[ Londres, 2010 ]

ode to a conversation stuck in your throat, del water gap

- Le mec a eu dix-huit et apparemment, il est nul, soupira Taylor en levant les yeux au ciel, s'installant à côté de Zayn sur une des tables de ping-pong en pierre du parc. 

- Dix-huit !? répéta Zayn. 

Harry, qui arrivait sur les talons de Taylor, posa son sac sur la table pour s'y allonger et poser sa tête dessus. 

- Dix-huit, confirma-t-il. 

- Harry Styles a eu dix-huit en histoire, c'est la fin du monde ou quoi ? fit Zayn. Les aliens vont arriver sur terre pour nous envahir et ils envoient un signe, c'est ça ?

Harry releva la tête, feignant un air choqué, et frappa dans le bras de Zayn, qui lui tira la langue. Taylor souffla encore une fois, sortant sa copie où elle avait eu onze, et la lança à la tête de Harry en lui ordonnant de l'aider pour la prochaine fois. 

- Alors non, il garde ses talents pour me les enseigner, intervint Zayn. 

- Je n'enseigne mes talents à personne, avertit Harry, les yeux fermés.

- Allez-sois sympa, partage un peu, minauda Taylor en lui faisant les yeux doux. 

Harry ouvrit à moitié les yeux pour croiser le regard de la blonde et lança, en refermant paresseusement ses paupières : 

- Va te faire foutre. 

Taylor protesta et donna un coup de pied dans les jambes de Harry qui pendaient dans le vide pendant que Zayn éclatait de rire. 

Harry sourit légèrement en les entendant commencer une discussion sur le fait que Niall ne leur avait pas encore envoyé de photo avec le t-shirt qu'ils leur avaient offert pour son anniversaire, quand le blond était passé à Londres. Harry ne participa pas à cet échange, préférant rester là, à penser, comme il le faisait souvent. 

L'année avait commencé depuis un mois déjà, et Harry ne l'avait pas vu passer. Les deux jours avant la rentrée avaient été consacré à son déménagement, car il avait rapatrié toutes ses affaires dans la chambre de Zayn, ne voulant plus dormir dans celle qu'il avait partagé avec Louis. D'un point de vue administratif, elle lui appartenait toujours, l'étage numéro cinq ayant été remis en service. Il y avait donc plus de chambre, et certains élèves avaient été autorisés à rester seuls dans leur chambre, même si la plupart avait refusé et rejoint un camarade. 

Mais Harry voulait garder cette chambre, car c'était ici que tout avait commencé. Ici qu'il avait fait sa première soirée en compagnie de Niall et Louis, qu'il avait dormi avec Louis et qu'il l'avait embrassé pour la première fois. Il ne se voyait pas croiser chaque matin une personne inconnue sortant de cette pièce qui avait tant compté pour lui. 

Taylor aussi avait déménagé un étage en dessous de Zayn et Harry, seule, cette fois. Sa colocataire de l'année dernière étant insupportable et mettait Taylor à cran. 

Zayn avait entamé sa dernière année de lycée, et le stress s'était fait ressentir au début d'année, après la première journée où ses professeurs lui avaient expliqué les enjeux de cette année importante. En ce qui concernait Taylor et Harry, celle-ci avait commencé beaucoup plus tranquillement que la précédente. Alors que les premiers mois, ils ne pouvaient plus respirer sous les devoirs que donnait les profs pour les habituer à la pression, ils passaient maintenant le plus clair de leur temps dehors, à se prélasser au soleil en parlant de tout et de rien. 

Harry avait eu plusieurs coups de fil de la part de Liam, qui lui avait assuré que tout se passait pour le mieux au bar de sa mère. Gemma, elle, avait fêté l'obtention du diplôme en psychologie de son petit-ami, tandis que Niall entamait sa seconde année dans son école d'art où il se plaisait plus que jamais. 

Et puis, enfin, il y avait Louis. 

Louis, qui n'avait pas vraiment besoin d'en dire trop sur cette école, car Harry entendait tout les soirs le sourire qu'il avait dans la voix quand il lui racontait sa journée. A ses dires, Manchester était génial, peut-être même mieux que Londres. Ses amis, Stan et Eleanor, lui avait fait faire le tour de la ville et, désormais, il était même devenu ami avec le patron d'un café qui lui offrait des boissons gratuites dont, évidemment, Louis abusait. 

Cette école était finalement ce qu'il y avait de mieux pour Louis. D'après ce qu'il avait dit à Harry, le niveau était légèrement au-dessus du sien, mais il restait jusque tard le soir au studio pour répéter ses exercices. Les professeurs l'avaient déjà félicité pour sa détermination.   

Jamais ils n'avaient loupé aucun appel du soir. Même quand Harry était en plein milieu d'un devoir compliqué et Louis enfermé dans un studio de danse. Un jour, même, Louis avait appelé Harry alors qu'il dansait avec Taylor au milieu de la piste de danse pendant une fête, il avait quand même décroché. 

Ça aussi, c'était nouveau. Le déclic qui s'était fait dans la tête de Harry durant cet été. Quand il s'était mis à compter les jours qui le séparaient du départ de Louis. Lorsqu'il s'était rendu compte que tout avait un fin, que rien ne durait pour toute la vie. Qu'il devait laisser Louis partir parce que cette ère où ils dormaient tout les deux blottis l'un contre l'autre dans un lit une place était révolue. 

Et même s'il avait toujours peur de gaffer, que la pièce entière se tourne vers lui pour lui rire au nez, il le faisait quand même. Si, à chaque fois qu'il rentrait, il tournait chaque conversation qu'il avait eu dans sa tête pour trouver ce qu'il aurait pu dire de mieux, il le faisait quand même. 

Il allait en soirée, même si c'était pour rester collé à Taylor parce qu'il avait peur de la perdre dans la foule et de se retrouver seul. Il parlait aux gens de sa classe, même si ce n'était que pour leur demander de jeter un coup d'œil à leurs notes pour vérifier qu'il n'avait rien oublié dans des devoirs à rendre. Et maintenant, quelques élèves le saluait d'un brève sourire dans les couloirs du lycée comme s'il était vraiment quelqu'un au lieu d'être le garçon bizarre qui baissait la tête.  

Zayn et lui avaient un conversation sur ça. Enfin, une conversation à leur sauce, c'est à dire Zayn taquinant Harry qui protestait et niait. Mais une phrase que Zayn avait dit tournait en boucle dans l'esprit de Harry. Il avait dit : J'appellerai Louis pour le remercier pour avoir engendré ce changement. Et Harry s'était rendu compte que c'était vrai. Que tout ça, la façon dont il était en train de changer, cette confiance qu'il gagnait un peu plus de jour en jour, même s'il avait toujours du mal, c'était grâce à Louis. Parce que, l'air de rien, entendre quelqu'un qui ne lui devait rien, qui ne partageait pas le même sang que lui entendre qu'il l'aimait pour ce qu'il était, cela avait peut-être activé le déclic qui s'était fait dans la tête de Harry. 

- Hey, Harry ! 

Harry se redressa sur les coudes pour regarder la personne qui se dirigeait vers lui. Habillé d'une chemise à fleurs, comme toujours, il passa sa main dans ses cheveux qui lui arrivaient sous les épaules. Il s'appelait Frank, si Harry se souvenait bien. En vérité, dans sa tête, il portait le nom de Mr Weed, le nom que Louis lui avait donné pendant une de ces soirées, durant l'année dernière, où celui-ci tournait en peu trop autour de Harry au goût de Louis. 

Le garçon ravala son sourire amusé et releva les lunettes de soleil qu'il avait acheté pour remplacer celles que Louis lui avait volé sur sa tête pour montrer à Frank qu'il l'écoutait. 

- Hum, mon coloc' n'est pas là ce soir, donc je voulais te proposer de passer, pour qu'on regarde un film. 

Okay, Harry ne s'attendait définitivement pas à ça. Cela faisait des mois qu'il n'avait pas parlé à ce garçon et il n'avait pas imaginé qu'il tente encore quoi que ça soit avec lui. Sans le contrôler, il se figea, ne sachant pas quoi répondre. Parce que s'il faisait des efforts pour aller vers les autres, parler était encore quelque chose de compliqué. Heureusement, Zayn vint à sa rescousse et ne se retint pas pour faire fuir Frank :

- Je crois qu'il est libre alors... Oh, non, c'est vrai ! s'exclama-t-il soudainement en frappant sa paume avec son poing. On va à Manchester ce soir pour rendre visite à son petit-ami super sexy. Une prochaine fois, peut-être, mon pote ! 

Le garçon en face d'eux déglutit et envoya un regard noir à Zayn avant de tourner les talons. Harry ne vit pas s'il lui jeta un dernier regard avant de partir, ses yeux figés dans ceux de Taylor, aussi écarquillés que les siens, se retenant de rire. Puis quand Frank fut assez loin, ils firent glisser leur regard sur Zayn, qui lâcha : 

- Quoi ? 

Il n'en fallu pas plus pour déclencher leur rire et ils rirent tellement fort qu'Harry en eut rapidement mal au ventre. Zayn sourit, amusé, puis finit par les rejoindre, leur rire étant communicatifs.  

- Je dirai à Louis que tu le trouves super sexy, alors, articula Harry entre deux rires. 

Zayn protesta et ils se calmèrent, coupé par un bip provenant du téléphone de Harry.

- On y va ? demanda celui-ci. Le train part dans quarante minutes. 

Zayn acquiesça et sauta sur ses pieds, attrapant sa veste en cuir beaucoup trop chaude pour la saison et son sac à dos. Taylor leur ordonna de les appeler une fois qu'ils étaient avec Louis et Zayn lui tapa dans la main pour la saluer. Harry pendit son sac sur son épaule, remit ses lunettes de soleil et déposa un baiser sur la joue de Taylor avant de s'éloigner. 

Zayn et Harry récupérèrent leurs affaires dans leur chambre et après avoir fait un rapide tour, ils fermèrent la porte et sortirent du bâtiment. Dix minutes de marche leur suffirent à atteindre la gare, où le train n'était pas encore arrivé. Le quai était bondé d'étudiants qui rentraient surement chez eux pour le week-end. 

Comme Harry. 

Pour faire passer le temps, ils s'assirent contre un mur et discutèrent brièvement avec Liam, qui leur demanda de bien remercier Louis pour son cadeau d'anniversaire. Puis ils sortirent une paire d'écouteurs pour regarder des vidéos drôles sur le téléphone de Zayn, se retenant de rire quand des passants passaient devant eux en leur jetant des coups d'œil à la dérobé.  

Ils montèrent dans le train qui partit alors que les portes étaient à peine fermées. Autour de Harry, des bébés pleuraient, des adolescents jouaient à la console le volume à fond et Zayn râlait, comme toujours. 

Mais il enfila son casque et posa la tête contre la vitre pour regarder le paysage défiler avec un sourire aux lèvres. 

Parce que maintenant, seulement ces deux petites heures de trajet le séparaient de Louis. 

high hopes, kodaline

Quand le train entra en gare à Manchester, Harry était le premier debout, tandis que Zayn se réveillait doucement, les paupières papillonnantes. Alors Harry descendit lui même la valise de son meilleur ami et l'attrapa par le bras pour le faire sortir du train. Et il soupçonnait Zayn de faire exprès, parce que le garçon savait que Harry attendait ce moment depuis le jour où Louis était monté dans le train, cet d'après-midi d'août. 

Quand Harry et Zayn descendirent sur le quai, ils s'arrêtèrent pour essayer de repérer Louis parmi toutes les personnes présentes. Les mains de Harry tremblaient presque tellement il était impatient de le revoir. Après un mois et demi à penser à lui chaque instant, ils se trouvaient maintenant au même endroit, enfin. 

Ce fut Louis qui les aperçu en premier, car les garçons le virent fendre la foule en bousculant tout le monde. Harry sourit en le voyait se précipiter vers eux, et retint même un rire quand il trébucha et failli s'étaler par terre. Quand il arriva à leur hauteur, Harry ouvrit les bras pour réceptionner Louis qui se jetait dans les bras...

...de Zayn. 

- Zayn ! Tu m'as trop manqué ! s'exclama le garçon. 

Zayn croisa le regard blasé de Harry, posé sur eux, et éclata de rire en entourant les épaules de Louis. Deux autres personnes arrivèrent vers Harry ; un garçon encore plus grand que lui et une brune avec les yeux pétillants. 

- Harry ? demanda Eleanor. 

Le garçon se tourna vers eux et ouvrit les bras pour confirmer, et Stan lui assura en désignant Louis du menton, qui riait avec Zayn : 

- Apparemment, il est toujours aussi lourd qu'avant. 

- Je me serais fais du soucis s'il ne l'était pas. 

Stan et Eleanor pouffèrent et, soudain, Luis passa à côté de Harry en s'exclamant : 

- Bon, on rentre ? Ça caille là. 

Harry leva les yeux au ciel et laissa Louis le dépasser, puis lui attrapa le poignet pour le retourner vers lui. Quand il se retrouva face au garçon, Harry remarqua son petit sourire en coin et n'entendit pas plus longtemps pour l'embrasser. Il sentit Louis pouffer contre ses lèvres avant de répondre à son baiser, s'accrochant aux hanches de Harry, qui caressait ses joues avec ses pouces. 

Et, bordel, ça faisait du bien. Harry avait passé des semaines à tenter de se souvenir du goût qu'avaient les lèvres de Louis, pendant qu'elles jouaient avec les siennes, pendant ces grandes conversations au téléphone. Mais le fait qu'elles soient vraiment là, qu'elles aient remplacés leur fantôme qui ne quittait jamais Harry faisait naître dans son ventre une multitude de papillons. 

Alors qu'il allait passer avec empressement un bras autour de la taille de Louis pour le rapprocher encore plus de son corps, celui posa délicatement ses mains sur sa mâchoire et se recula pour froncer les sourcils et croiser le regard de Harry. 

- Vous êtes qui, en fait ? 

Harry ne pu s'empêcher de souffler, amusé, et Louis pouffa en traçant la ligne de la mâchoire de Harry du bout des doigts sans le lâcher du regard. Celui-ci s'approcha de Louis pour caresser sa joue avec son nez en murmurant :

- Je t'aime. 

- Moi aussi, Harry. 

Cette phrase fit naître une douce chaleur dans la poitrine de Harry alors qu'il embrassait pour la seconde fois Louis. Délicatement, Louis lui répondit, l'empressement de leur précédent baiser envolé. Celui-ci était lent, et avait une douce saveur de retrouvaille. 

- Ça y est, ils sont de retour, soupira Zayn. 

Harry pouffa contre les lèvres de Louis qui s'écarta, un sourire aux lèvres. Il passa son bras autour de la taille de Harry, caressant ses côtes avec son pouce en montrant son majeur à Zayn, qui fit pareil. Puis Stan et Eleanor déclarèrent qu'il était temps de partir et que si ça continuait, il y aurait trop de monde aux douches communes, et Zayn, Harry et Louis les suivirent en souriant. En sortant de la gare, Louis se pencha pour effleurer la main opposée de Harry et lui prendre sa valise. Ce dernier enroula un bras autour de ses épaules et l'embrassa juste en-dessous de l'oreille, ce qui fit frissonner Louis. 

- Intéressant, ce t-shirt, fit-il en se redressant. 

Louis baissa la tête pour jeter un coup d'œil au t-shirt qu'il portait, qu'il avait volé à Harry, puis répondit : 

- Ouais, c'est le t-shirt du gars que j'ai mis dans mon lit, l'autre nuit.

Harry lui asséna un coup dans les côtes et Louis lâcha un petit aïe, bien qu'amusé. Louis aimait le taquiner, et il avait trouvé que rappeler à Harry cette insécurité que le garçon trouvait à présent stupide drôle. Cela faisait rire Harry, mais ils savaient tout les deux qu'elle était toujours là, des deux côtés. 

- Jolies lunettes, aussi. 

Ils traversèrent la route et suivirent Eleanor et Stan, qui étaient en grande conversation avec Zayn, les guider dans les rues de Manchester. Harry ne s'était jamais rendu dans cette ville, mais il avait vu beaucoup de photos sur Internet, surtout quand Louis était parti. Il avait très envie de la découvrir, et elle semblait particulièrement belle. En fait, il ne savait pas vraiment à quoi elle ressemblait autre qu'en photo parce que, à cet instant, il était perdu dans les yeux de Louis. 

- Si tu n'avais pas tant grandi, me faisant me sentir encore plus petit, je t'aurais dit que tu étais magnifique. 

- Si tu avais mis mes lunettes et mon t-shirt au lieu de celui d'un autre gars, je t'aurais dit que tu étais magnifique, répondit Harry au tac au tac. 

Louis sourit amusé, et ils restèrent quelques secondes à se fixer, en marchant. Jusqu'à ce que Zayn, qui s'était planté exprès devant Harry, n'arrive sur leur route et manque de faire trébucher le brun, qui se rattrapa avec le bras de son meilleur ami mort de rire. Harry lui lança un regard noir avant de sourire et de se redresser. 

- D'ailleurs, Zayn a dit qu'il te trouvait super sexy, annonça-t-il à Louis. 

Celui-ci haussa les sourcils et lança un regard à Zayn, lui souriant en faisant des mouvements avec ses sourcils, les yeux papillonnants. Zayn lui fit une grimace et conclut : 

- Je vous déteste encore plus quand vous êtes tout les deux. 

Et il s'éloigna, laissant Harry et Louis, qui éclatèrent de rire. 

Ils arrivèrent rapidement à l'école, qui était décidément plus impressionnante que sur la brochure. Entièrement en pierre, deux colonnes entouraient l'entrée, séparée du trottoir par une série de marches dans une matière qui ressemblait à s'y méprendre à du marbre. Les fenêtres étaient immenses, des baies vitrées se trouvaient au rez-de-chaussée, laissant apparaitre la cafétéria et quelques espaces de vie, comme des salons. Louis avait dit à Harry qu'avec la place dans cet établissement lui était aussi offert une bourse et, à présent, Harry comprenait. Vu l'immensité du bâtiment, il ne doutait pas une seule seconde que cette école était prestigieuse. 

Il n'eut pas le temps de voir l'intérieur car à peine la porte franchie, Stan et Eleanor se dirigeaient vers les escaliers. De toute façon, maintenant qu'il avait retrouvé Louis et que toute l'excitation était retombée, il était épuisé. 

Le pouce de Louis effleurant toujours ses côtes, ils grimpèrent tout les deux les escaliers derrière les autres, et entrèrent dans la chambre que Stan avait ouvert, surement la sienne et celle de Louis. Et Harry fut surpris de voir qu'elle était assez petite, malgré l'immensité du bâtiment. Sous la fenêtre était fixée une planche longeant tout le mur, faisant office de bureau aux garçon. Les lits étaient placés contre le mur et Harry sourit, amusé, en voyant le lit deux places que Louis avait insisté pour avoir. 

Le garçon posa la valise de Harry contre un mur au moment même où Zayn s'étalait sur son lit. 

- C'est bon, j'achète. 

Eleanor pouffa et s'assit sur le lit de Stan pour sortir son téléphone et taper un message. Harry, appuyé contre le mur, observait cette petite scène pourtant anecdotique. La vie de Louis avait changé. Il ne dormait plus au même endroit, ne faisait plus la même chose de ses journées, ne les passaient plus avec les mêmes personnes mais pourtant, Harry avait encore droit à une place. Et Zayn aussi, vu l'étreinte que Louis lui avait offert, même si c'était pour se moquer de Harry.  

Lentement, il tourna la tête quand Louis posa une main sur sa hanche et se percha sur la pointe des pieds pour lui murmurer : 

- Si ça t'inquiète, Stan m'a dit qu'il dormirait dans la chambre de El avec Zayn. 

Harry planta son regard dans le sien et sourit timidement. Rien que de penser à dormir une nouvelle fois dans les bras de Louis lui faisait presque tourner la tête, mais il ne savait pas comment ignorer cette chaleur qui se répandit dans sa poitrine à l'instant où Louis prononçait ces mots. Cette envie de l'embrasser partout pour lui montrer qu'il l'aimait, parce que même s'il ne lui avait pas dit souvent, il trouvait déjà que ces mots perdaient leurs sens et n'étaient plus assez forts pour exprimer ce qu'Harry ressentait en cette instant, quand Louis lui sourit en retour. 

- Tu es magnifique, souffla-t-il, les yeux perdus dans ceux de Louis, encore plus vastes que l'océan à cet instant-ci. 

Mais Louis perdit son sourire et Harry ne comprit pas vraiment. Jusqu'à ce qu'il se rapproche de lui pour entourer ses bras autour de son cou et l'attirer contre lui. Sans vraiment comprendre sa réaction, Harry blotti son visage dans le cou de Louis et entoura sa taille, fermant les yeux pour humer le parfum qui se dégageait de Louis et qui lui rappelait l'odeur de leurs draps dans leur chambre à Londres où encore dans le lit de Harry à Redditch.  

Louis déposa un léger baiser dans la nuque de Harry qui suffit à faire frissonner le garçon. Puis il souffla si bas qu'Harry eut presque du mal à l'entendre : 

- Tu m'as manqué à un point, Harry, si tu savais. 

Et Harry comprit. Il comprit que si lui, il n'avait jamais réussi à s'ouvrir à quelqu'un d'autre que Zayn, Louis n'avait jamais vraiment laissé quelqu'un entrer hormis Niall. Et que si Harry était habitué à toutes ces petites attention que Louis lui offrait, lui n'y arrivait pas aussi bien que lui. Parce qu'il était comme ça, parce que donner était dur quand on a été rejeté et mit à l'écart pendant des années. 

Et malgré ces fois où il avait chuchoté à Louis qu'il l'aimait, il ne lui avait jamais dit ça. Il ne lui avait jamais dit qu'il était la plus belle personne qu'il n'avait jamais vu, qu'il ne connaissait personne avec un cœur si grand. Personne d'aussi magnifique que lui, à l'intérieur tout comme à l'extérieur, et c'était tellement évidemment pour lui que ç'en devenait difficile à croire que Louis ne le savait pas.   

- Harry et Zayn, si vous voulez prendre une douche, c'est maintenant. Sinon, les douches sont bondées.  

Harry ne lâcha Louis pour autant, mais celui-ci lui souffla tout de même en s'éloigna pour pouvoir le regarder dans les yeux : 

- Tu devrais y aller. Stan a raison, c'est impossible de prendre une douche après manger tellement il y a de monde. 

La phrase Dis tout de suite que je pue résonna dans l'esprit de Harry, et il était à deux doigts de la sortir à Louis. Mais en voyant le sourire timide que le garçon lui lançait après les mots qu'ils avaient tout les deux prononcés, il se surprit à vouloir garder ce moment encore intact en passant la main dans les cheveux de Louis en chuchota : 

- Je reviens vite. 

- S'il te plait, répondit Louis sans le lâcher du regard. 

Harry lui rendit sous sourire et Louis l'embrassa sur le front avant que Harry ne se dirige vers les tiroirs sous le lit de Louis pour attraper un jogging et un t-shirt appartenant au garçon. Puis il l'interrogea du regard et cela lui réchauffa le cœur lorsque Louis fit un petit geste de la tête pour désigner sa serviette posée sur le dossier de sa chaise. Et c'était exactement ce qu'Harry cherchait. 

Il sortit, accompagné de Zayn, Stan et Eleanor qui avaient tous leurs affaires de bain sous le bras. Eleanor les laissa pour se diriger vers les douches réserver aux filles tandis que Stan leur montrait le chemin pour accéder à celles des garçons. Quelques étudiants s'y trouvaient déjà, mais Harry n'eut aucun mal à trouver une cabine pour s'y glisser et faire couler l'eau après avoir retirer ses vêtements. 

D'ordinaire, il aimait passer du temps sous la douche, à fixer le mur d'en face, perdu dans ses pensées. Quand il aimait refaire le monde, penser et repenser à tout ce qu'il pouvait jusqu'à en avoir mal à la tête et les doigts fripés. Mais aujourd'hui, il se surprit à se savonner à toute vitesse pour sortir au plus vite. Parce que Louis était à l'autre bout du couloir et qu'il ne trouvait maintenant plus aucun intérêt à rester sur place sous le jet d'eau. Peu importe ce qu'ils faisaient, s'ils mangeait une pizza ou s'ils parlaient avec les autres. Il voulait juste être avec Louis. 

Harry enfila les vêtements et, pour son plus grand plaisir, malgré le fait qu'il ait grandi, ceux-ci lui allaient toujours. Heureusement que Louis aimait s'habiller avec des vêtements larges parce que sinon, Harry aurait acheté des t-shirts à sa taille et aurait ordonné au garçon de les porter afin qu'ils aient son odeur. 

En sortant de la cabine, il tomba sur Stan, qui attendait toujours, visiblement. Le garçon devait fixer la porte, parce que son regard tomba dans celui de Harry, qui lui lança un sourire crispé en lui indiquant que c'était libre. 

- Allez, va le retrouver, il doit tourner en rond dans la chambre, sourit le garçon en ouvrant la porte. 

Harry pouffa légèrement mais Stan le regarda sérieusement. Puis il lui adressa un sourire en coin en ajoutant : 

- Sérieusement, tu devrais revenir plus souvent. C'est un autre Louis qui est avec nous depuis que tu es arrivé. Il est plus détendu, et parle beaucoup moins. Ce que je prends comme un cadeau du ciel. 

- Ravi de pouvoir servir, répondit alors Harry en souriant. 

Stan lâcha un petit rire avant de s'enfermer dans la cabine. Harry sortit alors des douches pour rejoindre la chambre, qu'il eut du mal à trouver. Mais Louis avait laissé la porte ouverte, ce qui n'était pas dans son habitude. Quand Harry entra en la fermant, Louis se justifia, presque gêné : 

- J'avais peur que tu te perdes et que tu ne retrouves pas la chambre. 

Et c'est à ce moment-là que les papillons dans le ventre d'Harry explosèrent pour de bon. Louis se souvenait à quel point il avait du mal à se repérer, au temps qu'il lui avait fallu pour se repérer dans les rues de Londres.

Alors il posa ses affaires dans un coin de la pièce avant de s'approcher de Louis, assit sur son lit. Harry se plaça entre ses cuisses, forçant le garçon à relever la tête, et glissa délicatement ses doigts sous son menton pour l'embrasser délicatement. Il sentit Louis sourire contre ses lèvres en attrapant les genoux de Harry pour les plier et le faire tomber sur lui. Le garçon éclata de rire, se laissant tout de même faire, et revint embrasser Louis alors qu'il était allongé sous lui, ses jambes repliées de chaque côté de son corps. 

Il avait conscience qu'ils n'avaient pas beaucoup parlé depuis tout à l'heure, à la gare. Mais ils n'en avaient pas besoin, ils s'étaient parlé tout les soirs depuis un mois et demi. Maintenant, ils avaient juste besoin d'être là l'un pour l'autre et Harry voulait juste toucher chaque parcelle de la peau parfumée de Louis qui lui avait tant manqué. 

Louis remonta délicatement ses mains, frôlant du bout des doigts l'arrière des cuisses de Harry. Et bien que leur peau ne soit pas en contact, Harry frissonna violemment, se collant un peu plus contre Louis. Et s'il n'était pas si ivre des lèvres de Louis à cet instant, qui lui faisaient perdre la tête, il se sentirait gêné de sentir son désir gonfler entre le corps de Louis et du sien. Il se retint presque de gémir quand les doigts de Louis passèrent rapidement sur ses fesses avant de se poser sur ses hanches.  

Louis laissa échapper un soupir alors que Harry approfondissait leur baiser en glissant une main derrière sa nuque mais posa soudainement ses mains sur son torse pour s'écarter de lui. Mais Harry savait déjà ce qu'il allait dire, alors il le souffla à sa place en basculant sur le matelas à côté de lui : 

- Les autres risquent d'arriver, je sais. 

Louis lui sourit d'un air désolé mais Harry passa une main dans ses cheveux avant de se blottir contre lui. Et toute trace de la tension qui s'était installée entre eux quelques secondes plus tôt disparu au moment même où Louis le prit dans ses bras et déposa un baiser dans ses cheveux. 

- Tu es vraiment fatigué, où ça va ? lui chuchota-t-il, comme si la bulle dans laquelle ils s'étaient enfermés risquait d'éclater à tout moment. 

- Pourquoi ? 

- J'aimerais relire le livre que tu m'as offert, ce soir, répondit Louis. 

Harry s'écarta de lui pour pouvoir le regarder et fronça les sourcils, sans comprendre. C'est à ce moment que Louis baissa la tête en rougissant, avouant : 

- C'est beaucoup trop triste, et j'ai envie que tu me consoles après. 

Harry ne put contrôler le sourire qui s'installa sur ses lèvres mais ne put pas non plus résister à l'envie de taquiner Louis. 

- Tu le lis juste parce que tu veux que je te console ?

Le garçon sourit, amusé, et déposa un léger baiser sur les lèvres de Harry. Quand il reposa sa tête sur le matelas, celui-ci demanda, du bout des lèvres : 

- Est-ce qu'on peut sortir, ce soir ? J'aimerais bien faire un tour avec toi, si tu es d'accord. Ou on peut rester ici, si tu es trop fatigu - 

- Bien sûr que j'aimerais, Harry. J'aimerais beaucoup, même. 

- Toi aussi, murmura alors Harry en regardant Louis dans les yeux. 

Le garçon fronça les sourcils, et Harry lui offrit un sourire sincère : 

- Toi aussi tu m'as manqué. 

voilà pour ce chapitre, que j'ai décidé de couper en deux, puisqu'il s'avère que j'ai beaucoup plus d'idées que je ne le pensais. première apparition de Stan et Eleanor, qu'en pensez-vous ?

Stan ne sera pas un personnage récurant dans cette fiction, il sera seulement présent pour quelques chapitre, au contraire de Eleanor ; )