Chapitre 1.5 - Parker

J'ai une sale habitude que j'ai développée avec le temps : Dormir avec le téléphone sous l'oreiller. Les médecins disent que c'est mauvais de dormir avec un appareil envoyant des ondes à notre cerveau aussi près, mais moi je m'en tape parce que je ne peux pas faire autrement.

À chaque vibration, je sais que c'est lui. Angus.

À chaque vibration, sans même prendre la peine de lire le message, je souris comme un idiot heureux. Un idiot amoureux.

À chaque vibration, je sais que si je lis le message, j'aurai alors sa voix dans la tête et ça me plaît. C'est une sensation qui me plaît. Avoir la voix d'Angus dans la tête.

Cela va faire un an maintenant qu'Angus est parti. Un an rempli d'aventures pour lui comme pour moi. Certes, je n'ai certainement pas vécu toutes les choses excitantes que lui a vécues, mais j'ai eu mon lot quotidien. Il ne faut pas croire, la vie d'étudiante est...Mouvementée.

Je n'ai jamais eu le temps de m'ennuyer et les rares fois où ce fut le cas, je pensais à Angus. À ce qu'il pensait. À ce qu'il faisait. Je me demandais mille et une choses et les nombreuses cartes postales que j'ai accrochées au mur de ma chambre universitaire me donnent l'impression d'avoir voyagé avec lui. À ses côtés.

De New-York à Hong-Kong, en passant par Bali, Séoul, Tunis, Helsinki.

Angus a voyagé. Beaucoup.

Je me suis souvent demandé comment il faisait d'ailleurs pour tenir le coup. Il ne m'a jamais paru fatigué ou épuisé, bien au contraire. À chaque fois qu'on discutait de ses futures destinations, il en était tout excité. Il avait le regard qui brillait encore et toujours plus.

Je suis tombé amoureux de lui à cause de ça. À cause de ses yeux pétillants. À cause de cette énergie qui émanait de lui et qui semblait sans fin.

Alors naturellement, quand Angus m'a dit qu'il revenait, je me suis précipité sur l'occasion d'aller le chercher à l'aéroport.

Je voulais être le premier. Le premier à le revoir. Le premier à lui sourire et surtout, le premier à lui dire « Bienvenue à la maison ».

Angus rentre et je n'ai pas dormi de la nuit. Je suis resté scotché à mon téléphone en attendant son message. Quand je l'ai eu, j'ai souri bêtement et je me suis préparé. J'ai passé deux heures à me demander quelle chemise mettre pour l'accueillir. Quel look devrais-je avoir ? Sexy ? Classe ? Normal ?

Mon dieu. Depuis quand je suis devenu aussi soucieux ? Depuis quand...Depuis quand Angus a-t-il laissé une trace aussi profonde sur mon cœur ?

Ça va faire un an que je vis loin de lui et j'ai l'impression d'avoir une éternité à rattraper. Chose que je compte bien faire une fois que nous serons seuls. Je suis devenu complètement gaga et cela a toujours fait rire Joe. Pour elle, « Angus » était un mot magique qui faisait apparaître mon sourire subitement. Ce qui était vrai. Une simple mention de son prénom et me voilà heureux.

J'attrape ma veste pendouillant sur le porte-manteau de la chambre, vérifie une dernière fois d'avoir tout prit et prends la route de l'aéroport.

Dans quelques heures, même pas, nous serons réunis.

Nous avons passé notre petite enfance, notre enfance, notre adolescence, collé l'un à l'autre. Jamais nous n'avons été séparés. Nous avons toujours veillé l'un sur l'autre et son départ fut la première chose à laquelle on a dû s'acclimater tous les deux.

La première fois que nous allions vivre séparément.

La première fois, que tous les matins, je n'allais pas voir sa tête souriante sur le pas de ma porte de chambre.

Pourtant, sa tête, à travers la webcam, je l'ai vue de nombreuses fois. Je l'ai vu heureux comme jamais. Rêveur pour ne pas changer. Je l'ai aussi vu grandir. S'épanouir.

À notre façon et durant cette année durant, nous avons su faire l'un sans l'autre. Ce ne fut pas tous les jours faciles et parfois, les mois restants semblaient être de la torture. C'est certainement pour ça que j'ai jeté le calendrier que j'avais accroché dans un coin. Voir la date du jour me déprimait à chaque fois.

Maintenant, je suis là. Planté devant les portes. J'attends. Je regarde l'heure, l'avion ne semble pas avoir de retard.

Il arrive.

Il arrive vraiment.

Les portes s'ouvrent et les premiers passagers sortent. Je cherche son visage parmi tous ces gens qui se bousculent et qui se jettent dans les bras les uns et des autres.

Puis je le vois alors mon sourire me trahit comme un phare en pleine mer.

Angus est là.

Devant moi et avant même que je n'eus le temps de dire ou de faire ne serait-ce qu'un premier pas vers lui, il jette sa valise dans un coin et me saute dessus, me plaquant au sol sous les regards de tous ces autres.

« - Arrête idiot, tout le monde nous regarde !

- Mais tu m'as manqué ! »

Je suis terriblement gêné.

Je suis horriblement heureux.

« - Bienvenue à la maison Angus. »

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