Chapitre 6 : Pas De Chance.

Les deux semaines suivantes se déroulèrent sans nouvelles altercations entre les deux maisons. Hermione était redevenue la jeune élève studieuse que tout le monde connaissait, Harry et Ron les cancres qui faisaient leurs devoirs à la dernière minute et Ginny la jeune femme amoureuse de son Harry. Plus unis que jamais en cette dernière année, le groupe d'amis ne se séparait que très rarement. Ils faisaient leurs devoirs en groupe, ce détail arrangeait les garçons, ils mangeaient ensemble pour éviter les rencontres désagréables et traînaient les uns avec les autres dans l'enceinte de l'école en repensant à leurs souvenirs de premières années. Comme tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, c’était donc un groupe d'adolescents respirant la bonne humeur qui se dirigeait vers le terrain de Quidditch pour un entraînement.

Ginny et Hermione en bonnes amies avaient insisté pour venir encourager les garçons. Assises sur un banc froid de l’un des gradins du stade, elles les regardaient plus déterminés que jamais à gagner le prochain match. Ils volaient avec rapidité et agilité, faisant des acrobaties dignes des professionnels de ce sport ; Hermione en avait des sueurs froides à chaque fois. Ginny quant à elle était en admiration face aux prouesses réalisées devant ses yeux et avait hâte que son tour arrive.

D’un œil expert, la rousse étudiait les mouvements d’Harry alors qu’il poursuivait le vif d'or et faisait des descentes en pic pour ne relever son balai qu'au dernier moment. Face à ce spectacle, Hermione commençait à s’accrocher à la balustrade tant elle était tendue. Ron de son côté empêchait les buts et faisait des aller-retours entre les goals aussi vite que possible. Après une énième tentative de feinte, un poursuiveur frappa le souafle vers le goal de droite, mais Ron le dégagea du pied. Malheureusement, dans la précipitation, le plus jeune des Weasley heurta également les structures en métal qu'il défendait. D'un même mouvement, les deux supportrices se levèrent pour regarder le jeune homme lâcher son balai et tomber de plus en plus vers le sol. Alertes, elles sortirent leur baguette pour le secourir mais fort heureusement, un des batteurs avait déjà attrapé le malheureux par la main pour ensuite l'aider à remonter sur son balai.

Soulagées, elles se rassirent en soufflant pour évacuer le stress qui s'était emparé d'elles. Hermione s'excusa presque tout de suite après et prit congé auprès de sa meilleure amie. Elle ne pouvait supporter davantage d'angoisses.  D'un pas hésitant, Hermione s’engagea vers la sortie du terrain, non sans lancer un dernier sourire d'encouragements aux Gryffondors.

Sur le chemin du retour, alors qu’elle s'attardait un peu au bord du lac et plongeait son regard dans l'eau bleue en mouvements, un vieil arbre un peu plus éloigné attira son attention. Fatiguée et surtout encore sous le choc des derniers évènements, elle s'empressa d'aller s'asseoir au pied de l'imposant chêne. Perdue dans ses pensées, elle chantonnait un air qu'elle avait entendu cet été et jetait dans l'eau quelques pierres qui traînaient à ses pieds quand une voix ironique la fit sortir de sa bulle.

-     Je commence à croire que tu ne peux plus te passer de moi Granger.

Hermione cessa de respirer et son corps tout entier se crispa. Mettre un vent à Malefoy n’était pas une bonne idée, aussi se retourna-t-elle pour le voir adossé à un tronc d’arbre les bras croisés. L’air grave, il regardait le lac les sourcils froncés sans prononcer un mot de plus. « Pourquoi fallait-il qu'il soit là, à ce moment précis ? » se découragea la lionne.

-     Je ne savais pas que tu étais présent Malefoy.

Comme lui, elle regarda à nouveau l’étendue d’eau et suivit avec fascination le mouvement des courants et l’assaut du vent sur la surface bleue.

-     Tu ne vas pas encourager tes crétins d'amis.

-     Non.

Elle ne souhaitait pas se disputer, aussi ignora-t-elle sa dernière remarque en reposant la tête contre l'arbre avec un soupir. Contre toutes attentes, Malefoy n’insista pas et ne dit plus rien, autant dire qu’Hermione en fut étonnée. Lorsque le blond vint s’asseoir non loin d’elle en silence, elle se mit à regarder le ciel ; sans doute allait-il bientôt déverser sur elle une averse de gobelins. Mal à l'aise de savoir le Serpentard si près, la jeune femme gesticulait dans tous les sens et ne cessait de lancer à son voisin de brefs coup d’œil, mais Malefoy regardait toujours devant lui sans ciller.

Un long moment passa sans que l’un d’entre eux ne brise le silence. Tous les deux trop fiers pour parler en premier, mais surtout ne sachant pas quoi dire à leur ennemi de toujours, ils fixaient l’horizon avec nervosité. « Malefoy ne se rabaissera jamais à me parler de la pluie et du beau temps » se répétait la lionne. « Que pourrais-je raconter d’intéressant à une Miss-je-sais-tout ? » se questionnait Drago. Sans oublier que les deux jeunes gens savaient pertinemment qu’il suffisait qu’une parole soit mal interprétée pour qu’une joute verbale débute, voire un duel si la dispute s’envenimait davantage. Le silence était donc de mise. Hermione finit donc par fermer les yeux en se demandant ce qu'il faisait là.

Alors que le vent caressait ses joues et faisait voler ses cheveux hirsute, Hermione s’enfonçait de plus en plus dans le sommeil.

-     Hermione…

Agacée d’être sortie d’une rêverie sympathique, la jeune femme grogna :

-     Qu'est-ce qu'il y a Malefoy ?

-     Mais je n’ai rien dit !

Bien réveillée désormais, Hermione soupira et s’assit pour faire face au Serpentard.

-     Je t'ai entendu m'appeler par mon prénom ! Je ne suis pas folle tout de même !

-     Heu, déjà ; que je t'appelle serait incroyable, avouons-le, et par ton prénom ? Improbable !

-     Mais tu....

-     Donc oui, je pense que tu es folle, la coupa-t-il en reposant son regard sur le lac.

-     Hermione…

Comprenant tout à coup de quoi il était en réalité question, la jeune femme écarquilla les yeux et se leva d’un bond. Malefoy disait vrai. Intrigué par la réaction de la Gryffondor, le jeune homme lorgna dans sa direction ; que lui prenait-il ?

Désormais sur la défensive et très anxieuse, Hermione sursauta lorsqu’un écureuil sauta de sa branche pour venir glapir à quelques pas d’elle. Malheureusement, sa surprise la fit vaciller et perdre l’équilibre, si bien qu’elle chuta lourdement en arrière. Après voir reprit ses esprits, il ne lui fallut qu’une seconde pour comprendre sur quoi, ou plutôt sur qui elle avait atterri. « Mince ».

-     Putain, Granger, tu ne peux pas faire attention !

La concernée avala de travers et tourna lentement la tête vers Malefoy.

Dans une situation différente et avec des personnes différentes, ce moment aurait été très drôle à voir : sous un arbre, un jeune homme furibond tentait tant bien que mal de ne pas être plaqué au sol à cause d’une jeune femme déboussolée, avachie de tout son poids sur ses genoux et une partie de son ventre. Mais en ce moment, ça n'était pas drôle du tout pour les deux personnes concernées.

-     Tu vas te bouger oui !

Sans dire un mot et plus rouge que le blason de sa maison, Hermione bondit sur ses pieds et fila aussi vite que possible pour se cacher quelque part où on ne la retrouverait plus jamais.

Désormais seul sous son arbre, Drago était en ébullition et pestait bruyamment contre l'idiote qui l'avait mis dans l'embarras quelques minutes auparavant.

-     C'est pas possible d'être aussi cruche ! Non mais franchement ! Personne ne touche un Malefoy et encore moins une... Argh !

Tournant en rond, les remontrances continuaient tandis qu’il dépoussiérait sa cape. Malgré l’insignifiance de cet accident, il n'arrivait pas à se calmer et lançait dans toutes les directions tous les potentiels projectiles à portée de main. Il n'entendit donc pas le raclement de gorge de Zabini qui était à deux mètres de là et continua de plus belle à se défouler.

-     Et Madame se casse la figure en beauté ! Elle avait tout le parc, mais non, il fallait que ça soit sur moi et pas ailleurs ! Et vas-y que je prends mon temps pour me relever et que je te regarde dans les yeux sans m'excuser.

Zabini ricanait intérieurement du désarroi de son ami et revoyait la scène aussi distinctement que lorsqu'elle s'était déroulée. Il devait l'avouer, ça l’avait beaucoup amusé. Mais ce qui le faisait surtout rire en ce moment, c'était de voir avec quelle hargne Drago tentait de se convaincre que Granger ne l’avait pas troublé. Zabini connaissait son ami par cœur et n’était pas assez humble pour ne pas affirmer qu’il avait un très bon sens de l’observation ; Drago avait serré les poings lors de sa rencontre visuelle avec la Gryffondor, chose qu’il ne faisait que lorsqu’il sentait qu’il perdait le contrôle. Alors, l'entendre en parler tout seul avec tant de rage en ce moment même lui confirmait ses précédentes réflexions ; ça ne lui avait pas déplu. Zabini se racla la gorge une nouvelle fois.

Drago fit volte-face avec un regard fou. Quand il reconnut son ami, son visage sans expressions fit son grand retour.

-     Depuis quand tu es là ?

Derrière la maison d'Hagrid au même moment, Hermione se maudissait pour sa maladresse.

-     De tous les élèves de l'école, pourquoi a-t-il fallu que ce soit lui ? Il ne va plus me laisser tranquille maintenant !

Une larme perla au coin de l’œil de la jeune femme. Recroquevillée sur elle-même, elle se lamentait face à son manque de chance depuis ce début d'année. Pourquoi fallait-il qu'elle soit si nerveuse ? Elle savait très bien pourquoi et comment empêcher que cela se reproduise. Hermione souffla tout l’air dans ses poumons et frappa le sol d’un coup de poing. Il était temps de prendre son courage à deux mains !

Le regard dur, elle se mit debout et d'un pas décidé, elle rejoignit la forêt interdite, bien déterminée à en finir avec cette histoire une bonne fois pour toutes.

-     Enfin, soupira le directeur de l'école en allant s’asseoir à son bureau.

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