51 [PRÉSENT]
[ New York, 2015 ]
the look, metronomy
- Mr Styles. Un café ?
Harry tourna la tête pour croiser les yeux gris d'une jeune femme, et lui sourit en déclinant sa proposition. Elle s'éloigna, le laissant seul sur sa chaise en tissu, au milieu de toute cette agitation. Distraitement, Harry jouait avec la fermeture éclair de son manteau. Les mèches de cheveux qui retombaient sur son front malgré son chignon le dérangeaient, et il les écartait en soufflant dessus. D'ordinaire, il aurait sortit son téléphone, simplement pour se donner une contenance. Ou il aurait inspecté ses ongles, ou bien serait allé parlé à toutes ces personnes assises sur des chaises ou toutes celles qui courraient dans tout les sens.
Mais à cet instant, son attention était entièrement portée sur Louis, qui souriait à la caméra en face de lui.
La veille, toute la bande était restée chez eux pour fêter Noël. Ils avaient ouvert les cadeaux, découvrant une multitude de choses utiles ou non, et avait simplement passé le reste de la journée à regarder des films, discuter ou se chamailler. Le soir, Harry avait regardé Louis fourrer des vêtements froissés dans la valise qu'Harry avait déjà remplie de ses affaires. Mais, évidemment, Louis avait oublié.
Curieusement, Louis n'avait pas grogné quand le réveil avait sonné, ce matin. Harry avait tenu à l'accompagner pour son interview, évidemment. Ce n'était pas juste pour dire qu'il était déjà rentré dans les locaux du New York Times.
Pas du tout.
Quoi qu'il en soit, Louis était tellement excité qu'il en avait oublié de râler, ce matin. Il avait embrassé Harry avec un grand sourire pour qu'il se réveille et l'avait trainé sous la douche. Il était à présent environ neuf heures, et cela faisait près d'une demi-heure que les caméras étaient allumées et que Louis souriait et riait avec l'interviewer. Harry, lui, n'avait pas fait grand chose d'autre que le regarder.
Les questions, qui n'avaient pas été spécifiées dans le message que Louis avait reçu, était finalement très larges. Louis avait parlé de sa carrière, de ses début et du genre d'anecdotes que les gens aimaient savoir. Il avait enfin passé un long moment à décrire la façon de travailler de Cowell ainsi que les raisons de sa plainte et, à présent, il se concentrait sur leur relation. Harry ne pourrait jamais se lasser de le regarder parler. Il comprenait maintenant pourquoi le public l'avait aimé aussi vite. Il était à l'aise, souriant. Il parlait aisément, faisait des blagues et des mimiques pour accentuer ses propos. Il attirait la lumière, et ce n'était pas étonnant si les directeurs de casting l'avait choisi parmi tout les autres candidats, lors de sa première audition.
Ça n'étonnait pas Harry qu'il ait choisi Louis, parmi toutes les autres personnes sur Terre.
Il le regardait parler d'eux, raconter leur histoire dans les grandes lignes sans trop en dévoiler. Il le regardait prendre son courage à deux mains et dire qu'il n'avait jamais été amoureux de Eleanor, qu'il était gay. Il le regardait, les yeux brillants, lorsqu'il raconta la journée d'anniversaire que Harry lui avait offert.
Certaines fois, Harry aimerait avoir son point de vue. Savoir ce qu'il pensait, de tout ça. Savoir ce qu'il pensait de lui.
Il savait qu'il l'aimait, Louis le lui avait dit plusieurs fois. Mais est-ce qu'il faisait comme Harry ? Est-ce que, quand il le regardait, il se demandait ce qu'il ferait sans lui ? Est-ce qu'il le regardait comme s'il était le centre du monde, comme s'il était sa raison de se lever le matin, comme s'il était la personne qui illuminait sa vie ?
Parce que c'était comme ça qu'Harry le regardait.
Alors que l'interviewer posait une énième question, Louis se déconcentra quelques secondes et croisa le regard de Harry, dont le cœur loupa un battement. Il lui sourit, et Louis lui rendit son sourire, illuminé par les projecteurs dirigés vers lui. Soudain, Harry fut transporté en arrière. Il était-là, assis sur le parquet du studio de danse, et croisait le regard de Louis dans le miroir. Ce qui avait le don de déconcentrer Louis. Et de faire rougir Harry.
- Louis ?
Louis tourna soudainement la tête pour reporter son attention sur l'interviewer, qui éclata de rire et se retournant sur sa chaise pour parler au directeur du New York Times, présent pour l'interview :
- On n'aurait jamais du les placer l'un en face de l'autre.
Le directeur acquiesça en riant lui aussi, et Louis pouffa et regardant Harry, qui lui sourit.
- Sérieusement, vous ne pouvez pas mettre un truc sur sa tête pour ne plus que je le regarde ? demanda Louis en riant. Regardez-le ! Il est trop adorable, il me déconcentre !
Harry lui envoya un clin d'œil qui fit rire toute la pièce, puis ils reprirent l'interview, qui toucha rapidement à sa fin. Alors que Louis répondait au dernières questions, Harry sentit son téléphone vibrer et le sortit de sa poche pour l'allumer. Pendant les quelques secondes où il fit face à son écran noir, il vit le sourire qui se dessinait sur lèvres et ses pommettes légèrement rosées. Il ne pensait pas qu'une interview aurait pu le mettre de si bonne humeur.
Fizzy, 9h13 - Je viens de voir avec les garçons, c'est Niall qui nous emmène à l'aéroport, finalement. Vous avez bientôt fini ? J'ai hâte de rentrer à la maison !
Oui, une interview suffisait pour mettre à Harry de bonne humeur. Mais un message arrivait aussi à lui rappeler pourquoi il était si stressé.
common people, louis tomlinson
Harry aurait dû attacher ses cheveux, il le savait. En fait, il l'avait fait. Il l'avait fait plusieurs fois dans l'avion mais, à chaque fois, Louis venait l'embrasser pour les lui détacher. Et à chaque fois, Harry se faisait avoir. Alors, à présent, tout ses élastiques étaient au poignet de Louis, qui riait en voyant ses cheveux voler dans tout les sens à cause du vent.
C'était le troisième vol en avion entre New York et Londres en une semaine, et Harry pensait qu'il allait s'ennuyer. Il n'avait plus de livres, plus de films téléchargés sur son téléphone, et il n'arrivait pas à dormir autre part que dans son lit. Mais finalement, il avait trouvé quelque chose pour s'occuper.
Penser. Penser, penser et penser.
Il savait que ce n'était pas bon, que ça ne servait à rien. Il savait que ça ne l'avancerait à rien d'imaginer tout les scénarios possibles et inimaginables qui pourraient se produire. Mais c'était plus fort que lui. C'était comme ça qu'il gérait les choses. En y pensant beaucoup trop.
Parce qu'il redoutait tellement - tellement - la réaction de la famille de Louis.
Pourtant, il avait déjà toutes les raisons possibles pour être rassuré. Louis avait demandé à sa mère si cela la dérangeait qu'Harry l'accompagne et, selon les dires du garçon, elle aurait dit qu'elle en serait ravie. Fizzy lui avait sauté au cou dès l'instant où elle l'avait revu et Lottie lui avait envoyé un message quand Louis lui avait envoyé cette photo, le jour de son anniversaire.
Et pourtant, il était terrifié.
Est-ce que Phoebe et Daisy allaient refuser de lui parler ou, pire, est-ce qu'elles n'allaient pas se souvenir de lui ? Elles étaient petites quand Harry était adolescent, elles avaient à peine six ans. Elles en avaient onze aujourd'hui. Allaient-elles lui en vouloir ? Est-ce que Johanna l'avait accepté chez elle simplement par politesse ? Est-ce Mark allait lui en vouloir d'avoir abandonné les filles, avec qui il était si proche ? Est-ce que Dan, le nouveau conjoint de Johanna, avait entendu parler de lui ? Si oui, qu'en pensait-il ?
C'était à toutes ces questions qu'il réfléchissait alors qu'il descendait du train, à la gare de Doncaster. A peine arrivé sur le quai, il prit une grande inspiration. Il n'était pas venu souvent ici. Une seule fois, c'est tout. Pour emmener Louis à ce même endroit, à la gare, pour qu'il se rende à Minneapolis. Et pourtant, c'était chez Louis, alors il avait cette désagréable impression d'avoir des souvenirs ici. Alors qu'ici, il n'y avait que des baisers désespérés et des promesses de se revoir vite et de ne jamais se perdre.
Aucune d'entre elles n'a été tenue.
Il sortit de ses pensées quand Louis pressa sa main dans la sienne. Il baissa la tête pour rencontrer les yeux du brun, qui souriait. Il tenta de le lui rendre, et Louis se percha sur la pointe des pieds pour lui embrasser la joue tout en lui murmurant que tout allait bien se passer. Harry détestait de ne pas réussir à le croire.
Mais, à l'autre bout du quai, il aperçu une tête blonde qu'il reconnaissait, vers laquelle Fizzy se précipita en courant. Louis pouffa et, doucement, il guida Harry à travers les passants pour rejoindre Lottie.
Et Harry écarquilla les yeux en la voyant, alors qu'elle souriait en enlaçant son frère.
La dernière fois qu'il l'avait vu, elle devait avoir douze ans, treize au maximum. Elle en avait dix-sept aujourd'hui. Harry ne savait pas vraiment à quoi il s'attendait. Peut-être que, dans sa tête, elle était toujours cette petite fille à l'entrée de l'adolescence qui venait d'avoir son premier petit copain et envoyait des photos de Louis qui dormait à Harry. Mais non. Elle ne l'était plus. Elle faisait presque la même taille que Louis, à présent. Ses cheveux étaient longs, ils lui descendaient jusqu'au milieu du dos, et ses ongles étaient vernis d'une teinte marron glacé. Elle était légèrement maquillée, et ça lui allait terriblement bien.
Harry s'en voulait tellement.
Il aurait voulu rester là pour elles. Il aurait voulu rester pour les voir grandir. Il aurait voulu rester simplement pour qu'elles sachent qu'il les aimait vraiment.
- Harry.
Harry sortit violemment de ses pensées en entendant son prénom, et tomba sur les grands yeux bleus de Lottie. Elle lui souriait, créant de petites rides aux coins de ses yeux. Et Harry lui rendit son sourire.
Et, alors qu'il la prenait dans ses bras et, Lottie se blottissant presque contre son épaule, il se rendit à quel point elle lui avait manqué.
- Tu m'as manqué, souffla-t-elle comme si elle avait lu dans ses pensées.
- Toi aussi, Lottie.
Il la sentit sourire contre son épaule et croisa le regard de Louis, qui les regardait avec un sourire tendre.
Harry avait trop de choses à dire. Des centaines de milliers, quasiment toutes des excuses. Et il aurait pu tout déballer là, maintenant, au milieu de la gare, si elle n'avait pas lâché :
- Il faut qu'on se dépêche, j'ai garé ma voiture n'importe comment pour ne pas être en retard.
- Tu... as une voiture ?
Lottie tourna la tête vers Harry et lui sourit, presque amusée. Et Harry, lui, avait l'impression d'avoir été absent pendant des années lumières.
- J'ai dix-sept ans, alors oui, j'ai une voiture. Et j'ai même le permis qui va avec.
- Ouais, bon, ça, ça reste à prouver, intervint Louis.
Lottie lui montra son majeur et Louis répondit en lui envoyant un grand sourire insolent, tandis que Fizzy râlait parce qu'elle avait mal aux jambes et qu'elle voulait y aller. Lottie finit par pouffer et lui ébouriffer les cheveux. Elle passa devant elle, lui prit sa valise des mains et prit la tête du groupe pour les emmener à sa voiture. Harry rejoignit Louis en souriant, et celui-ci rit en le voyant, et déposa un baiser sur sa joue.
- Je t'avais dit que ça irait.
- Ça, c'était la partie la plus facile.
Louis leva les yeux au ciel, un sourire amusé aux lèvres, et passa son bras autour de la taille de Harry alors qu'ils avançaient sur le trottoir. Tout en trainant leur valise, Harry enroula son bras autour des épaules de Louis et lui embrassa les cheveux, le faisant rire.
Ils arrivèrent bientôt à la voiture, et grimpèrent tous à l'intérieur. Fizzy, qui était à l'avant, démarra sa playlist mais, pendant que tout le monde chantait, Harry ne pouvait détacher ses yeux de Lottie. Parce qu'elle conduisait. Elle conduisait, bordel. Qui avait donné un permis à une petite fille de douze ans ?
Complètement épuisé, il finit pas poser sa tête sur l'épaule de Louis, qui lui caressait le bras. Il pouffa et posa sa tête sur celle de Harry. Il était bientôt dix-sept heures mais Harry savait que le programme du reste de la journée allait être dormir jusqu'au lendemain matin.
Mais d'abord, Harry devait retrouver toute la famille de Louis.
- Est-ce que ça va ? lui souffla Louis alors que Lottie et Fizzy discutaient à l'avant.
- Pour l'instant, ça va.
- Parfait. Parce qu'une petite surprise t'attend à la maison.
Harry releva la tête et fronça les sourcils pendant que Louis riait, alertant les deux filles. Fizzy tourna la tête tandis que Lottie leur jeta un coup d'œil depuis le rétroviseur. Visiblement, elles n'étaient pas au courant, mais Lottie comprit rapidement, et elle s'exclama :
- Attends, tu ne lui as pas dit ?
Louis fit non de la tête, un sourire fier aux lèvres, tandis que les sourcils de Harry se fronçaient de plus en plus. Les filles, elles, pouffèrent, et se reconcentrèrent sur la route. Harry, lui, se tourna en direction de Louis, à qui il fit un grand sourire, puis une moue, mais le garçon rit en disant qu'il ne lui dirait rien. Alors Harry se redressa sur son siège et bouda comme un enfant, les bras croisés et, finalement, c'est Louis qui revint l'embrasser, lui soufflant qu'il avait beau être adorable, il ne saurait rien.
Mais de toute façon, Louis n'avait pas besoin de dire grand chose car déjà, la voiture se garait en face de la maison des Tomlinson.
Harry avait une désagréable impression. Parce que la maison était la même, elle n'avait pas changée. Le même lierre recouvrait la façade, les mêmes chaises en métal entouraient la table de la terrasse, les mêmes arbres décoraient le parc. Pourtant, les gens qui vivaient à l'intérieur n'étaient plus les mêmes.
Et Harry, qui avait peur que les filles lui en veuillent, venait de comprendre la deuxième chose qui tordait son estomac.
Il était terrifié à l'idée d'avoir été oublié, et d'avoir loupé les étapes importantes de leurs vies.
Il ne savait plus vraiment à quel point elles étaient devenues si importantes. Elles étaient simplement les sœurs de Louis, à l'époque. Il s'entendait très bien avec Lottie et Fizzy, et aimait jouer à poursuivre Phoebe et Daisy dans les rues de Londres. Mais il s'en rendait compte maintenant. Il se rendait compte à l'instant où Lottie coupa le contact de sa voiture. Elles lui avaient tellement manqué.
Il n'avait jamais pensé les aimer aussi fort.
Mais on n'aime jamais personne autant qu'ils nous manquent.
- Harry ? Tu viens ?
Harry sortit de ses pensées à l'entente de la voix de Louis, et tourna la tête en lui offrant un sourire rassurant. Louis l'observa quelques secondes en caressant sa main du bout des doigts, avant de lui rendre son sourire et l'embrasser sur la joue. Puis il sortit, et Harry fut bien obligé de le suivre.
Harry était partagé entre deux envies. Celle de courir à l'intérieur afin de prendre les filles dans ses bras, ou courir dans la direction opposée pour s'enfuir. Mais il suivit calmement Louis pour l'aider à sortir la valise du coffre, et le garçon le remercia d'un sourire.
Louis ne disait plus rien, n'essayait plus de rassurer Harry. Verbalement, du moins. Parce qu'il devait sûrement savoir que ça ne servait plus à rien. Parce que, dans tout les cas, Harry s'inquièterait. Et il continuerait de s'inquiéter du moment que tout le monde ne lui avait pas sourit, lui disant que tout allait bien et qu'ils ne lui en voulaient pas, peu importe ce que Louis disait.
Et il faisait déjà beaucoup en souriant à Harry et en lui prenant la main alors qu'ils avançaient vers la porte d'entrée.
Fizzy, qui avait prit la tête du groupe, entra sans toquer, et Harry entendit des rires et même quelques cris. Lottie disparue aussi à l'intérieur, ayant beaucoup d'avance sur Harry et Louis et, quand ils arrivèrent devant la porte, Harry ne sut pas trop quoi faire. Il ne pouvait pas entrer comme ça, sans toquer, si ?
Il le fit quand même, parce qu'il suivit Louis, qui pressa un peu plus sa main contre la sienne.
A l'intérieur, Fizzy était en train de câliner deux filles d'une dizaine d'années. Harry savait que c'était Phoebe et Daisy. Elles étaient de dos, et ne l'avaient donc pas vu arriver et lui ne pouvait pas voir leur visage. Mais rien que leur taille suffit à Harry pour voir qu'elles avaient beaucoup changé, elles aussi.
Mais de toute, façon, il était bien trop occupé à regarder la personne qui s'approchait de lui, les sourire aux lèvres.
- Harry, le salua-t-elle.
Son sourire était si grand qu'Harry se demanda s'il était réel. Mais, quelques secondes plus tard, elle l'attira contre elle pour le serrer dans ses bras, le faisant lâcher la main de Louis, qui devait sûrement sourire.
- Johanna, répondit Harry en la serrant à son tour contre elle, les yeux encore écarquillés sous la surprise.
- Tu as grandi ! s'exclama-t-elle en se détachant de lui pour le regarder. Regarde-toi !
Harry pouffa, légèrement gêné, pendant que Louis ne se gênait pas pour rire derrière lui. Il tourna la tête vers lui, lui lançant un regard qu'il voulait menaçant, mais qui devait sûrement ne pas être crédible avec le sourire qui étirait ses lèvres.
- C'est qui, Harry ? demanda soudain une voix derrière lui.
Si son cœur se serra en entendant ça, il se brisa bel et bien et voyant que c'était Phoebe qui avait prononcé cette phrase. Et ça détruisit ses espoirs qui, jusqu'à maintenant, n'avaient été que renforcés.
- Arrête ! s'exclama Louis derrière Harry. Ça fait trois jours qu'il stress et qu'il tourne en rond, il va nous faire un arrêt cardiaque, là, et j'aurai plus personne pour me faire à manger !
Phoebe le regarda quelques secondes avant d'éclater de rire, vite rejointe par ses sœurs, sauf Daisy, qui se leva soudainement pour disparaitre de la pièce, sans un regard pour Harry. Harry, pourtant, la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle atteigne le haut des escaliers. Tentant de couvrir les bruits de sa poitrine qui se compressait.
Et, comme si elle l'avait entendu quand même, Phoebe se précipita vers lui. Il la réceptionna, surpris, et la serra contre lui. Il se souvenait de la dernière fois qu'il l'avait vu, quand il était venu chercher Louis pour l'emmener à la gare. Il lui avait couru après dans le jardin, juste avant de la porter dans ses bras. De porter dans ses bras cette petite fille qui avait tant changé, maintenant.
- Comment ça va, ma grande ? lui demanda-t-il le sourire aux lèvres quand elle se recula.
- Trop bien ! Je suis trop contente que tu sois là, j'ai plein de choses à te montrer.
- Cool ! s'exclama Louis derrière Harry.
Harry entendit Johanna pouffer et il se retourna vers le garçon pour lui lancer un regard blasé. Louis n'avait pas vu ses petites sœurs depuis qu'il avait emménagé à New York, depuis trois mois. Mais Harry savait qu'il faisait ça pour rire, et que pour rien au monde il ne serait jaloux des retrouvailles entre Harry et les filles.
Phoebe rit et se jeta dans les bras de Louis, qui éclata de rire en la portant pour lui embrasser les deux joues. Derrière eux, Fizzy et Lottie avaient rejoint le canapé, tandis qu'un homme que Harry n'avait jamais vu se levait. Grand, il avait les cheveux châtains et une barbe mangeant la moitié de son visage. Il portait un simple jean avec une chemise noire dont il avait remonté les manches. Il s'approcha de Harry, un sourire aux lèvres, et lui tendit sa main, qu'Harry serra vigoureusement.
- Dan, fit le beau-père de Louis.
- Harry. Enchanté.
Dan lui sourit, puis s'éloigna pour prendre Louis dans ses bras, qui rit lorsqu'il essaya de le porter. Harry sourit en les regardant, mais Johanna l'interpella rapidement, l'informant que s'ils voulaient monter pour poser leurs valises, ils pouvaient. Louis, qui s'était extirpé de l'étreinte de Dan, acquiesça. Mais il ne purent aller bien loin car, déjà, deux petites tornades se dirigeaient sur eux. Louis lâcha son sac et s'accroupit pour les réceptionner. Lorsqu'il se releva, un sourire radieux aux lèvres, Harry le vit embrasser les petites joues d'un garçon et d'une fille, dont les cheveux étaient d'un roux flamboyant. De l'autre côté de la pièce, Lottie lui lança un regard appuyé, et il sourit en comprenant que c'était ça, la surprise.
Deux nouvelles petites personnes avec les yeux bleus.
Le petit garçon commençait déjà à parler à toute vitesse, tellement que s'en était impressionnant pour son âge, qui devait s'élever autour de un an et demi. La petite fille, elle, jouait avec les cheveux de Louis, qui ne bronchait pas. Puis Louis releva la tête, et croisa le regard d'Harry, qui lui souriait. Il le lui rendit et coupa doucement le petit garçon pour dire :
- Regardez, les bébés, voici...
- On n'est pas des bébés ! intervinrent les deux petites personnes dans ses bras.
- Oui, bon, encore un peu quand même, répondit Louis en les regardant avec un sourire moqueur. En tout cas, voici Harry.
Les deux paires d'yeux bleus se tournèrent vers Harry, l'observant minutieusement. Puis, après quelques secondes, la petite fille lui fit coucou en s'exclamant d'une voix adorable :
- Coucou Harry !
Harry lui sourit, et il sentit que toute la pièce faisait de même. Louis s'approcha de lui et la petite fille tendit les bras vers lui. Après un regard échangé avec le brun, Harry la prit dans ses bras pendant que Louis finissait les présentations.
- Voici Doris, et Ernest.
Depuis les bras de Louis, Ernest lui adressa un sourire, et Harry y répondit d'une petit signe de la main. Doris, elle, commençait a emmêler distraitement les cheveux de Harry tout en chantonnant. Johanna prit une photo tandis que Fizzy se levait pour venir embêter Ernest, qui avait repris sa tirade.
Mais soudain, Doris se retourna dans les bras de Harry pour regarder Louis les sourcils froncés et demander :
- C'est qui, Harry ?
Harry croisa le regard amusé de Louis, qui s'approcha pour glisser quelques mots à l'oreille de Doris, même si toute la pièce pouvait entendre.
- C'est mon amoureux.
- C'est ton amoureux ? répéta Doris, les sourcils froncés.
Et, malgré tout, le cœur de Harry s'arrêta un instant, alors qu'il échangeait des regards avec toute la pièce, aussi confuse que lui. Est-ce que la petite sœur de Louis allait faire une remarque sur le fait que l'amoureux de son frère soit un garçon ?
Finalement, la petite fille se tourna vers Harry et posa ses petites mains sur ses joues pour le regarder dans les yeux, ce qui arracha un sourire à Harry. Puis, très sérieusement, elle lui souffla :
- T'es trop joli pour être l'amoureux de Louis.
Ils éclatèrent de rire, et Doris tira la langue à Louis, ce qui le fit encore plus rire.
Voilà comment Harry voyait la famille de Louis. Ils étaient tous là, tous ensemble, à rire pour rien, à s'amuser et à transpirer la bonne humeur. C'était la première impression qui l'avait traversé quand il les avait rencontrés et, des années plus tard, la même ambiance régnait dans la pièce. La même envie qui traversait Harry, celle de rester ici.
Même s'il voyait que Daisy n'avait toujours pas réapparu.
Doris descendit des bras de Harry quand Johanna annonça qu'il était temps de laisser Harry et Louis se reposer. Louis déposa un baiser sur sa joue, déclarant qu'ils allaient sûrement dormir un peu.
- Réveillez-nous pour manger, termina-t-il.
- On a des cadeaux, ajouta Harry avec un clin d'œil, posant sa main dans le dos de Louis.
- Tu peux pas nous dire ça et partir après ! râla Lottie alors qu'ils grimpaient les escaliers.
Harry pouffa et Louis attrapa sa main pour l'entrainer à sa suite, la valise tapant sur les marches recouvertes de moquette. Harry n'était jamais monté à l'étage, mais Louis garda sa main dans la sienne pour le conduire à sa chambre, qui n'avait pas du bouger depuis qu'il était parti pour Minneapolis. Cependant, il s'arrêta devant une porte et toqua, attendant une réponse. Harry fronça les sourcils, mais compris lorsqu'il entendit une voix résonner de l'autre côté du panneau de bois.
- Oui ?
- Daisy ? Tu viens même plus dire bonjour à ton frère ? demanda Louis sur un ton qu'il voulait blagueur.
- Ouais. Salut, Louis.
Et c'est tout ce qu'il récolta. Alors Harry pressa sa main dans la sienne et déposa un baiser sur sa tempe, ne pouvant s'empêcher de culpabiliser. Parce que Daisy était en colère contre lui, c'était évident. Et il devrait être le seul à avoir le cœur serré, parce que Louis ne devrait pas être atteint par cela. Sa sœur ne devrait pas être fâchée contre lui.
Ils arrivèrent finalement dans la chambre de Louis, et celui-ci referma la porte en soupirant. Harry observa cette chambre d'adolescent qui semblait figée dans le temps. Des posters de The Fray, Arctic Monkeys et Nirvana recouvraient les murs, et un lit deux places trônait au milieu de la chambre, prenant toute la place et rendant la circulation presque impossible.
Louis s'assit sur le lit et se laissa tomber en arrière, posant sa tête sur la couette recouverte de draps blancs. Harry fit de même, s'assit à côté de lui, mais se laissa tomber sur Louis, qui rit en enroulant ses bras autour du torse de Harry.
Mais ce silence était trop lourd, alors Harry se sentit obligé de lâcher :
- J'irai parler à Daisy. Elle n'est pas colère contre toi, elle l'est contre moi.
Il sentit Louis sourire contre ses cheveux et se redressa pour se rallonger en face de lui. Louis bloqua son regard dans le sien et, pendant plusieurs secondes, ils ne firent rien d'autre que se regarder, sans rien dire. Jusqu'à ce que Louis sourît et remette une boucle derrière l'oreille de Harry.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Harry en souriant.
- Rien. Je suis heureux que tu sois là, c'est tout.
- Je suis heureux d'être là aussi.
Le sourire de Louis s'amplifia, et Harry enroula ses bras autour de sa taille pour basculer et que Louis se retrouve au dessus de lui. Il rit, et Harry embrassa son nez, le faisant encore plus rire.
- Je suis désolé pour Daisy. Je ne pensais pas qu'elle allait réagir comme ça.
Harry haussa les épaules. Il savait que cela allait arriver. Qu'il y aurait au moins une personne qui ne lui sauterait pas dans les bras une fois la porte d'entrée passée. Ç'aurait été trop beau, sinon.
Louis du sentir que Harry commençait à partir dans ses pensées et, sachant à quel point ce n'était pas bon et jusqu'où cela pouvait aller, car il enchaîna sur un autre sujet :
- Est-ce que ça te dit de faire le nouvel an chez nous ?
- Pourquoi pas. Zayn sera content, on met toujours un bordel pas possible chez lui pour le nouvel an, répondit Harry avec un sourire.
Louis baissa la tête en riant, son nez effleurant la joue frissonnante de Harry. Sans cesser de tripoter le collier de Harry, il releva la tête et ancra ses yeux dans les siens, un léger sourire flottant sur ses lèvres.
- J'ai hâte de commencer cette nouvelle année.
- Pourquoi ? demanda Harry en haussant les sourcils, le sourire de Louis étant contagieux.
- Parce que ça sera la première année qu'on commencera tout les deux.
Cela frappa Harry en pleine tête. Il n'y avait pas pensé, mais Louis avait raison. Il n'avait jamais passé le nouvel an ensemble et, pour le seul qu'ils aient fêté en se connaissant, au lycée, ils ne sortaient pas encore ensemble.
Harry n'avait jamais embrassé Louis à minuit. Il n'a jamais été la dernière personne qu'il voyait de l'année et la première de la suivante. Et maintenant que le garçon y faisait allusion, il se rendit compte à quel point il avait envie.
Harry rendit son sourire à Louis, et il savait qu'aux yeux du brun, cela valait bien plus qu'une réponse verbale. Puis il se redressa sur un coude pour venir l'embrasser délicatement. Louis sourit contre son baiser et y répondit sans pour autant l'approfondir. Ils s'embrassèrent lentement, doucement, pendant plusieurs minutes, enfermés dans la semi-pénombre de la chambre de Louis. Bientôt, ils furent recouverts de la couette tellement ils basculaient et roulaient dans le lit en pouffant contre les lèvres de l'autre plus qu'ils ne s'embrassaient.
Mais Harry s'en fichait que leurs baisers soient plus brouillons que jamais.
Parce que dans quelques jours, une nouvelle année commencerait.
Une nouvelle année, aux côtés de Louis, cette fois.
Harry avait hâte de commencer cette année et de la finir dans les bras de Louis. Il avait tellement hâte de tourner une nouvelle page, une page blanche, où son écriture et celle de Louis se mélangerait.
Il avait hâte d'écrire, de gribouiller toutes ces pages, tellement que cela en serait illisible.
Mais il s'en fichait. Il ne voulait plus lire de livres pour rêver.
Il voulait juste dévorer les années qu'il lui restait devant lui, sa main glissée dans celle de Louis.
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