Chapitre 3 - Angus

La chambre de Parker est un strict reflet de lui-même et ça me fait sourire dès que j'y mets un pied. Sur le mur, près du lit, il y a toutes les cartes postales que je lui ai envoyées durant un an. Il m'a mis près de son lit et j'aime croire que c'est pour mieux penser à moi quand il est tout seul dans son petit monde.

De l'autre côté, il y a une étagère avec plein de bouquins. Trop de bouquins. L'étagère vomie des livres. Il y a quelques bibelots, son trophée de basket qu'il a gagné en primaire et un cadre avec une photo.

Une photo de moi, dormant la bouche grande ouverte.

« - Tu me feras le plaisir de changer cette photo. Elle est ignoble.

- Je l'aime bien moi. »

Près de l'étagère, il y a le bureau. Un bureau impeccable. Les classeurs sont limite rangés par couleur. Il n'a pas perdu son côté maniaque, je ne sais pas si c'est rassurant ou inquiétant. Dans un coin, il y a quelques CD. Des vieilleries. Qui écoute encore des CD ? Les gens de nos jours ont tendance à télécharger ou à exploiter YouTube.

« - Les gens ne te posent pas de question quand ils viennent dans ta chambre ?

- Des questions ? Sur quoi ?

- T'as une photo dans un gars dans un cadre. Un mur de cartes postales. J'sais pas, ça intrigue, non ?

- Rares sont les gens qui viennent dans ma chambre, mais je n'ai rien à cacher donc je ne me gêne pas pour dire que la photo est celle du garçon que j'aime et que toutes ces cartes sont un bout de son périple. Tu sais, je suis assez fier d'avoir un copain comme toi.

- Ouh ! Je suis donc ton copain !

- Tu l'es depuis longtemps.

- Que c'est mignon. Je te trouve très fleur bleue.

- Pas vraiment, mais tu sais, la vie est courte et j'ai appris à ne rien retenir.

- Qui t'a appris ça ?

- Toi Angus. Le soir où tu as sauté de ce foutu pont et où, pour la première fois de ma vie, j'ai vu le monde s'écrouler sous mes pieds. Mon monde. »

Ah.

Oui.

Je me souviens de ce moment.

Certainement pas le meilleur.

Mais le plus marquant.

Je pose alors ma valise dans un coin de sa chambre, près de la porte, pour ensuite me jeter sur le lit de Parker.

« - Oh oui ! Un lit ! J'ai l'impression que ça fait des lustres que je n'ai pas dormis dans un lit. Un bon lit douillet. »

En fait, ça fait juste une éternité que je n'ai pas senti l'odeur de Parker. Son parfum. Toute sa chambre en est imprégnée. C'est vraiment con comme truc, mais on attache facilement de l'importance au moindre petit truc stupide quand on aime.

Le regard de l'être aimé. Son sourire. Son odeur.

Parker a le goût du bonheur et l'odeur de la liberté. La liberté d'être moi à nouveau. Comme s'il était cette moitié que je venais de retrouver après avoir passé une année à la chercher.

« - Angus, si tu dors sur... »

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