Obscurité.


Je suis effrayée à l'idée de ne plus être celle qui est triste. Je suis brisée, c'est comme ça que j'ai été conçue. Comme un vieil ours en peluche, on m'a recousue.

Encore et

encore 

et encore.

Au point de ne plus être celle que j'étais.

On rit souvent en disant que j'ai de la colère dans le regard. Ma psy me dit tout le temps que je suis remplie d'une haine bouillonnante, comme la lave d'un volcan. On sait comment ils sont. Endormis pendant des décennies puis, d'un coup, détruisent des pays.

Qui suis-je si je ne suis plus triste? Qu'est-ce que je deviens si le malheur que je garde enfui depuis toute une vie, n'est plus?

C'est rassurant d'être malade. Je me dis que ce n'était pas que dans ma tête.

Que ça existe.

Je ne suis pas folle.

Je n'exagérais pas, contrairement à ce qu'ils m'ont dit. Quelqu'un a fait l'autopsie de mon esprit et y a vu une tumeur. Et tout ça, ça ne me fait plus peur.

Dépressive, bipolaire... on sait pas. Mais l'un des deux est bel et bien là. Les deux me correspondent, mais pour l'instant on ne sait pas lequel fait que je m'effondre.

Comme le Titanic, c'était glorieux fut un temps,

puis j'ai coulé.

Je n'ai jamais été ravie d'aller mal, mais c'était une partie de mon identité. Elle m'a été volée à ma naissance. Au moins ma tristesse, ma peine, c'étaient mon essence. J'étais celle qui garde des secrets, celle qui pleure seule la nuit et sourit au réveil. Celle qui, à l'abris des regards, joue avec les couteaux de la cuisine.

Un peu trop de médicaments, un peu trop d'alcool. Mais les problèmes savent nager, même dans le rhum.

Toujours plus pour essayer d'oublier. 

J'étais

Angry girl,

et je le suis restée.

Aujourd'hui...

Aujourd'hui... j'essaie de la soigner. Parce que je suis enfin malade, c'est diagnostiqué. Quelqu'un m'a confirmé que toute cette souffrance n'était pas inventée. Que je ne hurlerais plus en silence comme depuis des années.

Une pilule blanche le matin, une moitié au dîner.

Ça doit guérir les blessures et surtout les anesthésier.

Vous allez apprendre à désirer à nouveau, m'a t-elle confié. Vous allez revivre, vous verrez!

Je commençais légèrement à voir les couleurs revenir sur le tableau. J'ai crié victoire avant la fin du chrono.

Ce soir je pleure,

parce que

j'ai mal.

La pilule blanche n'empêche pas les pensées

noires...

pourtant, elle m'avait dit, que je reverrai la vie

en rose.

Et je suis malade.

Ça me fait peur.


Car, au fond, tout au fond de mon coeur...


Pourrais-je un jour connaître le bonheur?

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