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[ Londres, 2010 ]
missing you, the vamps
Cela faisait à peine deux heures que les cours avaient commencé, et Louis tournait déjà en rond dans sa chambre. Sur le tourne-disque au fond de la pièce, il avait lancé un vinyle de l'EP de Missing You, de The Vamps, qui tournait sans vraiment qu'il ne l'écoute. Il serrait son téléphone dans sa main tout en jetant un coup d'œil à ses notifications pour voir si un de ses amis ne lui avait pas envoyé un message.
Mais rien.
Louis était rentré depuis presque deux semaines, maintenant. Deux semaines depuis ce mail qu'il avait reçu, cette valise qu'il avait faite et ce train qu'il avait pris pour rentrer à Londres.
Deux semaine que cette école lui manquait horriblement. Deux semaines qu'il ne savait pas quoi faire de ses journées.
Avant, tout était rythmé, tout était parfait. Il allait en cours, puis il faisait ses devoirs en compagnie de Zayn, Taylor et Harry et ils finissaient souvent devant un film qu'ils suivaient à peine, leur conversation couvrant les dialogues. Maintenant, ce n'était plus pareil. Tout le monde allait en cours et, même s'ils faisaient de leur mieux pour lui envoyer des messages, passer le voir entre les cours et manger avec lui, il n'avait jamais autant eu l'impression d'être dans une cage de sa vie.
Pourtant, en apparence, tout était pareil. Tout était pareil et tout était aussi parfait qu'avant.
Parce que quand il regardait autour de lui, Louis ne voyait que cette chambre minuscule plus en bazar que jamais. Avec ses pulls qui séchaient sur le dossier des chaises, la panière de linge sale qui attendait devant la porte pour qu'Harry et lui aillent la porter à la laverie pendant le week-end, et les livres de cours de Harry éparpillés un peu partout sur le sol. De l'autre côté du mur, Zayn était toujours partant pour faire le fête et Taylor, quelques portes plus loin, était toujours partante pour discussion sur les nouveaux films qui venaient de sortir au cinéma autour d'une tasse de chocolat chaud. Et de l'autre côté du téléphone, Niall riait encore, Stan et Eleanor lui racontaient des blagues et ses parents préparaient sans cesse des surprises pour ses sœurs, qui réussissaient toutes à l'école. Puis Harry, qui était toujours là. Pour tout.
Au final, le seul détail qui n'allait pas dans ce décor, c'était lui.
Mais il savait ce qui clochait. Tout le monde semblait le savoir aussi, bien qu'il n'ait jamais rien dit à ce propos.
Louis avait dix-huit ans, et allait en avoir dix-neuf dans deux mois. Et il ne savait pas quoi faire.
En fait si, il voulait danser. Mais c'était comme si la danse, elle, ne voulait pas lui.
Il ne s'était pas rendu au studio depuis qu'il avait été renvoyé de l'école de danse. Peut-être par honte, par peur, ou par colère. Il était tellement en colère d'avoir échoué. En colère contre son professeur, pour lui avoir fait croire qu'il y arriverait. En colère contre Delatre, qui lui aussi, lui a fait croire qu'il était assez bon pour vivre ce rêve.
En colère contre lui, pour ne pas danser assez bien.
Et maintenant, sa vie était vide. Littéralement. Alors il la remplissait comme il pouvait, avec ses amis, les appels de sa famille et les films qu'il regardait sur son ordinateur toute la journée. Avec le boulot de serveur qu'il avait décroché, qui lui rapportait un peu d'argent tout en l'occupant.
Il commençait à se demander s'il dansait pour que quelque chose vibre à l'intérieur de lui. Cette chose qui nous fait nous lever chaque matin. Cette chose pour laquelle on vit, on mange, on respire. Pour qui on se bat. Il n'avait jamais connu quelque chose de pire que ne pas être assez doué pour la chose pour laquelle il vibrait.
Alors voilà deux semaine qu'il cherchait. Qu'il cherchait à faire de sa vie un trou noir un peu moi grand. Il était sorti des centaines de fois pour marcher dans les rues de Londres, afin de penser. Il était monté trois fois dans le London Eye, avait fait le tour des librairies, des fleuristes, des bibliothèques et des marchants de disques. Tout ces endroits dans lesquels il aimait aller. Tout ces endroits qui avaient une âme, qui l'aidaient à réfléchir.
Il n'avait rien trouvé. Alors il se contentait de ce qu'il avait déjà.
Il se contentait de sa poitrine qui se réchauffait quand Zayn, Harry, Taylor et lui se retrouvaient sur l'une de leurs trois chambres pour parler de tout et de rien. Quand ils allaient manger une pizzas, quand ils rentraient en courant sous la pluie ou encore quand il se mettait en quête de réveiller Zayn.
Il se contentait de ces moments cachés quand Harry enroulait ses bras autour de sa taille alors qu'il fumait à la fenêtre durant la nuit. Ces week-ends où ils ne faisaient rien d'autre que s'embrasser dans leur lit, pendant tellement longtemps que Zayn venait souvent les chercher pour qu'ils sortent. Et tout ces instants tellement fragiles et solides à la fois, quand ils se regardaient en souriant, lisant dans les yeux de l'autre tout ce qu'il voulait entendre.
Louis était effrayé.
Parce que là, en marchant en rond dans cette chambre, il se rendit compte qu'il ne voulait pas forcément danser.
Il voulait juste vibrer.
Il voulait vivre tellement fort, tellement vite. Il voulait partir, prendre sa valise avec seulement quelques pulls et faire le tour du monde. Rencontrer des gens, vivre avec eux, découvrir leur culture et leur pays. Il voulait chercher de partout, sous chaque rocher, sous chaque feuille, chaque coquillage quelque chose de nouveau pour vibrer.
Pour vivre.
Mais il voulait rester là. Là, chez lui. Là, dans cette chambre. Avec Harry. Avec ses amis qui seraient toujours partant pour tout.
Voilà pourquoi il avait peur. Parce qu'il voulait deux choses à la fois. Deux choses qui n'étaient pas compatibles.
Louis voulait Londres, Harry, Zayn, Taylor, Niall, Stan, Eleanor, ces soirées films et ces week-ends dans la chambre.
Mais il voulait aussi combler ce vide dans la poitrine, grâce à la notification qui venait de s'afficher sur son téléphone.
-
how to save a life, the fray
- Du café, s'il vous plait du café ! s'écria Zayn en entrant dans la chambre.
Louis, qui était assis par terre, contre le mur sous la fenêtre, releva le nez de son livre dans lequel il était plongé depuis le début d'après-midi. Il n'avait pas fait attention à l'heure mais, quand il leva les yeux vers les aiguilles de la pendule, il vit qu'il était déjà seize heures trente.
Devant lui, Zayn venait de tomber à genoux au sol et fit tomber son sac au sol en faisant semblant de s'évanouir. Derrière lui, Taylor et Harry pouffèrent. La fille salua Louis, qui se releva, et partit en direction de la salle de bain, tandis qu'Harry enjambait son meilleur ami à présent allongé au sol pour s'approcher de Louis et l'embrasser.
Voilà la sensation dont parlait Louis. Celle qu'il voulait ressentir. Ce douce chaleur qui lui retourna le ventre quand Harry caressa ses lèvres avec les siennes, juste avant de lui brûler les tripes à l'instant où il glissa la main dans la nuque du bouclé pour le rapprocher de lui pour que leurs langues s'entrechoquent. Ce frisson qu'il sentit sur sa peau quand Harry caressait du bout des doigts ses avant bras en souriant contre sa bouche. Sa tête qui tournait quand le garçon vint poser sa main sur sa joue pour lui embrasser le nez et se reculer, les yeux brillants et les lèvres rougis.
Il ne voulait plus jamais vivre dans un monde où Harry n'était plus amoureux de lui.
Parce qu'il savait que lui, dans n'importe quel monde, il serait amoureux de Harry.
- Ça va ? lui demanda Harry en frottant leurs nez ensemble.
Louis sourit et répondit :
- Mieux de Zayn, apparemment.
Harry tourna la tête vers Zayn, la main toujours sur la joue de Louis, et pouffa en expliquant :
- Il a eu un 10 en maths. Il n'a parlé que de ça depuis qu'on s'est retrouvé à la fin des cours. C'était il y a quatre minutes. Je connais déjà son sujet par cœur et les erreurs qu'il a fait.
Louis pouffa à son tour et tourna la tête pour venir embrasser les doigts de Harry, qui sourit sans le quitter des yeux. Et tout aurait été tellement parfait si, au moment où Louis faisait un pas en avant tout en posant sa main sur la hanche de Harry, Zayn n'avait pas commenté :
- Vous pouvez faire ça quand on est pas là ? Et quand j'aurais eu mon café ?
- Bordel, tu viens là tout les jours tu ne sais toujours pas où est le café ? répliqua Louis en tournant la tête.
Zayn se releva en position assise et lança un sourire angélique à Louis, qui soupira en essayant de retenir son sourire amusé. Il déposa un dernier baiser sur le front de Harry, qui rougit légèrement, et se dirigea vers la cuisine pour faire un café à Zayn. Taylor ressortit de la salle de bain et, une fois Zayn en possession de son café, ils s'assirent tous sur le sol pour se raconter leur journée.
Louis aimait beaucoup le vendredi. Parce que le vendredi, ses amis ne faisaient pas leurs devoirs, alors il pouvait les avoir pour lui un peu plus longtemps.
Parce que là, son dos adossé contre l'échelle du lit, son bras entourant les épaules de Harry et son pouce caressant la paume de sa main, qu'Harry avait noué à la sienne, il allait bien. Plus rien n'était grave, parce que maintenant aussi, il vibrait. Parce que Taylor venait de mettre un coup de poing dans l'épaule de Zayn qui venait de raconter comme il l'avait fait tomber dans les couloirs quand ils s'étaient croisés, pendant un intercours, et qu'Harry riait alors que Taylor lui montrait son majeur.
- Tu n'as pas répondu à ma question ? lui souffla Harry, le sortant ainsi de ses pensées.
Louis cligna et tourna la tête vers lui. A côté d'eux, Taylor montrait des photos de son chat à Zayn, qui poussait de petits cris aiguës. Harry, lui, regardait intensément Louis, les sourcils légèrement froncés.
Il était inquiet.
Il était inquiet alors que Louis n'avait rien dit, n'avait rien montré.
Il était inquiet alors que les autres ne l'étaient pas.
Il était inquiet et Louis tomba un peu plus amoureux de lui à cet instant-ci.
Parce qu'il voyait des choses que personne d'autre ne voyait.
Parce qu'il voulait voir des choses que personne d'autre ne voyait.
- Est-ce qu'on peut parler ? murmura-t-il alors comme réponse.
Il vit le pli entre les sourcils de Harry se faire plus grand et il l'embrassa, pour faire comprendre au garçon que rien n'était grave.
Alors que plus tôt, Louis pensait que tout était grave.
Mais maintenant qu'Harry souriait et prenait sa main pour se lever, plus rien ne l'était.
- On revient, annonça Harry en enfilant son manteau.
- Démerdez-vous pour manger, ajouta Louis, nous, on n'a plus rien.
- Tu l'invites au restau et pas nous ? comprit Zayn. Pourquoi !?
- Il fallait m'embrasser avant lui si tu voulais des restaus gratuits, répondit Louis et haussant les épaules.
Harry rit et ouvrit la porte pour tirer Louis hors de la chambre, qui riait aussi. Main dans la main, ils sortirent du bâtiment et tournèrent dans une rue qu'ils ne connaissaient pas, donnant des coups de pieds dans les feuilles mortes qui parsemaient le trottoir.
Octobre touchait à sa fin et Novembre commencerait dans quelques jours. Harry était aux anges, Louis le voyait à sa façon de sourire en regardant les arbres devenus tellement colorés qu'on aurait pu croire qu'ils brûlaient. Alors Louis l'entraina au milieu de la chaussée, où aucune voiture ne passait, et continua de marcher tout en faisant tourner Harry sur lui même alors que ses éclats de rire emplissaient la rue étroite.
Quand il avait rencontré Harry, il croyait l'avoir cerné en quelques minutes à peine. Ce garçon enfantin qui devait sûrement aimer l'été, ses nombreux amis et l'école. Il n'était pas allé plus loin. Et, pourtant, dès le premier instant où il avait vu son visage, où il avait dressé ce portrait dans sa tête, il s'était demandé ce qu'il découvrirait, s'il allait plus loin.
Et il n'avait jamais été aussi heureux de découvrir qu'il avait tort.
Parce que maintenant, il savait. Il savait qu'Harry n'avait pas beaucoup d'amis, mais qu'il faisait bien plus que les aimer. Il savait qu'il n'aimait pas l'école, mais qu'il faisait tout son possible pour y arriver. Il savait qu'Harry faisait tout pour rester enfantin, oui, parce qu'il ne l'était pas. Parce que des centaines de pensées le traversait à la fois, et presque autant de doutes.
Maintenant, il savait qu'Harry aimait l'automne. Alors que Louis avait toujours pensé qu'il tomberait amoureux de quelqu'un qui aimait l'été, comme lui, avec qui il pourrait faire le tour de plages d'un pays choisi au hasard sur la carte.
Il espérait qu'Harry ne sache pas que tout ça, Louis s'en foutait. Qu'il ferait tout ce que Harry voulait, même si c'était horriblement long et épuisant. Il pourrait gravir des montagnes à ses côtés, même s'il détestait marcher, seulement pour voir son sourire une fois arrivés.
Alors, au milieu de cette rue, il vint embrasser Harry, qui posa presque par automatisme sa main sur sa hanche. Quand Louis se percha sur la pointe des pieds et qu'Harry étouffa un petit rire contre ses lèvres, il se trouva égoïste, sûrement pour la première fois de sa vie.
Mais il espérait que personne n'avais jamais eu la chance de connaître Harry comme lui le connaissait.
- Qu'est-ce que tu voulais me dire ? souffla Harry contre les lèvres, les yeux toujours fermés, comme pour apprécier les dernières secondes de ce moment.
- Je te le dirai mais, dans un déco sympa, pas dans une rue lugubre où des enfants se sont sûrement fait kidnapper.
Harry leva les yeux au ciel et soupira, et Louis lui lança un grand sourire avant d'attraper sa main. Harry se mit alors à courir en riant, volant un baiser à Louis quand il passa devant lui, et Louis le suivit. Il ne lui demanda même pas où il comptait aller.
Il le suivrait partout, de toute façon.
Curieusement, il n'avait pas peur de parler à Harry de cette idée qu'il avait eu, de cette notification qu'il avait reçu dans la matinée. Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus peur de parler à Harry, parce qu'il avait comprit, à présent.
Harry ne partirait pas.
Et cette simple pensée fit trembler ses mains.
Non, Harry ne partirait pas. Parce qu'il l'aimait.
Louis ne savait plus comment c'était arrivé, mais c'était arrivé.
Il avait juste peur du reste. D'échouer encore une fois. D'avoir mal. D'être séparé pendant trop longtemps de ses amis. De ne pas dormir. D'avoir la claire image de Harry dans sa tête sans pouvoir l'enlacer et l'embrasser.
Harry s'arrêta devant le fleuriste chez qui ils avaient l'habitude d'aller, et Louis sourit quand ils entrèrent. Son sourire s'agrandit quand il vit Harry payer un bouquet puis ensuite glisser une fleur dans ses cheveux en regardant Louis.
Ça aussi, ça faisait parti des petites choses qui les définissaient.
C'était le meilleur décor. C'était eux.
Ils finirent par s'asseoir sur un banc au bord de la Tamise quelques minutes plus tard. Les fleurs dans les cheveux de Harry tombaient sur l'épaule de Louis, sur laquelle le garçon avait posé sa tête. A présent, tout était calme, seul les rires des enfants qui se couraient après résonnaient sur les pavés du quai. Louis caressait distraitement la cuisse de Harry alors le soleil avait presque disparu dans le ciel.
Il aimait ces moments-là.
Quand Harry savait que Louis avait besoin de parler, mais ne disait rien. Il entendait simplement que le garçon soit près. Et Louis savait qu'il attendrait pendant une éternité.
Mais Louis ne pouvait pas attendre aussi longtemps.
Alors il prit une grande respiration et Harry du comprendre tout de suite, parce qu'il releva la tête pour s'adosser au dossier du banc et regarda Louis, qui lui sourit :
- Ça va. Je ne t'ai pas encore répondu, alors ça va.
Harry lui sourit faiblement en retour, caressant ses doigts avec le côté de son pouce, mais Louis reprit :
- Ça va quand je suis avec toi. Avec Zayn, Taylor. Quand j'appelle Niall et mes parents, ou encore Stan et Eleanor. Sinon, c'est un petit peu plus compliqué, finit-il par dire d'une petite voix.
Les yeux fixés sur les pavés blancs sous ses pieds, il savait qu'Harry le regardait avec les sourcils froncés, sans vraiment pouvoir contrôler ce tic. Mais Louis se souvint qu'il avait besoin qu'Harry le réconforte et pour ça, Harry ne devait pas avoir peur. Alors il releva le regard pour croiser ses yeux brillants et lui sourit, ce qui atténua un peu le pli entre les sourcils du garçon.
- J'adore Londres, vraiment. J'adore mes amis, notre chambre, les soirées comme celle-ci où on sort sans vraiment savoir où, mais tant qu'on est tout les deux, on s'en fout. Et je t'aime toi, surtout. C'est pour ça que tout ça est si difficile.
Harry lui sourit. Et Louis lui rendit son sourire, car il savait exactement ce qu'Harry avait retenu dans cette phrase, même s'il avait entendu le reste.
- Mais je tourne en rond, depuis deux semaines. Littéralement. Je me suis baladé dans Londres, dans notre chambre, dans ma tête, mais je n'ai rien trouvé quelque chose qui me fasse vibrer. Parce que j'ai dix-neuf ans et que merde, j'ai passé ma vie à me contenter de ce que j'avais, mais je veux plus. Je veux quelque chose qui me réveillerait le matin tellement je suis impatient, quelque chose pour laquelle je veillerais tard le soir pour ne pas la quitter trop longtemps. Je suis tellement désolé, Harry, si tu savais. Parce que dans tout les livres que j'ai lu, cette chose, c'est toujours la personne dont on est amoureux, mais...
- Mais ce n'est pas suffisant dans la vraie vie, souffla Harry. Je comprends.
Louis lui sourit et Harry se mordit la lèvre, l'encourageant du regard à continuer.
- J'ai envie de voyager, de découvrir des choses et, la semaine dernière, en allant sur Internet, j'ai vu un truc, et je crois que ça pourrait vraiment me plaire.
Louis prit une grande inspiration. Lui qui croyait qu'il n'avait pas peur, il s'était trompé. Il était terrorisé. Pourtant, quand il croisa le regard brillant de Harry, il se souvint pourquoi il pensait ne pas avoir peur, justement.
Parce qu'il était là.
Alors il lâcha sa bombe.
- Ils organisent des auditions pour un rôle dans une série. Le rôle principal. Je n'ai jamais fait du théâtre ou quoi que ça soit, mais j'ai bien envie d'essayer. Parce que si je n'essaye pas, je ne saurais jamais quoi faire.
Harry le fixa quelques secondes, serrant les doigts de Louis, avant de demander :
- Est-ce que c'est un remake de Grease ? Parce que si ça l'est, c'est non, Lou. Tu es déjà bien trop obsédé par ça.
Louis éclata de rire. Harry avait ce don, il ne savait pas comment, de rendre tout plus facile. Plus facile, plus léger, et plus drôle. Et pourtant, Louis n'en était pas encore arrivé à la partie délicate, mais il pensait déjà à la blague qu'Harry allait faire.
Dans son éclat de rire, Louis repensa à sa réflexion de tout à l'heure. Du portrait de Harry qu'il avait dressé dans sa tête. Puis il repensa à ce jour, le premier jour, quand Zayn et Harry étaient venu voir un film avec Niall et lui, et que Niall avait fait une remarque comme quoi Louis adorait Grease. Louis l'aurait baffé. Niall avait compris, bien avant lui, d'ailleurs, qu'Harry lui plaisait, et Louis voulait se cacher tellement il était honteux. Parce qu'il était persuadé qu'Harry allait se moquer de lui.
Avant de découvrir qu'Harry adorait ce film aussi.
- Par contre, j'ai une mauvaise nouvelle, continua Louis.
- Dis-moi.
- Si je suis pris, le tournage est à Minneapolis.
Harry ouvrit grand les yeux. Cette fois, il ne fit pas de blague, mais Louis pouvait voir les étoiles dans ses yeux.
Minneapolis faisait rêver, bien sûr. Mais Louis pensait qu'Harry s'inquiéterait de la distance, comme il l'avait fait quand Louis avait quitté Londres pour se rendre à Manchester.
- C'est trop bien ! s'écria enfin Harry.
- Tu... Je croyais que tu allais être triste parce que c'est loin. Du genre, très loin.
Harry haussa les épaules, et se tourna complètement vers Louis pour prendre sa deuxième main dans la sienne.
- Zayn m'a dit un truc, quand tu étais à Manchester. Quand tu me manquais tellement que j'en étais malade. Il m'a dit que je devais apprendre à me contenter de ce que j'avais. Alors, si tu es prit, c'est ce que je vais faire. Ça va être dur, mais on va s'en sortir. Parce qu'avec le temps, les appels nous paraitront suffisants, et les moments qu'on passera ensemble seront encore plus spéciaux.
Ce fut à Louis d'ouvrir grand les yeux. Parce que, merde, Harry avait changé. Harry avait tellement grandi et changé depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Louis n'était pas sûr que le Harry de septembre dernier aurait été capable de dire ça. Il ne pensait même pas qu'il aurait été assez sûr de lui pour se balader dans la rue les cheveux couverts de fleurs.
Et maintenant, Louis était complètement rassuré. S'il partait, Harry irait bien. Parce que Louis serrait toujours là, de toute façon.
Alors, comme pour lui montrer, il lui sourit en hochant la tête. Puis il posa la main sur la joue du bouclé qui s'approcha pour sceller leurs lèvres. Ce baiser avait une douce saveur de changement, parce qu'ils savaient tout les deux que tout allait changer. Que Louis allait partir, même si ce n'était pas à Minneapolis. Mais ils n'étaient plus des enfants, même s'ils aimaient prétendre qu'ils en étaient toujours. Louis avait toujours peur, et il était presque sûr qu'Harry avait peur aussi. Mais ils s'en sortiraient. Toujours.
Pour une raison évidente que Louis ressenti quand même le besoin de souffler :
- Je t'aime.
Harry sourit contre ses lèvres et glissa ses mains dans le bas du dos de Louis, qui frissonna. Harry dévia ses baiser pour tracer la ligne de la mâchoire de Louis, qui ferma les yeux en se mordant violement la lèvre. Oh non, ils n'étaient plus des enfants. Il le voyait dans la lueur au fond des yeux de Harry quand il s'écarta :
- Je t'aime aussi.
Et s'ils n'avaient pas été sur ce banc, au bord de la Tamise, Louis l'aurait embrassé partout, tellement longtemps qu'il en serait tombé d'épuisement.
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mystery of love, sufjian stevens
Finalement, Harry et Louis avaient juste acheté des sandwiches qu'ils avaient mangé sur un banc, tout en s'était promis de dire à Zayn qu'ils avaient mangé dans un restaurant hors de prix. Zayn était matérialiste, et Louis pensait l'être aussi. Jusqu'à découvrir que cette soirée à manger des sandwiches au fromage avec Harry valait plus chez que les plus grands restaurants du monde.
Et il était foutu, il le savait.
Parce que tout allait bien.
Avant Harry, il allait mal. Il allait mal, mais il le savait alors qu'à présent, il ne saurait que trop tard s'il n'allait bien. Parce que la simple vue du sourire de Harry suffisait à engendrer le sien.
Son image au lycée était complètement brisée, elle aussi. Il avait mis tant de temps à la construire, pourtant. En fumant sous les arbres, portant des lunettes de soleil et des vêtements noirs. Dans la rue, même, il regardait droit devant lui, les mains dans les poches. Il n'était pas le genre de personne à qui les vieilles dames venaient demander leur route. Il n'était pas le genre de personne à embrasser son petit-ami debout sur un plot de béton et de gravier, les mains de ce dernier posées derrière ses cuisses.
Harry avait tout foutu en l'air.
Et Louis était tellement heureux qu'il l'ai fait.
Il éclata de rire quand Harry descendit ses mains derrière ses genoux pour les plier et le faire tomber. Il entoura sa taille de ses jambes en s'agrippant à ses épaules tandis que Harry enroulait ses bras autour de son dos pour ne pas qu'il tombe.
Pouffant à son tour, Harry mordit la peau du cou de Louis qui étouffa un petit cri en s'écartant de lui. Harry le regardait avec des yeux rieurs, un sourire amusé aux lèvres. Louis pouvait deviner ses petites fossettes qui se creusaient dans ses joues dans la quasi-obscurité de la rue dans laquelle ils s'étaient réfugiés.
Il posa la main sur la joue de Harry pour l'embrasser, et le garçon le lâcha, le laissant reposer les pieds au sol.
- Il est presque minuit, souffla Harry alors que Louis reposa ses lèvres sur les siennes.
- Je sais, répondit simplement Louis.
Harry sourit contre ses lèvres mais s'écarta sans lâcher sa main, avant de regarder Louis avec un grand sourire, ce qui suffit à convaincre le brun de rentrer. Tranquillement, ils marchèrent sur les trottoirs pavés, slalomant entre les lampadaires. Harry éclata de rire quand une feuille tomba sur le nez de Louis alors qu'il regardait les étoiles et il l'embrassa, là, sur le trottoir en face du lycée. Puis il rentrèrent, essayant de faire craquer les moins possible les marches. De toute façon, leurs rires étouffés faisaient bien plus de bruit.
Comme Louis l'avait prévu, plus personne n'était dans leur chambre quand ils entrèrent. Zayn avait glissé la clef dans le pot de fleurs sur le palier qu'Harry avait insisté pour installer.
Louis ne trouva pas d'utilité à allumer la lumière parce que, de toute façon, les yeux de Harry éclairaient tout depuis longtemps.
- Je vais me laver les dents, je reviens, lui souffla Harry en embrassant le carré de peau sous l'oreille de Louis.
Louis hocha la tête et le regarda entrer dans la salle de bain en souriant. Tout en soupirant, il grimpa dans le lit et s'allongea sur la couette. Il passa la main dans ses cheveux et ferma la yeux, puis enfouit son nez dans les oreillers, qui avait l'odeur d'Harry et lui, cette nouvelle senteur qui s'était crée de leurs deux parfums.
Il n'était pas fatigué, et il espérait qu'Harry non plus.
Parce que ça y est, il était prêt. Après ce qu'ils avaient commencé, tout les deux, dans sa chambre Manchester, il y avait pensé. Mais il était sûr, à présent.
Il voulait faire l'amour avec Harry.
Il avait dix-huit ans, à présent. Et c'était Harry, il le savait. Il avait partout lu qu'un amour de jeunesse ne durait jamais pour la vie. Mais Zayn lui avait dit que même lui, il n'y croyait pas avec Perrie, alors que lui, il y croyait. Louis ne voyait pas une vie où Harry n'était pas là. Il ne voyait pas un appartement où il ne pourrait pas poser ses cartons à côté de ceux Harry. Il ne voyait pas de soirées à marcher dans la rues sans Harry.
Il était prêt.
Mais est-ce qu'Harry l'était lui ?
Parce qu'il voulait savoir s'il était d'accord.
Alors quand Harry sortit de la salle de bain pour grimper sur le lit, il lui attrapa la main pour venir l'embrasser doucement. Harry sourit contre ses lèvres et passa une main dans ses cheveux dans un geste qui suffit à retourner l'estomac de Louis. Si cela lui faisait autant d'effet, il allait sûrement mourir s'ils allaient plus loin ce soir.
Harry n'approfondit pas leur baiser, et Louis se recula tout en laissant sa main sur sa joue pour le regarder dans les yeux. Harry lui sourit, alors il fit de même, avant de demander :
- Est-ce que tu veux aussi ?
Il vit Harry se mordre de la lèvre et fronça les sourcils et, pendant un instant, Louis eut peur d'être allé trop loin. Mais le garçon tourna la tête pour embrasser ses doigts et souffler :
- Oui.
Est-ce que Louis avait déjà dit que ce garçon allait finir par lui faire la tête ?
- Mais pas tout, continua Harry en baissant les yeux.
Et bordel, il était tellement beau à cette instant. Tellement que Louis ne comprenait pas pourquoi il avait si peu confiance en lui.
Louis passa une main dans les cheveux de Harry et frotta leurs nez ensemble, ce qui fit naître un sourire adorable sur les lèvres du garçon, qui Louis embrassa la seconde suivante.
- Guide-moi, alors, souffla-t-il contre les lèvres de Harry.
Celui-ci hocha la tête et observa Louis quelques secondes, comme s'il hésitait. Mais Louis ne voulait pas qu'il pense à quoi que ce soit, ce soir. Juste qu'il se détende et qu'il profite.
- Je ne veux rien que tu ne veuilles pas me donner, Harry.
Harry lui sourit, presque timidement, et enroula ses bras autour de la taille de Louis pour le rapprocher de Louis et l'embrasser délicatement. Cela suffit à faire tourner la tête du brun, qui glissa les mains dans les cheveux de Harry sans pour autant approfondir leur baiser. Parce qu'il voulait qu'Harry se sente bien et que, pour ça, il devait savoir ce qu'il voulait.
Harry sourit contre les lèvres de Louis et mordilla la lèvre inférieur de ce dernier, qui soupira. Harry gloussa et Louis lui pinça les côtes sans cesser de l'embrasser, souriant à son tour.
Les lèvres de Harry avait le goût du dentifrice.
Et ça, il savait qu'il s'en souviendrait.
Doucement, Harry, qui était toujours en tailleur en face de Louis, déplia ses jambes, se redressa et appuya légèrement sur les épaules de Louis pour l'allonger sur le matelas et venir s'installer au-dessus de lui.
Subitement, l'oxygène entre leurs deux corps disparu et le seul moyen pour Louis d'en retrouver ne serait-ce qu'un peu fut de se redresser sur un coude pour attraper la nuque de Harry et l'embrasser une deuxième fois. Le brun ne souriait plus, à présent, et il posa sa main juste à côté de la tête de Louis pour approfondir leur baiser. Leurs langues se rencontrèrent enfin et cela suffit à faire exploser le cœur de Louis.
Il était sentimental, ce soir. Mais comment pouvait-il ne pas l'être quand Harry se trouvait au-dessus, un main sur sa hanche, ses boucles retombant sur leurs fronts, son odeur enveloppant Louis, bien qu'il portait un pull qui lui appartenait ?
De violents frissons traversèrent son corps quand Harry bougea sa main pour effleurer la peau juste au-dessus de l'élastique du jogging de Louis.
- Je peux ? souffla-t-il, les joues rouges, en s'écartant pour pouvoir regarder Louis dans les yeux.
- Tu peux, mon cœur, répondit Louis en se plongeant dans ses yeux verts émeraudes.
Harry lui sourit et il lui rendit son sourire.
Alors, le garçon passa la main dans son jogging puis dans son boxer pour venir l'enrouler autour de Louis, dont le souffle se coupa. Sans pouvoir lâcher le regard de la Harry, il remonta ses mains le long de ses bras pour venir caresser ses cheveux alors qu'il commençait à faire des vas et viens avec sa main.
Et Louis n'était pas du tout prêt, en fait.
Il n'avait pas prévu que son corps réagisse autant au toucher de Harry.
Des frissons courraient partout sur sa peau et Harry avait du le remarquer, car il sourit et se pencha pour embrasser la clavicule de Louis, qui soupira. De sa deuxième main, Harry lui caressait les cheveux, sans arrêter de bouger l'autre de haut en bas.
Mais le cœur de Louis explosa pour de bon quand Harry lui souffla, près de son oreille :
- Est-ce que tu peux le faire aussi ?
Louis tourna la tête pour croiser le regard de Harry, devenu plus sombre. Et, n'étant pas vraiment sûr si c'était dû à son désir, il ne put s'empêcher de demander :
- Tu es sûr ?
Harry hocha la tête et lui adressa un sourire.
Harry avait changé, oui. Mais Louis aimait tellement la personne qu'il était en train de devenir, et il était impatient de le voir grandir encore et encore.
A son tour, il glissa sa main autour de Harry pour caler ses vas et viens sur ceux qu'exerçait Harry sur lui. Harry enfouit son visage dans le cou de Louis et sa respiration se fit plus lourde, s'échouant sur la peau frissonnante de Louis. Il déposa quelques baisers dans le cou de Louis, qui ferma les yeux et se mordit la lèvre pour retenir un gémissement.
Louis avait tellement peur de mal faire qu'il n'osa pas accélérer. Pas tant qu'Harry ne le faisait pas. Et il n'osait pas demander, parce qu'il avait peur de mettre Harry mal à l'aise et qu'il se braque.
Mais peut-être que cette expression stupide était vraie.
Peut-être qu'ils étaient sur la même longueur d'onde, parce qu'une seconde plus tard, Harry ne put retenir le gémissement qui s'échappa de ses lèvres, accélérant les mouvements de sa main, faisant cambrer Louis. Alors lui aussi accéléra, et Harry bougea son bassin contre sa main.
La deuxième main de Louis s'était accrochée au t-shirt de Harry sans vraiment qu'il ne s'en rende compte et il colla ses lèvres à celles de Harry avec empressement. Leurs baisers étaient plus brouillons à présent, mais toujours aussi puissants. Louis lâcha échapper un gémissement contre les lèvres de Harry.
Il vint en premier, soupirant le prénom de Harry contre la peau du cou du garçon, et celui-ci le suivit quelques secondes plus tard. Doucement, Louis lui sourit et embrassa sa joue et s'écarta pour qu'Harry puisse retomber sur le matelas.
- Reste-là, je reviens, lui souffla Louis en remettant une boucle derrière son oreille.
Harry, dont le sourire ne quittait plus les lèvres, hocha la tête et embrassa le bras de Louis avant de le laisser partir.
Les jambes encore tremblantes, Louis se rendit en vitesse dans la salle de bain pour attraper une serviette pour s'essuyer la main. Il revint dans la chambre pour essuyer celle de Harry sous le regard brillant du garçon, puis lui apportant un jogging propre. Une fois changé, Louis grimpa une nouvelle fois dans le lit et s'installa à côté de Harry, qui se blotti dans ses bras.
Une légère couche de transpiration recouvrait la peau de Louis, mais il s'en occuperait plus tard. Ses pensées n'assimilaient pas ce qu'il venait de se passer. Son cœur battait à toute vitesse et ses mains en tremblaient encore.
Mais il n'avait pas encore fini.
- Je t'aime, souffla-t-il à Harry.
Celui-ci releva la tête pour lui sourire et effleurer la joue du bout des doigts. Et pendant un instant, Louis se dit qu'il avait dû halluciner. Parce qu'avant Harry, il n'avait jamais pensé à l'amour de quelconque forme. Il trouvait ça stupide, inutile, et rien de plus qu'une perte de temps.
Mais le voilà, dans un minuscule lit une place, soufflant à un garçon qu'il l'aimait après lui avoir offert sa première fois.
- Je t'aime aussi, Louis.
Louis se dit que, finalement, Niall avait bien fait de l'envoyé chercher un de ses cartons dans son ancienne chambre, cette journée de septembre.
Parce que ça l'avait mené aux plus beaux moments de sa vie.
Ceux où il entendait Harry prononcer ces mots.
voilà pour ce 33è chapitre, qui est personnellement mon préféré. qu'en avez-vous pensé ?
il reste à présent deux chapitres passé avant qu'on ne se concentre que sur la partie présent. avez-vous des hypothèses sur le conflit larry du présent ?
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