41 [PRÉSENT]
[ New York, 2015 ]
people help the people, birdy
L'aéroport était bondé quand Harry y entra. Il avait déjà mis plusieurs minutes à trouver une place sur parking, et avait été obligé de monter les trois étages par les escaliers, car l'attente pour l'ascenseur était trop longue. A présent, il marchait rapidement dans le hall le long des comptoirs de compagnie afin de trouver Jenna dans l'une des nombreuses files d'attente. Il finit par la repérer, accompagnée de Niall et Eleanor.
Rapidement, il s'excusa auprès des gens de la file afin de la rejoindre et posa les mains sur ses épaules, la faisant sursauter légèrement tandis que Niall, qui avait vu Harry arriver, se moqua d'elle.
- Tu m'as fait peur, sourit-elle. Tout va bien ?
Harry lui sourit comme pour répondre que oui, il allait bien, même si ce n'était pas vrai. Après que Louis soit parti, ce matin, il avait tourné toute la journée, hésitant à l'appeler ou à carrément se pointer chez lui. En y repensant, il n'aurait pas du le laisser partir, après lui avoir dit ce qui était arrivé à Gemma. Il aurait du le retenir, tout lui expliquer, du début à la fin, même si c'était compliqué.
A cet instant, il ne voulait pas penser à ça. Jenna partait pour Los Angeles, il ne la verrait pas pendant deux semaines. Il voulait profiter au maximum de ces dernières minutes. Secrètement, il espérait que le vol soit annulé au dernier moment pour qu'elle reste et l'empêche de faire n'importe quoi.
Harry s'écarta de Jenna pour faire la bise et Eleanor et prendre Niall dans ses bras. Le blond fronça les sourcils quand ils se détachèrent, comme s'il avait remarqué quelque chose. Pourtant, Harry avait fait tout son possible; il avait avalé une centaine de paracétamols, avait un peu dormi pour réduire ses cernes et avait recouvert le reste avec du fond de teint qu'il avait gardé dans ses tiroirs. Il s'était attaché les cheveux pour ne pas passer nerveusement la main dedans et n'avait pas non plus mis de bagues, pour éviter de les faire tourner en permanence.
Niall était un très bon observateur, certes, mais pas autant que cela. Il n'y avait qu'un moyen qu'il ait vu qu'Harry n'était pas au top de sa forme. Raison qu'Harry vit apparaitre à l'autre bout du hall, des gobelets de café à la main.
- J'ai tout ! annonça Louis en arrivant près d'eux.
Harry tourna la tête pour plonger directement dans son regard. Lui non plus n'avait pas très bonne mine, même s'il avait fait autant d'effort qu'Harry pour cacher ses cernes. Il avait enfilé un t-shirt trop grand, un jogging et une veste en jean, et ses cheveux n'étaient pas coiffés. Ses yeux n'étaient plus larmoyants, mais la fatigue pouvait se lire dans ses pupilles. Harry prit une grande inspiration, serra un plus Jenna dos le dos était collé à son torse, et adressa un signe de tête à Louis, qui le lui rendit avec un faible sourire.
- Désolé, je n'en ai pas pour toi, s'excusa-t-il après avoir distribué les gobelets. Tu peux prendre le mien, si tu veux. Ou je peux aller t'en chercher un autre.
- Ça ira, merci, répondit Harry.
Il n'essaya même pas de sourire. Il n'osait pas imaginer l'état de Louis, l'effort qu'il faisait pour être ici. Si Harry avait appris qu'une des sœurs de Louis était décédée le jour de son anniversaire, le jour de ses vingt ans, et donc sûrement par sa faute, il aurait sûrement retourné son appartement et pleuré toutes les larmes de son corps dans la douche.
Alors il adressa un sourire à Louis, comme pour dire qu'il n'était pas tout seul. Que, quand ils ont appris la mort de Gemma, tout le monde était dans le même état. Zayn a brisé le miroir de sa salle de bain, et Niall a balancé toutes ses toiles aux sol pour mettre des grands coups de pieds à l'intérieur. Il avait retrouvé Taylor dans sa voiture, recroquevillée sur elle même, en train de sangloter.
En relevant les yeux, Harry croisa ceux de Niall, qui, après avoir montré Louis du menton, fronça les sourcils à Harry. Louis lui avait dit. Mais sûrement pas tout. Harry lui sourit, et fit un mouvement avec sa main pour lui dire qu'il lui raconterait plus tard.
- C'est trop nul d'aller à L.A. pour bosser, fit soudainement le blond pour briser le silence qui s'était lentement déposé dans l'air. Sérieux, il y a des fêtes de fou là-bas. Enfin bon, c'est une des seules activités, donc ça doit vite devenir chiant.
- Il y a aussi les plus grandes galeries d'art du monde, intervint Eleanor.
- Je rentre dans ta valise, Jen' ? demanda Niall, les yeux soudain brillants.
Ils rirent doucement, et le sourire de Harry s'agrandit quand il entendit Louis les suivre.
- Tu vas juste rencontrer des gens et faire de longues réunions ? demanda Eleanor.
- En gros, oui.
- En gros, l'horreur, conclut Harry.
- Excusez-moi d'avoir un travail, se défendit Jenna. Entre lui qui peint, elle qui danse et lui qui marche sur des lignes droites, vous n'avez pas grand chose à dire.
Tout les trois en même temps, ils prirent une expression choquée, même si Harry ne la lâcha pas, et Niall répondit :
- Louis non plus il fait pas grand chose, hein.
- Eh, c'est pas vrai ça ! se défendit le brun qui était resté à part jusqu'à maintenant.
- C'est peut-être un peu vrai mais au moins, lui, je l'aime bien, lâcha Jenna.
Niall fit semblant de s'être prit une épée dans le cœur et se laissa tomber dans les bras d'Eleanor, qui le rattrapa tant bien que mal. Cependant, Niall bascula et se retrouva les fesses par terre. Eleanor s'excusa mais il lui cria qu'elle était incapable de faire quoi que ce soit, et lui attrapa la cheville pour qu'elle tombe avec lui.
Harry sourit. Il ne savait pas si Niall avait déjà rencontré Eleanor avant qu'elle n'arrive à New York mais, rapidement, ils s'étaient lié d'amitié et la jeune femme était naturellement entrée dans leur petit groupe d'amis. Et Harry aussi, avait été très heureux de la retrouver.
La file avança et bientôt, ce fut à leur tour. Jenna enregistra sa valise, qui partit sur le petit tapis roulant pour qu'elle soit installée dans la soute de l'avion. Harry aurait beaucoup aimé pouvoir rester avec elle quelques minutes de plus, mais elle était déjà en retard et l'embarquement allait commencer dans quelques minutes à peine. Ils se dirigèrent donc vers la police, là où Jenna devait continuer seule. Elle prit Niall dans ses bras qui lui ébouriffa les cheveux en lui souhaitant bon voyage. Louis la prit timidement dans ses bras à son tour, et Harry vit Jenna lui glisser quelque chose à l'oreille avant que Louis ne sourit et hoche la tête. Eleanor la serra longtemps contre elle, la soulevant presque, riant aux éclats. Elle lui ordonna de ne pas trop travailler et de se reposer le plus possible.
Une fois le tour de Harry arrivé, Jenna se blottit entre ses bras, et Harry posa le menton sur le haut de sa tête en lui caressant les cheveux. Il sentit Jenna enfouir son nez dans son cou et il ferma les yeux parce que sinon, il savait qu'il allait croiser les yeux de Louis. Quand Jenna releva la tête, il baissa la sienne et lui rendit le sourire qu'elle lui envoya.
- Est-ce que ça va mieux, depuis hier soir ? chuchota-t-elle en posant une main sur sa joue.
- Oui, j'étais juste un peu fatigué, répondit Harry, entourant la taille de la jeune femme de ses bras.
- D'accord. Appelle-moi si jamais ça ne va pas, fit Jenna en fronçant les sourcils.
- Promis, assura Harry avant de l'embrasser tendrement sur les lèvres.
Il était un menteur. Parce qu'à cet instant-ci, plus aucun papillons ne volaient dans son corps alors qu'il embrassait Jenna. Il y avait toujours cette chaleur dans sa poitrine et, même, elle n'était pas aussi forte qu'avant.
La veille, il avait appelé Louis. Son reflexe avait été d'appeler Louis, et non Jenna.
Quand ils se séparèrent, Jenna lui adressa un sourire réconfortant et se percha sur la pointe des pieds pour lui embrasser le bout du nez. Harry retint ses larmes. Tout lui rappelait Louis, c'était insupportable, il ne pouvait plus continuer comme ça.
Ils regardèrent Jenna partir, et elle leur adressa un signe de la main avant de disparaitre derrière les vitres afin de passer la sécurité.
- Bon, fit Niall en sortant son téléphone, je propose d'y aller, parce qu'on va se faire éventrer, sinon.
- Eventrer ? répéta Louis. Tu n'exagère pas un peu, là, Horan ?
- La réunion commence dans trois minutes. On a trente minutes de route.
- Merde, lâcha Harry. Allez, bougez-vous, on prend ma voiture.
Eleanor l'avait prévenu qu'ils étaient tous arrivé dans la même voiture, même si elle avait omis de préciser que Louis était avec eux. En vitesse, Harry sortit ses clefs de voiture, déposa un baiser sur la joue d'Eleanor en guise d'au revoir et tous ensemble, ils coururent vers le parking, où ils mirent dix minutes à retrouver la voiture, de Harry qui ne pouvait pas se souvenir d'où il l'avait garé.
i'll find you in the dark, tony brundo
Finalement, ils ne s'étaient pas fait éventrés, parce que Jenna avait envoyé un message à Zayn pour l'avertir que les garçons seraient en retard parce qu'ils l'avaient accompagné à l'aéroport. Alors quand ils arrivèrent dans la salle à bout de souffle, les bras chargé des cafés que Niall devait amener, Zayn s'était juste moqué d'eux et les avait laisser s'asseoir.
Harry rejoignit sa place à côté de Gigi, qui rit doucement en écartant une mèche de cheveux qui lui barrait le front.
- Alors ça y est, tu as lâché ta bien-aimée ?
- Elle part pour deux semaines, Gigi. Je ne vais pas mourir.
- Si. J'ai parié avec Zayn. Il a dit que tu viendrais squatter au bout de trois jours, j'ai dit deux jours.
- C'est toujours génial de se sentir supporté, en tout cas, répondit Harry en enfonçant son coude dans les cotes de Gigi qui couina en s'écartant.
Zayn, qui était en train de parler, leur lança un regard en coin et ils se remirent tout les deux bien droits sur leur chaise et lui lancèrent un sourire poli. Le garçon se retint de rire et continua son monologue.
Aujourd'hui était la dernière réunion. Tout était bon, les costumes, les maquillages, les placements, les images, les décors, tout. Zayn était très satisfait et fier, Harry pouvait le voir à son léger sourire qui ne quittait pas ses lèvres quand il énonçait les choses qu'il restait à faire. Elles n'étaient pas nombreuses.
Il fallait vider les locaux que Zayn devait rendre deux semaines plus tard, alors il voulait qu'ils commencent dès maintenant. Il annonça aussi les dates de tournage, qui tombaient trois jours après le retour de Jenna. S'en suit ensuite les remerciements, et Zayn remercia pendant de longues minutes chaque personne. Evidemment, il passa quelques instants en plus à expliquer à quel point il avait adoré les cafés de Niall, et lâcha juste un merci c'était cool, pour Harry, qui lui répondit en montrant son majeur, faisant rire toute la salle.
Après quelques instants supplémentaires, ils se levèrent tous pour chacun se rendre dans une pièce afin de commencer à ranger. Harry avait la claire intention de disparaitre, et de fumer en cachette dans une des pièce vide où personne ne viendrait le voir. Mais alors qu'il commença à s'éloigner, Gigi le retint par le poignet.
- Harry, attends.
En fronçant les sourcils, il se retourna vers la blonde, qui prit une grande inspiration avant de demander ce que tout le monde n'arrêtait pas de dire depuis quelques jours :
- Est-ce que ça va ?
- Oui, répondit Harry de la même façon que les autres fois.
- Harry, soupira Gigi. Je ne suis pas aussi dupe que les garçons. Jenna m'a dit que tu étais malade hier soir, mais je ne la crois pas. Hier, tu étais à l'Opéra avec Jen', Eleanor et Louis, et tu t'es enfuis, alors je ne pense pas que tu ais été malade. Et puis, franchement, tu caches tes cernes avec du fond de teint alors que tu aurais pu prévenir Zayn que tu étais fatigué et que tu ne pouvais pas venir. Il ne t'en aurait pas voulu.
Harry soupira. Gigi avait raison. Elle avait toujours raison, de toute façon. Voilà pour quoi elle était ce qui se rapprochait le plus de sa meilleure amie. Elle était comme Zayn. Elle voyait tout, tout le temps. Harry ne pouvait rien leur cacher, à tout les deux. Ils le connaissaient plus que lui-même.
- Je t'expliquerai, lui promit-il. C'est juste que c'est compliqué, et que...
- Et que tu aimerais profiter que Jenna soit partie pour réfléchir, c'est ça ? A si tu l'aimes toujours ou si, finalement, tu es retombé amoureux de Louis.
Harry releva la tête, un air surpris. Comment Gigi avait-elle deviné tout ça ? Même Harry n'avait pas réussi à le savoir si vite.
- Je te connais bien, et je connais bien Zayn aussi, expliqua-t-elle en souriant légèrement, comme si Harry avait posé sa question à voix haute. Fais attention, Harry, c'est tout.
- Je croyais que tu n'aimais pas Louis.
- Je ne l'aimais pas parce que toi non plus. Enfin, je veux dire, tu ne voulais pas entendre parler de lui, et j'étais en colère contre lui pour ce qu'il t'a fait. Tu l'as pardonné ?
- Je crois.
- Alors moi aussi, j'imagine. J'essayerai d'aller lui parler. Pas de tes doutes, mais juste pour m'excuses d'avoir eu ce comportement avec lui.
Harry hocha la tête avec un petit sourire. Il imaginait sans mal que Louis était attristé par le comportement de Gigi. Il aurait beaucoup aimé la connaitre. Il aurait beaucoup aimé connaitre la petite-amie de Zayn, l'amie de Harry, Liam et Niall. Voilà encore quelque chose qui était de la faute de Harry. Il avait retourné Gigi contre Louis.
- Merci. Ça lui fera plaisir.
Gigi lui rendit son sourire et Harry pointa du doigt la porte derrière lui et annonça :
- Maintenant, je vais aller me cacher pour ne pas ranger.
Gigi éclata de rire, mais Harry n'eut pas peur qu'elle demande de venir avec lui. Elle savait que ce n'était pas pour se cacher, du moins pas de Zayn, mais de tout le monde. Alors elle lui fit un clin d'œil et lança :
- Allez, file. Je ne t'ai pas vu.
Harry la remercia et vit volte-face pour s'enfermer dans une pièce que personne n'avait utilisé. En soupirant, il se laissa tomber par terre contre un mur et sortit son paquet de cigarettes pour s'en allumer une. Il ferma les yeux et appuya sa tête sur le mur derrière lui.
Dans sa tête, rien de nouveau. Le même combat se déroulait jour après jour, nuit après nuit. Il avait arrêté de vouloir réfléchir, de vouloir trier ses pensées. Il voulait juste se reposer, arrêter cet ouragan qui ravageait son cerveau et lui filait un mal de crâne horrible, ajouté à celui de son énorme gueule de bois depuis sa cuite d'hier soir.
Ça faisait longtemps. Deux ans, pour être exact. Depuis qu'il avait rencontré Jenna, en fait. Il n'était pas alcoolique. Il s'en passait très bien. C'est juste qu'à certains moments, il n'en pouvait plus. Trop de pensées le traversaient en même temps, et il avait juste besoin de repos. Mais, la preuve, cela ne marchait pas. Du moins pas dans la durée.
Harry mentirait s'il disait qu'il n'avait pas peur que cela se reproduise. Jenna n'était plus là, à présent. Il aurait dû la retenir. Il ne pouvait aller dormir chez Zayn, ils n'étaient plus des enfants. Zayn avait sa vie stable, son travail, sa vie de couple. Harry ne pouvait pas s'incruster chez lui comme ça, comme chez tout ses amis, d'ailleurs. Il était grand, maintenant. Il devait se débrouiller tout seul, même s'il n'en avait aucune envie.
Alors il décida que, ce soir, en rentrant à l'appartement, il jetterait les bouteilles. Peu importe si c'était de la bonne bouteille, si c'était quelqu'un de cher qui lui avait offert. Il les jetterait toutes sans exception dans un conteneur loin de chez lui, pour être sûr de ne pas descendre à la poubelle en bas de son chez lui pour les récupérer.
Il rouvrit les yeux.
Le parquet de la pièce était en parquet vernis. Un miroir lui faisait face et il put voir avec une certaine satisfaction que son fond de teint d'avait pas bougé et qu'il n'avait pas une mine si horrible que ça. Contre le miroir était fixé une barre de danse et, dans un coin, une guitare était posée.
A côté, un cendrier. Il se figea.
Et la porte s'ouvrit sur Louis.
Evidemment qu'il était venu se réfugier ici, lui aussi.
- Oh, désolé, dit-il en posant les yeux sur Harry. Je ne t'avais pas vu partir.
- On a une fâcheuse tendance à se retrouver, de toute façon, fit remarquer Harry en haussant les épaules.
C'était une invitation à entrer, et Louis le comprit, alors il ferma la porte derrière lui. Harry lui sourit faiblement et porta sa cigarette à ses lèvres. Louis s'assit en face de lui, contre le miroir, et désigna le paquet posé à côté de Harry du menton.
- Je peux en avoir une ?
Pour toute réponse, Harry glissa son briquet à l'intérieur et le fit glisser jusqu'à Louis, qui le rattrapa et sortit une cigarette pour l'allumer et la coincer entre ses lèvres.
- Ça fait toujours bizarre de te voir fumer, tu sais, commença-t-il.
- Au moins, je ne te ferais plus chier avec Niall en disant que tu pues le tabac, répondit Harry.
Louis pouffa. Harry se souvenait sans mal de ce jour-là, où Louis était allé jusqu'à se laver les dents pour qu'Harry et Niall arrête de l'embêter avec son haleine. Et il se souvenait de ce moment quand il avait dit à Louis qu'il n'aimait pas qu'il fume parce que ça le mettait en danger. Quand Louis lui avait expliqué qu'il n'y avait que ça qui l'aidait à réduire son stress.
Alors Harry avait commencé. Et depuis, à chaque fois qu'il prenait une cigarette, son esprit se tournait vers Louis.
- Ça va mieux depuis ce matin ? demanda soudainement Louis, faisant sursauter Harry.
- Et toi ?
Louis ne dit rien, mais son silence était suffisant pour qu'Harry comprenne que ça n'allait pas vraiment mieux. Après tout, il avait appris la mort de Gemma quelques heures auparavant, et de la manière la plus horrible qui soit. Harry trouvait ça courageux qu'il soit là, à la réunion. Même s'il avait besoin de se cacher de la même façon que Harry.
- Je peux te poser une question ?
- Seulement si je peux t'en poser une après, répondit Louis en tendant le bras.
Harry fit glisser le cendrier, plus doucement cette fois, vers Louis, qui fit tomber les cendres de sa cigarette. Il se racla la gorge :
- Tu danses toujours ?
Cette salle était un ancien studio de danse. Louis était sûrement venu se réfugier ici parce que cette ambiance, c'était comme chez lui. Le parquet laqué, les grands miroirs, tout ça lui était chaleureux. Et Harry ne pouvait s'empêcher de se poser cette question.
- Non. Je veux dire, je n'ai jamais repris les cours après m'être fait virer de l'école. Mais je danse encore un peu, du moins pas professionnellement. Dans mon appartement, en gros.
- C'est dommage. Tu étais doué.
- Tu disais ça juste parce que tu étais amoureux de moi. Tu n'étais pas objectif.
Harry le fixa quelques secondes. Oui. Oui, il avait dit à Louis qu'il était doué parce qu'il était amoureux de lui, évidemment. Mais son souffle se coupa quand Louis prononça ses mots. Pourtant, ils le savaient. Harry savait que Louis avait été amoureux et Louis savait qu'Harry avait été amoureux de lui.
Voilà où ils en étaient maintenant. A fumer, l'un en face de l'autre.
Harry s'observa dans le miroir derrière Louis. Il portait un simple t-shirt blanc, comme ce jour-là, où il était venu au cours de Louis. Ils avaient tout les deux simplement un peu grandis, s'était laissé poussé les cheveux et avaient des tatouages. On aurait dit deux fantômes. Deux fantômes réunit dans une pièce qui les résumait bien, essayant de chercher la même sensation qui les avaient jadis animés.
Harry en avait marre d'être tout seul.
Alors il répondit :
- Tu étais doué.
Louis croisa son regard, presque ému. Harry le lui rendit, et baissa la tête. Il détestait ce moment autant qu'il l'aimait. Ce moment fragile et nostalgique qu'ils auraient pu éviter s'ils avaient tout les deux fait quelques efforts en plus, des années plus tôt.
- Comment tu as fais pour avoir confiance en toi à ce point ? demanda Louis calmement après leur avoir laissé quelques minutes pour se remettre de la bombe qu'Harry avait lâché. Quand on était au lycée, tu étais tout timide, renfermé sur toi même. Tu ne voulais pas parler aux gens parce que tu avais peur de faire quelque chose de stupide.
Harry releva la tête, et Louis ne lâcha pas son regard. Cette question lui faisait presque mal. Mais il haussa les épaules et commença :
- Si j'ai gagné en confiance en moi depuis que je suis sorti de la FAC, j'imagine que c'est grâce au mannequinât. Ces gens-là, dans les maisons de prêt-à-porter, ils ne prennent pas le meilleur model de ceux qui se présentent. Ils veulent les meilleurs du monde. Déjà avec ça, tu te prends une claque. Te dire que ces mecs là, qui ont des bureaux en verre avec vue sur l'Empire State et des villas dans toutes les villes de Etats-Unis ont consulté ton profil, l'ont aimé et t'ont rappelé, c'est génial. Et, si tu veux savoir, la plus grosse part, je l'ai gagnée grâce à toi. Parce qu'on se dit que quand quelqu'un, un jour, parmi tout les garçons du monde, décide de t'aimer toi, ça veux dire qu'il y a quand même quelques trucs chez toi qui doivent être pas mal.
Il n'avait pas lâché les yeux de Louis du regard, et celui-ci lui envoya un faible sourire qu'Harry lui rendit. Ils ne savaient pas ce que ce moment voulait dire, mais Harry espérait que Louis l'aimait autant que lui.
- Tu joues ? demanda Harry en désigna la guitare posé dans un coin du menton, pour détendre l'atmosphère. Niall a dit que tu jouais.
- Un peu. Juste quelques morceaux de The Fray.
- Etonnant, commenta Harry.
Louis pouffa et se leva pour prendre la guitare, qui devait sûrement être la sienne. Il devait s'en servir souvent, car il n'eut pas besoin de l'accorder. Doucement, il commença un morceau qu'il avait beaucoup fait écouter à Harry. Et qu'Harry aimait beaucoup. Les notes emplirent rapidement la pièce et la voix de Louis se heurta aux murs en même qu'au cœur de Harry.
Heaven forbid you end up alone
And don't know why
- Je suis sûr que tu en as écrit une, annonça Harry dès que la dernière note mourut sous les doigts de Louis.
Il releva la tête et fronça les sourcils tandis que le sourire de Harry s'agrandissait de plus en plus.
- Arrête de faire cette tête, pouffa-t-il, je le sais. Et je veux que tu la joues, aussi.
- Tu es sûr ? demanda Louis les sourcils froncés.
Et le pire, c'était qu'Harry savait. Harry savait sur quoi portait cette chanson. Il savait qu'après ça, il allait s'enfuir. Mais il voulait vraiment entendre cette chanson. Savoir ce que Louis avait écrit sur lui, alors il hocha la tête.
Louis soupira, et baissa la tête afin de faire retentir les notes.
Et il fallait dire que c'était magnifique.
And now I'm home
Et maintenant je suis à la maison
I've been all over the world and I was wrong
J'ai fait le tour du monde et j'avais tort
And I'm smoking in my bed all on my own
Et je fume seul dans mon lit
And I can wait 'til you're awake so I can call
Et je ne peux pas attendre que tu sois réveillé pour que je puisse appeler
And tell you it was you all along
Et te dire que c'était toi depuis le début
Harry tremblait, littéralement. Pendant un instant, il espéra que tout ça, ce n'était pas à propos de lui parce que, ça y est, son cerveau était reparti à mille à l'heure.
Jenna n'avait jamais fait ça pour lui.
Oui, mais Jenna ne lui avait jamais brisé le cœur.
Mais tout ses espoirs s'évanouirent en une phrase.
We saw Ed in Manchester, I held you while he played
Nous avons vu Ed à Manchester, je t'ai câliné pendant qu'il jouait
Louis le connaissait aussi bien que lui, parce qu'il ne s'étonna même pas quand Harry sauta sur ses pieds à la fin de la chanson. Il ne fit aucun mouvement quand Harry enfila sa veste et appuya sur la poignée de la porte. Il ne récupéra même pas son paquet de cigarettes.
Mais avant de partir, il se retourna, et demanda, les larmes au bord des yeux :
- Ne m'appelle plus, s'il te plait.
- Je sais.
Et il ferma la porte. Il courut sous la pluie pour rentrer chez lui, et ses larmes se mêlèrent à ceux que les nuages versaient. Parce qu'il savait, à présent.
Il était amoureux de Louis Tomlinson.
heartless, the fray
Harry détestait Louis Tomlinson.
Depuis qu'il était rentré, il s'était douché, avait mangé et, comme il s'était promis, il avait jeté toutes ses bouteilles. Il avait eu une réunion par vidéo avec le directeur de la maison de prêt-à-porter pour laquelle il défilait et avait même eu le temps d'appeler sa mère, ce qu'il voulait faire depuis des jours.
A présent, il était allongé sur son lit, un bouquin qu'il ne lisait pas devant les yeux. Mais il aimait ça. Au moins, il pouvait toujours se dire qu'il ne pensait pas, mais qu'il lisait, même s'il ne se souvenait pas du sujet de ce livre.
A présent, son téléphone sonna sur sa table de chevet.
Louis !!!
Il n'avait pas changé son nom depuis son adolescence. Il ne savait pas pourquoi. Il n'en avait pas eu la force, sûrement. Il avait juste préféré oublier ce contact, faire comme s'il n'avait pas existé.
Louis avait dit Harry il y avait moins de deux heures qu'il n'appellerait plus. C'est pour ça qu'Harry décrocha.
Il connaissait Louis par cœur. Il avait un problème. Il ne l'aurait pas appelé, sinon, parce qu'il avait compris que ça lui faisait du mal.
Son cœur faillit louper un battement quand la voix haletante de Louis retentit dans le combiné sans même qu'Harry n'ait dit quoi que ce soit.
- Je suis désolé, Harry, je sais que j'ai dit que je n'appellerai plus, mais là il y a beaucoup trop de sang, et ça me fait flipper, putain.
Alors Harry a couru.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top