Quatrième souvenir

« Drago, tu ne crois pas que la punition d'Anguis a assez duré ? »

Anguis tendit l'oreille en entendant son nom. Dans la pièce voisine, ses parents discutaient à voix basse. Il attendit la réponse de son père – mais le seul son qui lui parvint fut celui d'une porte qui se fermait. Dévoré par la curiosité, il se leva et se dirigea sur la pointe des pieds vers les voix. Il s'accroupit par terre et colla son oreille contre la porte.

« ...une semaine entière que pas un de nous ne lui a adressé la parole, disait sa mère. Il souffre, je le vois. J'aimerais lui...

– Jamais ! s'exclame son père avec hargne. Ce garçon a commis une faute inexcusable. S'il avait quelques années de plus, je l'aurais fait envoyer à Azkaban ! »

Anguis sentit les larmes lui monter aux yeux. Depuis qu'il avait cassé la baguette de son frère, personne ne lui avait adressé la parole. Personne ne l'avait regardé, personne n'avait rien fait pour lui. Il avait l'impression d'être devenu un fantôme.

« Tu ne sais pas ce que tu dis, Drago. Ce n'est qu'un enfant...

– Un enfant ? Si c'est un enfant, ce n'est pas le nôtre. Ce n'est pas un sorcier, ce n'est pas un humain, c'est... c'est un monstre. Une abomination. »

La voix de son père était devenue faible, comme marquée par une immense lassitude. Plusieurs minutes s'écoulèrent dans le silence, avant que sa mère reprenne :

« Je vais lui parler. Tu ne peux pas m'en empêcher.

– Non ! »

Il avait presque hurlé ses derniers mots. Un claquement sonore résonna, suivi d'un cri de douleur, puis Anguis entendit les sanglots étouffés de sa mère. Sans plus réfléchir, il tourna la poignée et déboula dans la pièce.

« Tu ne feras pas de mal à Maman ! » cria-t-il en se plaçant entre ses deux parents.

Sa bravoure fut réduite à néant quelques instants plus tard par la puissante gifle que lui asséna son père, dont le choc le fit tomber au sol. Le visage empli de fureur, Drago l'empoigna par le bras, le souleva sans ménagement et traversa le manoir. Anguis hurlait de douleur ; les ongles de son père s'enfonçaient dans la peau nue de son bras. Drago monta les escaliers et lâcha le garçon dans sa chambre. Anguis atterrit avec fracas sur le sol de pierre, son corps le brûlant de tous les côtés. Le monde autour de lui tanguait. Il regarda son père quitter la chambre, sans un regard en arrière.

Il ne sait pas combien de pas il resta là, allongé à même le sol, incapable de bouger. À un certain moment, une silhouette floue apparut dans l'entrebâillement de la porte. Son frère le regardait avec des yeux pleins de mépris.

« Tu es content de toi ? cracha-t-il. C'est de ta faute, tout ça. »

Anguis avait envie de protester, de dire qu'il n'avait jamais rien voulu de tout ça. Qu'il avait commis une seule petite erreur. Mais ses mots restèrent coincés dans sa gorge.

« Tu es un microbe, Anguis, poursuivit Scorpius. Tu détruis notre famille. »

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Plus que trois parties... j'espère que ça vous plait :)

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