Quand Anguis tente de convoquer des souvenirs heureux, il pense immanquablement à sa petite enfance. Il pense à ses quelques premières années, où tout n'était que lumières et sensations, que chaleur et sourires.

Ces années-là ne lui reviennent pas sous la forme de souvenirs précis mais d'images floues et désordonnées. Il se souvient des impressions. Il se souvient de la joie, de la découverte. Il se souvient de son grand frère penché sur lui, avec sur les lèvres un sourire qui semblait contenir tout l'univers. À cette époque, Scorpius était son monde entier. Scorpius le faisait rire, il le faisait sourire et lui apprenait toutes sortes de choses. Il lui disait comment faire pour ne pas avoir peur du noir la nuit, pour s'endormir vite, comment mentir à Papa et Maman pour avoir plus de dessert.

Quand Scorpius a reçu sa première baguette magique, le jour de ses six ans, il a pris une toute autre dimension dans l'esprit d'Anguis. Imitant leurs parents, il a commencé à faire de la magie. Anguis l'a observé, des heures durant, jouer avec sa petite baguette, lancer les sorts les plus simples, mais qui paraissaient extraordinaires à leurs âges.

Chaque jour, il l'admirait un peu plus. Chaque jour, il le suppliait, il l'implorait de lui prêter sa baguette, ne serait-ce que quelques secondes, simplement pour la tenir dans sa main. Mais chaque jour, Scorpius refusait. Quand il avait fini de l'utiliser, il rangeait sa baguette dans un étui en bois, qu'il posait sur une étagère dans leur chambre, interdisant formellement à Anguis d'y toucher.

Alors Anguis comptait les jours, attendant le moment où il aurait six ans et où il recevrait sa propre baguette.