BONUS - Cette soirée-là

Deuxième partie


Le temps de traverser le campus, une petite voix n'a cessé de hurler en moi comme pour me dire que je faisais une grosse connerie ou quelque chose dans ce genre-là. Vous savez, ce genre de pressentiment qui semble vous avertir d'un danger ou ce sentiment désagréable que vous avez, mais que vous n'arrivez pas à pointer du doigt ? C'est exactement ce que je ressens.

Quelque chose clochait en moi.

J'aimerais tout lui mettre sur le dos et me dire, pour me décharger du poids, que c'est de sa faute, mais ce n'est pas le cas. Je ne peux pas en vouloir à Angus d'être parti et d'accomplir l'un de ses rêves ça serait égoïste et extrêmement déplacé de ma part, mais il faut se l'avouer, je n'arrive pas à faire ma vie sans Angus autour. C'est compliqué.

C'était comme si du jour au lendemain, on m'arrachait quelque chose d'irremplaçable ou que je me retrouvais face à la réalité, mon rêve de vie ayant éclaté comme une bulle de savon. J'ai l'impression d'avoir perdu quelque chose précieux, de nécessaire.

De vital.

J'ai perdu Angus. La distance n'arrange rien et le connaissant, je me demande s'il compte revenir ici un jour. Il dit qu'il part pour un an, mais arrivera-t-il vraiment à tout quitter pour revenir ? Cette vie d'aventurier lui convient tellement mieux, je le vois heureux, épanoui comme jamais encore je n'ai eu l'occasion de l'apercevoir et retrouver le Angus déprimé et perdu m'attriste.

Parce qu'Angus n'est pas comme moi. Angus vit dans un rêve pépertuel. Sa bulle de savon n'a pas éclaté et j'ai peur de la violence du choc. J'ai peur...Non, c'est con ce que je pense. Il s'en sortira. Je le sais. Il s'en sort toujours.

C'est moi qui dramatise tout et me dis que sans moi, il n'y arrivera pas alors qu'en vérité, c'est l'inverse.

Sans lui, je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à faire ma vie, à avancer. J'ai l'impression de stagner, de faire du sur place, de ne pas avancer. Je déteste cette sensation. J'ai beau voir la vie défilée devant moi, je n'ai pourtant pas l'impression de la vivre pleinement comme je le devrais.

Tout ça, parce qu'il n'est pas là.

Comment peux-t-on être aussi con ? Bâtir tout son monde, son univers autour d'un seul être ? Champion de la connerie le Parker !

« - On entend la musique d'ici, c'est dingue ! »

Si Mona ne m'avait pas fait la réflexion, je ne l'aurais probablement même pas remarqué tant que je suis ailleurs, perdu dans mes propres pensées.

Mais elle a raison. On entend le boucan d'ici. Kenzo va nous foutre un bon gros bordel sans nom et ça va vite devenir ingérable, comme d'habitude.

Est-ce que j'ai bien fait de venir ? Carrément. Au moins, le temps d'une soirée, je pourrais oublier toutes ces sombres pensées. Je pourrais me dire que moi aussi j'ai le droit à l'éclate et que de toute façon...L'adage veut que ce soit « Pas vu, pas pris ». Je vais me faire plaisir, je vais m'amuser et...Le temps de quelques heures, je vais oublier.

Oublier Angus.

Oublier mon côté moralisateur à deux balles.

Oublier toutes les promesses.

Oublier tous ces sentiments qui me prennent à la gorge et m'étranglent toujours un peu plus.

« - Parker ! C'est cool, t'es venu !

- Sympa l'ambiance, t'as mis les moyens cette fois. T'as envie qu'on entende partout sur le campus ou quoi ?

- Tu rigoles, mais je crois que tout le campus est déjà dans le dortoir. Moi qui pensais que t'allais rester pénard dans ta chambre à bosser les examens.

- Pas ce soir Kenzo...Ce soir je vais me détendre. »

Kenzo.

Je le connais que depuis le début de l'année, mais je sais qu'il me fait des avances plus grosses qu'une maison. Je le vois venir. Je sais aussi qu'il tentera forcément sa chance étant donné que je suis venu. Oh il peut bien essayer, je ne lui promets absolument rien parce que je n'ai rien à lui donner. À lui offrir. J'ai déjà tout et tant donné à une autre personne.

« - T'as un coin où l'on peut se poser tranquille ?

- Ouais, suis-moi...T'es venu avec Mona ?

- C'est plutôt elle qui m'a traîné en dehors de ma chambre.

J- e devrais l'embrasser pour cet exploit. »

Mais on sait très bien qu'il ne le fera pas. Parce que Kenzo et les filles...C'est une tout autre histoire qui mériterait un livre entier.

« - Ma chambre est au bout du couloir si tu veux.

- Juste un pouffe m'aurait suffi, tu sais ?

- Pour t'avachir dedans en marmonnant toute la soirée ? Non merci. Tu as une tête de déterré.

- La fatigue, la fatigue. C'est la fin du semestre et faut bosser les examens et puis...

- C'est ton copain c'est ça ? Il te fait la misère même à l'autre bout de la terre ? »

Je crois que ça doit être écrit en lettres capitales sur ma gueule, ce n'est pas possible autrement.

« - On peut dire ça comme ça même si ce n'est pas tout à fait le cas. »

Angus est Angus, on ne le changera pas et je crois que même lui ne se rend pas véritablement compte de l'effet qu'il me fait, même loin. Je pourrais traverser l'océan à la nage si j'étais certain de pouvoir le retrouver dès demain.

Mais demain Angus partira, ailleurs, je ne sais où. Angus partira pour une nouvelle aventure, sans moi.

« - Tu veux un truc à boire ?

- Ce que t'as de plus fort ! »

J'en ai besoin.

Néanmoins, tout le monde sait que les pires décisions viennent avec l'alcool. Les pires décisions, mais aussi les meilleurs souvenirs.

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