38 [PRÉSENT]
[ New York, 2015 ]
better now, post malone
Ce soir, Harry avait proposé à Zayn de sortir. Alors il était venu le chercher pour l'emmener dans un petit bar dans le Queens. Ils aimaient tout les deux ce quartier; il faisait bon de sortir de Manhattan, quelques fois. Juste histoire de se rappeler qu'avant ces grands appartements lumineux, ils avaient vécu dans une petite ville d'Angleterre où ils avaient à peine la place de placer un lit et un bureau dans leur chambre.
Le bar qu'ils avaient trouvé était situé dans une petite ruelle, et était surement le bar le moins plein de New York en ce vendredi soir. Mais si Harry avait emmené Zayn boire un coup, c'était certes pour profiter des son meilleur ami, mais aussi parce qu'il avait besoin de parler.
Et personne ne le comprenait mieux ses divagations que Zayn.
Parce que voilà, depuis quelques jours, depuis la réunion, en fait, le poignet de Harry le démangeait. Enfin, démangeait était un bien grand mot quand sa peau le picotait légèrement. Ce n'était pas sûrement physique. Juste son cerveau qui rejouait sans cesse cette scène.
Louis qui lui attrapait le poignet.
Mon dieu, c'était idiot.
Mais il avait eu du mal à s'endormir, ce soir-là. Après être rentrés, ils avaient commandé des pizzas avec Jenna, qu'ils avaient mangé devant Footloose, un de leur film préféré. Jenna s'était vite endormie sur Harry, et le garçon avait fini le film avant de la porter jusqu'à la chambre. Mais à chaque qu'il fermait les yeux, les images défilaient devant ses yeux.
Et sa peau le picotait, mais pas au niveau de son poignet.
Le bout de son pouce le brûlait.
Le bout de son pouce, avec lequel il avait effleuré le bras de Louis, des années auparavant. La première fois qu'il le touchait de son plein gré, quand ils étaient tout les deux éveillés. Il se souvenait de cette soirée, Louis venait juste de lui parler de Troy, son père. Et Harry n'avait trouvé que ça pour le réconforter.
En quelques minutes, tout son corps le brûlait. Parce que Louis l'avait touché partout. Harry ne savait pas vraiment s'il regrettait ces contacts ou s'ils lui manquaient.
Alors il s'était jeté sous la douche.
Zayn comprenait mieux son esprit que Harry lui même. Le garçon espérait donc que son meilleur ami l'aiderait à faire le tri dans ses pensées, qui était trop contradictoires.
Il voulait tout envoyer valser, mais il aimait tellement sa vie. Il voulait que Louis parte, mais il lui manquerait s'il partait. Il voulait que Louis le touche encore une fois mais cela faisait trop mal quand il le faisait. Il voulait entendre les excuses de Louis mais il ne voulait le voir culpabiliser comme il le faisait sans cesse. Il aimait Jenna de tout son cœur mais il avait quand même envie de se réfugier dans les bras de Louis.
- Tu as quelque chose de prévu, ce week-end ? lui demanda Zayn quand leurs boissons arrivèrent.
Ils s'étaient réfugiés dans un box, un peu à l'écart de la piste de danse ou quelques personnes, dont plusieurs adolescents se déhanchait. Harry sourit en les regardant. Puis son regard glissa vers un garçon, seul au bar, les yeux noyés dans le vide. Il n'avait jamais été ce garçon qui entourait les épaules de ses amis sur la piste de danse. Il avait toujours été celui accoudé au bar sans savoir quoi faire ni à quoi penser, parce qu'il y avait trop à faire et trop à penser. Et pour le première fois, sa poitrine se serra.
S'il ne s'était pas relevé, ce n'était pas la faute de Louis, mais simplement et uniquement la sienne.
Il déglutit et se reconcentra sur Zayn.
- Les parents de Jenna viennent manger demain midi. Ce qui veut dire qu'ils vont partir aux alentours de dix-heures, et qu'on va finir la soirée en mangeant des sushis. Vous pouvez passer demain soir avec Gigi, du coup. Si les sushis et une soirée FRIENDS, ça vous dit.
- C'est exactement ce que j'attendais que tu me proposes, sourit Zayn.
Harry lui sourit en retour et, ensemble, ils trinquèrent.
- Je sais que c'est un peu tôt, mais je voulais te dire que j'ai réservé des billets pour Redditch, pour les quelques jours entre Noël et le jour de l'An. Tu viendras aussi ? Ma mère se plaint toujours que ça fait une éternité qu'elle ne t'a pas vu.
- Oui, je passerai voir ma mère, assura Harry. On peut faire un tour à Londres, aussi, si tu veux.
Zayn lui sourit. C'était comme leur petit rituel. A chaque fois qu'ils revenaient en Angleterre, ils passaient toujours à Londres. Cette ville dans laquelle il avait séjourné pendant trois ans seulement, mais qui était devenu importante pour eux. C'était la fin de leur adolescence, leurs premières vraies fêtes, leurs premiers vrais amis, leurs premiers amours.
- Est-ce que je peux te dire quelque chose ? demanda Zayn en grimaçant.
Harry fronça les sourcils et hocha la tête, se préparant à ce que Zayn voulait lui dire.
- Je comptais emmener Fizzy à Londres, cette année.
Oh.
Zayn et Fizzy était restés en contact, depuis qu'ils s'étaient rencontré. Harry le savait, mais Zayn s'arrangeait pour ne jamais lui dire quand ils s'appelaient ni se voyaient. Parce qu'elle se rattachait forcément à Louis. Quelle âge avait-elle, à présent ? La première fois qu'Harry l'avait eu au téléphone, elle devait avoir à peine plus de dix ans, alors elle devait avoir aux alentours de quinze ans aujourd'hui.
Quinze ans.
Harry avait perdu tout contact avec les Tomlinson. Enfin, surtout avec Fizzy et Lottie, avec qui ils s'entendaient bien. C'était trop douloureux alors, un jour, il avait juste arrêté de leur répondre. Il n'y avait jamais vraiment pensé mais, maintenant qu'il le faisait, il se rendait compte à quel point cela avait dû être blessant pour elles. Elles avaient dû penser qu'il ne les appréciait que parce qu'il sortait avec leur grand frère, mais c'était faux. Elles étaient toutes les deux très intelligentes, intéressantes et drôles.
Fizzy, la petite fille toute mignonne avait quinze ans, ce qui voulait dire que Lottie en avait autour de dix-sept et les jumelles onze. Il avait loupé tant de choses que ça ?
Encore quelque chose qui était sa faute.
- Je dérange, ou je peux venir avec où ? demanda Harry d'une petite voix.
- Si tu veux, oui, répondit Zayn, surpris. Tu es sûr ? J'ai cru comprendre que tu ne leur parlais plus vraiment...
Harry haussa les épaules.
- Ce n'est pas elles qui m'ont fait du mal, alors je n'avais pas vraiment le droit d'arrêter de leur parler comme ça, à elle et Lottie.
Zayn lui sourit et Harry lui rendit sourire. Ils se rendaient tout les deux compte d'à quel point Harry changeait. Et Harry était heureux, de changer. De ne pas rester bloqué dans le passé comme il l'avait été depuis longtemps.
- Est-ce qu'on peut dire que ça soit une bonne chose que Louis soit passé ? tenta Zayn en grimaçant.
Harry rit devant son expression. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti si léger quand ils parlaient de Louis. En fait, ils ne parlaient plus de Louis.
Mais la tristesse dans les yeux de Louis, l'autre soir, dans la voiture, Harry ne pouvait l'oublier.
Peut-être que ça le réconfortait un peu, de savoir qu'il n'était pas le seul à souffrir. Enfin, à avoir souffert. Souffrait-il toujours ?
- En fait, c'est de ça dont je voulais te parler, lâcha-t-il.
- Oh, répondit Zayn en reprenant son verre. Je me disais que, aussi, tu ne m'invitais jamais boire un coup. c'était suspect.
Harry le regarda d'un air qu'il voulait blasé, mais son sourire amusé le trahi. Autour d'eux, le volume de la musique avait augmenté et de plus en plus de gens se déhanchaient sur la piste de danse au centre. Harry écoutait les paroles d'une oreille distraite tout en faisant tourner le liquide dans son verre.
You know I say that I'm better now, better now
I only say that 'cause you're not around, not around
You know I never meant to let you down, let you down
- Je sais plus vraiment quoi penser, Zayn, soupira Harry.
- Comment ça ? demanda Zayn en fronçant les sourcils.
- J'allais bien. Je crois que j'allais bien. Je crois que je vais bien. Avant que Louis ne débarque, ma vie était franchement pas mal. Je l'avais oublié. Pas totalement, mais en parti. Je ne pensais plus à lui. Puis il est arrivé, et, subitement, tout me fait penser à lui. Le cactus que j'ai sur mon comptoir, les clopes, les fleurs, les pâtes, parce que je lui ai appris à en cuisiner, le livre de Nos Etoiles Contraires. Même cette chanson qui est en train de passer et que j'ai entendu deux fois dans ma vie me fait penser à lui.
Zayn aborda un petit sourire en coin, et Harry détestait ça. Il avait une longueur d'avance. Voilà de quoi parlait Harry quand il disait que Zayn le connaissait mieux que le lui-même. Quelques fois, il n'avait pas l'impression de parler à son ami, mais à un psychologue qui le guidait dans sa réflexion. Parce que la réponse était là, parmi les nœuds que formait l'esprit de Harry. Zayn savait juste où la trouver.
- Et c'est un problème ?
- Bien sûr que c'est un problème, Zayn ! J'ai refait ma vie. J'ai un métier, un appartement à moi, et de nouveaux amis.
- Et Jenna, compléta Zayn, sachant très bien où Harry voulait en venir.
Harry soupira et prit sa tête entre ses mains. Le problème était là. Jenna.
Il l'avait rencontré dans un magasin de disques, et il était tout de suite tombé sous son charme. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais ç'a été le coup de foudre, du moins de son côté. C'est elle qui l'avait réparé, sans vraiment le savoir. Et Jenna avait expliqué à Harry que c'était en tombant amoureuse de lui qu'elle avait oublié sa rupture douloureuse. Un lien les liait.
Ils s'étaient sauvés tout les deux.
- Je sais plus où j'en suis, Zayn, soupira Harry. Je suis complètement paumé.
- Qu'est-ce que tu veux, Harry ?
- J'en sais rien, fit Harry alors que sa voix partait dans les aiguës. J'en sais rien, moi. Je suis amoureux de Jenna, c'est avec elle que je veux passer le reste de mes soirées pizzas en pyjama sur le canapé. Mais d'un autre côté, je ne peux pas m'empêcher de chercher Louis dès que j'entre dans une pièce.
- Je pense que tu devrais prendre une pause, proposa Zayn. Jenna part bientôt en voyage d'affaires, je pense que tu devrais te poser à ce moment pour réfléchir. Pour savoir si le manque est plus présent que l'envie de chercher Louis.
- Tu veux que je vois si, si elle part, j'arrive à oublier qu'elle est là et à la tromper ? C'est horrible, Zayn.
- Hey, c'est toi qui est en train d'hésiter entre ta petite-amie avec qui tu sors depuis deux ans et Louis.
Harry soupira et balança la tête en arrière.
- C'est vrai, c'est moi qui suis horrible.
- Harry. Ce n'est pas ce que je voulais dire.
Harry redressa la tête pour regarder Zayn, qui attrapa sa main sur la table. Le brun n'était pas tactile. Une des seules fois où il avait vraiment tenu Harry dans ses bras, c'était quand il est venu le retrouver dans sa chambre quand Louis était parti.
Harry voyait au fond de ses yeux qu'il était sincère, alors il serra sa main.
- Je te connais, mais je ne suis pas dans ta tête. Je peux juste te dire que si c'est Louis, alors c'est Louis, et qu'il n'y à rien ni personne qui pourra t'empêcher de t'approcher de lui.
- Et Jenna ? murmura Harry, dont les larmes perlaient presque aux coins de ses yeux.
- J'en sais rien, dit sincèrement Zayn en secouant la tête. J'espère que, si tu choisis de partir avec Louis, elle ne t'en voudra pas.
- Mais je suis amoureux d'elle.
- Dans ce cas tu la choisiras, elle.
- Je l'ai choisis il y a des années, déjà.
- Alors pourquoi est-ce qu'on est en train d'avoir cette discussion ?
Harry soupira et passa sa main dans ses cheveux, lâchant celle de Zayn. Il avait raison. Comme d'habitude.
- Et si je suis amoureux d'elle mais que c'est Louis ?
- Je ne pense pas que tu puisses être amoureux d'elle si c'est Louis. Et je ne pense pas que c'est Louis si tu es amoureux d'elle, répondit Zayn en haussant les épaules. Je suis désolé, Harry, mais je ne peux pas t'aider. Tu dois le faire tout seul.
Harry fonça les sourcils, et demanda :
- Est-ce que ça fait de moi quelqu'un d'horrible si jamais c'est Louis, depuis le début ?
- J'en sais rien. Au moins, ça fait de toi quelqu'un de sincère.
Harry hocha la tête, buvant les paroles de Zayn. Ils restèrent quelques minutes en silence, vidant leurs verres, puis Harry entraina son ami sur la piste de danse. Parce qu'il aurait tout le temps qu'il voudrait pour penser après.
Mais il était sûr que son meilleur ami pour la vie, aussi stupide cette expression soit elle, c'était Zayn.
Et il comptait bien profiter de lui et de son sourire pendant cette soirée.
still, niall horan
Le soleil brillait haut, en ce samedi après-midi. Pourtant, Harry n'était pas sortit de la journée. En effet, les parents de Jenna étaient venus manger et après avoir passé une heure autour de l'apéritif, ils venaient tout juste de finir de manger.
Harry appréciait beaucoup les parents de Jenna. Abigail, sa mère, était une femme très douce, ce qui était étonnant quand on savait qu'elle avait été procureure. Harry adorait entendre ses histoires qu'elle sortait tout droit du tribunal où elle avait aidé beaucoup de gens. Darren, son père, avait été professeur aux Beaux-Arts de Paris. La première qu'il était entré dans leur appartement, il avait tout de suite complimenté les œuvres de Niall. Même le portrait de celui-ci affiché dans les toilettes, alors Harry lui avait présenté Niall. Harry le trouvait très intéressant. Il trouvait les artistes intéressants, en général. Il adorait les voir parler, des étoiles dans les yeux. Il adorait rencontrer des personnes avec de nouveaux points de vue.
Quand on toqua à la porte, Harry finissait de mettre les assiettes dans le lave-vaisselle et dit à Jenna qu'il s'en occupait, déposant un baiser sur sa joue quand il passa à côté d'elle. Il se sentait mal d'être là, avec ses parents, alors qu'encore hier soir il avouait à Zayn être perdu dans ses sentiments envers la brune. Pourtant, à cet instant, il était sûr d'être amoureux d'elle.
Et l'instant d'après, il était de nouveau largué, parce que c'est sur Louis que la porte s'ouvrit.
Les yeux sur son téléphone, Louis portait un simple pull en mailles avec un jogging. Ses cheveux étaient à peine coiffés et il bailla avant de relever la tête vers Harry. Harry cru qu'il s'était trompé de porte, parce qu'il venait de frapper chez lui et que ses yeux s'écarquillèrent en voyant Harry.
- Hum, El est passée l'autre soir, et elle a oublié son sac. Comme je vais manger chez elle ce soir, elle m'a chargé de venir le récupérer.
Eleanor était venue passer la soirée avec Jenna, quand Harry avait emmené Zayn boire un coup. Quand il était rentré, elles étaient toutes les deux sur le canapé devant une comédie musicale, alors il avait fait du pop-corn et s'était installé avec elle.
- Tu vas manger chez Eleanor comme ça ? demanda Harry.
Louis jeta un coup d'œil à sa tenue et releva la tête en haussant les épaules.
- C'est El, on s'en fout. Je suis prêt à parier qu'elle me matait quand je prenais ma douche, à l'école.
Harry pouffa. Pendant des années, il n'avait pas voulu parler du passé. Il refusait d'écouter une anecdote faisant référence au temps où il sortait avec Louis. Mais maintenant, il ne savait pas vraiment pourquoi, cela ne le dérangeait pas.
Harry était sûrement resté immobile pendant quelques secondes, parce que Louis se racla la gorge et demanda :
- Est-ce que je peux rentrer ? Je peux repasser plus tard, si je dérange.
- Tu n'as pas dit bonjour.
Louis s'arrêta un instant pour fixer Harry, qui sentait son visage se réchauffer. Mais, pour garder une contenance, il s'adossa contre l'encadrement de la porte et fit :
- Tu n'entres pas si tu ne dis pas bonjour.
Louis soupira mais son sourire amusé, le même qu'Harry abordait, le trahi et il répondit.
- Je te souhaite le bonjour, Harry.
Et la poitrine de Harry devait vraiment arrêter de se réchauffer comme ça quand Louis prononçait son prénom.
Il aurait dû refuser, il le savait. Lui dire de repasser plus tard et se débrouiller pour ne pas être là quand il se pointerait à nouveau. Mais c'était plus fort que lui.
Alors il se redressa et adressa un signe de tête à Louis :
- Allez, rentre.
Louis le suivit dans l'appartement en refermant la porte derrière eux. Dans le salon, Jenna et ses parents étaient en pleine discussion et bien qu'Abigail remarqua Louis, elle ne fit aucune remarque, lui adressa juste un simple sourire. Quand Harry se retourna vers le garçon, il le vit enlever ses chaussures et les poser dans un coin, à côté des chaussures de Harry. Un pique se planta dans la poitrine de Harry, en pensant qu'un quotidien avec Louis aurait pu être possible.
- Oh, Louis ! s'exclama Jenna en le remarquant. Comment vas-tu ?
- Bien merci. Bonjour, ajouta-t-il à l'adresse des parents de Jenna.
- Eleanor a oublié son sac, la dernière fois, il vient pour le récupérer.
- Va voir dans la chambre, il me semble que je l'ai laissé sur la commode.
Harry hocha la tête et fit signe à Louis de le suivre tandis qu'il grimpait les escaliers. Une fois à l'étage, Harry aperçu le sac à main de Eleanor là où Jenna lui avait dit, et l'attrapa. Quand il se retourna, il vit que Louis, qui était dos à lui, s'était figé. Il se racla la gorge et le garçon se tourna vers lui en fronçant les sourcils, montrant le meuble à présent derrière lui.
- C'est la troisième bibliothèque que j'ai vu depuis que je suis rentré.
- Il y en a aussi une dans la salle de bain, avoua Harry avec un sourire timide. Et des livres dans mon armoire.
- On met des vêtements, dans une armoire, Harry.
- Eh, c'est pour ça que c'est galère de faire tenir les livres debout. Maintenant que tu le dis.
Louis leva les yeux au ciel en souriant, et Harry pinça les lèvres pour se retenir d'éclater de rire. Il s'adossa à la commode derrière lui, le sac que Louis était venu chercher toujours dans sa main. Il l'avait complètement oublié. Il avait complètement oublié que ses beaux-parents et sa petite-amie l'attendait dans le salon, et que Louis était également attendu par Eleanor.
Il n'y avait que lui dans ses pensées, qui étaient pourtant nombreuses. Mais il faisait à chaque fois. Il infiltrait tout et s'immisçait dans la tête de Harry pour ne plus en sortir.
- En fait, avant, il y en avait une cinquième, mais elle s'est cassée.
- Tu avais mis trop de livres dedans, demanda Louis en haussant les sourcils, un sourire moqueur aux lèvres.
- Oui, c'est bon, ça va, râla Harry alors que Louis pouffait. Du coup maintenant, c'est tout dans des cartons. Mais bon, il faudrait peut-être que les vende.
Pourquoi était-il dans sa chambre, à parler de livres avec Louis ? Il ne savait pas vraiment, mais il aimait beaucoup ce moment.
- Tu veux vendre des livres ?
- Sais pas, répondit Harry en haussant les sourcils. J'ai pas la place de mettre une autre bibliothèque, et les cartons prennent de la place dans la buanderie. Jenna veut mettre des étagères là où je les ai posé.
Louis acquiesça et Harry se trouva stupide. Louis n'en avait certainement rien à foutre. Il lui parlait juste par politesse, et n'attendait rien autre qu'il ne lui rende son sac pour qu'il puisse partir.
- Ne les vend pas si tu ne veux pas les vendre, lâcha Louis.
Harry reposa les yeux sur lui et lui sourit presque timidement, mais Louis lui rendit ce sourire.
Un silence s'installa, mais Harry ne se sentit pas oppressé par celui-ci. C'était juste un silence avec Louis. Ces silences qui voulaient autant dire que des paroles.
Et à cet instant, ce silence lui hurlait qu'ils n'avaient plus rien a se dire, mais qu'ils voulaient quand même rester là.
- Ce sont tes beaux parents, en bas ? demanda soudainement Louis.
- Euh, oui. Ils sont là pour manger, mais ils vont rester toute l'après-midi. Il est seize heures et on vient à peine de sortir de table.
- Mes parents font pareil, rit Louis.
Harry pouffa et Louis s'adossa contre le mur. Harry trouvait ça apaisant, il ne savait pas vraiment pourquoi. Que Louis soit là, que Louis parle, que Louis rit. Que Louis ne soit pas fatigué, ni stressé. Que Louis tourne la tête quand il bafouilla, soudain moins sûr de lui.
- Je, hum... Je compte rentrer en Angleterre, entre Noël et le jour de l'An et... Zayn m'a dit qu'il voulait emmener Fizzy à Londres. Je voulais voir si ça ne dérangeait pas que je vienne avec eux.
- Pourquoi ça dérangerait ? demanda Louis, les sourcils froncés.
Harry haussa les épaules :
- J'ai arrêté de parler à Lottie et à Fizzy, donc je comprendrais si tu ne voulais pas que je m'approche de mes sœurs. En même temps, je doute qu'elles veulent bien me revoir.
- Elles t'appréciaient beaucoup, tu sais, fit Louis. Je pense que, quand tu aimes vraiment beaucoup quelqu'un, s'il tente de se faire pardonner, tu acceptes ses excuses, parce qu'il t'a trop manqué.
Harry hocha la tête, les yeux perdus dans la vague. La phrase que Louis venait de prononcer n'avait peut-être pas de double sens pour lui, mais elle en avait pour Harry. Est-ce qu'il était réellement prêt à pardonner Louis.
Evidemment que oui.
Il ne voulait juste pas se l'avouer, il le savait.
- Enfin, après, il reste plus qu'à te mettre le copain de Lottie dans la poche et là, tu pourras l'approcher. Il est un peu du genre jaloux et protecteur.
- J'ai sûrement de plus beaux cheveux que lui, alors il sera intimidé, parce que Lottie les adorera.
Louis le fixa quelques secondes et éclata de rire. Un vrai rire, cette fois. Harry sentit ses poils se hérisser en même temps qu'un frisson parcourait ses bras. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas fait rire Louis. Longtemps qu'il n'avait pas entendu son rire, le vrai. Pas celui qu'il réservait aux gens qui le suivaient en soirée, mais plutôt celui qu'il ne pouvait pas retenir quand Zayn lançait du pop-corn sur Harry pendant qu'ils regardaient un film.
- C'est toujours le même qu'avant ? osa demander Harry.
S'il acceptait qu'on parle du passé, il avait toujours un peu de mal à en parler.
- Ouais. Tu te rends compte ? Ils sont ensemble depuis qu'il on douze ans. Enfin, ils ont eu plusieurs grosses engueulades, mais ils s'aiment toujours. Ils s'aiment vraiment. Même s'il a des gouts musicaux pourris. J'ai failli le foutre dehors quand il m'a dit qu'il n'aimait pas Arctic Monkeys.
- Tu aurais du, plaisanta Harry.
Louis, au lieu de rire avec Harry, se tût et se contenta de la fixer, la bouche ouverte, exagérant le choc.
- Depuis quand tu es aussi cruel, Styles ?
- Depuis que quelqu'un sur terre n'aime pas Arctic Monkeys, Lou.
Harry avait dit ça sans réfléchir. C'était sortit tout seul. En face de lui, Louis s'était figé, mais sourit faiblement quand il croisa le regard de Harry, qui le lui rendit. Mais l'instant d'après, la voix de Jenna retentit :
- Les garçons ? Vous trouvez ?
Harry sentit le regard de Louis sur lui alors qu'il tournait la tête vers les escaliers, et il répondit :
- On l'a, on arrive.
Harry avait presque mal au cœur de briser ce moment. Mais il fallait qu'il se reprenne. Ils ne pouvait pas faire ça. Il ne pouvait pas faire ça.
Sans se retourner vers Louis, il descendit les escaliers, le sac toujours à la main. Il entendit le garçon le suivre et Harry attendit qu'il ai fini de remettre ses chaussures pour le lui donner. Harry vit Louis hésiter, ouvrir la bouche pour la refermer, pour simplement dire :
- Je suis passé au local, hier, et les stylistes ont modifié ta tenue.
Harry hocha la tête. Il avait proposer ses idées à Louis, afin de modifier son costume, et ce dernier avait fait appel à un styliste de sa connaissance pour faire les petites modifications. Harry ne pensait pas que ça serait fait si vite. Il ne pensait pas que Louis aurait fait ça si vite.
Là, dans le coin de son appartement, dos à ses invités, il sentit son cœur s'emballer, sans vraiment savoir pourquoi. Il avait appelé Louis 'Lou', comme il le faisait à l'époque. Et il ne s'était même pas figé. Il n'avait pas pris peur, ne s'était pas enfuit. Si Jenna ne les avait pas interrompu, ils auraient continué leur discussion.
Comme avant.
- Tu veux rester un moment avec nous, Louis ? proposa Jenna depuis la cuisine où elle sortait une bouteille de vin blanc du frigo.
Louis tourna la tête vers elle pour planter ses yeux dans ceux de Harry. Il y reconnu tout. Chaque vague, chaque rocher, chaque phare qui était à l'origine des lueurs dans les pupilles de Louis. Il se demandait si Louis ressentait ça aussi quand il le regardait.
- Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, finit par dire Louis en souriant, sans détourner les yeux.
Harry hocha bêtement la tête, et ses lèvres s'étirèrent en un léger sourire que Louis lui rendit. Puis il tourna la tête, brisant le lien, salua les parents de Jenna et la jeune fille. Il fit un signe de la tête à Harry, et partit. Comme ça. Après avoir eu cette discussion avec Harry qui avait tant retourné le garçon. Il espérait qu'elle l'avait retourné aussi.
Il finit par se rassoir dans le salon, en face de Darren et Abigail. Il n'avait plus envie de discuter, maintenant. Il voulait juste aller fumer sur sa terrasse pour penser à ce qu'il venait de se passer.
Et, il ne savait pas pourquoi, Harry avait besoin de se justifier, d'expliquer pourquoi il s'était absenté si longtemps. Il commença :
- Excusez-moi, c'était...
Il se stoppa. Qui était-ce ? Comment devait-il présenter Louis ? Un colocataire ? Un ami de lycée ? Son premier petit-ami ? Celui qui le faisait tellement douter depuis qu'il était à New York ?
Il ne trouva rien. Alors il continua :
- C'était Louis.
Il représentait trop de choses.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top