36 [PRÉSENT]

[ New York, 2015 ]


7 minutes, dean lewis


En face du miroir, Harry boutonna les boutons de sa chemise, laissant les derniers ouverts, comme à son habitude. Il coiffa ses cheveux encore humide, ses ongles vernis de bleu clair, et sortit de la salle de bain après s'être lavé les dents. De retour dans la chambre, il enfila un jean slim noir et ses bottines assorties, avant de se laisser tomber en arrière sur le lit, faisant rire Jenna, enroulée dans la couverture. 

- Ne fais pas trop de bruits quand tu rentres, lui murmura-t-elle. 

- Promis, lui sourit Harry. 

Il passa une main dans ses cheveux et embrassa le bout de son nez. Jenna éternua et Harry rit légèrement, lui apportant la boite de mouchoirs. Elle le remercia d'une voix faible qu'Harry trouvait adorable. Mais il se pencha rapidement sur elle pour lui voler un baiser et se redresser, passant la main dans ses cheveux. 

- Envoie-moi des photos. 

- Je t'enverrais des selfies de Niall et moi quand il sera bourré. 

- Comme c'est aimable, fit Jenna. 

Harry pouffa et sortit de la chambre après un dernier sourire en direction de sa petite-amie. Il dévala les escaliers, attrapa ses clefs de voitures qui trainaient sur le comptoir, le paquet de marshmallows et sortit de l'appartement. 

La voiture, qu'il avait récemment amené au garage, était restée dans la rue, et Harry lança le paquet de marshmallows sur le siège passager avant de démarrer et de s'engager pour sortir de sa place de stationnement. En tapotant presque impatiemment sur le volant, il s'arrêta seulement quelques secondes plus tard, attendant qu'un feu passe au vert. 

Ce soir, Niall et Liam avaient organisé une petite soirée sur la plage de Coney Island. Un petit truc simple, avec un feu, une enceinte et une guitare, et surtout des amis. Harry était impatient d'y être. 

S'il avait toujours aimé les soirées comme celles qu'ils faisaient souvent chez Zayn, il aimait encore plus ce genre de petite fête. Celles qui ne sont pas prévues, celles dont il reçoit le message le matin même. Celles où ils étaient tous ensemble, et non disséminés en petits groupes dans un appartement, la musique battant tellement fort qu'ils ne s'entendaient pas parler. Celles où, éclairés par le feu que Niall avait allumé avec son briquet, racontant qu'il l'avait fait en frottant deux bouts de bois ensemble, ils riaient longtemps dans la nuit, évoquant des anecdotes d'enfance où encore planifiaient des vacances qui n'auraient jamais lieu. 

Celles où, le temps de soir, ils étaient encore des enfants. 

Des enfants qui avaient laissés leur smoking et notes à la maison, apportant juste leur sourire un peu fané par le stress du travail. Mais celui-ci s'agrandissait dès l'instant où ils se garaient sur le parking et apercevait ceux qui étaient déjà arrivés en train de s'installer ou de se courir après. Généralement, c'était Zayn et Niall qui courraient après les autres. 

Et, bizarrement, Harry n'était pas stressé. Du moins pas pour la raison pour laquelle il aurait du. 

Parce que, ce soir, parmi tout ces sourire, il y aurait celui de Louis. 

Harry en avait marre de se prendre la tête. Il voulait profiter de ses amis sans penser à Louis. Mais le brun trouvait toujours un moyen de frayer un passage parmi les pensées, assez nombreuses et denses, de Harry. 

Et, comme d'habitude, Harry faisait n'importe quoi à cause de ça. 

Cela faisait une semaine qu'ils ne s'étaient pas vu. Qu'aucune réunion n'avait eu lieu. Une semaine depuis que Harry, après avoir vu les cernes sous les yeux de Louis, après l'avoir vu s'endormir alors qu'ils étaient en plein essais caméras, s'était absenté pour se rendre dans la pharmacie afin d'acheter le tube. 

Ce tube. 

Il ne savait pas trop ce que cela signifiait. Enfin, si, il le savait. Ça signifiait juste qu'il était idiot. Mais les cernes et la fatigue n'allaient pas vraiment sur le visage de Louis, alors il avait ressenti le besoin de faire quelque chose. Parce que ç'avait été un besoin. De donner ça à Louis. 

Sans savoir ce que ça voulait dire. 

Sans savoir ce que Louis avait interprété. 

Après être rentré, il s'en était mordu les doigts. Il n'aurait pas du. Ce tube d'homéopathie pour dormir, c'était leur truc à eux. Quand ils étaient encore quelque chose. Quand Harry n'avait pas encore pleuré toutes les larmes de son corps. 

Il y avait pensé toute la semaine, sans vraiment réussir à arrêter. Il avait l'habitude. De penser, penser, et encore penser. Cette habitude semblait s'accentuer quand c'était en rapport avec Louis, mais il faisait ça pour tout, alors il ne se faisait pas trop de soucis. 

En fait, si, il se faisait du soucis. 

Il essayait juste de se persuader du contraire. 

Harry se gara sur le parking de la plage, prit le sachet en plastique de bonbons sous son bras et sortit de sa voiture avec difficulté. Il s'était garé très près de la voiture de Zayn, qui était une voiture anglaise. Le volant était donc à droite, et les portes conducteurs l'une en face de l'autre. Tout ça pour dire que Zayn râlerait pendant des heures après avoir galéré à rentrer dans sa voiture à cause de celle de Harry. D'ailleurs, elle était recouverte d'une fine couche de poussière, alors Harry écrit Sale : ) sur le pare-brise arrière avant de quitter le parking pour rejoindre la plage. 

Harry marcha quelques minutes avant de repérer l'endroit où ses amis s'étaient installés. La nuit commençait à tomber sur New York mais il reconnu très clairement la silhouette de Liam penchée au-dessus d'une glacière. Les autres étaient floues. 

- Elle est passée où ta ponctualité, mon gars ? cria Gigi, assise avec Eleanor sur un des bancs qui formaient un cercle. 

- Merde, je crois que je l'ai oublié. Je repasse à l'appart' pour la récupérer et je reviens dans trente minutes. 

Gigi leva les yeux au ciel et Harry pouffa. Quand il arriva à sa hauteur, il se pencha pour déposer un baiser sur sa joue, et fit de même avec Eleanor. Il enjamba le banc pour rejoindre les autres, qui était tous déjà arrivé, et sortaient toute sorte de nourriture des sacs de courses posés dans un coin. 

Harry s'approcha sans bruit de Taylor, qui était de dos, et posa soudainement ses mains sur ses épaules. La jeune femme sursauta et laissa tomber les bouteilles de bières qu'elle avait dans la main. Heureusement, le sable n'était pas assez dur pour qu'elles se brises, et Taylor se retourna vers lui et lâcha : 

- Toi, t'es plus invité. 

Harry lui fit un clin d'œil et elle éclata de rire, le prenant dans ses bras. Harry enroula le sien autour de ses épaules, presque au même niveau que les siennes. Il ria intérieurement en pensant à sa première année de lycée, quand Taylor faisait presque deux tête de moins que lui. En l'espace de deux ans, elle avait dépassé tout le monde, et faisait à présent la même taille que Harry. 

Harry libéra Taylor pour se tourner vers Niall, qui l'accueillit aussi dans ses bras, lui tapant le dos. Une fois séparés, Harry mit le paquet de marshmallows devant les yeux de Niall, dont le regard s'illumina. Il attrapa le sachet, le leva en l'air et cria : 

- Liam, regarde ce qu'il a apporté ! Rajoutez le titre Saint devant son prénom, s'il vous plait !

Harry pouffa et laissa le blond s'éloigner, le paquet de bonbons entre ses mains. De toute façon, en l'emmenant, Harry savait qu'il n'allait pas le voir très longtemps. Le groupe avait remarqué sa présence, et s'approchait de lui, à présent. Sans le vouloir, il croisa le regard de Louis. Il lui adressa un signe de la tête, sans pour autant sourire, et le garçon le lui rendit, les joues légèrement rouges. 

Mais Harry détourna son attention de lui quand Liam s'approcha de lui pour lui tirer les cheveux et le prendre dans ses bras. 

- Qu'est-ce qu'à Jenna, du coup ? demanda-t-il alors qu'Harry partageait une accolade avec Zayn. 

- Officiellement ? Sûrement une grippe. Officieusement ? Pas envie de voir ta gueule.   

- Je voulais faire pareil mais Zayn m'a tiré hors du lit, rit Gigi quand ils s'assirent tous sur les bancs. 

Harry s'assit en dernier, après avoir pris une bière parmi celle qui se trouvaient au milieu de leur cercle, à côté du feu, entre Gigi et Liam, qui se poussa en râlant pour lui faire une place. 

- Tu l'as laissé faire parce que tu m'adores, répondit Liam d'un air angélique. 

Ils rirent tous et Louis sortit son briquet pour aider Niall à allumer le feu. D'un côté, Taylor et Zayn faisaient passer un paquet de chips et de l'autre, Gigi et Eleanor ouvraient d'autres bière. 

- Grippe, du coup ? reprit Eleanor. Comment elle va ? 

- Aussi bien qu'on puisse aller quand on a la grippe, répondit Harry en haussant les épaules. 

- Oui, bon hein, intervint Zayn. Il a pas inventé l'eau chaude, et encore moins fait médecine. A tout les coups elle a l'appendicite et il s'en est pas rendu compte. 

- Dit-il alors que je suis le seul à avoir fait des études ici. 

Zayn lui tira la langue et Harry lui fit un clin d'œil. A côté de lui, Gigi reçu un message et le montra à Harry. Il s'agissait d'un exemplaire du magazine de la semaine dont ils faisaient la couverture, et il l'envoya à Jenna, qui lui répondit avec des émojis avec des cœurs à la place des yeux. 

Soudain, Niall leva sa bière en l'air et commença : 

- Ceci est la première soirée sur la plage de Liam et Louis, alors trinquons à leur santé. 

- Sachant qu'il vont tout les deux finir bourrés, ajouta Zayn en riant. 

Ils levèrent tous leurs verres avant d'en boire une gorgé. S'en suit alors une discussion sur les précédentes soirées et ce qu'il s'était passé, pendant qu'Harry regardait à tour de rôle chaque personne assise autour du feu, et réalisait à quel point il était chanceux il était heureux de tous les avoir dans sa vie. 

Tout d'abord, il y avait Liam. Ce garçon qui avait été avec lui durant tout le long de sa scolarité. Lorsqu'Harry était parti pour Londres, leur relation n'avait pas été affectée le moins du monde, et c'est sûrement pour ça qu'Harry se disait que rien ne pourrait se glisser entre eux. Si leur amitié avait survécu aux embrouilles dans la cour de récré des maternelle, alors rien ne réussirait à les séparer. 

A côté d'Harry, Gigi avait enfilé une veste appartenant à Zayn et faisait tourner son verre de vin entre ses mains en riant avec Eleanor. Il avait du mal à croire qu'il ne la connaissait que depuis un an et demi. Il avait l'impression qu'ils se connaissaient depuis toujours. Il se souviendrait toujours du jour où il l'avait rencontré. Quand son regard avait croisé celui de la blonde, il avait tout de suite que c'était avec elle qu'il avait faire toutes les bêtises qu'il n'avait pas pu faire quand il était adolescent. Leur complicité s'était crée toute seule, sans qu'ils n'aient besoin d'intervenir. Comme s'ils n'avaient pas vraiment contrôlé cette habitude qu'était pouffer quand l'un trébuchait dans les couloirs de la maison de couture. 

En face d'elle, Zayn ne la quittait pas des yeux, un sourire accroché aux lèvres. Ce sourire qu'Harry aimait tellement voir. Zayn était son meilleur ami. Le premier. Harry savait que si tout le monde, lui resterait. Il a été là dans les beaux moments, les moments drôles ou euphoriques. Mais il avait aussi été là dans ceux qui étaient lourds, tristes et effrayants, comme Harry l'avait été aussi. Harry savait que, derrière son caractère bien trempé, Zayn avait le syndrome de l'imposteur. Il croyait que tout ça, tout ce qu'il lui arrivait, c'était par hasard. Mais Harry savait qu'il méritait le monde entier. Il méritait le succès qu'il avait, les nombreux fans qui lui demandaient des photos dans la rue. Il méritait ce regard que Gigi lui rendit avec un sourire. 

Eleanor était entre eux deux, et parlait avec Niall et Louis. Harry ne l'avait vu qu'une seule fois avant cette année. Une seule fois où il n'avait pas vraiment eu l'occasion de lui parler. Et même maintenant, il se rendit compte qu'il ne la connaissait pas vraiment. Mais il voulait avoir l'occasion de lui parler. L'occasion de devenir plus proche avec elle. Elle était la meilleure amie de Jenna, après tout. 

Niall éclata soudainement de rire. Et à cet instant, ce fut comme si le soleil était de retour sur la plage. Harry se souviendrait toujours de leurs retrouvailles, quand il était venu s'installer à New York, là où Niall habitait déjà depuis quelques mois. Cette étreinte, comme une promesse qu'il ne seraient plus séparés. Cela faisait du bien d'avoir Niall à proximité, lui qui avait toujours été loin de Harry. Niall avait cette habitude, Harry ne savait pas pourquoi, de sourire tellement que ses yeux pétillaient. Mais il savait écouter, aussi. Et il lui était tellement reconnaissant d'avoir été là dans les moments où Harry n'arrivait pas à parler. Ces soirées où Harry ne faisait que bafouiller, prononcer des phrases dénuée de sens, devant Niall qui écoutait chacune de ses paroles. Qu'il comprenait à chaque fois. 

Taylor était assise à côté de Liam et se chamaillait avec lui. Taylor représentait beaucoup de chose, mais principalement la première amie que Harry avait su se faire seul. Enfin, il avait eu un petit coup de pouce, certes, mais leurs complicités qui était née rapidement, c'était grâce à eux. Taylor était restée Taylor après tant d'année, et c'était toujours la première personne qu'Harry appelait pendant les jours de pluie pour passer prendre un café. Il y avait quelque chose qui se dégageait de cette fille, malgré ses sourires moqueurs. Quelque chose qui apaisait Harry comme personne n'arrivait à le faire. 

Il releva la tête et croisa son regard. 

Il se plongea quelques secondes dans l'océan qui, pourtant, était dans son dos. 

Le dernier à former cette ronde était Louis. Harry ne savait pas vraiment s'il aimait cette idée ou non. Il aimerait savoir s'il pensait que Louis était légitime de s'assoir ici avec ses amis, mais qui était-il pour en juger ? Personne. Ses amis, pour la plupart, acceptait qu'il soit là, alors il le devait aussi. Taylor ne lui avait jamais pardonné, mais Zayn l'avait fait. Parce que Louis était une bonne personne, au fond. Harry le savait. Harry l'avait toujours su. Même après ce qu'il s'était passé ce jour. 

Alors il lui sourit. 

Parce qu'il avait enfin trouvé une réponse à son combat intérieur qu'il livrait depuis une semaine. 

Il ne savait pas encore s'il était en colère, triste, lassé, fatigué, ou indifférent. Il savait juste qu'il était reconnaissant. 

Louis l'avait détruit, certes. Mais avant ça, il lui avait offert une des plus années de sa vie. 

Alors il lui sourit comme pour lui dire merci. 

Parce qu'en dépit de tout, Louis lui avait fait découvrir ce qu'était l'amour, le vrai. 


-


fool's gold, one direction


Il était près de minuit, à présent, et les carcasses de bières s'entassaient au pied du feu. Mais, appart Harry, tout le monde était venu accompagné avec, dans chaque voiture, un chauffeur désigné, qui ne buvait donc pas. Autant dire que Zayn n'était pas l'un d'entre eux, parce qu'il venait de se se pencher au dessus de l'eau pour mouiller ses cheveux et subitement relever la tête pour faire comme dans les films américains.  

Enfin, au moins, Harry avait pris des photos qu'il pourrait ressortir à son anniversaire. 

Maintenant que Zayn était revenu et que Gigi avait séché ses cheveux, hilare, Niall sortit sa guitare de son étui pour l'accorder alors que ses amis chantonnait son prénom en chœur. Dans son école d'art, Niall avait appris à jouer de la guitare grâce à son colocataire, et il se débrouillait divinement bien. C'est d'ailleurs lui qui jouait sur quelques chansons de Zayn, du moins sur les enregistrements. Il chantait, aussi, et il fallait dire que sa voix, aussi spécifique soit elle, était magnifique. 

Et, en plus, ayant été désigné comme chauffeur, il était totalement sobre, et avait l'esprit assez clair pour faire tinter les notes pendant des heures. 

Une fois sa tâche finie, il plaqua un accord sans pour autant le faire sonner, et releva la tête avec un sourire en coin : 

- Louis aussi sait jouer. 

- C'est vrai !? s'étonna Liam. Il faut que tu nous joues un truc, mon pote. 

- Louis est trop bourré pour ça, répondit l'intéressé. 

- Louis a juste la flemme. 

- Louis t'emmerde. 

Ils pouffèrent, même Harry, qui croisa le regard de Taylor qui, elle ne riait pas du tout. Il lui envoya un sourire mais elle détourna le regard. Peu importe, il n'avait pas envie de se prendre la tête. 

A la place, il se reconcentra sur Niall, qui avait commencé à jouer une chanson qui n'était du tout surprenante. 

C'était une chanson qu'ils avaient entendu quand ils étaient au bar, Niall, Liam, Zayn et lui, et Niall l'avait tout de suite adoré. Il se trouve que c'était une chanson d'un groupe anglais très peu connu, et Niall avait passé les jours suivants dans son appartement à écouter et réécouter la chanson pour trouver les bons accords et la rythmique ainsi que comment placer sa voix. 

Maintenant, il la jouait tellement souvent que tout le monde connaissait les paroles. Mais personne ne chantait, appart pendant le refrain, afin d'entre la voix de Niall, qui entonnait déjà : 

- I'm like a crow on a wire. You're the shinning distraction that makes me fly. Oh, home. 

En souriant, Harry passa un bras autour des épaules de Liam, qui passa le sien autour de celles de Taylor. Tout ensemble, ils se balancèrent ainsi sur le rythme lent de la musique, bras dessus, bras dessous. Une légère brise vint caresser le visage de Harry et il respira un grand coup. 

C'était exactement l'endroit où il voulait être à cet instant-ci. 

Et quand le refrain arriva, il entonna avec les autres : 


And yes, I let you use me from the day that we first met

Et oui, je t'ai laissé m'utiliser depuis le jour où nous nous sommes rencontrés

But I'm not done yet

Mais je n'ai pas encore fini

Falling for you

De tomber pour toi

Fool's gold

Désillusion


Tout en se balançant aux côtés de Liam et Gigi, Harry croisa le regard de Louis en face de lui. Et il ne put le lâcher, comme si une force l'invisible l'en empêchait. Alors qu'il continua à le regarder, chantonnant les paroles qui le frappèrent pour la première fois.


And I knew that you turned it on for everyone you've met

Et je savais que tu le faisais avec tout ceux que tu rencontrais

But I don't regret

Mais je ne regrette pas

Falling for your fool's gold

De tomber pour ta désillusion 


Tout le monde applaudit lorsque la chanson fut terminée, mais Harry n'arrivait toujours pas à se défaire du regard de Louis. Il déglutit, respirant profondément, en se rendant compte de ce qu'il venait de dire, les yeux plantés dans ceux de Louis. 

Avant de réaliser que pendant les deux dernière lignes, il était sincère. 


-

never say never, the fray


- C'est pas que je ne vous aime pas, mais je suis crevé, bailla Zayn. 

- Pareil, annonça Liam en s'étirant. On y va ? 

Zayn et Taylor, qui étaient dans sa voiture, acquiescèrent et se levèrent pour saluer tout le monde. Il était près de deux heures du matin à présent, et ils avaient quasiment tout remballé. Les paupières de Harry se fermaient toutes seules et lui non plus, il n'allait pas tarder. De toute façon, tout le monde était en train de partir, puisque Gigi était en train de ramasser leurs affaires, à elle et Zayn, tandis que Taylor était déjà à la voiture, adressant un signe de la main à Harry, qui le lui rendit. 

Il se leva à son tour, aida Niall et Liam a remballer les bancs et à les mettre dans la voiture du blond, et ils adressèrent un signe de la main quand la voiture de Zayn quitta le parking, Gigi au volant, Zayn endormi contre la fenêtre pendant que Taylor le prenait en photo. 

Tous dans le parking, ils furent rapidement rejoint par Louis, qui avait l'air épuisé. Harry fronça les sourcils. Ses pupilles étaient dilatées, et il était presque certain de l'avoir vu boire quelques bière de trop. 

- Tu es venu tout seul ? demanda Niall, qui s'était sûrement fait la même réflexion que Harry.

- Ouais, répondit Louis dont les joues étaient rougies par l'alcool. 

Niall échangea un regard avec Harry et se tourna vers sa voiture. Liam remarqua son coup d'œil et se tourna lui aussi avant d'annoncer :  

- Les bancs occupent toute la place qu'il restait. 

Harry soupira, et passa sa main dans ses cheveux. Niall n'eut même pas le temps de se retourner qu'il lâcha : 

- C'est bon, je le ramène. 

Niall, Liam et Eleanor tournèrent brusquement la tête vers lui. Il ne put voir l'expression de Louis, qui était derrière lui, mais imaginait sans mal qu'il était aussi surpris que les autres. 

Mais il ne pouvait pas le laisser là. Louis n'était clairement pas en état de conduire, et Harry avait toutes les places de libres dans sa voiture. 

- Tu es sûr ? demanda Liam en fronçant les sourcils. 

- C'est bon, répondit-il en haussant les épaules. Il n'est pas en état de conduire. Je le pose chez lui, et il appellera un taxi demain pour venir chercher sa voiture. 

- J'aime pas le taxi, grommela Louis dans son dos. 

Et si Liam, Niall et Eleanor n'avaient pas été là, il aurait probablement sourit. Parce que prendre le taxi, c'est prendre des risque de se faire kidnapper, Hazza. T'es taré, autant marcher, je veux pas monter dans la voiture d'un inconnu. 

Harry secoua la tête et sourit à ses amis, hochant la tête, et ils saluèrent Louis avant de grimper dans la voiture de Niall. Harry prit une grande inspiration et se tourna vers Louis, qui regardait à présent le sol, jouant avec les cailloux avec ses pieds. 

- Allez, en voiture, lâcha Harry en passant devant lui. 

Il ouvrit la voiture et grimpa du côté conducteur tandis que Louis s'asseyait à côté de lui. Harry mit le contact et une chanson de The Fray emplit soudain l'habitacle. Il vit Louis sourire en coin en regardant l'autoradio. Il se souvenait que Louis appréciait ce groupe. Peut-être que c'était même pour ça qu'Harry avait commencé à l'écouter. 

Il n'en savait trop rien. 

Il s'en fichait. 

Enfin, non, mais il y penserait plus tard. 


You can never say never

While we don't know when

But time and time again

Younger now than we were before 


- Qu'est-ce tu fais ? demanda Harry les sourcils froncés. 

A côté de lui, Louis s'était recroquevillé sur le côté et avait enroulé un bras autour du siège, les fermés. 

- J'aime la voiture. Laisse-moi tranquille, regarde la route, ça serait con de mourir. 

Harry se détestait, à cet instant-ci. 

Parce qu'un sourire amusé venait de naître sur ses lèvres. 

Et il n'aurait sûrement pas dû proposer à Niall de ramener Louis, il le savait. A la place, il aurait dû dire qu'il s'occupait des bancs, laissant ainsi le blond s'occuper de son meilleur ami. Cette idée ne le frappait que maintenant. Il tourna la tête vers Louis, qui n'avait pas bougé. 

Même s'il y avait pensé plus tôt, il ne l'aurait pas fait. 

Il n'aurait pas laissé Louis aller avec Niall. 

Pour une raison qui lui était inconnue. 

Comme cette force qui le poussait à se rapprocher de Louis sans qu'il ne le veuille. 

- Ok, là tu me fais vraiment flipper, lâcha Harry alors qu'il s'arrêtait devant un feu rouge. 

- J'ai dit laisse-moi tranquille, répliqua Louis avec un léger sourire. La dernière fois que tu es venu me chercher quand j'étais bourré, t'avais pas de bagnole, et on a dû marcher. J'ai encore mal aux jambes. 

Harry se crispa alors qu'il redémarra. Il se souvenait parfaitement de cette soirée. Louis et lui s'était disputés, alors que le garçon passait quelques jours avec lui à Redditch. Enervé, il était parti et Liam l'avait appelé quelques heures plus tard. 

Je ne sais pas depuis quand ton avis est si important pour moi, et je n'aime pas vraiment ça. 

C'est ce que Louis lui avait murmuré, avant de s'endormir, ce soir-là. Harry ne savait pas pourquoi cette phrase était aussi claire dans son esprit. Pourquoi cette journée était aussi claire dans son esprit, comme si c'était hier, alors que c'était il y a quatre ans. 

Cette journée, où il s'était avoué qu'il était amoureux de Louis, quand il avait posé sa main là, sur son torse, et que les papillons s'étaient échappés pour la première fois. 

- Désolé, fit Louis, qui avait dû se rendre compte de son erreur. 

Il s'était redressé, maintenant, et était redevenu sérieux. Quand Harry redémarra, il sortit son téléphone de sa poche pour le tendre à Louis. 

- Rendre ton adresse là-dedans, que je te repose chez toi. 

Le brun attendit quelques secondes avant de prendre délicatement l'appareil des mains de Harry. Il tapa son adresse et le lui rendit, le GPS les dirigeant donc directement chez lui. Harry le reprit, releva la tête et lui sourit légèrement avant de le poser sur le tableau de bord. 

- On était à Corney Island, c'est ça ? demanda Louis, brisant le silence pesant qui s'était installé. 

- Mmh. Pourquoi ? 

- Pour que je regarde la route pour retourner à ma voiture, demain. 

Harry soupira en tapotant sur le volant. Il secoua la tête, ravalant un sourire. Louis était incorrigible. 

- Non, je ne prendrais pas le taxi, anticipa Louis. Ma maman m'a toujours dit de ne pas monter dans la voiture d'un inconnu. 

- Dans ce cas tu aurais dû monter avec Niall, répondit Harry en haussant les épaules. 

- Tu n'es pas un inconnu, Harry. 

Harry tourna la tête vers lui pour se plonger dans son regard. Pour voir que Louis était sincère. Il ne connaissait pas ses motivations. Il ne savait pas pourquoi Louis était à New York. Sûrement pour retrouver ses amis, après tout. Mais une petite voix au fond de lui lui soufflait qu'il était revenu pour lui. Parce que, depuis qu'il était là, il n'arrêtait pas de chercher des interactions avec Harry. Il avait arrêté depuis quelques temps, et, depuis, Harry avait remarqué un changement. Il paraissait plus lasse, moins enjoué. 

Pas qu'il ne l'observait. 

C'est plutôt ses yeux qui tombaient toujours sur lui, même dans une salle remplie de dizaines de personnes. 

Il brisa le contact pour reporter son attention sur la route et il fut heureux qu'il soit en train de conduire à cet instant. Il n'aurait jamais pu s'échapper du regard de Louis, sinon. 

- Sympa, le quartier, ne put s'empêcher de dire Harry pour briser le silence. 

- Mouais. Je l'ai pas vraiment choisi, c'est Niall qui s'est occupé de me trouver un appartement. C'était plus simple, vu qu'il était sur place. Et, en plus, avant que j'arrive, il avait posé des toiles qu'il avait fait de partout. Même dans la baignoire. 

- Il m'offre des peintures à tout mes anniversaires, confia Harry. 

L'ambiance était devenue plus légère et Harry se surprit à trouver ce voyage agréable. A côté de lui, Louis pouffait, alors Harry continua, sans vraiment y penser : 

- L'année dernière, il m'a offert un portrait. De lui. Je l'ai mis dans les toilettes. 

Louis tourna la tête vers lui, les sourcils haussé, et Harry rit, ses épaules se secouant légèrement. 

- Si, si. J'ai un portrait de Niall Horan dans mes toilettes. 

- Et tu l'adores, en plus. 

Il tourna la tête vers Louis, qui le regardait avec un sourire en coin. Harry reconnaissait cette étincelle au fond de ses yeux. Celle qui brillait alors qu'il le taquinait. Mais il touchait toujours juste. Il le taquinait, mais il avait toujours raison. Ça n'avait pas changé. 

- Elle est bien faite, avoua Harry. Mais ne lui dis pas, hein. Il va prendre la grosse tête. 

- Il l'a déjà, ne t'en fait pas, pouffa Louis. 

Harry sourit et, cette fois, le silence qui retomba sur eux était plus apaisant. La musique s'échappait toujours de l'autoradio, et Harry tapotait sur le volant au rythme de la musique, qu'il connaissait par cœur, après le temps. 


We're growing apart, but we pull it together 

Pull it together, together again


Harry tourna dans la rue de Louis, et s'arrêta devant le bâtiment que le brun lui désigna. Il le regarda quelques secondes. C'était un simple petit immeuble, de deux ou trois étages, pas plus, située dans une petite rue de New York. Louis aurait pu s'en payer un immense, avec vue sur l'Empire State Building. Mais ça, c'était plus Louis. Il remarqua des pots de fleurs sur un des balcon et il fut prêt à parier que c'était celui de Louis. 

- Bon, et bien merci de m'avoir ramené, lâcha soudainement Louis sans bouger. 

- C'est normal. 

Mais Louis ne bougeait toujours pas. Au lieu de ça, il tourna la tête vers Harry et prit une grande inspiration. 

- Harry, je voulais m'excuser pour ce que je t'ai dit, ce jour-là. J'étais en colère et - 

- Louis. 

Harry l'interrompit simplement en prononçant son prénom et Louis se stoppa d'un coup, presque sous la surprise. C'était la première fois que Harry prononçait son prénom depuis qu'il était arrivé à New York. La dernière fois qu'il l'avait fait, c'était il y a trois ans, dans sa chambre de lycéen. 

- C'est deux heures du mat', et je ne suis clairement pas prêt avoir cette discussion. 

Louis le regarda, ouvrit la bouche, puis la referma, et finit par hocher la tête. Harry lui fit un sourire crispé, et Louis demanda : 

- Est-ce que je peux quand même me dire que je suis désolé ? 

- Oui. 

- Est-ce que tu me crois ? 

- J'en sais rien, répondit Harry en haussant les épaules. 

Louis hocha la tête encore une fois et se détacha. Harry ne put voir ses yeux, mais, en même temps, il ne voulait pas. Il aurait vu tout ce que Louis ressentait à ce moment-là et il était déjà remplis de questions, de confusions et de sentiments lui-même pour s'encombrer de ceux de Louis. 

- Encore merci de m'avoir ramené. Prends soin de Jenna. Je sais que tu n'as pas fait médecine, mais si c'est la grippe, elle doit être mal. 

Harry pouffa doucement et hocha la tête, comme un idiot. Louis lui sourit et sortit de la voiture. Une fois sur le trottoir, il leva la tête vers son immeuble pour laisser son regard se poser sur le balcon plein de fleurs. Harry ne s'était pas trompé. De dos, il observa la veste en jean que portait Louis et fronça les sourcils en voyant, au niveau de son épaule, deux fleurs brodées au fil noir. 

Une marguerite et un tournesol. 

Les fleurs préférées de Harry. 

Finalement, Louis se retourna et, au lieu de fermer la portière, il posa sa main dessus et se pencha pour pouvoir regarder Harry. 

- Qu'est-ce que tu as fait, si tu n'as pas fait médecine ? 

Et c'était une erreur, Harry le savait. De laisser Louis entrer comme ça. De lui livrer la partie de sa vie qu'il avait loupé, parce qu'il l'avait quitté, sa vie. Mais c'était plus fort que lui, et il répondit. 

- Littérature. Pendant deux ans. 

Louis sourit légèrement, et Harry fit de même. Il se souvenait encore quand Louis lui avait dit qu'il lirait tout ses livres pour qu'ils en parlent tout les deux. Maintenant, ses livres préférés n'étaient plus les mêmes, et il n'en n'avait parlé à personne. 

Louis ferma finalement la portière et Harry le suivit jusqu'à ce qu'il entre dans son immeuble. Depuis l'autoradio, radio, une nouvelle chanson s'était lancé. 


Step one , you say 'we need to talk'

He walks, you say 'sit down, it's juste a talk'

Harry resta là, les mains sur le volant, les fixés sur l'autoradio. Ses mains trembleraient s'il ne serrait pas si fort le volant. Sa respiration se fit plus lourde et il se rendit compte d'où il était. 

Devant chez Louis Tomlinson. 

Qui l'avait rayé de sa vie des années auparavant. 

Il avait échoué. Il avait quand même vu ses yeux. Et toutes la tristesse qui se cachait à l'intérieur. 

Cette tristesse qu'il n'avait pas le jour où il l'avait quitté. 

Cette tristesse qu'Harry n'aurait pas dû voir, parce qu'à cet instant, il aurait dû être dans son lit, où en train de retourner l'appartement pour trouver le comprimé de Doliprane que Jenna lui aurait demandé. 


Where did I go wrong ? 

I lost a friend

Somewhere along in the bitterness

And I would have stayed up with you all night


Harry éteignit rageusement l'autoradio et démarra. Il fallait qu'il parte d'ici. 










we can never say never, while we don't know when

qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? j'ai beaucoup aimé l'écrire, personnellement. première vraie discussion entre Harry et Louis, un peu nostalgique, certes, mais je l'aime beaucoup. j'ai hâte que vous découvriez la suite !  

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