Chapitre 7 : Rencontre Avec Son Destin

« C'est le moment » se répétait sans cesse Hermione en avançant à petits pas dans la forêt.

Plus paniquée que jamais, elle tremblait et sursautait à chaque bruit suspect. Malheureusement pour elle, dans cet endroit sombre et dangereux, les grincements et craquements n'arrêtaient pas une seule seconde. Elle n'avait parcouru qu'une dizaine de mètres pour le moment et hésitait encore entre retourner sur ses pas et s'aventurer plus profondément vers l'inconnu. Tout à coup, un bruit plus sourd se fit entendre et la jeune femme se colla à un arbre à la recherche d'un quelconque danger. À l'affût, sa baguette était tendue alors qu'elle respirait avec difficulté. Elle ne bougea pas pendant quelques minutes, scrutant la pénombre, étudiant le silence à la recherche d'un signe de vie. Soudain, quelque chose atterrit sur son épaule. Paniquée, le cri de surprise s'échappa de la gorge de la lionne avant qu'elle ne s'agenouille et pose ses mains sur sa tête ; tête qui était collée au sol comme pour s'y enfoncer. Un craquement retentit alors qu'Hermione se concentrait sur sa respiration erratique, aussi la jeune femme resserra sa prise sur ses cheveux hirsutes. Un nouveau « crac » se fit entendre et une sorte de couinement étrange s'ensuivit. Avec lenteur, la brune releva la tête vers la source du bruit et finit par tomber sur ses fesses en découvrant un petit écureuil en face d'elle. Elle explosa de rire.

- Ah elle a l'air fine la courageuse Gryffondor !

Le petit animal tourna en rond quelques instants pour ensuite sauter dans tous les sens. Connaissant la nature plutôt surexcitée de ces petits êtres, elle s'amusa quelques instants à le regarder. Puis, se rappelant où elle était et surtout pourquoi, elle se releva, respira un bon coup et avança de nouveau dans les profondeurs des feuillages.

Dans la salle commune des Serpentards au même moment, Drago était à deux doigts de commette son premier meurtre.

- Dragonichou ! Mais ou étais-tu, je t'ai cherché partout !

- Cela ne regarde que moi Pansy, et arrête de m'appeler ainsi bordel.

- Oh mais Dragonichou, je m'inquiète quand je ne te vois pas de la journée.

- Comme c'est triste. Du vent !

- Mais Dragoni...

- Vas voir ailleurs si j'y suis Pansy ! Et si tu ne veux pas dormir dans les couloirs de l'école pour le reste de l'année, arrête de M'APPELER AINSI !

Après cette dernière menace, la concernée courut pleurer dans son lit. Drago quant à lui se dit que la journée devenait de pire en pire. Non seulement, Granger l'avait une fois de plus mis hors de lui, mais il avait ensuite perdu toute sa crédibilité face à Zabini qui avait assisté à toute la scène, et maintenant la sangsue en remettait une couche. Par merlin, cette journée était catastrophique ! Zabini... son meilleur ami, pour qui allait-il le prendre maintenant ? Lui-même ne savait plus quoi penser de sa personne. Pourquoi n'avait-il pas hurlé et insulté la sang-de-bourbe comme à chaque fois ? Pourquoi ne l'avait-il pas poussée à bout comme il le faisait lors de leurs échanges verbaux depuis plus de six ans ? Bon sang, pourquoi n'avait-il rien fait de tout cela ? Il ne se reconnaissait plus depuis sa rentrée scolaire et ce constat lui retournait l'estomac.

Entrant au même moment dans la salle commune, Zabini surprit son ami la tête enfouie dans un coussin en train de hurler sa frustration. En silence, il alla s'asseoir à ses côtés.

- Drago, il faut que je te parle sérieusement.

Le blond sentit ses entrailles se resserrer. Le ton de son ami n'était pas naturel et encore moins rassurant. Avec un regard froid, Drago releva la tête vers ce dernier.

De son côté, toujours déterminée, Hermione avançait vers l'inconnu en suivant son instinct. Après une bonne quinzaine de minutes de marche, elle était essoufflée et stressait en se disant qu'elle ne retrouverait jamais son chemin pour retourner à l'école. « Autant continuer » se motivait-elle. Elle dépassa plusieurs arbres et buissons et remarqua que plus elle avançait, plus ils devenaient imposants. Hélàs, cela rendait les lieux encore plus sombres et lugubres.

- Mais où dois-je aller bon sang ?

Avançant à tâtons, ses doigts effleurèrent le tronc d'un immense hêtre. À ce contact, une drôle de sensation naquit dans le ventre de la jeune femme, cette même sensation de bien-être qu'elle avait ressenti dans sa chambre cet été. Ne voulant pas rompre le contact qu'elle cherchait depuis le début de cette randonnée, elle posa sa main entière sur l'écorce rugueuse. Au moment même où la totalité de sa paume toucha cette surface étrangement chaude, une vive lumière commença à se dessiner à travers ses doigts. Devenant de plus en plus vive, de plus en plus éclatante et difficile à regarder, Hermione dû se résoudre à baisser le bras au bout d'un moment, mais la lumière ne disparut pas pour autant. Elle diminua en intensité, se précisa et devint une bulle blanche flottant dans les airs, comparable à une dizaine de lucioles collées les unes aux autres. La petite sphère tournait autour d'Hermione depuis quelques instants quand elle se mit à zigzaguer devant elle. La jeune femme comprit qu'il était temps d'avancer et de la suivre.

Elle dut accélérer le pas pour ne pas la perdre de vue, se heurtant plusieurs fois aux obstacles qui se dressaient devant elle, Hermione trébuchait de temps en temps. À un moment, elle crut discerner une clairière derrière une masse d'arbres, mais elle n'y prêta pas plus d'intentions, se concentrant sur son accompagnatrice qui vire-voletait quelques mètres plus loin. Tout à coup, Hermione entendit une mélodie encore lointaine, mais qui se précisait au fil des pas qu'elle faisait. La douce musique la rassurait et faisait de plus en plus écho autour d'elle. Les notes s'emparèrent bientôt de chaque parcelle de la forêt, de chaque feuille, chaque arbre émanait désormais une note. Comme pour l'encourager et lui souhaiter la bienvenue, les arbres se mirent à faire bouger leurs branches comme pour un lent ballet, ils remuaient paisiblement, leurs feuilles suivants la cadence. Hermione était abasourdie devant le magnifique spectacle qui s'offrait à elle et ne tenta même pas de réprimer une larme de gratitude.

Ne sachant plus où regarder tellement ce qu'elle voyait était beau, ses genoux heurtèrent le sol et Hermione se mit à pleurer en silence, ne voulant pas briser la mélodie par ses sanglots. La lumière qui jusqu'ici l'avait guidée se divisa en plusieurs filaments, ils planèrent un instant avant de filer à une vitesse ahurissante vers plusieurs arbres. En entrant en contact avec ces derniers, les filaments disparurent, ce qui plongea l'endroit dans le noir le plus complet. Toujours à genoux, la Gryffonfor sentit un léger tremblement naître sous ses jambes, puis le silence le plus total se fit. Des arbres qui avaient été touchés par les filaments naquît une lueur. Presque imperceptible au début, la lumière jaillit bientôt de chaque rainure et illumina les lieux d'un bleu clair rassurant.

Devant Hermione se dressait une route sans obstacles, parfaitement distincte, éclairée sur les côtés par les immenses hêtres. Et au bout de ce chemin, l'attendait la vérité dans toute sa splendeur. Ne lâchant pas du regard l'endroit où elle devait se rendre, la jeune femme se releva et courut à toute vitesse vers son objectif.

Au sein de l'école, deux jeunes hommes étaient loin de ressentir la même impatience que la Gryffondor.

- Je t'écoute, Zabini.

Le ton de Drago était froid, mais c'était sa manière à lui de cacher son appréhension. Dans le fond, il était curieux de savoir ce qui chagrinait son ami, mais d'un autre, le voir avec un air aussi grave ne le rassurait pas du tout. Zabini baissa la tête et se massa la nuque pendant un moment, ne sachant pas par où commencer. Il appréhendait surtout la réaction de Drago. Il risquait gros en venant lui parler ainsi, mais il devait le faire, il devait être honnête avec lui.

- Écoute-moi attentivement et ne m'interromps pas, s'il-te-plait.

À ces mots, Drago hocha la tête et s'installa plus confortablement sur son siège. Même s'il donnait l'impression d'être dans son élément en cet instant, Drago était tendu comme jamais.

- Bien, je... mes parents... Mes parents m'ont renié et déshérité cet été.

Drago ouvrit de grands yeux et serra les poings contre le canapé. Nous y étions. Le pouls du Serpentard accéléra de manière significative quand son ami reprit la parole sur un ton monocorde.

- Oui, ils m'ont abandonné, soupira-t-il. Je vais être franc et crois-moi sur paroles, cela me coûte de te dire tout ça, mais tu es mon ami et je ne t'ai jamais rien caché depuis que nous nous connaissons. Alors, il faut que je t'en parle, oui il le faut.

Il laissa cette dernière phrase en suspens et avala une gorgée de Whisky pur feu qu'il venait de faire apparaître. Drago se demandait comment il avait réussi à faire entrer la bouteille dans l'école quand les braises dans la cheminée crépitèrent. Les yeux fixant les flammes de la cheminée, Zabini reprit ses explications :

- Cet été, mes parents ont reçu la visite de... Tu-sais-qui. Mon père est un de ses serviteurs, ça, tout le monde le sait, mais je n'aurais jamais cru qu'il serait aussi fier de me présenter à son maître. Ce jour-là Vold... enfin, Tu-sais-qui, a décidé qu'il était temps pour moi de rejoindre ses rangs. Il annonça avant de nous quitter que je recevrais la marque avant la fin de l'année. Je n'ai rien rétorqué ce jour-là. Que pouvais-je bien lui répondre de toute manière ? On ne conteste pas ses décisions, n'est-ce pas ?

Zabini but une nouvelle gorgée et son regard devint glacial.

- Trois jours après cette visite, mon père a reçu un message de son Maître ; il lui disait que je devais faire mes preuves et ce, le jour-même. Tout était expliqué dans la lettre. J'ai transplanné avec mon paternel devant une veille maison. Nous sommes entrés et une vieille femme était là, assise sur son canapé. Elle n'a pas paniqué ou tenté quoi que ce soit, elle nous a juste fixé, comme si elle savait pourquoi nous étions là. Nous avons fouillé sa maison et tout retourné à l'intérieur, et elle ne bougeait toujours pas. Quand mon père m'a annoncé ma mission devant elle, cette folle n'a eu aucune réaction.

Drago sursauta quand la bouteille vola en éclats dans l'âtre de la cheminée. Le regard brouillé de larmes de son ami lui fit encore plus peur.

- Ma mission était de la tuer, Drago ! Mais je n'ai pas pu. Je ne savais même pas qui elle était, ce qu'elle avait bien pu faire pour mériter ce châtiment. Probablement rien, d'ailleurs. Quand mon père à comprit que je ne le ferais pas, il a hurlé qu'il était scandalisé que je n'obéisse pas, que je DEVAIS obéir sinon le Maître serait furieux, que ma mère et lui ne pourraient pas tolérer ça, que si Tu-sais-qui apprenait que leur fils n'adhérait pas à ses opinions, il les tuerait tous les trois après de nombreuses tortures pour ne pas avoir obéis. Voyant que ses arguments ne me faisaient pas réagir, mon père s'est résolu a lancé le sort impardonnable à ma place pour ensuite faire apparaître Nagini. Il a continué ses incantations de magie noire, tandis que moi, je ne lâchais pas la vieille femme du regard. Je suis pitoyable n'est-ce pas ?

Drago serra les mâchoires et se rendit compte qu'il tremblait de la tête aux pieds. Zabini ne lui laissa pas le temps de réfléchir à la réponse à donner et reprit sur un ton fatigué :

- Le serpent a ensuite disparu. Je crois que c'est à cause des sorts que mon père lançait depuis quelques minutes, mais je n'en suis pas certain. Nous sommes rentrés chez nous sans un mot ni un regard, je suis monté dans ma chambre et j'ai fais mes affaires. Ma mère est venue me voir quelques minutes plus tard, elle me criait que je n'étais pas son fils, que je ne méritais pas mon nom ni le sang qui coule dans mes veines. Elle était hystérique et me jetait au visage tout ce qui tombait entre ses mains. Elle m'a finalement ordonné de partir et de ne plus jamais revenir en hurlant que désormais, elle n'avait plus d'enfant.

Les yeux rouges, Zabini se retourna vers son ami et sourit timidement à celui qui ne laissait aucun sentiment transparaître, même en ce moment. Il soupira et baissa la tête pour terminer son récit.

- J'ai ensuite été hébergé par un ami de confiance où j'ai finis par apprendre le nom de cette vieille femme : Bathilda Tourdesac. Bref, j'ai beaucoup hésité à revenir ici cette année, mais à ce qu'il parait, c'est ici que je suis le plus à l'abri des Mangemorts.

Drago ne sut comment réagir face au rire amer de son ami, aussi, il émit un long soupir résigné.

- Drago, tu dois te demander pourquoi je te dis tout ça, mais il y a une bonne raison. Tu seras dans le futur toi-même amené à devenir un Mangemort, aux vues des relations qu'a ton père avec Tu-sais-qui. C'est vraiment dommage que nous ne puissions pas prendre nos propres décisions, mais si tu fais le choix de suivre ton paternel, nous deviendrons ennemis, je suppose.

- Probablement.

Drago se leva la gorge nouée et se dirigea d'un pas rapide vers le portrait qui gardait l'entrée. Il poussa la porte, mais avant de la refermer, il prononça une dernière phrase :

- Je crois que moi non plus, je ne pourrais jamais tuer quelqu'un.

Zabini sourit à ces mots et posa son regard sur la porte close. Peut-être n'avait-il pas perdu son ami ?

Bien loin de ces confidences, Hermione courait vers son but comme si sa vie en dépendait. Elle se rapprochait de plus en plus. Trente mètres... Vingt mètres... Dix mètres...

Le souffle court elle stoppa net. Devant elle se dressait un immense if aux branches gigantesques. Hermione avait lu quelques livres qui parlaient de cet arbre après avoir su que la baguette de Voldemort avait été crée à partir de son bois. Elle avait entre autre appris que ces arbres étaient le symbole de la mort et de la résurrection. Elle déglutit et pria Merlin que cela n'ait aucun rapport. La jeune femme inspecta un moment l'arbre et constata très vite que ce dernier était différent de ceux décris dans ces anciens ouvrages. Celui-ci possédait de plus grandes racines qui s'entrelaçaient par divers endroits, un tronc bien plus imposant aussi, mais ce qui était indiscutablement différent et sautait aux yeux restait la couleur de ses feuilles ; toutes arboraient une teinte brunâtre, mais possédaient un contour bleu légèrement fluorescent. Les feuilles qui s'étaient détachées de leur branche ne tombaient pas au sol, mais volaient dans les airs, se suivant entre elles en voyageant de branches en branches, tournant de temps en temps autour de la base de l'arbre pour ensuite remonter et recommencer leur danse. « Comme lors du cours de botanique » se souvint Hermione avec un sourire.

- Bonjour Hermione, te voilà enfin.

Surprise, la lionne hoqueta en laissant tomber sa baguette.

- Qui est là ? Où êtes-vous ?

- Mais je suis là, devant toi Hermione.

- Devant moi ? Il n'y a personne devant...

Il ne fallut qu'un instant pour que la lumière jaillisse dans l'esprit affuté de la Gryffondor. Sans voix, elle fixa le if. Était-ce possible qu'un arbre lui parle en cet instant ? Elle devait délirer !

- Je suis heureux que tu sois enfin venue mon enfant, nous t'attendions avec impatience.

- Nous ?

- Oui, la forêt et moi. Ton messager t'attend depuis si longtemps, il va être heureux de pouvoir enfin te rencontrer.

- Mon messager ? Mais pourquoi souhaite-t-il me voir ? Et qui est-il ? Qui suis-je d'ailleurs ?

Hermione avait tant de questions à poser, tant d'interrogations qui étaient restées sans réponses jusqu'ici, qu'elle n'arrivait pas à calmer son rythme cardiaque. Elle voulait savoir ; était-elle vraiment une Animantalus ? Et serait-elle capable de faire tout ce que le livre disait ?

- Oui, tu es bien une Animantalus Hermione. Il faut que tu trouves ton messager dans cette forêt, lui t'enseignera tout ce dont tu seras bientôt capable, moi je ne suis ici que pour te guider et t'aider mon enfant.

« Mon messager ; m'aider ; Animantalus » Hermione répétait ces mots comme pour les assimiler et se convaincre qu'elle ne rêvait pas. « Messager ; Animantalus ; Messager ; Messag...».

- Où puis-je trouver ce messager ?

- Suis cet animal, il te mènera à lui.

Un léger craquement dans un buisson attira l'attention de la jeune femme. Crispant ses membres, elle avala sa salive de travers en voyant un serpent la rejoindre. L'animal était plutôt petit, sa peau était rouge et blanche, comme celle d'un Motley. Le souvenir d'une visite au zoo passa derrière les yeux d'Hermione alors que le serpent siffla, ce qui était le signe du départ.

- Une dernière question : comment reconnaîtrai-je ce messager ?

- Lui te reconnaitra, va maintenant.

Hermione inspira un grand coup et suivit le reptile. Malgré sa petite taille, il était rapide et la jeune femme avait par moments bien du mal à le suivre. Lui se faufilait avec facilité entre les buissons, ce qui n'était pas le cas de la lionne. Elle devait enjamber des obstacles, contourner des arbres et rochers et bien souvent, ses prises étaient si faibles qu'elle trébuchait.

- Lumos.

Maintenant qu'elle voyait mieux où elle allait et surtout ce qu'elle devait éviter, Hermione accéléra le pas. Lançant de temps en temps un regard aux arbres qui se mouvaient sur son passage, elle n'arrivait toujours pas à croire en ce qui lui arrivait.

Elle marchait depuis un long moment déjà dans ces bois, aussi la fatigue finit par ralentir ses pas.

- Attends !

Le serpent ne ralentit pas et continua d'avancer à la même cadence.

- Je suis épuisée, attends !

Le reptile se faufila entre deux rochers et disparut. Hermione ne pouvant pas passer par le même itinéraire essaya de trouver un autre passage, en vain. La droite comme la gauche du cul-de-sac étaient délimités par des murs en brique.

Exténuée, elle souffla un instant contre le mur de gauche qui devait, semblait-il, être le contour d'une ancienne bâtisse. Hermione se mit à réfléchir à un moyen de reprendre la route. Pendant ses réflexions, elle entendit un bruit qui ressemblait vaguement à quelque chose qui tombe dans l'eau. Curieuse de savoir ce que c'était, elle se dirigea vers la source du bruit. Pour y arriver, elle grimpa sur deux ou trois rochers et sauta dans un buisson en contrebas. Après quelques pas, elle contourna plusieurs arbres pour finalement arriver devant une source d'eau. Cachée en partie par les arbustes et bordée par l'un des longs mur en pierre, l'endroit était aussi beau qu'étonnant en ces lieux. Mais ce qui émerveilla surtout Hermione, ce fût de voir au bord de l'eau la plus noble des créatures. La jeune femme perdit toutefois sa bonne humeur quand elle comprit que l'animal était gravement blessé. Ne réfléchissant pas une minute de plus, elle accourut à ses côtés et s'agenouilla auprès de celle-ci pour essayer de l'apaiser.

La licorne agonisante était allongée la gueule entrouverte, et inspirait avec beaucoup de difficultés. Le manque d'air faisait tellement souffrir la pauvre bête qu'elle hennissait sans discontinuer, et ce son brisait le cœur de la lionne. La hanche et l'encolure du cheval mythique étaient perforées et saignaient abondamment, si bien qu'Hermione paniqua. N'ayant jamais étudié un sort capable de guérir de telles blessures, elle ne pouvait qu'assister au triste spectacle. Frustrée, Hermione pleura en maudissant la chose ou la personne qui avait commit cette atrocité. Dans un élan de compassion et de tendresse, elle posa sa main sur l'abdomen de l'animal. En sentant les battements faibles de son cœur sous sa paume, ses sanglots s'intensifièrent. La gorge nouée, la brune plongea ses yeux dans ceux de la pauvre créature. Au moment même où leurs regards se rencontrèrent, une lumière jaillit sous les doigts de la jeune femme et l'animal hennit de plus belle, mais pas de douleurs cette fois ; de soulagement. Bien qu'elle ignorait comment elle faisait ça, Hermione se concentra de toutes ses forces sur les battements de vie qu'elle sentait sous ses doigts.

- Guéris !

En prononçant ces mots, Hermione tressaillit. Sa voix était différente, les mots étaient différents, pourtant, elle était sûre de ce qu'elle avait souhaité à voix haute.

- Guéris !

De nouveau, elle se rendit compte que les mots étaient étranges : elle parlait une autre langue.

La lumière blanche sous ses doigts devînt plus lumineuse encore et la licorne se mit à gesticuler. Le sang argenté qui jusqu'ici coulait de ses blessures commençait à s'estomper, les entailles à se refermer avec lenteur et la respiration de la licorne se calmait. Hermione n'en revenait pas, sous ses mains, cet être si pur était en train de guérir.

Quand elle entendit une nouvelle fois un hennissement, la jeune femme qui avait fini par fermer les yeux sous la concentration les ouvrit avec hésitation. Hermione constata tout de suite que les plaies de l'animal étaient fermées et qu'aucune cicatrice ou marque n'apparaissaient sur sa peau. Abasourdie, ses mains retombèrent sur le sol et un soupir de fatigue lui échappa, la licorne en profita pour se lever. Hermione en fit autant et releva ensuite la tête. Son regard rencontra à nouveau celui de la créature et Hermione vit naître une larme dans son œil gauche. Toujours aussi étonnée par la tournure des évènements, la Gryffondor fronça les sourcils en regardant la licorne pencher la tête pour faire tomber la goutte sur son bras.

La larme, au lieu de couler le long de son poignet pour tomber sur le sol, remonta sous sa manche, glissa vers son épaule, son cou, sa mâchoire pour finalement venir se nicher dans son œil. Lors de ce contact des plus inhabituels, Hermione ne respira plus. Un vent des plus violents souffla sur elle et un flash explosa dans sa tête.

Elle savait, désormais ! Elle ne faisait plus qu'un avec le monde qui l'entourait, avec chaque feuille, chaque pierre, chaque animal. Elle sentait le parfum qui émanait de la petite jacinthe de la clairière voisine, elle connaissait toutes les plantes présentes dans cette forêt, ainsi que l'usage qu'on pouvait en faire, elle entendait ce que l'arbre plus loin lui-disait en ce moment et elle savait qu'il la comprendrait si elle lui répondait. En un mot, elle était la nature et son messager venait de lui offrir la connaissance.

- La route sera longue Hermione, mais tu maîtriseras un jour ta propre nature.

Dans un souffle, elle ouvrit les yeux, mais une douleur dans la nuque la fit hurler. À genoux, Hermione enfonça ses ongles dans la terre pour essayer d'occulter ces sensations de picotements, de brûlures à la base du cou. Relevant légèrement les yeux vers les jambes de la licorne, elle la vit disparaître devant ses yeux pour se transformer en une lumière argentée qui s'envola loin de son regard. Toujours à terre, la jeune femme rampa vers le bord de l'eau pour s'abreuver un peu malgré la douleur. En avalant une deuxième gorgée, elle fixa son reflet et vit avec stupeur que la lumière fonçait sur elle à toute allure.

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