52 [PRÉSENT]
[ Doncaster, 2015 ]
heart, sleeping at last
Harry adorait les réveils avec Louis, et ce depuis qu'il était adolescent. Quand l'un d'eux était réveillé avant l'autre et le regardait paisiblement. Avant de céder à la tentation et caresser son visage ou jouer avec ses cheveux jusqu'à ce qu'il se réveille. Ils faisaient ça dans leur chambre à Londres, et ils le faisaient toujours dans leur appartement à New York. Harry aurait voulu se réveiller plusieurs fois dans la journée pour vivre et revivre ce moment, quitte à ne faire que ça de la journée.
Harry adorait les réveils avec Louis quand Niall ne s'y mêlait pas.
Parce que ce matin, ce n'était pas les doigts délicats de Louis sur sa peau qui réveillèrent Harry, mais plutôt la sonnerie assourdissante du téléphone du garçon qui leur vrillaient les tympans.
La tête posée sur le torse de Louis, Harry le sentit bouger en grognant et tendre le bras pour attraper son téléphone. En l'entendant décrocher, il ouvrit difficilement les yeux et leva la tête pour l'observer. Ses sourcils étaient froncés et les rayons du soleil filtrés par les rideaux blancs rendaient ses cheveux emmêlés presque blonds.
- T'es sérieux, là ? Non... Va te faire foutre, Niall... Ouais c'est ça, me sors pas des 'je t'aime' pour t'excuser... Ouais, dans le placard au-dessus de l'évier... J'espère bien.
Il raccrocha en soupira et lança son téléphone sur la table de chevet. Il posa sa tête contre le mur derrière lui, papillonnant des paupières pour se réveiller, et Harry pouffa, attirant son attention.
- Qu'est-ce qu'il voulait ? souffla Harry, ses yeux plongés dans ceux de Louis.
Il aperçu des frissons parcourir la peau de son torse nu alors que le souffle le Harry s'échouait dessus.
- Il n'avait plus de sucre. Il est venu en chercher chez nous.
Harry pouffa, et se tourna pour reposer complètement sur le matelas, sur le dos. Difficilement, il frotta ses yeux pour réussir à les ouvrir, mais c'était un long combat entre lui et ses paupières qu'il finit par perdre. Ce fut alors les yeux à peine ouverts qu'il se tourna vers Louis en souriant quand ce dernier lui proposa :
- Tu veux te rendormir ?
Harry secoua la tête, signe qu'il avait assez dormi. Même si le réveil avait été violent, ils avaient dormi quelques heures la veille avant d'aller manger et après le repas, ils s'étaient endormis comme des bébés, l'un contre l'autre. Et selon le réveil de Louis, ils avaient dormi plus de dix heures.
Louis lui fit la moue, voulant rester un peu plus longtemps, mais Harry secoua à nouveau la tête et se redressa en position assise. Ils ne restaient pas beaucoup de temps à Doncaster, et Harry voulait profiter de chaque heure qui constituait ces quelques jours. Ils passaient déjà l'après-midi chez Mark, le père de Louis, et Harry voulait essayer de parler à Daisy avant ça.
Mais il était vrai qu'il était à peine neuf heures et demi du matin, et qu'ils avaient encore un peu de temps devant eux avant de descendre pour déjeuner.
Louis avait enroulé ses doigts autour de son poignet comme s'il ne voulait pas qu'il parte, et Harry tourna la tête vers lui pour lui demander :
- Qu'est-ce que tu veux faire, ce matin ?
- T'embrasser ?
Harry pinça ses lèvres dans un sourire tandis que Louis lui en offrait un immense. Et Harry ne pouvait rien faire d'autre qu'avouer que c'était un programme assez plaisant, alors il se pencha pour attraper les lèvres de Louis avec les siennes. Louis répondit à son baiser, remonta sa main sur le bras de Harry jusqu'à atteindre sa nuque, tout en déposant des frissons sur sa peau.
Voilà les réveils dont Harry parlait. Il semblait qu'ils ne pourraient jamais être gâchés par quoi que ce soit. Parce que dans tout les cas, Louis serait là. Et du moment qu'il était là, tout était parfait.
Soudainement, Louis les fit basculer pour se retrouver sur Harry, qui pouffa contre ses lèvres avant d'approfondir leur baiser. Ils s'embrassèrent comme ça longuement, roulant sur le lit. Ces baisers n'avaient rien à voir avec ceux de la veille, qui avaient été si doux qu'Harry aurait pu mourir sous les frissons que cela avait provoqué sur sa peau. A présent, il frissonnait toujours, mais cette fois parce que Louis s'agrippait à ses hanches ou à son t-shirt alors qu'il les faisait basculer. Ils s'embrassèrent tellement que Harry n'arrivait plus à respirer, mais ça lui paraissait assez agréable, au final.
Et puis, il avait l'habitude que Louis lui coupe le souffle.
- Excuse-moi, gloussa Louis contre ses lèvres quand il lui mordit accidentellement la lèvre inférieure.
Harry ne savait pas pourquoi il avait besoin d'embrasser Louis comme ça, maintenant. Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait besoin de ses lèvres, de l'entendre gémir au contact de sa peau, mais il en avait besoin. Peut-être qu'il n'arrêtait jamais d'en avoir besoin, peut-être qu'il aurait pu faire ça toute la journée.
Il ne savait pas trop, mais à cet instant, il n'en avait clairement rien à faire.
- Je t'aime, murmura-t-il entre deux baisers.
Louis sourit et le serra un peu plus contre lui, et Harry prit ça pour un moi aussi.
De toute façon, quand il se recula pour reprendre une bouffée d'oxygène, il vit les yeux de Louis lui lancer des milliards de je t'aime. Et rien que ça, ça lui fit tourner la tête.
moving on, kodaline
Quand Harry et Louis descendirent, presque toute la famille était au complet dans le salon. Johanna et Fizzy étaient occupée à faire des petites couettes à Doris qui se dandinaient en couinant lorsqu'elles lui tiraient les cheveux. Elles leur adressèrent un sourire sans se déconcentrer de leur tâche. Lottie et Dan étaient eux-aussi concentrés, mais sur l'écran de la télévision sur lequel ils jouaient à un jeux vidéo. Les garçons retrouvèrent Phoebe devant son bol de céréales dans la cuisine, et Louis vint lui embrasser la joue tandis qu'elle riait.
Daisy était absente. Et Harry ne put s'empêcher de penser que c'était sa faute, si la jeune fille n'était pas avec sa famille en cet instant.
- Bien dormi ? questionna Louis en s'installant en face de Phoebe.
- Ça va. J'ai finit mon livre hier soir, alors je me suis couchée tard.
- Mouais. Heureusement que c'est les vacances, répondit Louis les yeux plissés.
- C'est bon, intervint Harry en s'installant à côté de lui, un café à la main. Tu faisais pareil.
- Oui, mais je n'avais pas onze ans.
- Il lisait mes livres préférés pour me draguer, fit Harry plus doucement à Phoebe.
La fille pouffa, et Louis, qui avait entendu, répondit fièrement :
- Et tu vois, ça a marché.
Harry leva les yeux au ciel et Louis lui donna un coup de pied sous la table, que Harry lui rendit. Ils déjeunèrent tranquillement en compagnie de Phoebe, qui était en train de leur raconter son livre, quand Fizzy, Johanna et Doris firent interruption dans la pièce. Elles s'installèrent sur des chaises, Doris sur les genoux de sa grande sœur, et ils continuèrent ainsi leur discussion sur les livres. Fizzy montra alors à sa mère et à sa sœur celui que Harry lui avait offert pour Noël.
Parce qu'au final, il avait trouvé.
Zayn lui avait appris qu'elle s'intéressait surtout à la peinture, sans pour autant en faire. Il avait pensé à acheter un livre et demander à Niall de l'annoter, mais la jeune fille avait déjà dû avoir de nombreuses discussions avec lui, alors il avait trouvé une autre idée, une meilleure idée. Il l'avait fait annoter par le père de Jenna, qui était professeur aux Beaux-Arts.
Il avait beaucoup appréhendé cette rencontre, parce que c'était la première fois qu'ils revoyaient les parents de Jenna depuis qu'ils n'étaient plus ensemble. Mais, heureusement, Jenna avait tenu à l'accompagner, et cela l'avait rassuré. Ils s'entendait merveilleusement bien avec les parents de Jenna et ceux-ci se souvenaient de Louis, car ils l'avaient déjà vu quand celui-ci était venu récupérer le sac de Eleanor alors qu'ils étaient en train de manger tous ensemble. Harry leur avait beaucoup parlé, d'eux, de la plainte de Louis, du procès qui allait arriver, et M. et Mme Martinez lui avait souhaité bon courage, ainsi qu'à Louis, tout en lui disant qu'ils étaient très courageux.
Et, franchement, Harry ne savait pas ce qu'il avait fait pour mériter de si bonnes personnes dans sa vie.
Johanna et Fizzy étaient en train de débattre pour trouver une couleur qui allait afin de faire une carte de félicitation pour Gigi et Zayn quand Harry sortit de ses pensées, grâces aux doigts de Louis qui vint effleurer les siens. Il tourna la tête vers le garçon, qui fronçaient les sourcils, mais lui sourit, comme pour lui assurer que tout allait bien.
Mais tout irait bien une fois qu'il aurait parlé à Daisy, qui se cachait dans sa chambre, d'après les dires de Johanna.
- Ne sois pas trop dur avec toi même, lui fit-elle en posant sa main sur son épaule alors que tout le monde avait quitté la cuisine.
Louis était parti jouer avec Dan et Lottie tandis que Fizzy et Phoebe étaient occupées à nourrir Ernest, qui venait juste de se réveiller, alors que Doris tournait autour d'eux en regardant son frère.
- Ce n'est qu'une enfant. Je ne peux pas te dire que sa réaction est injuste, mais elle est disproportionnée. Alors ne prends pas tout ça personnellement.
- Comment ne pas tout prendre personnellement alors que c'est de ma faute ? demanda ironiquement Harry.
Johanna le regarda quelques secondes avant de déclarer :
- Elle a été affectée par le divorce entre son père et moi. Parce qu'elle aime beaucoup son père, et qu'elle a du mal a accepter le fait qu'il n'habitude plus ici, dans la même maison que nous, comme une famille. Elle a eu l'impression d'être abandonnée, alors forcément, elle a fait le rapprochement entre cette situation et la tienne. Mais ce n'est pas la même chose.
- Ça ne l'est pas, fit Harry en haussant les épaules. Mark ne l'a pas abandonnée, mais moi, si.
- Harry. Tu es très courageux, tu sais. Tu as pardonné beaucoup de gens, à commencer par Louis. Et, honnêtement, je ne sais même pas si moi, à ta place, j'aurais pu le faire. Parce qu'il n'avait pas le droit de faire ça. Je te jure, quand il a appelé pour nous dire qu'il était parti, j'étais à deux doigts de prendre un avion pour Minneapolis pour le disputer comme un enfant. Mais tu l'as pardonné. Louis m'a dit ce qui était arrivé à ta sœur, et que tu pensais que c'était de ta faute. Que tu avais peur d'avoir abandonné les filles. Que tu t'en voulais d'être tombé si bas. Mais tout ça, tu avais le droit. Tu avais le droit de tomber, tu avais le droit de faire des erreurs. Et tu as le droit de te pardonner, toi aussi.
Harry resta quelques secondes à regarder Johanna dans les yeux, se mordant la lèvre pour ne pas avoir les larmes aux yeux. Elle avait raison, sur toute la ligne. Il ne s'était pas pardonné, il ne s'était jamais pardonné, malgré tout ce qu'il faisait croire. Il disait qu'il allait mieux, qu'il avait fait son deuil depuis la mort de Gemma. Mais il ne pouvait pas décrire le goût qui s'installait dans sa bouche à chaque fois qu'il repensait à ce jour, quand ce camion avait percuté la voiture de sa grande sœur. Celui qui lui rappelait que sa mère avait perdu sa fille et avait du gérer son fils capricieux et qui ne voulait même à aller mieux.
Mais il ne s'était jamais dit qu'il avait le droit de faire tout ça. D'être triste, d'essayer d'aller mieux comme il pouvait. Parce que c'était vrai. En écumant les bars, il essayait d'aller mieux, même s'il ne s'y prenait pas de la bonne façon.
Il fit par sourire à Johanna en la remerciant, puis sortit de la cuisine.
Louis tourna la tête pour s'assurer que tout allait bien, et Harry hocha la tête en lui souriant avant de grimper les marches de l'escalier. Sur le palier, il eut du mal à se souvenir quelle porte était celle de Daisy mais, une fois qu'il la trouva, il toqua doucement contre le bois. Comme s'il avait peur de la déranger. Mais dans tout les cas, il savait qu'il la dérangeait.
- C'est qui ? demanda-t-elle de l'autre côté de la porte.
- Harry. Je peux entrer ?
- Pourquoi tu veux entrer ?
- Pour qu'on parle.
- Je n'ai rien à dire, répondit Daisy d'un ton tranchant.
Harry se mordit la lèvre, jouant avec ses doigts. Après quelques secondes, il prit une grande inspiration et commença :
- Moi, j'ai des choses à dire. Je suis vraiment, vraiment désolé, Daisy. Je n'aurais pas dû couper tout les contacts avec vous, ce jour-là. Tu ne peux pas savoir à quel point je m'en veux. Et ne je m'en veux pas parce que tu ne veux pas me parler. Je m'en veux depuis que Louis m'a fait me rendre compte que je vous avais abandonné. J'étais super stressé, de venir ici, pouffa-t-il nerveusement en passant sa main dans ses cheveux. Tu sais pourquoi ? Parce que vous m'avez manqué. Et je ne m'en suis rendu compte que bien trop tard. Je te promets que, si je l'avais su plus tôt, je serais revenu. C'est juste que... Je ne voulais plus entendre parler de Louis, parce que ça faisait trop mal. Et vous, vous étiez ses petites sœurs et je savais que rien que voir vos yeux allait me faire pleurer. Et je m'en rends compte, maintenant. J'ai loupé tellement de choses. Lottie a le permis, alors que la dernière que j'ai vu, elle venait juste d'avoir son premier copain. Fizzy rentre au lycée l'année prochaine et toi, la dernière fois que je t'ai vu, tu étais une petite fille de six ans qui insistait pour que je la prenne dans mes bras.
Harry rit à ce souvenir. Il ne savait pas vraiment si Daisy l'écoutait ou si elle avait enfilé des écouteurs pour ne pas avoir à l'entendre. Harry s'en fichait de parler à une porte, à cet instant-là, parce qu'il avait vraiment besoin de dire tout ça.
- Je suis désolé si tu as cru que tu n'étais que la petite sœur de Louis à mes yeux. Tu ne l'es pas. Vous ne l'êtes pas. Vous comptez beaucoup pour moi.
Et voilà. Il avait tout déballé. Là, tout seul en face d'une porte, il trouva ça soudain ridicule. Parce que Daisy ne l'avait sûrement pas écouté. Elle ne voulait pas lui parler depuis qu'il était arrivé, alors pourquoi aurait elle écouté ?
Il soupira en continuant de fixer le bois de la porte. Au moins, il aurait essayé. Il se mordit la lèvre, resta quelques secondes de plus devant la porte, mais finit pour tourner les talons devant l'absence de réaction de Daisy.
Mais alors qu'il avait la main posée sur la poignée de la porte de la chambre de Louis, qui se trouvait en face de celle de Daisy, il entendit celle-ci ouvrir la sienne. Il se retourna et la vit dans l'encadrement de sa porte, en lui souriant presque timidement. Et peut-être qu'en fait, elle n'était pas si en colère que ça. Peut-être qu'elle avait juste besoin d'entendre ce qu'Harry venait de dire. Harry n'avait pas l'habitude de faire les choses bien, de faire exactement les choses dont les gens avaient besoin, mais il pensait avoir réussit quand Daisy se précipita dans ses bras en ravalant un sanglot.
- Je suis désolée, murmura-t-elle alors qu'il le serrait dans ses bras. Toi aussi tu comptes beaucoup pour moi.
- Non, c'est moi, Daisy. C'est moi qui suis désolé.
Il l'entendit pouffer contre son t-shirt et resserra un peu plus son étreinte autour de la jeune fille. Afin qu'elle comprenne.
Qu'Harry était là pour toujours, et qu'il ne comptait pas les abandonner une nouvelle fois.
mad sounds, arctic monkeys
Harry était très clairement intenable. Louis avait l'impression de conduire avec une de ses sœurs sur le siège passager. Quoi qu'elles étaient plus calmes.
Après avoir passé la matinée avec sa famille, Louis avait embarqué Harry pour qu'ils aillent voir son père. En vérité, il savait qu'Harry avait plus hâte que peur à présent. Louis ne savait pas vraiment d'où lui venait ce soudain élan de positivité, mais peut-être que la main de Daisy glissée dans la sienne quand il avait réapparu, après le petit déjeuner, y était pour quelque chose.
Alors cette après-midi allait être une après-midi calme et sereine en compagnie de Harry et de son père. Louis savait déjà qu'ils n'allaient pas faire grand chose d'autre que parler de tout et de rien, affalés dans le canapé, mais ça lui allait. Et il avait trois heures devant lui pour profiter de cette après-midi avant de retrouver sa mère et ses sœurs au restaurant.
Alors il choisit de rejoindre Harry dans son euphorie, et monta le son de l'autoradio pour chanter avec lui les paroles d'une vieille chanson de Arctic Monkeys que Harry avait insisté pour mettre.
I said, I bet that you look good on the dancefloor
Dancing to electro-pop like a robot from "1984"
Said, from "1984"
Son père n'habitait pas loin de chez sa mère, si bien que Louis ne mit pas longtemps pour rejoindre sa maison et se garer dans l'allée. Ils restèrent quelques minutes dans la voiture pour finir la chanson tout en hurlant les paroles en se regardant. Lorsque celle-ci se termina, Harry sourit à Louis avant de sortir de la voiture. Louis, lui, coupa le contact, prit son téléphone et les clefs, puis sortit à son tour.
La maison de son père était comme toutes les maisons que l'on pouvait croiser en Grande-Bretagne. Une petite cour goudronnée, des marches qui menaient à un palier abrité par un auvent, des briques rouges foncés, assombries par la pluie qui était tombée durant la nuit.
Louis n'aimait pas cette maison, sans vraiment savoir pourquoi. Pourtant, elle était jolie. Il aimait beaucoup comment son père l'avait aménagée, comment il l'avait décoré. Après tout, toutes les choses qu'il aimait venaient de son père, alors ce n'était pas étonnant que la décoration soit à son goût. Le style industriel, les tonnes de vinyles entassés dans tous les coins, la batterie qui trônait au milieu d'une pièce qui lui était entièrement réservée, la collection de figurines de voitures sous verre dans le salon, tout cela était parfait.
C'était juste qu'il ne pouvait s'empêcher de se répéter que son père ne devrait pas habiter là, mais plutôt dans la maison d'avant, la maison de Johanna. Qu'il devrait habiter avec eux à la maison.
Louis avait bien vécu ce divorce, contrairement à certaines de ses sœurs. Johanna et Mark s'étaient quittés en assez bons termes, sans disputes, sans cris, sans coups. Ils ne s'aimaient plus, voilà tout. Ils restaient en contact pour la garde alternée des filles, mais Louis savait que s'ils pouvait, ils ne se reparleraient plus. Parce que cela devait faire mal, n'empêche. De croiser des yeux qui avaient été si importants pour nous dans le passé. Louis en avait déjà parlé avec sa mère, car il était déjà assez grand lorsque ses parents avaient divorcé, et elle lui avait dit. Elle lui avait dit qu'elle aurait tellement aimé que cela continue, même s'ils étaient arrivé à un point où ils ne pouvaient plus ignorer le fait qu'ils n'avaient plus de sentiments l'un pour l'autre. Qu'elle aurait aimé pouvoir faire durer cette magie qu'elle avait tant aimé auparavant.
Et Louis savait qu'il était égoïste, parce qu'il adorait Dan. Il adorait Dan, les filles aussi et, surtout, Johanna l'aimait vraiment. Louis pouvait le voir dans ses yeux brillants. Mais, au fond de lui, il aurait aimé que tout reste comme avant. Qu'en se réveillant, il puisse encore trouver son père et sa mère enlacés sur le canapé, relevant la tête pour lui souhaiter le bonjour.
Mais tout ça, c'était terminé.
S'il était venu voir son père aujourd'hui, c'était aussi pour une raison précise. Parce qu'il voulait lui demander. Il voulait savoir ce que ça faisait, de se lever, un jour, et de se rendre compte que la personne avec qui on partage notre lit ne nous fait plus rien ressentir. Parce qu'il avait dit à Harry que, certaines fois, l'amour n'était pas fait pour durer, en parlant de ses parents. Et dans le regard qu'ils avaient échangé après, Louis avait lu la promesse que ça ne leur arriverait jamais.
Mais il était quand même terrifié. De se lever, un jour, et de ne plus avoir envie de serrer Harry contre lui.
Louis reprit ses esprits alors qu'il toquait contre le porte blanche, ne sachant pas vraiment comme il était parvenu à gravir les marches du perron. Harry était derrière lui, une main rassurante posée dans le bas de son dos. Comme s'il avait remarqué que quelque chose n'allait pas.
Pourtant, dès que son père ouvrit la porte, le sourire aux lèvres, celui de Louis prit place sur ses lèvres.
- Les garçons ! Vous n'avez qu'un quart d'heure de retard, quelle joie !
Harry éclata de rire et Louis leva les yeux en prenant son père dans ses bras, qui était visiblement fier de lui.
- On nous le dit souvent, pouffa-t-il finalement contre son épaule.
Louis se détacha de son père et s'écarta pour laisser la place à Harry. Le garçon tendit la main à Mark, un sourire rayonnant aux lèvres, mais le père de Louis le prit dans ses bras comme il l'avait fait pour son fils.
Et à cette comparaison, le cœur de Louis se réchauffa.
- Comment tu vas, mon gars, depuis tout de temps ? Tu n'as pas perdu ton temps, ajouta-t-il en le regardant de la tête aux pieds. Quatre ans et il a prit trente centimètres. Impressionnant.
- Ce n'est impressionnant que parce que Louis n'en n'a pris aucun.
Louis ouvrit grand la bouche, l'air outré peint sur son visage, et son père rit. Il lui tapota l'épaule, comme pour le réconforter, et les invita à entrer. A l'intérieur, Louis enleva ses chaussures tandis qu'Harry s'affairait à regarder de partout. Et, c'est vrai, on aurait dit une version agrandit de la chambre de Louis. Parce que rien que la coupelle posée sur la commode près de la porte où Mark déposa les clefs de la porte était à l'effigie de The Cure.
Louis guida Harry jusqu'au salon alors que son père avait disparu dans la cuisine pour leur apporter des bières. Arrivés dans la pièce, Harry se dirigea presque directement vers la bibliothèque remplie de CD, principalement des cadeaux de Louis pour les anniversaires de son père, Noël, la fête des pères, ou simplement les jours où il était de bonne humeur.
- Dis-moi, commença Harry, ton père ne t'aurait pas un tout petit peu influencé sur les goûts musicaux, vestimentaires et décoratifs ?
- Juste un peu, répondit Louis, faisant rire Harry. Eh, j'influence aussi un peu, je te signale.
A cette parole, il rejoignit Harry près de la bibliothèque et sortit les quatre albums de The Fray.
- Est-ce que tu les fais acheter à toutes les personnes qui tu rencontres ? demanda Harry plissant les yeux, un sourire amusé aux lèvres.
Louis pinça ses lèvres pour retenir son sourire. C'est vrai qu'il avait fait découvrir ce groupe à Harry alors qu'ils étaient encore au lycée, et que ce dernier n'avait jamais cessé d'écouter. Et que, quelques jours auparavant, Louis l'avait obligé à acheter les albums.
- Absolument. C'est comme un virus que j'essaye de propager le plus possible. Malheureusement, soupira Louis en rangeant les CD parmi les autres, mon père préfère The Fray à How to Save a Life.
- Je préfère The Fray aussi.
Louis posa sa main sur sa bouche grande ouverte. Il ne feignait pas le choc. Il était vraiment choqué. Parce que ça, c'était inacceptable.
- Comment ça ? How to Save a Life est un chef d'œuvre.
- Il l'est, mais pas autant que The Fray. Les meilleures chansons sont dessus.
- Papa ! cria Louis alors que son père revenait dans la pièce, Harry préfère The Fray à How to Save a Life.
- Ah ! s'écria Mark en posant les bières sur la table. Enfin quelqu'un qui est d'accord avec moi.
Louis vivait entouré de traitres.
Et en plus, les deux traitres en questions riaient devant l'expression de Louis. Alors quand Harry se pencha par dessus son épaule pour lui déposer un baiser sur la joue, Louis le repoussa en crachant, malgré le sourire qui le trahissait :
- Je n'embrasserai personne dont l'album préféré de The Fray est How to Save a Life.
Et Harry éclata de rire, puis déposa un baiser sur sa joue si rapidement que Louis n'eut pas le temps de s'écarter un deuxième fois.
everything i wanted, billie eilish
Cela faisait des heures que Harry, Louis et Mark riaient tout les trois sur le canapé, une bière à la main. Tellement longtemps que, quand Louis regarda l'heure sur son téléphone, il se rendit qu'il allait bientôt être l'heure de partir, s'il ne voulait pas être en retard pour aller au restaurant. Parce qu'en plus, ils devaient repasser à la maison pour se changer.
Et Louis n'avait toujours pas trouvé le bon moment pour parler à son père.
Mais soudain, et il promettait de chérir Zayn jusqu'à la fin de sa vie pour ça, un appel s'afficha sur le téléphone de Harry et, comme c'était son meilleur ami, qui devrait sûrement être en train de stresser comme un fou avec la sortie prochaine de son clip, décrocha tout en s'excusant. Il se leva pour se rendre dans la couloir, depuis lequel Louis pouvait entendre des éclats de rire.
- Il n'a pas tant changé, au final, commenta son père en plissant les yeux, regardant la silhouette de Harry qui se dessinait dans l'obscurité du couloir.
- Non, sourit Louis, c'est vrai. Juste un peu plus de confiance, et un sourire encore plus ravageur.
Son père pouffa en but une gorgé de sa bière. Et Louis savait qu'il n'avait pas beaucoup de temps avant que Harry ne revienne, alors il sauta sur l'occasion, et demanda précautionneusement :
- Papa... Est-ce que... Je veux dire, est-ce que tu le savais à l'avance ? Qu'un jour, tu ne serais plus amoureux de maman ?
Louis fit son père figer pendant une demie-seconde, et il regretta aussitôt cette question. Mais rapidement, Mark tourna la tête vers lui avec un petit sourire aux lèvres.
- Tu te fais du soucis pour Harry et toi, c'est ça ?
Louis se pinça les lèvres et haussa les épaules. Son père répondit alors :
- Non. Il n'y a pas un jour où je me suis dis que j'allais cesser d'aimer ta mère. Mais ce sont des choses qui arrivent.
- Je me dis juste... Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'un jour, on aura fait le tour. Qu'on se connaîtra par cœur, qu'on aura plus rien à se dire.
- Ça faisait des années qu'on n'avait plus rien a se dire, avec ta mère. Tellement longtemps que Daisy et Phoebe n'étaient même pas nées. Mais ce n'est pas ça qui veut dire qu'on n'aime plus la personne. Lorsqu'on ne s'aime plus, le silence devient insupportable, alors qu'il est aussi essentiel que les paroles lorsqu'on est amoureux.
Louis n'eut même pas le temps de réfléchir à ses paroles que son père reprenait déjà :
- Peut-être qu'avec Harry, c'est pour toujours. Ou peut-être pas. Peut-être que dans dix ans, vous vous regarderez, et vous vous rendrez compte que ça ne marche plus. Mais ce n'est pas grave. Parce que aujourd'hui, vous êtes amoureux. Et vous ne savez pas combien de temps ça va durer. Alors, dans le doute, profitez-en. Profite-en, et surtout...
- Louis ?
Louis sursauta presque quand Harry l'appela, passant la tête par l'encadrement de la porte.
- Il va falloir y aller. On va être en retard.
- Oui, bien sûr, répondit Louis.
Il rendit le sourire que Harry lui lançait, les mots de son père résonnant dans sa tête. Il n'avait pas eu le temps de terminer sa phrase mais, déjà, il en avait dit assez pour rassurer Louis. Rien n'était écrit. Il pourrait toujours être amoureux de Harry dans cinquante ans comme ne plus l'être dans deux ans. Il était rassuré, mais toujours terrifié. Mais peut-être s'était-il engagé à ça, en tombant pour Harry. Parce que ce quotidien qu'il chérissait tant pourrait s'effondrer en un instant, le faisant tomber avec lui.
Et peut-être qu'il avait bien fait, parce que son père lui souffla sa dernière phrase à l'oreille alors qu'ils étaient en train de se dire au revoir sur le palier, Harry déjà dans la voiture.
- Et surtout, ne te freine pas par peur de tout mettre en péril pour quelque chose qui n'en vaut pas la peine. Ça vaut la peine, peu importe pour combien de temps.
Alors Louis lui sourit, l'embrassa sur la joue et rejoignit Harry dans la voiture. Mais, alors que le garçon mettait le contact, Louis le coupa et l'embrasser. Surpris, Harry ne répondit pas tout de suite mais, une fois qu'il le fit, il attira Louis plus près de lui, ce qui arracha un soupire au brun.
Parce que Louis avait tout mis en péril, et que son père avait raison. Même si un jour, il tombait si bas qu'il ne pourrait plus jamais se relever, ce n'était pas grave. Parce que ça aura valu la peine.
Se mettre en danger était quelque chose de stupide. C'était comme donner le couteau à notre assassin, qui se trouvait dans notre dos. C'était comme creuser le trou dans lequel quelqu'un voulait nous pousser.
Et Louis l'avait fait dès l'instant où il avait aperçu Harry dans un couloir au lycée. Il avait creusé ce trou pendant tellement d'année qu'il était tellement profond qu'il ne pouvait pas en voir la fin. Il mourrait sûrement si quelqu'un le poussait dedans.
Mais, juste ça, juste le fait de pouvoir embrasser Harry dans une vieille voiture alors qu'il commençait à pleuvoir, ça en valait la peine.
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