Nuit.
C'est mon moment préféré, quand t'es plus obligé de faire semblant devant tous ces gens. Tombent les masques, sauf pendant les bals des bourgeois. Moi je fais partie des petites classes, je le garde uniquement quand je dois rester à ma place.
La nuit, c'est mon territoire. Les murs blancs prennent des couleurs bien plus sombres. Je vois les ombres de mon passé qui dansent et c'est l'hécatombe.
« My mind is a place that I can't escape your ghost » chante ce groupe bien connu. Je bouge sur les notes tristes d'une mélodie déprimante. Qui raconte la peine d'une vie
perdue,
celle que je regrette de connaître aussi.
Et puis tu me manques, et je me dis que tout est en lambeau. J'avais promis un jour de faire un jeté de flambeau...
j'annule ma promesse.
Je n'arrive pas à libérer mon cœur de tous ces regrets.
Je t'ai adressé des mots horribles, parce que j'étais une gamine souffrante que personne ne voulait guérir. Je t'en veux, mais j'ai pas le droit. C'est difficile d'en vouloir à ceux qui ne sont plus là...
Alors la nuit, je me déteste.
Parce que ça,
j'ai le droit.
Toute seule dans mon appartement je suis Angry girl derrière son masque comme ceux de Venise. Les paillettes se transforment en cendres et les couleurs sont décrépies.
On m'a dit que c'était courant, lorsqu'on ne contrôle plus rien, de se rendre instigateur de ce que les autres détruisent. Peut-être que si je me bousille suffisamment, on se tiendra enfin la main, maman.
Mais pour l'instant, j'ai encore des trucs à faire. Comme détester le monde et rester en enfer. Ils avaient tort pour le Paradis, il est ouvert qu'aux gens qui ne sont pas maudits. Nous, tu vois, si on suit la généalogie, on a même pas besoin d'être morts pour connaître le purgatoire.
J'ai bon espoir qu'un jour ma folie me guidera jusqu'au bonheur. Sur un malentendu, on peut en faire quelque chose de stupéfiant. Regarde Van Gogh, on le prenait pour un fou, et il l'a transformé en oeuvre d'art. A ma façon, la nuit, je fais de mon esprit une fête de folie. Je peins mes larmes avec un jaune empoisonné, et tout devient alors supportable.
La nuit étoilée.
Mon apogée après plusieurs boissons et cachets.
La vie se répète et comme un carrousel en folie,
la nuit
je tourne,
je tourne,
je tourne...
Et je vomis
tous les malheureux que je cache quand
le tour est fini.
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