle que vous dans l'enceinte de l'école. J’avoue même en éprouver une grande fierté.

En prononçant ces derniers mots, il la salua de la tête et disparut de son champ de vision. Hermione resta un peu là à se remémorer les derniers événements, mais le sommeil l’avait quittée pour de bon. Avec bonne humeur, elle récupéra ses affaires et sortit de l’antre de Pomfresh.

Dans les couloirs, elle se demandait si elle devait en parler à ses amis. La discussion allait s’avérer compliquée à comprendre et Hermione ne savait pas par où commencer. De plus, elle n'avait encore aucune preuve de son nouvel état et le doute s’insinuait dans son esprit. « Bon sang, tu as parlé à un arbre et soigné une licorne de tes mains, que te faut-il de plus ?» se gronda-t-elle au détour d’un couloir. Ce fut la confiance totale qu’elle avait en ses amis, et réciproquement, qui finit par la décider. « Ils t'écouteront et comprendront » s’encouragea-t-elle en arrivant à son étage. Hermione leva les yeux au ciel en pensant que Ron serait plus long à la détente et elle finit par pousser le portrait gardant l'entrée de sa maison.

Ils étaient là, assis avec nonchalance dans le grand canapé de la salle commune et papotaient sur un ton léger en sirotant un verre de jus de citrouille. Après tant d'années, ils n'avaient pas changé, elle, par-contre ne se reconnaissait plus. Elle soupira.

-     Mione, te voilà !

Ron fut le premier à la rejoindre et la serrer dans ses bras. Avec un regard compréhensif, le jeune Weasley frotta le dos de son amie.

-     Ginny m'a dit que tu avais eu peur cette après-midi.

-     Quoi ? Comment ?

-     Beh oui, à l’entraînement... ma chute, précisa-t-il face au regard d'incompréhension de la jeune femme.

-     Ah ça, oui, j'ai eu peur.

Hermione sourit et tourna le visage vers le reste du groupe toujours sur le canapé. Désormais assise à côté de Ginny, elle se servit un verre et prit une éternité à le siroter.

-     Il faut que je vous parle de quelque chose, dit-elle sur un ton un peu trop sérieux.

Les trois adolescents se regardèrent inquiets. Qu’est-ce qui pouvait tout à coup mettre leur meilleure amie dans cet état de stress ? Ginny lança un regard interrogatif à Ron, mais le concerné se demandait juste pourquoi sa chute de l'après-midi troublait à ce point Hermione. Harry se rapprocha et posa sa main sur l’épaule de la jeune femme pour l'encourager à parler. Hermione inspira un grand coup, reposa son verre et débuta sa longue explication :

-     Tout à commencé cet été...

Loin de là, sous un chêne dans le parc de Poudlard, Drago réfléchissait. Le cœur serré, il avait une boule dans la gorge et tentait tant bien que mal de la faire disparaître. De ses doigts, il arrachait des brins d'herbes et les lançaient nonchalamment. Il avait besoin de silence et qu'on le laisse seul avec ses craintes et ses angoisses. Son dos se reposa sur le tronc et sa tête prit appui sur l’écorce. Les yeux perdus dans ses souvenirs, l’esprit du jeune homme était ailleurs.

Dans une immense maison, froide et très peu accueillante précisément. Au sein de la bâtisse, on entendait les éclats de rires de deux jeunes garçons de cinq ans.

-     Zab’, tu m'attraperas pô ! criait le plus petit des deux en courant vers la porte qui menait au jardin.

-     Tu vas voir si je vais pô t'attraper, Drago !

La porte passée, les deux jeunes enfants couraient dans tous les sens, trébuchant par moments, mais riant de plus en plus. Celui à la tignasse blonde se cacha derrière un arbre et pouffa de rire, persuadé que jamais on ne le trouverait à cet endroit. De son côté, le chasseur de tête qui le poursuivait cherchait dans tous les coins où sa proie aurait pu se dissimuler. Il n'omit aucune cachette potentielle, vérifiant en dessous des tables, derrière les buissons, au fond des pots de fleurs.

-     Drago, tu ne peux pô utiliser la magie pour te cacher ! C'est pô juste !

Le concerné colla sa main sur sa bouche pour camoufler le bruit de ses éclats de rire. Derrière sa planque et prit d'une soudaine curiosité, Drago pencha la tête sur le côté du tronc pour voir où son ami se trouvait. Personne... Zabini devait être parti à l'intérieur pour le trouver. Une larme de joie coula sur la joue du blondinet qui se retourna pour souffler un instant.

-     Je peux savoir ce que tu fais Drago.

-     Pè... père ! Je joue avec Zab’, je suis le plus fort, il n'arrive pô à me trouver ! annonça-t-il fièrement.

La seule réaction que cette annonce provoqua fût une gifle monumentale de la part du paternel. Drago, à terre à cause de la violence de l’impact, se frottait la joue en pleurant.

-     Un Malefoy ne pleure pas ! Seuls les faibles pleurent ! Serais-tu un faible, mon fils ?

-     Non pè.. père, bafouilla Drago en calmant ses sanglots sous peine de recevoir une nouvelle correction.

-     Tu es un Malefoy, alors conduis toi comme tel. Je ne t'ai pas appris à courir dans tous les sens ou à rire comme un simple d’esprit. Que diraient les gens s'ils te voyaient ? Ce n'est pas digne de ton rang !

-     C'était amusant père, osa le petit.

-     Amusant ? Amusant ! Je n'ai que faire de ces idioties, ce genre de sentiments ne feront de toi qu'une lamentable mauviette. Ne t'ai-je pas dit que seuls les moins que rien ressentent ce genre d'émotions ?

-     Oui…

-     Oui qui ?

-     Oui père !

-     Bien. Maintenant va dans ta chambre et reste-y.

-     Mais père, Zab...

-     Endoloris !

Le jeune garçon hurla de douleur en tombant au sol. Recroquevillé sur le carrelage, les membres crispés à cause du sort de torture, il implorait son père d’arrêter. Après de longues secondes de souffrance, la baguette de l’adulte se baissa.

-     Ne me réponds plus jamais! Ne conteste jamais mes décisions où tu le regretteras !

-     Oui père.

Comme à l’époque, les larmes coulaient sur les joues de l’adolescent. Cet incident s'était passé il y a très longtemps, mais Drago pouvait encore ressentir la douleur de l'impardonnable que son père lui avait lancé. Zabini avait reçu le même traitement le soir-même par sa mère sous le regard indéchiffrable de son père et de ceux approbateurs des parents Malefoy. Drago, lui, s’était contenté de serrer les mâchoires sans verser la moindre larme pour ne pas attirer l’attention. Ce soir-là, les deux amis s'étaient promis de toujours s'entraider et que jamais personne ne les séparerait.

Mais aujourd'hui Drago doutait. Pas de ses sentiments ou de sa loyauté pour son ami, mais de pouvoir tenir la parole qu'il avait faite à son père, à savoir : ne plus jamais contester ses décisions. Il avait peur et priait en silence de réussir à trouver le courage de lui tenir tête en temps voulu. Drago se doutait que ce jour viendrait bientôt.

Dans la salle commune des Gryffondors, un bref silence fut interrompu
par la voix enthousiaste de Ron.

-     Wow ! Mais c'est incroyable Hermione, tu te rends compte que tu vas pouvoir faire pleins de trucs géniaux !

-     Hum, oui je crois, rougit-elle.

-     Ron a raison Hermione, c'est extra ce qu'il t'arrive ! Jamais je n'avais entendu parler de ces Animantalus, mais je dois avouer que cela ne m'étonne pas de toi.

-     Comment ça, Harry ? s'enquit la brune.

-     Beh, il n'y a que toi pour me surprendre et m'étonner de la sorte à chaque nouvelle découverte.

Le petit groupe de Gryffondors éclata de rire aux derniers mots de l’élu. De son côté, Hermione était soulagée d’un énorme poids. Elle avait tout expliqué : son départ dans la forêt, sa rencontre et discussion avec le if, le sauvetage on ne peut plus inexplicable de la licorne, qui s’était révélée être son messager, tout. Et comme elle se sentait légère maintenant ! Ginny serra son amie dans ses bras, soulagée que rien de grave ne lui soit arrivé lors de son périple. Elle la sermonna tout de même un peu pour ne pas lui en avoir parlé avant.

-     Outch !

Les trois amis braquèrent leur regard sur la jeune lionne tout à coup dérangée par une douleur à la nuque.

-     Ça ne va pas Mione ? s'inquiéta le survivant en s'approchant d'elle.

Les autres attendaient le verdict sans cligner des yeux. Hermione expliqua alors qu'avant de se réveiller à l'infirmerie, elle avait eu très mal à la base du cou et s'était ensuite évanouie. Le survivant se positionna derrière sa meilleure amie et écarta ses cheveux pour vérifier si elle était blessée. Il ouvrit soudain de grands yeux et fixa ses amis. Ces derniers, curieux, se levèrent à leur tour et allèrent le rejoindre. Sans répondre aux questions qu’Hermione posait, ils discutèrent entre eux, se demandant ce que ça pouvait être.

-     Eh oh ! Je suis toujours là, sous ses cheveux ! Vous allez me dire ce que j'ai oui ou non ? 

Les trois acolytes se rassirent en face de la brune et réfléchirent un moment. Ron ne pouvant plus garder le silence une minute de plus réagit après un raclement de gorge.

-     Tu... tu t'es fait faire un tatouage, Mione ?

-     Bien sûr que non! Pourquoi ?

-     Tu as une marque sur la nuque, répondit Ginny.

-     Une marque ? Quel genre de marque ? Elle représente quoi ?

-     Beh, on dirait une goutte d'eau. Elle est argentée, l'informa Ron.

« Une goutte d'eau argentée » répéta la lionne en se massant la nuque. Bon sang, que lui arrivait-il maintenant ? Hermione fronça les sourcils et se mit à cogiter à toute allure.

-     Mais bien sûr ! s'écria-t-elle soudain.

Les autres sursautèrent et se mirent à fixer leur amie avec soin. Ils étaient loin d'avoir trouvé la solution à ce casse-tête, ce qu’Hermione devina face à leur visage décomposé.

-     Je vous ai expliqué que la licorne avait pleuré de gratitude et que sa larme était venue se loger dans mon œil avant que j’apprenne ce que je suis !

Hermione sautait sur-place, heureuse d'avoir compris, ce qui était loin d'être le cas du reste du groupe toujours sur le carreau. La jeune femme sourit.

-     Ce n'est pas une goutte d'eau, c'est sa larme ! Ce « dessin » représente le cadeau qu'elle m'a fait : la connaissance !

Comprenant enfin, un « Han » général retentit dans la salle commune. Hermione soupira, car une nouvelle question germa tout de suite dans son esprit. Elle devrait un jour où l'autre débuter son entraînement pour maîtriser ses nouveaux pouvoirs, mais par où devait-elle commencer ? Le silence s’installa dans la pièce alors que tous comprenait le trouble prenant de l’ampleur dans la tête de la brune.

-     Bon si on allait manger !

Hermione leva les yeux au ciel, Ron ne changerait jamais.

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