Chapitre 20.5 - Parker
Vous voyez dans les films, la scène de l'hôpital est toujours bourrée de clichés ? D'une, on ne peut pas rester toute une journée dans la chambre, y'a des heures de visites et les heures de visites, c'est un véritable tue l'amour.
« - T'es sûr de toi ? On voit tes pieds qui dépassent.
- Chut. Tu verras, le médecin n'y verra que du feu.
- Parker...
- Hé ! Je te rappelle que ça a toujours été moi le champion de cache-cache quand on était gosse.
- Oui jusqu'à 9 ans, après je t'ai piqué le titre. Tes pieds dépassent toujours. Je les vois.
- Je suis déjà plié un max ! »
J'attends pratiquement vingt minutes sous le lit d'hôpital, voyant les crocs rose fuchsia d'une infirmière me passer sous le nez. Un peu plus et je rigolais, mais un seul pouffement et je me faisais cramer. Je n'ai pas envie de partir. Je n'ai pas envie de laisser Angus tout seul ici.
Je me rappelle encore de notre première fois à l'hôpital. Nous étions au collège.
Angus 12 ans, ayant eu peur d'une autruche dans un zoo, s'est coincé dans un arbre tel un chaton égaré. Incapable de redescendre comme il est monté, il s'est lamentablement écrasé par terre, se cassant un bras au passage.
Je crois que c'est à cette époque que j'ai commencé à tomber amoureux de lui. De cet Angus-là du moins. Le casse-cou. Celui qui agit avant de réfléchir. Celui qui fait n'importe quoi, se fout dans la pire des merdes et joue à merveille la demoiselle en détresse. C'était ce qui me plaisait. Venir, le sauver, l'aider et voir ses yeux briller ensuite. Il ne m'a jamais remercié. Pas une seule fois. Non. Mais son visage, son expression, en disait long.
Angus ne m'aimait pas au début. Quand nous étions en primaire, il me jetait même des cailloux dessus dans la cour de récré, puis petit à petit, ça a changé.
Ça a changé parce que j'étais le gars qui défendait son goûter et ses affaires qu'il se faisait toujours piquées.
Lui, il ne disait rien. Il s'en fichait ou du moins, il était entré dans une sorte de routine qui lui coulait dessus.
Mais pas moi. Ça me mettait hors de moi.
Alors oui, j'allais me battre, souvent, pour lui.
Il ne l'a jamais vraiment su ou il ne faisait pas assez attention à moi, mais quand j'ai commencé à croiser plusieurs fois ses yeux lors des cours ou à la récré, j'ai réalisé.
J'ai réalisé que j'ai commencé à exister à travers lui.
« - Tu crois que je peux sortir ?
- Non attends... »
Avant même que je ne sorte ma tête, l'interne détestable entre dans la chambre.
Mon gars, si tu t'approches à plus de deux mètres, je te mords la cheville. Je prends ce qui est à ma hauteur.
« - Comment vous sentez-vous ?
- Bien. Je l'ai dit tout à l'heure.
- Votre ami est parti à ce que je vois.
- Oui, oui... »
Même sans voir son visage, à l'intonation de sa voix, je sais qu'il essaye de réprimer un sourire qui pourrait trahir ma couverture.
Angus, ne fais pas le con.
« - Je ne voulais pas être offensant tout à l'heure.
- Et moi je pense avoir été clair. »
Vas-y, défonce-le. Montre lui c'est qui le patron !
« - Une infirmière est déjà venue me préparer pour la nuit. Je ne pense pas que nous ayons encore quelque chose à faire vous et moi.
- Je venais juste m'assurer que vous ne manquiez de rien...
- Non. De rien.
- Bon. »
Je vois ses baskets passer la porte et je sors de dessous le lit, regardant Angus qui a un large sourire.
« - Je te jure que ce n'est pas l'envie qui me manque de lui enfoncer une perf' dans le cul à celui-là. Comment il te drague et sans retenue en plus !
- Calme-toi...Je ne te savais pas aussi possessif, mais peut-être que tu commences à comprendre ce que je ressens quand tu es avec Kenzo. »
Bam ! Prends-toi ça dans les dents Parker. Décidément, il ne perd pas le nord celui-là.
« - Je te répondrais bien, mais je n'ai pas envie de me battre sur ça encore.
- Tu vas me dire que ce n'est pas pareil parce que Kenzo est ton ami ? À d'autres, Parker...
- Ok, je le reconnais, tu marques un point.
- Souviens-toi...Règle numéro un : J'ai toujours raison. Règle numéro deux : Même quand j'ai tort, j'ai raison d'avoir tort.
- Et règle numéro trois : Je t'aime. »
Suis-je devenu trop sentimental depuis le début de ce job d'été ? Peut-être.
Devrais-je m'étouffer avec ma possessivité ? Certainement.
« - Bon, fais-moi une place sur ton lit de Barbie.
- T'es pas censé dormir sur le fauteuil ? Tu sais, comme ces gens dans les films ?
- Pour me réveiller avec un mal de dos d'enfer ? Non merci.
- Même pas joueur.
- Si...mais je pensais que tant que nous sommes là...On pourrait jouer aux docteurs.
- Oh ! »
Donnez-moi une blouse, j'ai un cœur à soigner et un patient trop impatient à ausculter.
« - Docteur Parker...ça sonne bien.
- Tu vas voir que je suis mille fois que ce petit interne de pacotille.
- Jaloux .
- Et alors ? Je n'ai pas le droit ?
- D'être jaloux d'un interne ? Si. Mais c'est inutile. Je n'aime que toi.
- Y'a intérêt ! »
Peut-être devrais-je me faire soigner quand même, il se pourrait que ça ne soit pas normal d'autant aimer quelqu'un pour n'importe quelle raison que ce soit.
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