On est descendu tous les deux, silencieusement, sans que je ne prenne le temps de me retourner pour le regarder. Pour l'admirer. Diable qu'il est sexy ! Mais si je l'admets, je perdrais et je n'ai pas envie de perdre contre Parker. Ça toujours été moi le perdant de l'histoire donc pour une fois, je veux que ce soit l'inverse. Je veux qu'il me dise qu'il m'aime, qu'il n'y a que moi comme il n'y a que lui dans ma vie.

Ces quelques jours où on a été séparés, je me suis dit que ce n'était pas si terrible d'être éloigné de lui car, j'ai ressenti exactement la même chose pendant mon année sabbatique. J'étais loin de lui pendant un an et je pensais, tel un dépendant, avoir fait ma cure de désintox. Je pensais m'être guéri de ce mal. Du mal « Parker » et de la fièvre amoureuse.

Sauf que très vite, je me suis rendu compte que le lit le soir était bien vide. Froid. Silencieux.

Ça me pèse. Parker me manque, mais j'ai trop de fierté pour lui dire.

Arrivés alors dans le restaurant de l'hôtel, mes parents sont déjà à table à nous attendre tandis que Jo' nous rejoint arrivant directement de la plage.

« - Vous voilà ! On vous attendait ! Comme vous êtes beaux. »

Échange de politesses. De courtoisies. Mes parents ne connaissent pas plus que ça la sœur de Parker, mais je ne leur en ai dit que du bien. Jo' m'a pratiquement sauvé la vie. Plein de fois.

Et si je l'ai appelé, ce n'était pas que par vengeance envers le geste de mon petit-copain, mais surtout parce que j'attendais un nouveau miracle de sa part.

« - Angus ! Tu aurais pu nous appeler quand même ! On a dû attendre que ce soit Parker qui nous prévienne, c'est quand même quelque chose ça.

- Je suis désolé...J'ai été...occupé. »

Vrai et faux.

Je suis arrivé, j'ai su que Parker partait avec Mona la vampire et Kenzo le parfum, j'ai suivi.

« - Néanmoins, tu es devenu un bien beau jeune homme Parker ! Ça fait plaisir.

- Merci madame...Vous me comblez. »

Les plats sont arrivés rapidement, on a mangé, on a discuté de tout et de rien et puis là, mon père dans toute sa délicatesse a lancé le sujet.

« - Donc Angus ? Tu te plais ici ? Il y a des jolies filles de partout, c'est chouette hein ?

- Oui, oui, c'est sympa. »

Je sens le regard de Parker et je devine la moindre de ses pensées. Ça ne m'est pas compliqué, je pense exactement la même chose.

« - Tu as eu une copine ?

- Voyons chéri, il voyageait partout ! Comment il aurait pu avoir le temps? »

En fait, je n'ai même pas cherché à avoir une relation, pour moi, j'en avais déjà une qui m'attendait.

J'avais Parker, là, qui n'attendait que mon retour.

« - Peut-être que cet été changera tout ! Petit veinard ! »

Jo' ne dit rien. Elle se contente de fusiller son cadet et il était clairement écrit « Tu. Vas. Mourir. Avant. Le. Dessert » dans ses yeux. Parker devait le savoir aussi, il faisait de son mieux pour éviter tout contact visuel avec sa sœur. Il devait se douter de ce qui l'attendait une fois ce repas terminé.

Alors, la conversation suit son cours et on parle de mes voyages, de ce que j'ai appris ou non. On parle des études de Parker et de sa vie d'étudiant.

Il est tout sourire. Fringant. Superbe.

Merde.

Ne craque pas ! Tu as tenu bon jusqu'à présent, ne fais pas le con. Montre un peu de respect pour toi-même Angus !

« - Angus mon chéri, tu veux que je te réserve peut-être ?

- Je suis gay, maman, pas manchot. »

Oups. C'est sorti.

Jo' s'étouffe à moitié dans son verre et mes parents me regardent. Sans rien dire.

« - Tu es...

- Gay. Mais pas « gaie » dans le sens joyeux hein ! Je suis tout sauf joyeux en ce moment, ok ? J'aime les garçons, j'ai toujours aimé les garçons. En fait non...J'aime Parker et j'ai une relation avec lui ou ce qui s'y apparente depuis presque un an maintenant.

- AH BAH PUTAIN ENFIN ! »

Mon père se lève de sa chaise et fait le tour de la table pour venir me prendre dans ses bras.

« - Depuis le temps qu'on attendait que tu craches le morceau fils !

- Je...euh...Vous...

- On le savait. Depuis un moment. Tu ne jurais que par Parker petit, ado et même en tant qu'adulte maintenant, ou presque.

- Mais papa ne parle que de filles depuis que...

- C'était pour te tester ! Rien de plus. On comprend que ce ne soit pas facile à dire, mais tu sais, ce n'est pas une honte. Tu es heureux ? »

Étrangement, à ce même moment et pour la première fois de la soirée, mon regard vient chercher les yeux de Parker. J'ai besoin de lui. Là, tout de suite. J'ai besoin qu'il dise quelque chose.

J'ai besoin qu'il me sauve comme il l'a toujours fait.

« - Il l'est. Nous le sommes. Nous avons encore beaucoup à apprendre Angus et moi, mais sachez que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour rendre votre fils heureux. J'aime Angus. »

Il l'a dit.

Il l'a vraiment dit.

« - Dans ce cas, Parker, nous te confions notre fils. »

Je crois que je vais pleurer. Je suis au bord des larmes. Mes parents le savaient. Ils l'ont toujours su et Parker ne s'est pas défilé non plus. Il l'a dit haut et fort, là, devant tout le monde. Il l'a officialisé.

Il m'aime.

« - Bon, maintenant que les choses sont dites, si vous voulez bien m'excuser, je vous emprunte mon frère quelques instants. »

Jo' se lève de la table, attrape son cadet et l'entraîne avec elle, loin de mon champ de vision.

Parker m'aime et à cause de moi, il va sans doute mourir ce soir.

Est-ce à mon tour d'aller le sauver ou dois-je laisser Jo' s'en occuper ?

Dis-moi Parker, qu'est-ce que tu attends de moi maintenant ?