En voyant mes parents prendre leurs aises à l'hôtel et commençant à se diriger vers la plage, je ne pouvais que les imaginer tomber nez à nez avec Parker. Tout ça, c'est de sa faute et je sais ce qu'il tente de faire. Oh oui, je le vois venir. Il veut m'obliger à leur dire.

Pour moi. Pour lui. Pour nous.

Mais j'ai une trouille énorme. A l'instant même où j'ai vu mon père, j'ai eu envie de fuir en me disant que s'il venait à apprendre la vérité, il me renierait. Je déteste Parker présentement. Pour ce qu'il a fait et pour ce qu'il tente de faire.

Me forcer la main.

Donc dès que j'eus une pause et que mes parents ne furent pas dans mon champ de vision, je me suis précipité vers la plage tandis que Monsieur est tranquillement installé sous un parasol, jumelles autour du cou.

« - Je ne sais pas si je dois t'étrangler avec la lanière des jumelles ou te noyer en mer. J'hésite. »

Il se redresse, le sourire aux lèvres, visiblement heureux et satisfait de son coup.

« - T'es pas content ? Je voulais te faire une surprise.

- En invitant mes parents ? Je sais que ce que t'essayes de faire, je te connais figure-toi ! Ça ne va pas bien dans ta tête ?

- Honnêtement, je ne sais pas comment je dois le prendre. Ça va faire un an Angus !

- Un an où l'on a été séparé et figure-toi que l'on est également séparé là, maintenant.

- Ça, c'est parce que c'est toi qui le veux.

- Ne commence pas. Franchement, je te hais. Tu m'as mis devant le fait accompli et je vais certainement devoir dire la vérité à mes parents. Merci de gâcher mes « vacances ».

- Arrête de voir le verre à moitié vide !

- Parce que tu le vois à moitié plein, toi peut-être ?

- Non, mais on peut faire ça ensemble. Toi et moi. »

Ah parce que c'était ça ton but au final ? Me contraindre à te courir après pour annoncer à mes parents que nous formons un petit couple très heureux ? Désolé de te décevoir l'ami, mais actuellement, nous ne sommes pas heureux.

« - D'accord. »

Je vais jouer selon tes règles.

« - T'es d'accord ?

- Ce n'est pas comme si j'avais le choix de toute façon. »

Mais puisque c'est comme ça, autant mettre tout le monde dans le même bateau.

« - J'ai appelé Jo'. »

Et toc ! Prends-toi ça dans les dents.

« - Tu as fait quoi ? »

Ah bah oui. Tu croyais qu'on allait faire ça à ta façon peut-être ? Tu peux te carrer le doigt dans l'œil mon kiki. Il n'y a pas que toi qui peux t'abaisser à ce genre de coup bas.

« - Une réunion de famille, ça faisait longtemps, tu ne crois pas ?

- Angus...

- Parker. »

Je sais qu'il flippe. Et je sais aussi qu'il s'en prendra une. Parce que si Jo' a toujours su mes sentiments pour Parker, elle n'a jamais été mise au courant de la « mise à jour » de notre relation. Parker n'a pas dit un mot et je suis certain qu'elle va lui faire regretter de l'avoir tenue à l'écart.

Bien fait pour toi !

« - OK. Très bien. Faisons comme ça. Autant le dire à tout le monde. Je m'en fiche. Je n'ai pas honte de mes sentiments, ni de rien d'ailleurs.

- T'es sûr de toi ?

- Parfaitement. Tu veux le dire à ma sœur, parfait. On lui dira. De toute façon, on ne peut plus garder ça secret.

- Dans ce cas, j'espère que t'es prêt. Elle arrive dans l'après-midi. On dînera sûrement tous ensemble ce soir.

- D'accord. Aucun problème. »

C'est drôle. Parker n'a jamais su mentir donc c'est particulièrement amusant de le voir se décomposer petit à petit tandis qu'il essaye de garder un minimum de fierté et de sérieux.

« - Donc on se dit à ce soir alors ?

- Inutile que je passe te prendre, tu connais le chemin du resto.

- Je tâcherais de m'y retrouver, oui.

- Dans ce cas, je retourne travailler pendant que tu continues à bronzer. Vachement dur ton job' ! »

Il se fait mater de partout. Ça m'énerve. Regarde-moi toutes ces minettes qui se sont regroupées devant le poste de sauvetage comme des mouettes. Elles me frustrent un peu, je dois l'admettre.

« - Angus ?

- Quoi ?

- Rends-moi un service. »

Avant que je ne quitte la plage, Parker m'attrape et m'embrasse en prenant un malin plaisir à faire traîner ça en longueur.

« - Mais...

- Chut. C'était juste pour leurs têtes. »

Voilà à quoi je sers ? Très bien.

Tu veux jouer à ça Parker ? Crois-moi, on va jouer. Alors-là, aucun souci !