45 [PRÉSENT]

[ New York, 2015 ]


heart, sleeping at last

Harry ne se souvenait pas avoir si bien dormi depuis longtemps. D'habitude, il tournait dans son lit pendant de longues minutes avant de trouver le sommeil et, encore, une fois qu'il était endormi, il se réveillait souvent plusieurs fois dans la nuit. 

Pourtant, cette nuit, il s'était endormi en quelques secondes, bercé par les respiration de Louis, qui jouait tendrement avec ses cheveux. Il n'avait pas ouvert l'œil une seule fois dans la nuit, et se réveilla doucement ce matin, les rayons du soleil filtrés par les rideaux blancs de Louis éclairant la chambre.  

Il ne savait depuis quand il avait abandonné l'idée qu'un réveil de la sorte se reproduirait un jour. 

Mais il était là, dans le lit de Louis, dans la chambre de Louis. Il sentait les bras du garçon lui enserrer la taille, son torse collé à son dos. Sans ouvrir les yeux, il caressa sa main du bout des doigts et il sentit Louis sourire contre sa nuque avant d'y déposer un doux baiser qui fit frissonner Harry. 

- Je t'ai réveillé ? murmura Louis alors que son souffle s'échouait sur la peau de Harry. 

- Non. 

- Parfait. Faisons comme si personne n'était réveillé pour qu'on ne sorte jamais d'ici. 

Harry pouffa et entremêla ses doigts et ceux de Louis pour les porter à ses lèvres. Il n'avait pas compté pendant combien de matins il avait espéré qu'en ouvrant les yeux, Louis serait là, assoupi à côté de lui. Mais maintenant, il était bien là. La poitrine de Harry se réchauffa rien qu'à cette pensée.

Il se retourna dans les bras de Louis, qui le resserra alors contre lui pour enfouir son nez dans son cou. Harry effleura la peau de ses flancs pour voir apparaitre des frissons sur sa peau, avant de délicatement venir l'embrasser. Louis sourit doucement contre ses lèvres et Harry remonta sa main jusqu'à la joue du garçon, sans ne rien faire d'autre que la toucher du bout des doigts. Les papillons dans son ventre entrèrent un action, et Louis dessinait des ronds sur son épaule, son autre main perdue dans ses cheveux. 

Harry ne voulait plus jamais se réveiller dans un lit où Louis ne se trouvait pas. 

- Salut, murmura-t-il en plongeant dans les yeux de Louis aussitôt leurs lèvres séparées. 

- Salut, lui sourit Louis de la même manière.  

Harry lui rendit son sourire et se pencha une nouvelle fois vers lui pour embrasser le coin de ses lèvres, puis son nez, puis son front, puis ses pommettes, puis ses paupières, tellement que Louis gloussait et couinait et essayant de repousser Harry, qui était solidement accroché à ses hanches.

- Harry ! fit-il d'une voix aiguë, les deux mains plaquées sur son torse pour le maintenir à distance de son corps. 

Harry le trouvait magnifique comme ça. Les cheveux emmêlés, le t-shirt froissé, les yeux encore embués de sommeil. Il était rayonnant. Il se souvenait des réunions pendant lesquelles il se taisait et il baissait la tête, ou encore celle où il s'était endormi. Ça, c'était Louis. Souriant, lumineux, dont le rire emplissait tout la chambre.  

Le soleil levant se reflétait à la surface de l'eau, faisant briller ses yeux. Harry l'embrassa.

- Je meurs de faim, chuchota-t-il contre ses lèvres, un sourire en coin. 

- Je t'aime. 

Harry sourit encore plus grand et approfondit leur baisser en passant sa main derrière la nuque de Louis pour le rapprocher de lui. Le garçon laissa la langue de Harry se joindre à la sienne, leur baiser rendu brouillon par leurs sourires. Les doigts de Louis s'emmêlaient dans les cheveux de Harry et, sans quitter ses lèvres une seule seconde, celui-ci leva les mains pour attraper son élastique, resté au poignet de Louis, pour s'attacher ses cheveux en un chignon. Louis grogna avant de poser ses mains sur hanches. 

- Va dans la cuisine si tu as faim, moi, je reste ici, décida Louis en tentant de remettre les mèches qui s'échappait du chignon de Harry derrière ses oreilles. 

- D'accord, répondit Harry avec un grand sourire. Je te laisse, alors. 

Il se leva du lit et n'eut même pas le temps de poser la main de la poignée que Louis était lui aussi sortit du lit en couinant un attends-moi ! et avant entourer sa taille avec ses bras. 

- 'Vois plus rien, grogna-t-il alors qu'il avançait vers la cuisine. 

Harry pouffa et ouvrit tout les placards avant de trouver où Louis rangeait les tasses, vu que ce dernier n'était pas décidé à le lui indiquer. Louis toujours ventousé à son dos, il fit deux cafés, et les posa sur le rebord. Il attrapa le sachet de brioche posé sur le comptoir pour l'ouvrir et en tendre un bout à Louis, qui le prit avant de lâcher Harry, le contourner, et s'asseoir sur le comptoir en face de lui. Il entoura ses jambes avec les siennes, et Harry gloussa en prenant sa tasse de café et en la portant à ses lèvres. 

Quand Louis lui demanda de lui passer la sienne, parce qu'il avait grand besoin de café, il l'embrassa. 

Il piqua un bout de brioche dans celui de Louis, qui protesta et essaya de le lui reprendre. Harry rit et le mit dans sa bouche, et Louis le menaça de revenir le chercher. Harry détacha un deuxième bout et quand Louis ouvrit la bouche pour crier, il lui mit à l'intérieur. Ils mirent longtemps à finir la tranche de brioche. 

Une fois leurs cafés finis, Louis alluma une cigarette, tira une taffe, et la passa à Harry. 

- On pourra passer chez moi pour prendre quelques affaires ? Parce que tes vêtements sont presque tous trop petits, commença Harry, avant de se rendre compte de ce qu'il venait de dire, et de rougir violemment. Enfin, si tu as envie que je reste ici. Je rentre chez moi, sinon, il n'y a aucun problème, je comprends si je dérange ou si je -

- J'aimerais beaucoup que tu restes, Harry.

Harry se coupa et sourit timidement à Louis, qui lui se retenait de pouffer. Cette situation était beaucoup trop représentative de leur relation. Quand, au tout début, Harry doutait tellement de lui qu'il sentait le besoin d'enchainer très vite pour dire à la personne que ce n'était pas grave si elle refusait. Et Louis le coupait toujours. Toujours. Parce qu'il était toujours d'accord avec lui. 

Louis lui piqua la cigarette pour la laisser pendouiller à ses lèvres et Harry entoura sa taille de son bras pour venir embrasser son épaule et poser son front dessus. Sans rien dire, Louis passa un bras autour de ses épaules et le serra contre lui tout en continuant de fumer. Harry en avait besoin. Juste d'être là, de humer l'odeur de Louis conservée dans son t-shirt froissée et se dire que ça y est, il y était enfin. Après des années passées à pleurer, à boire, à faire la fête, à se tromper de chemin, à revenir sur ses pas, à vouloir hurler, à se battre contre lui-même, il était enfin là. Là, dans cet appartement, avec Louis, se réveillant doucement alors que dehors, New York laissait déjà échapper des bruits de klaxons et la voix de chanteurs de rue. 

D'habitude, Harry sortait tout de suite après s'être levé, pour respirer l'air frais du matin, se réveiller, et pensait à la journée qui l'attendait. Il aimait beaucoup commencer la journée par cette ballade. Pour voir les jolies choses que New York lui réservait, comme les salons de thé, les librairies anciennes et les fleuristes. Mais maintenant, rester avec Louis semblait bien plus intéressant que sortir marcher dans cette ville qu'il connaissait à présent comme sa poche.  

Parce que New York avait toujours été là, ce qui n'avait pas été le cas de Louis. Et Harry voulait rattraper tout le temps qu'ils avaient perdu en se laissant croire que tout était perdu. Alors il releva la tête, prit la cigarette de la bouche de Louis pour l'écraser dans le cendrier à côté d'eux et l'embrasser. Ses lèvres avaient le gout de fumée et de tabac, mais il approfondit leur baiser et s'accrocha à lui. 

On le traiterait de fou s'il disait tout ce qu'il était prêt à faire pour garder ce garçon près de lui. 




we go down together, dove cameron and khalid

- Là, une bleue ! s'écria Louis en pointant une voiture par la fenêtre. 

- Elle est violette ! protesta Harry. 

- Violette, bleue, on s'en fout, c'est la même famille de couleur. 

Harry pouffa et déposa un baiser dans la nuque de Louis, qui gloussa. Ce matin, après s'être levés, ils avaient passé une heure entière sous la douche à se battre pour savoir qui se mettait sous l'eau, et n'avaient rien fait d'autres de la matinée que se chamailler, se courir après dans l'appartement, se voler la couette pendant qu'ils lisaient. A présent, ils étaient toujours enfermés dans leur cocon, assis sur le rebord de la fenêtre, assez profonde pour qu'Harry se soit assis derrière Louis pour entourer sa taille de son bras, et jouait à trouver des éléments proposés par leur téléphone dans le paysage qui s'offrait à eux. 

Louis ne voulait plus jamais sortir d'ici. Déjà, il pouvait apercevoir les petites choses qu'Harry avait glissé ici et là, signalant sa présence. Le plaid était plié sur le canapé, leurs assiettes du repas de midi séchaient dans l'égouttoir, un livre trainait sur la table basse et un vieux vinyle de Stevie Wonder grésillait sur le tour disque au fond de la pièce.

Louis se souvenait du sentiments qui s'était emparé de lui quand il avait posé le pied pour la première fois dans cet appartement. Il était blanc, vide, sans âme. Les tableaux que Niall avait rapporté amenaient un peu de lumière, mais cet endroit n'avait jamais été un endroit où Louis aimait rester, pour profiter d'une journée de libre. A présent que Harry était-là, il était prêt à jeter les clefs par la fenêtre pour ne jamais avoir à sortir d'ici. 

Et il savait qu'Harry et lui n'en avait pas parlé, mais il aimerait vraiment qu'il reste ici. Enfin, qu'il habite ici, avec Louis. Cela ne semblait pas poser de problèmes à Harry, qui avait déjà demandé s'ils pouvaient passer chez lui pour récupérer quelques affaires, mais Louis ne savait pas vraiment s'il aimerait rester ici plus longtemps que quelques nuits. Peut-être voudrait-il rester dans son appartement, ou peut-être en achèterait-il un autre, plus près de celui de Louis, pour y aller doucement. Louis espérait vraiment qu'il reste ici, avec lui, mais il savait que, peu importe où il habiterait, Louis savait qu'il n'allait pas résister à venir squatter son lit pour la nuit.  

Et, maintenant, tandis que le rire de Harry emplissait le vide de son appartement, il décida qu'il ne le laisserait plus jamais partir. Mais, avant, il devait tout lui dire. 

Parce que maintenant qu'il était là, tout semblait plus facile. 

- Est-ce que tu veux bien m'accompagner au commissariat, demain matin ? murmura-t-il en caressa ses doigts. 

- Au commissariat ? répéta Harry, confus. 

Louis, qui ne pouvait faire disparaitre ce sourire idiot depuis le début de la journée, se détacha de lui pour se retourner et lui faire face. Il appuya son dos contre la vitre et regarda Harry l'observer, les sourcils froncés. Il était inquiet, mais tout allait bien. Tout allait bien, maintenant. Louis lui lança un sourire rassurant, attrapa ses mains et prit une grande inspiration : 

- Quand j'ai quitté l'Angleterre, je suis allé voir Simon. Je lui ai dis que c'était fini, que je démissionnait ou qu'il était viré, je ne sais pas trop. En gros, je lui ai dis que je ne voulais plus travailler avec lui, et je suis parti en lui claquant la porte au nez. 

- Pourquoi ? demanda Harry, perdu. 

- Parce que tu avais raison, répondit Louis d'une petite voix. Tu avais raison depuis le début. Ça fait quatre ans que je mens à tout le monde, que je fais semblant d'être amoureux de Eleanor. J'ai ruiné ma vie. Ils m'interdisaient d'aller dans des boites gay, d'aller à la pride, de faire quelconque remarque, action, ou quoi ce soit qui puisse faire penser que je sois gay. J'ai foutu la vie d'Eleanor en l'air. Elle n'était pas autorisé à sortir sans moi, pour éviter les rumeurs sur le fait qu'on n'était plus ensemble. Elle n'a pas pu aller faire la fête, n'a pas pu rencontrer des gens, n'a pas pu s'amuser, à cause de moi. 

- Louis, le coupa doucement Harry, ce n'est pas ta faute. Ils t'ont obligé à faire ça, Simon t'a obligé à faire ça. Rien n'est ta faute. Ni pour toi, ni pour moi, ni pour Eleanor. Ni Gemma. 

- Je vais porter plainte, lâcha Louis. Abus de confiance, abus de faiblesse et chantage. 

Harry ouvrit grand les yeux et, si la situation n'était pas aussi sérieuse, Louis aurait rit. A la place, il fit un petit sourire à Harry, et remit une mèche de cheveux derrière son oreille. Il se souvenait de ce jour, quand Harry avait rencontré sa famille, et que Phoebe et Daisy avait émit l'idée qu'il se laisse pousser les cheveux. Elles n'avaient pas idée à quel point elles avaient raison.  

- La peine sera minimale, je le sais bien, continua Louis, mais un procès comme ça, le procès de Simon Cowell, ça fera parler. J'espère que plus personne ne voudra de lui comme manageur, et que sa réputation en sortira tâchée. 

- Pourquoi tu ne l'as pas fait avant ? demanda Harry, les sourcils froncés. Il aurait pu balancer des trucs horribles sur toi. 

Louis haussa les épaules. 

- J'ai peur. Que personne ne me croit, de décevoir ma famille, de ne plus jamais trouver de manageur. Mais maintenant, tu es là, alors j'ai un peu moins peur. 

Harry sourit timidement, rougissant presque, et Louis resserra ses doigts entre les siens. Puis il se rendit compte d'une chose. Harry n'était pas en colère. Pas en colère en apprenant que Louis avait réalisé qu'il avait raison, quatre ans auparavant. Alors que Louis était parti pour ça. Parce qu'Harry n'était pas d'accord avec lui. 

- Je suis désolé, Harry, souffla-t-il en baissant les yeux. Désolé de ne pas t'avoir cru. 

- Louis, ça va, je te le promet. 

- Mais si tu savais à quel point je m'en veux, répondit doucement Louis en relevant la tête. Je ne comprends pas comment dans ma tête, pendant un instant, j'ai pensé que ce n'était pas grave. Parce que c'est vraiment ce que je me suis dis, en fermant la porte et en rejoignant l'aéroport, ce jour-là. Je me suis dis qu'un travail comme le mien, il n'y en avait qu'un, mais que des garçons comme toi, il y en avait des millions. Mais j'avais tort, et je ne m'en rends compte que maintenant. Que des boulots sympas, il n'y en a pas des millions, mais des milliards, mais que des garçons comme toi, je n'en ai trouvé aucun, malgré le fait que je sois allé partout dans le monde. 

Harry glissa ses doigts sous son menton pour le faire relever la tête. Puis il lui sourit, faisant glisser sa main sur sa joue. 

- Arrête de culpabiliser, ce n'est pas ta faute. 

- Arrête de dire que ce n'est pas ma faute. 

- Ce n'est pas ta faute. 

Louis sourit doucement, Harry aussi, et le garçon continua : 

- Je conçois que tu t'es un peu emporté, quand je t'ai dis que je n'étais pas d'accord pour me cacher. C'était ta seule faute. Parce que si je suis tombé si bas sans pouvoir me relever, c'était ma faute. Je n'ai jamais cherché à me relever. Jamais. Je m'étais mis en tête l'idée que je n'y arriverai pas sans toi. Si j'ai passé mes soirées dans les bars, si j'ai ramené un nombre incalculable de gens chez moi, c'est de ma faute, et uniquement de la mienne. J'aurais pu sortir, profiter de mes amis, rencontrer des gens, tout faire pour me relever, mais je ne l'ai pas fait. C'est ma faute si j'ai ruiné une partie de ma vie. C'est de ma faute si ma grande sœur est morte.  

Louis retint son souffle. Dans l'équation s'était rajoutée Gemma. Un poids de plus dans la poitrine, qui s'était alourdi en apprenant la date de sa mort. 

- Harry...

- Non, le coupa Harry, les yeux brillants. C'est de ma faute, uniquement de ma faute. Le 24 décembre 2011, j'étais au bar de Liam, et beaucoup plus bourré que d'habitude. Parce que ce jour-là, tu avais vingt ans. Tu avais vingt-ans, et un journal stupide venait de lancer l'information comme quoi tu faisais une immense fête pour ton anniversaire. Les garçons y sont allés. Ils ne m'ont rien dit, mais ils ont tous disparu mystérieusement ce soir-là. Et moi, au lieu de profiter de ma famille, de Liam, je suis parti boire. Au lieu d'entendre les blagues de ma sœur et les rires de ma mère, je suis allé boire. Et ce n'est pas ta faute. Tu m'avais quitté plus d'un an avant, comment est-ce que ça pourrait être ta faute ? 

Louis déglutit difficilement et posa sa main sur le genou de Harry pour le caresser avec son pouce. 

- La mère de Liam, la gérante du bar, a appelé Gemma pour qu'elle vienne me chercher. La veille de Noël, ma sœur a du mettre ses chaussures. Elle qui prévoyait une soirée film bien tranquille avec sa mère, a du sortir pour venir chercher son petit frère qui foutait sa vie en l'air. Et elle n'est jamais rentrée. Parce que son petit frère a foutu sa vie en l'air, à elle-aussi. 

Harry ne pleurait pas. Les larmes étaient là, dans ses yeux, mais ne coulaient pas sur ses joues. Malgré tout ce qu'il venait de dire, Louis ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de culpabilité dans sa poitrine. Comme toujours. Parce qu'il se souvenait du message qu'il avait reçu, le soir de ses vingt ans, alors qu'il buvait une bière dans un coin avec Niall. 

Louis se redressa pour serrer Harry contre lui, qui sourit contre son cou en entourant sa taille de ses bras. Il glissa ses doigts dans ses cheveux, les caressa, et déposa un léger baiser sur la tempe de Harry. 

- Je suis désolé. Je trouve juste ça injuste d'être de ceux qui restent. Je sais qu'elle était ton amie, elle devrait toujours être là avec nous aujourd'hui. Elle aurait du être là pour toi, pour te dire que rien n'est ta faute. 

- Elle a toujours été là, souffla Louis. Elle a toujours appelé, envoyé des messages, même si je ne répondais jamais. Elle a été la seule à, dès le début, chercher à comprendre pourquoi je t'avais demandé de nous cacher, et t'avais claqué la porte au nez. 

- Elle t'aimait beaucoup. 

- La seule fois où j'ai répondu, c'était le jour de mes vingt ans. Parce qu'elle m'avait envoyé un message. Et, quand j'ai vu qu'elle ne répondais pas, j'ai cru qu'elle avait arrêté de se soucier de moi. 

- Elle ne l'a jamais fait. Alors, je t'en pris, arrête de croire que tout est de ta faute. Tu te fais du mal. Je sais que c'est pour ça que tu m'as appelé, l'autre soir. Pour ça que la lame de rasoir était sur le tapis et, toi en sang. 

Louis ferma les yeux et enfouit son visage dans le cou de Harry. Oui, c'était pour ça qu'il s'était mutilé. Parce que trop de choses étaient dans sa tête, trop de choses pesait sur sa poitrine. Trop de vies qu'il avait gâché, trop d'erreurs qu'il avait commis. Ce jour-là, Harry lui avait demandé, les yeux dans les yeux, après avoir entendu sa chanson, de ne plus jamais appeler. Ce jour-là, il était persuadé que c'était fini. 

- Est-ce que tu l'avais déjà fait ? demanda Harry, la voix tremblante. 

Louis rouvrit les yeux et se redressa pour regarder Harry. Il repensa à ce qu'il avait dit, quand il l'avait soigné, avec beaucoup trop de précision. 

- Et toi ? souffla-t-il. 

Harry pinça les lèvres, les yeux encore embués par la tristesse. Les bras toujours autour de la taille de Louis, il jouait nerveusement avec l'ourlet de son t-shirt, avant de répondre : 

- Une fois, c'est tout.

- Moi aussi. 

Harry lui sourit tristement. Louis ne voulait pas le forcer à en parler s'il n'en n'avait pas envie. Et, même s'il mourrait d'envie de savoir pour pouvoir le réconforter, cette discussion devenait bien trop lourde à son gout. 

Alors il se pencha pour déposer ses lèvres sur celles de Harry, qui sourit et resserra ses bras autour de Louis pour le rapprocher de son corps. Du bout des doigts, il retraça les lignes du visage de Harry; sa mâchoire, ses pommettes, son nez, son cou. Des frissons naissaient sur sa peau alors qu'il glissa ses mains sous le t-shirt de Louis. 

- Désolé, murmura Louis après avoir mordu la lèvre de Harry. 

- Est-ce que tu veux venir avec moi chez ma mère, avant Noël ? 

Louis ouvrit grand les yeux, sans se détacher de Harry. Leurs lèvres étaient à quelques centimètres l'une de l'autre à présent, mais Louis ne lâchait pas les yeux de Harry du regard. Il voulait vraiment qu'il vienne chez lui, revoir sa mère et le village où il avait grandit ? Il repensa à ce qu'Harry lui avait dit, au fait qu'il ait coupé tout contact avec ses sœurs. 

Alors il lui sourit : 

- Seulement si tu viens chez moi après Noël. 

- Ça fait beaucoup d'avion, commenta Harry. 

- Pas grave, je payerai les billets. 

- Ce n'est pas une question d'argent, mais de rester 7h à côté de toi dans un avion. 

- Va te faire foutre, gloussa Louis avant de l'embrasser une deuxième fois. 




stop and stare, one republic

Harry était vraiment un enfant. Harry était un enfant avec beaucoup trop de charme pour que Louis puisse résister à ses caprices, alors ils se retrouvèrent tout les deux chez un fleuriste alors qu'ils devraient être en ce moment même chez Jenna. Mais quand les yeux de Harry brillaient d'excitation et qu'il faisait ce sourire qui faisait toujours craquer Louis, comment pourrait-il refuser ?

Alors, sans vraiment se concerter, ils demandèrent un bouquet de marguerites. Harry n'eut même le temps de sortir sur le trottoir que Louis avait déjà glissé une fleurs dans ses cheveux, sans pouvoir résister. Harry se retourna sans prévenir pour glisser un bras autour de sa taille et le rapprocher de lui. Il l'embrassa-là, sur le trottoir. 

Et, curieusement, Louis ne pensa pas aux gens de l'autre côté de la route prenant des photos, l'ayant reconnu. Il ne pensa pas à la colère de Simon, aux articles qui allaient être écrits. Il ne pensa à ses amis, qui n'étaient pas au courant pour Harry et lui, et qui allaient l'apprendre par internet. 

Non, en cette instant, il pensait juste à Harry. Harry qui sourit contre ses lèvres quand il glissa une deuxième fleur derrière son oreille. 

Une fois séparés, ils se sourirent et Louis attrapa la main de Harry pour avancer, tout en tentant de faire tenir les marguerites dans ses cheveux. Comme leur longueur de ceux-ci rendait cette tâche compliquée, il en glissa dans ses poches et dans sa capuche, ainsi que dans la petite poche au niveau de son cœur de sa chemise. 

- Alors, pour Noël, commença Harry. 

- Oh non, c'est dans deux semaines, commence pas à me stresser avec ça. 

- J'avais oublié que tu étais procrastineur. 

- J'avais oublié que tu étais maniaque, répondit Louis au tac au tac. 

Harry lui sourit, amusé, et Louis répondit : 

- J'ai prévu de passer mon anniversaire et Noël ici, et de ne partir pour Doncaster seulement le vingt-sept. 

- J'ai dit à ma mère du dix-neuf au vingt-trois. Ça passe. On posera nos valises ici pour quatre jours seulement. Et puis, pour être honnête, je suis plutôt anxieux de revoir tes sœurs et tes parents, alors ça me fera un peu plus de temps pour me préparer à les revoir. 

 Louis pouffa, peut-être pour cacher cette voix dans sa tête qu'Harry était beaucoup trop beau quand il rougissait comme ça, et lui donna un coup de coude que le brun lui rendit. 

- En fait, Zayn m'a envoyé un message hier. 

- Oh. 

- Il m'a demandé si Fizzy pouvait venir à New York pour Noël. Et elle vient. 

- Donc je la verrai plus tôt. 

- Tu la verras plus tôt. 

Alors qu'il tournait à coin de rue, un homme très peu discret photographiant leurs mains jointent depuis la terrasse d'un café, Louis vit Harry pâlir un peu, et lui sourit : 

- Tu n'as pas besoin de stresser, Harry. Tu lui as beaucoup manqué. Tu leur as beaucoup manqué. 

- C'est vrai ? demanda-t-il timidement. 

- Bien sûr. Tu nous as tous manqué. 

Harry releva la tête avec sourire fier qu'il tentait de retenir en pinçant ses lèvres en entendant Louis dire qu'il lui avait manqué, et le bouscula un peu, ce qui fit râler Louis. 

- D'ailleurs, mes parents ont divorcé. Je pense aller voir mon père, il habite toujours à Doncaster, pour les filles. 

- Pourquoi ont-ils divorcé ? Si ce n'est pas indiscret. 

Louis haussa les épaules. Ses parents avaient divorcé trois ans auparavant, d'un commun accord. Et heureusement, car Louis n'aurait pas supporté d'en voir l'un mettre l'autre à la porte. Au fond, lui et ses sœurs s'y attendaient. Pas que leurs parents se soient violemment disputés comme dans les films, mais Louis avait bien vu cette étincelle disparaitre dans les yeux de sa mère, celle qui brillait un peu plus fort quand elle regardait Mark rentrer du travail ou lire une histoire à Daisy et Phoebe. 

- C'est comme ça. Certaines histoires d'amour ne sont pas faites pour durer. 

Harry lui jeta un regard en coin et Louis lui sourit, resserrant sa prise autour de ses doigts. Ils arrivèrent rapidement devant l'immeuble de Harry. L'ancien immeuble de Harry ? L'immeuble où il ne vivait plus ? L'immeuble dans lequel il comptait revenir dans quelques jours ? Louis n'en savait rien. 

Ils passèrent la porte. 

- Il faut que je trouve un cadeau à Fizzy avant les autres, alors, remarqua soudain Harry. 

- C'est une gamine de onze ans, Harry, pouffa Louis. Tu lui achètes des boucles d'oreille et elle sera contente. 

- Sérieux ? T'as pas une idée plus originale ? Tu lui as acheté quoi, toi ? 

- Des boucles d'oreille. 

Harry le regarda en haussant les sourcils, et Louis pouvait lire dans son expression ce qu'il pensait de son cadeau. Il protesta, et, le bouquet toujours à la main, il le poussa pour qu'il se tape le bras à la rampe. 

- Il y a quelque chose qu'elle aime ? Un truc qu'elle fait toujours en rentrant de l'école ? Un truc dont elle parle tout le temps ? 

- Appart moi, non, je vois pas. 

- Très bien, je t'emballerai dans du papier cadeau, alors. Pas besoin d'en utiliser trop, en plus ! 

Louis lui montra son majeur et Harry éclata de rire. Arrivés sur son palier, il glissa son bras autour de sa taille pour embrasser sa tempe, pendant que Louis faisait semblant de râler. 

- Je demanderai à Zayn, alors. Je vais tanner mon meilleur ami pour trouver un cadeau à ta petite sœur.  

Louis leva les yeux au ciel, le sourire amusé présent sur ses lèvres le trahissant, et Harry déposa un léger baiser sur ses lèvres avant de s'éloigner. Et Louis lui était tellement reconnaissait. Parce que, même après quatre ans d'absence, le premier reflexe de Harry avait été de se creuser la tête pour trouver un cadeau de Noël à Fizzy. 

Il le rejoignit alors que Harry frappa à la porte. A sa porte. A la porte de Jenna. 

Celle-ci s'ouvrit sur la jeune femme, habillé d'un jogging et d'un sweat, les cheveux relevés dans une queue de cheval. Quand elle les aperçu, ses yeux s'écarquillèrent une demie seconde avant qu'un sourire tendre ne s'installe sur ses lèvres en les voyant ensemble. 

- Je crois que... commença-t-elle. Je crois que les fleurs sont censées être dans le papier journal. 

Louis baissa les yeux vers le bouquet de fleurs dans ses mains puis aux marguerites qu'il avait glissé un peu partout dans les cheveux et le manteau de Harry. 

- Vois avec lui, répondit Harry et haussant les épaules. 

Souriant, il prit Jenna dans ses bras, entoura ses épaules de son bras. Jenna faisait partie de la vie de Harry, c'était certain. Ça se voyait dans leurs yeux à quel point ils comptaient l'un pour l'autre. Alors même s'ils n'étaient pas tombés amoureux, Harry avait vraiment trouvé quelqu'un, quand il avait rencontré Jenna. Quelqu'un sur qui compter. 

Harry entra dans l'appartement, annonçant qu'il allait prendre quelques affaires, et Louis sourit à Jenna avant de la prendre dans ses bras à son tour. 

Elle n'avait pas idée à quel point il lui était reconnaissait d'avoir aidé Harry quand il était au plus bas. A cause de lui. Louis allait essayer d'arrêter de culpabiliser, parce qu'il le faisait depuis beaucoup trop longtemps, et que ce n'était définitivement pas bon. Mais il ne croyait pas Harry lorsqu'il disait qu'il n'y était pour rien lorsqu'il buvait pendant des soirées entières. 

Jenna l'invita à entrer, et il s'assit sur un des tabourets de bar. Elle lui proposa un café, et il accepta, jetant des coups d'œil aux bibliothèques dans le coin de la pièce. Jenna le remarqua, car la seconde d'après, elle lui dit, le sourire aux lèvres : 

- Tu en prendre quelques uns, si tu veux. De toute façon, ils vont vite finir chez toi. 

Louis pouffa et se leva pour observer les tranches, pour certaines abimées. Ses doigts glissaient sur une centaine de livres qu'il ne connaissait, et s'arrêtèrent sur ce livre. Nos Etoiles Contraires. Ce livre que Harry lisait, au lycée, que Louis avait lu à Redditch, pendant que Harry dormait. Il avait pleuré, s'était collé à lui, et quelques jours plus tard, il avait reçu de la part du garçon une version illustrée. 

Il l'attrapa et l'ouvrit. Un papier en tomba. Il se baissa pour le ramasser et tomba sur un ticket, qui lui était étrangement familier. 

10/03, Manchester, Ed Sheeran.

Jenna s'approcha de lui et regarda le ticket par dessus son épaule, avant de demander : 

- Il y est allé avec toi, n'est-ce pas ? 

Il se retourna vers elle et lui sourit. 

- C'était une surprise. Il est venu me voir à Manchester, quand je faisais de la danse, et je l'ai emmené voir Ed. 

- Il n'a jamais voulu le coller dans le livre où on met tout les billets des concerts, pièces ou ballets qu'on est allé voir. 

Louis baissa un instant le regard sur le livre avant de remettre le billet à l'intérieur. Puis il posa la main sur l'épaule de Jenna en lui souriant. Il ne savait pas comment lui dire merci. Comment lui expliquer à quel point il lui était reconnaissant d'avoir prit soin de Harry quand lui ne pouvait plus. Comment lui avouer qu'il avait failli abandonner, qu'il avait abandonné, parce qu'Harry était heureux avec elle. Louis espéra qu'elle le savait, parce qu'il n'arriverait pas à sortir ces mots de sa bouche. Mais au regard et de la jeune fille, ainsi qu'à son sourire ému, il compris qu'elle savait. Alors il la prit dans ses bras. 

- Merci, Jenna. C'est grâce à toi qu'il a sourit pendant toutes ces années, chuchota Louis dans ses cheveux. 

- Merci à toi. C'est grâce à toi qu'il continue de sourire aujourd'hui. 

Louis se détacha d'elle, et regarda le livre qu'il tenait dans ses mains. Puis il reporta son attention sur Jenna, qui regardait la bibliothèque d'un air nostalgique. Est-ce qu'elle était amoureuse de Harry ? Parce que si oui, Louis se sentait tellement désolé... 

- Si jamais ça ne va pas, commença-t-il alors que Jenna tournait la tête vers lui, tu sais où nous trouver. 

Jenna hocha la tête en souriant et Louis et elle passèrent quelques minutes à parler de tout et de rien pendant que le garçon attrapait quelques livres dans la bibliothèque de Harry. Louis ne connaissait rien de la jeune femme, et il se promit d'y remédier. Elle faisait partie de la vie de Harry, alors elle faisait partie de la sienne. Et elle était vraiment, vraiment sympa. Surtout quand elle lui raconta qu'Harry avait un jour grimpé sur la bibliothèque pour écraser une araignée et que le meuble lui était tombé dessus. Il ne manquerait pas la ressortir, celle-là. 

Quand Harry redescendit, un sac à dos à la main, Louis était de nouveau assis sur un tabouret et parlait avec Jenna, qui riait de l'autre côté du comptoir. Harry s'approcha d'eux pour s'asseoir, et jeta un coup d'œil à la pile de livres que Louis avait posé devant lui. Quand il aperçu celui à la couverture bleue en haut de la pile, il lui sourit doucement, posant une main sur sa cuisse.

- Je pense que j'aurai fini d'emballer mes affaires d'ici une semaine et deux, lâcha soudainement Jenna. 

Louis, dont le regard était plongé dans celui de Harry, fronça les sourcils en même temps et ils tournèrent la tête vers la jeune femme. 

- Comment ça ? fit Harry. 

- Eleanor a accepté de m'héberger le temps que je trouve un autre appartement. 

- Mais tu adores celui-ci. 

- Mais c'est le tien, Harry, répondit Jenna en haussant les épaules. Je n'ai pas les moyens de te le racheter. 

- Alors ne me le rachète pas, dit alors Harry. 

Louis se retint de sourire en s'apercevant qu'ils avaient eu la même idée, tout les deux, et entrelaça ses doigts à ceux de Harry sur sa cuisse. 

- Je payerai les factures, si c'est ça qui t'inquiète. 

- Tu ne peux pas faire ça, soupira Jenna. 

- Je peux payer le mien seul, intervint Louis tandis que Jenna releva la tête. Même si on est deux, et que la consommation sera plus importante, ce n'est en aucun cas un problème. 

- Donc je pourrai payer celui-là, ajouta Harry en jetant un coup œil à Louis. Et si jamais tu as envie de déménager, tu le vendras et tu prendras l'argent. C'est la moindre chose que je puisse faire pour toi. 

Jenna leur adressa un sourire ému et les remercia. Ils se prirent dans les bras et, une heure et quelques cafés plus tard, Louis et Harry ressortait de l'immeuble pour rentrer chez Louis. Chez eux ? Louis avait émis l'idée qu'ils restent tout les deux dans son appartement, et Harry n'avait pas objecté. Et Louis savait qu'il y avait deux options. Soit Harry n'avait pas voulu le contredire devant Jenna, soit il ne s'en était pas rendu compte. 

Mais la deuxième option était peut-être la bonne, parce qu'après quelques pas, Harry se figea sur le trottoir. Louis se força à ne pas rire quand il se retourna vers lui. 

- Oui, je veux que tu viennes habiter avec moi, le coupa-t-il alors que Harry ouvrait la bouche pour poser une question. 

Il la referma, et sourit à Louis, essayant d'enfiler un masque blasé. 

- Tu ne pouvais pas faire semblant de ne pas savoir ce que j'allais dire, au moins ? 

- Pardon, pardon. On la refait. 

Harry pouffa, mais reprit son air sérieux, inspirant un grand coup, et plongea son regard dans celui de Louis. 

- Est-ce que je peux emménager avec toi ? 

- J'aimerais beaucoup, souffla Louis le sourire aux lèvres. 

- Génial, sourit Harry à son tour avant de l'attirer contre lui pour l'embrasser. 

Louis passa les mains autour de son cou pour répondre à son baiser. Celle de Harry descendirent jusqu'à sa taille et il sourit contre les lèvres de Louis quand les fleurs que celui-ci tenait dans la main chatouillèrent sa joue. Autour d'eux, New York hurlait au son des voitures et de la musique de Noël qui commençait à retentir dans les rues. Dans deux semaines, c'était Noël. C'était l'anniversaire de Louis, Noël, puis le nouvel an. Et tout ça, il allait les passer avec Harry, de même que l'année qui s'apprêtait à débuter, qu'il comptait bien commencer et finir dans ses bras. 

Il comptait bien commencer et finir toutes les années à venir dans ses bras, parce qu'il ne partirait plus jamais. Et que, vu la façon dont Harry l'embrassait, lui non plus. 







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