- Vous ne pouvez pas vivre tant que les autres vous jugerons comme une menace....

Vous périrez l'un comme l'autre

Je me réveille en sursaut. Cette voix, j'ai l'impression de l'avoir déjà entendu. Quel cauchemar ! Je suis assise dans mon lit en sueur. Vous périrez l'un comme l'autre.... Cette phrase semblait venir de l'intérieur de mon corps. Je me lève de mon lit et me traîne jusqu'à la salle de bain en essayant d'oublier mon rêve. Je me glisse sous la douche et monte la température de l'eau au maximum. Je déplois mes ailes et les rince sous l'eau chaude. Je sors de la douche et m'habille de ma tenue de combat, uniforme du chevalier. J'attache mes cheveux en chignon et me diriges vers la porte en faisant bien attention de ne pas réveiller Angélique. Esdrael m'attend déjà, il est toujours ponctuel.

- T'as mis du temps dis-donc ! Tu t'es faite aussi belle pour moi !

Je lui donne une frappe sur la tête ce qui lui laisse échapper un petit cri de douleur

- Bonjour à toi aussi Esdrael ! Bon, tu m'emmène maintenant ou tout de suite ?

- A vos ordres chef !

Nous marchons un moment dans le couloir mais Esdrael s'arrête brusquement devant une fenêtre

- Alors t'es en forme Ricette ?

- Ne m'appeles pas Ricette ! Moyennement pourquoi ? Demandai-je en haussant mon sourcil droit

Il monte sur le rebord de la fenêtre et regarde dehors.

- Pour voler !

Et il se laisse tomber dans le vide. Je ne peux m'empêcher de sourire. Je prends de l'élan et saute à travers la fenêtre. Mes ailes oranges se déploient et je rejoins Esdrael qui fait des acrobaties dans les airs. Ses ailes sont de couleur bronze comme tous les princes du Paradis. Celles des Empereurs sont toujours dorées et celles des Impératrice, toujours argentées.

- Tu vois la tour là-bas ?

Je tourne la tête et remarque que nous surplombons Pacem. Cet énorme amphithéâtre est à la frontière de la forêt d'Emeraude où habitent les Elfes. Derrière celle-ci, s'étend  la forêt du clan des Dragons de la Terre où il est impossible d'y pénétrer. Au loin, on peut voir l'Océan des terres lointaines. Derrière, se trouve le pays des Hommes, nos protégés.
Je repère rapidement la tour indiquée par Esdrael. Elle est accrochée au bâtiment mais suspendue au-dessus du vide.

- Oui je la vois. C'est l'endroit où on doit aller ?

- Exactement. On fait la course ?
Avant d'avoir écouter ma réponse, il s'élance vers la tour.

- Eh c'est de la triche ! M'exclamai-je

Je m'élance à sa suite. Il est rapide mais je le suis encore plus. Je réussis à le doubler mais grâce à sa magie de foudre, il se téléporte devant moi. Avant de s'engouffrer dans la tour, il me tire la langue. Je soupire et rentre moi aussi par la fenêtre

- Tu es toujours aussi fort pour ce qui est des courses aériennes ! m'exclamai-je essouflée

Soudain, je bute contre quelquechose, plutôt quelqu'un. Je relève la tête et croise le regard vif de Nakal. Je fais immédiatement un mouvement de recul

- Ça va, c'est bon je vais pas te manger ! Souligne-t-il en levant les yeux au ciel

- Bonjour Nakal répondis-je froidement

Je retourne aux côtés d'Esdrael qui dévisage Nakal. Tous les deux se jaugent du regard et semblent s'analyser comme deux lions dans une cage. C'est ridicule. Tout en ne détournant pas le regard de celui du Démon, Esdrael m'adresse la parole.

- Je suis désolé Ris mais je vais devoir te laisser. Armand et moi devons, tu sais, préparer notre idée de génie.

- Qu'est-ce que vous allez encore faire

Il se retourne vers moi et me fait un clin d'oeil

- Top secret ! Tu vas pouvoir rester seule avec lui ?

Nakal soupire bruyamment et ajoute

- C'est bon elle va pas disparaître ta copine !

Aucun de nous deux ne répond. Finalement Esdrael m'embrasse sur la joue et part en prenant soin de percuter Nakal au passage. Les Anges ne doivent pas ressentir de haine, sinon, ils deviennent des Anges Noirs ou Anges déchus et sont banis. Mais parfois, je me demande si Esdrael n'est pas à la limite de la haine lorsqu'il se met en colère. Il peut facilement se montrer agressif. Dès qu'il part, la porte, de ce qui devait être l'endroit où nous allions être reçus, s'ouvrit. Un homme fort et grand s'avance vers nous. Je l'ai déjà vu auparavant. Il s'appelle Elion, c'est le garde du corps de l'Empereur. Ses yeux bleus foncés me fixent durement comme à son habitude. Il ne m'aime pas du tout, je pense que c'est à cause d'Hélène, l'Impératrice qui lui a raconté encore de tas de choses désagréables à mon sujet. Contrairement à Léiel, l'Empereur, elle me voue un certain mépris depuis ma naissance sans que j'en sache la cause. La voix grave et froide d'Elion résonne dans la pièce

- Par ici

Nakal et moi avançons et entrons dans la pièce. Elle est petite et ronde. Le bureau est face à la porte et derrière lui, trônent 4 énormes baies-vitrées qui vont du sol jusqu'au plafond. Les autres murs de la pièce sont constitués de bibliotèques et un somptueux tapis rouge et doré orne le sol, qui est fait de pierre comme le reste de la pièce.

- Installez-vous là crache une deuxième fois Elion en nous montrant de chaises devant le bureau.

- L'Empereur n'est pas là ? demande Nakal

- Si il était là je pense que vous le verriez !

Sur ce, Elion claque la porte violemment.

Nakal marmonne quelquechose qui je pense, doit être un juron avant de s'installer sur une des chaises.

- Tu ne t'assois pas ? demande-t-il suspicieux

- Non je suis très bien debout, merci.
Il se redresse et vient se planter à côté de moi.

- Tu m'en veux toujours pour ce que je t'ai dis la dernière fois ?

- Non.

- Alors on peut devenir amis ?

Nous nous regardons. Il me dévisage toujours avec son sourire moqueur.

- Les Anges et les Démons ne deviennent pas amis.

- Oui, tu as sans doutes raison.

Je n'ai même pas remarqué mais Nakal, de ses 1m85, a mis son bras au-dessus de ma tête et me surplombe de toute sa hauteur. Nos visages sont à quelques centimètres l'un de l'autre.
Je me dégage de lui et proteste

- Mais qu'est-ce que tu fous ?

Le Démon éclate de rire et repart s'asseoir.

- J'aime te destabiliser....

Sur ce, l'Empereur rentre dans la salle.