BONUS - Cette soirée-là [Fin]

La musique est plutôt bonne et je crois que je commence à apprécier le fait d'être là, entouré de plein de gens. Des potes, des connaissances, des gens que j'ai dû croiser une ou deux fois sur le campus. Pour la première fois depuis des mois, je me suis senti comme libéré d'un poids.

Mais de quel poids au juste ? Angus ?

« - Hé Parker ! »

Kenzo se jette lamentablement à côté de moi, manquant de renverser le contenu de son verre tandis qu'il s'approche de mon oreille pour me parler. C'est vrai qu'avec tout ce tapage, on ne s'entend même plus parler.

« - Dis-moi qu'est-ce que tu fais tout seul dans ton coin à broyer du noir ? Je croyais que t'allais enfin t'amuser un peu.

- Je fais une pause. Mona m'entraîne de partout, elle me tue.

- Ah les femmes ! On ne peut pas vivre avec, mais on ne peut pas vivre sans non plus. »

C'est vrai, mais entre Mona et moi, c'est particulier. Depuis le lycée elle me court après et ses démarches se sont d'autant plus accentuées avec le départ d'Angus. Comme si le loup pouvait de nouveau entrer dans la bergerie sans que le chien de garde ne soit présent. Pour autant, elle comprend parfaitement quand je mets un stop à son flirt. Elle est bizarre, car au fond, j'ai l'impression que ça la fait souffrir, mais elle n'a pas l'air de vouloir que ça s'arrête ou de passer à autre chose.

« - Tu sais que la proposition de ma chambre tient toujours.

- Je vais finir par accepter. Tu me tentes là ! Je commence à avoir mal au cul sur ce pouffe et la musique devient trop bruyante pour moi.

- On croirait entendre un petit vieux.

- Le petit vieux t'emmerde. Bon, tu me montres le chemin ? »

Ma tête résonne comme si un marteau piqueur se faisait une petite symphonie à lui tout seul tandis que tout mon corps fait « boom boom boom » avec l'impact des vibrations des baffes. Je n'aurai jamais dû me mettre à côté. Mauvaise idée.

Ça ne fait même pas deux heures que je suis là et je suis déjà claqué.

Je suis Kenzo sans me poser de questions tandis qu'il ouvre la porte de sa chambre tout en entrant pour allumer la lumière.

« - Bon t'excuseras le bordel, j'ai pas rangé depuis un moment. Mets-toi à l'aise, attends, je te fais de la place. »

Il vire toutes ses fringues entassées sur son lit pour les jeter sur le fauteuil de bureau en face.

« - C'est un peu plus calme du coup, tu ne trouves pas ?

- Ouais, c'est cool. Merci. »

Il referme la porte d'un coup de pied et s'assoit à côté de moi.

« - Bon alors, dis-moi, j'ai pas eu la réponse à ma question tout à l'heure...Ton mec et toi...

- C'est compliqué.

- Oh allez Parker ! Pas à moi ce genre de phrase toute faite.

- Non, mais c'est vrai. Il est parti faire le tour du monde en me laissant comme une vieille chaussette derrière lui. Tu sais, Angus a toujours été...comme mon ombre à me suivre partout et sans m'en rendre forcément compte, je me sens...seul, vide, quand il n'est pas là. Il a pris une importance qu'il ne s'imagine même pas et mise à part m'envoyer des cartes postales, monsieur s'amuse à droite à gauche.

- Qu'est-ce qui t'empêche de faire pareil ? »

Si ce n'était pas mon 5ème gobelet de vodka, je crois que je me ferais peut-être des idées.

« - M'amuser ? Sans Angus ? C'est pas possible.

- Si ça l'est...Après tout, il n'est pas là, tu l'as dit toi-même. Et on sait très bien que les plaisirs solitaires ont leur propre limite.

- De quoi tu parles ?

- Sérieusement ? Il faut que je te fasse un dessin ou que je prenne en photo chaque fille du campus qui bave sur toi ?

- N'importe quoi...

- Va donc dire ça à cette chère Mona. »

Ce n'est pas pareil. Mona et son flirt, c'est devenu comme un jeu. Un jeu malsain, certes, mais rien de moins qu'un jeu. Elle sait que je ne céderais jamais et de toute façon, elle ne me tente même pas. Avant, cela aurait pu être différent, mais Mona est comme une copine maintenant et son petit cinéma me fait juste mourir de rire. Rien de plus.

« - Si tu veux, on peut s'accorder cette soirée. Après tout. Ce n'est rien qu'une soirée. On est bourrés, on ne s'en souviendra pas demain matin et cela restera entre toi et moi.

- Je suis pas sûr que... »

Avant même que je n'eus le temps de terminer ma phrase, Kenzo se penche sur moi, me faisant m'écrouler sur le lit, se saisissant alors de mes lèvres tandis que ses mains commencent à déboutonner ma chemise.

Il a raison au fond. Il n'y a que lui et moi. Qui sait d'autre ce qu'Angus fait à l'autre bout du monde ? Il ne m'a jamais dit que je lui manquais ou quoi que ce soit d'autre. Je peux bien moi aussi l'attendre à ma façon.

Oui, je peux le faire.

« - Attends stop ! »

J'ai l'impression que mon estomac est une montagne russe c'est horrible et même si l'alcool parle pour moi...même si Kenzo est loin d'être moche...Il est même carrément attirant...

« - Quoi ?

- Je ne peux pas.

- Comment ça « tu ne peux pas » ? C'est juste le temps d'un soir. Tirer son coup. Se soulager mutuellement. C'est un peu comme se rendre service entre potes.

- Oui...mais non. »

Il se redresse tandis que je me débarrasse de ses mains traînants encore sur mon torse.

« - Tu vas me dire que tu es fidèle ?

- C'est plus que de la fidélité. Écoute Kenzo, c'est gentil, mais Angus c'est tout un concept et honnêtement, ce n'est pas mon genre de faire ça. De lui faire ça.

- Il n'est pas obligé de le savoir.

- Moi je le saurais et je n'ai pas envie de vivre avec ça sur la conscience.

- Écoute-toi, la vingtaine tout juste et casé avec un mec pour l'éternité.

- Honnêtement ? Je ne sais pas si ça dura l'éternité entre Angus et moi, tant mieux si c'est le cas, mais c'est le seul capable de jouer ainsi avec mon cœur. Je n'ai pas envie de m'envoyer en l'air avec le premier venu juste comme ça, pour « tirer mon coup ». Je veux faire l'amour. Je veux être dans les bras de celui que j'aime et qui m'aime en retour.

- C'est d'un niais...C'est horrible.

- Tout ce que je te souhaite, c'est de ressentir ou de trouver la personne qui te fera ressentir tout ça. Peut-être que ce jour-là alors, tu comprendras.

- Et si c'était toi...Si c'était toi cette personne-là ?

- Alors, je suis désolé...Vraiment. »

J'essaye de me regrouper au mieux, de ramasser les bouts de mon esprit alcoolisé et de partir d'ici le plus vite possible. Je veux quitter cet endroit.

Je veux partir avant d'avoir à regretter quoi que ce soit. Je ne peux pas lui faire ça, mais outre ce fait-là, je ne peux pas me faire ça à moi-même.

En retournant dans ma chambre, je m'aperçois que j'avais laissé mon téléphone de branché sur ma table de chevet. Apparemment j'ai un message.

« - Angus... »

« J'ai oublié de te le dire en vidéo, mais je t'aime comme un fou, comme un soldat, comme une star de cinéma ! Je t'aime Parker et j'ai hâte que ce l'on se retrouve. Je t'ai acheté plein de cadeaux ! Je te donnerais tout à mon retour. JE T'AIME ! »

Quel idiot celui-là...Il sait au moins qu'il y a un poids limite pour les bagages ?

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