27
[ Londres, 2010 ]
burning hour, jadu heart
Louis n'avait pratiquement pas dormi, cette nuit là, et il avait tellement bougé qu'Harry avait fini par le coincer entre son corps et le mur pour qu'il cesse et se repose un peu. Finalement, il semblait au garçon que Louis s'était assoupi quelques heures, son souffle chand s'écrasant sur la peau d'Harry.
Alors, ce matin, il s'était levé tôt pour aller chercher un petit déjeuner en ville et acheter un bouquet de fleurs qu'il avait installé avant de Louis ne se lève. A présent, il était assis sur une des chaises et triait distraitement les photos de la galerie de son téléphone, tout en gardant un œil sur le garçon qui dormait dans le lit à côté de lui.
Aujourd'hui, Louis passait son audition.
Depuis trois jours, il ne faisait plus que tourner en rond et la veille, Harry lui avait interdit de se rendre au studio, le brun ayant déjà passé les deux jours d'avant enfermé à l'intérieur pour répéter. Mais il était prêt, et ce depuis plus d'une semaine. Harry le lui avait dit, son professeur le lui avait dit. Pourtant, Louis était perfectionniste, même quand il n'y avait plus rien à perfectionner.
Il passait à 15h, mais il avait tenu à se lever dans le matinée avant d'être bien réveillé avant son passage. Harry et Zayn avaient prévu de l'emmener faire un tour à Londres pour lui changer les idées, et Niall était debout depuis des heures, envoyant des messages à Harry pour savoir comment Louis allait, s'il dormait toujours et lui ordonner de l'appeler quand il se réveillerait.
Tout le monde était stressé. Parce qu'aujourd'hui, c'était le jour où Louis tentait sa chance. Personne ne savait si ça serait la seule, personne ne savait si ça serait le plus grosse. Mais pour l'instant, c'était l'opportunité qui se présentait et qui le faisait rêver, alors ils espéraient tous que Louis réussirait.
Et Harry, qui était celui à le plus compter sur la réussite de Louis, était peut-être aussi le plus terrifié. Il savait que Louis vivait pour la danse, et qu'il ne se voyait pas faire autre chose de sa vie. Il aimait le lycée, principalement pour ses amis, et réussissait en cours sans trop difficultés mais, s'il en avait eu, Harry se doutait qu'il aurait fait un quelconque effort. Louis ne se sentirait complètement à sa place que dans l'école de danse de Delatre.
Mais Harry était égoïste, parce qu'une petite partie de lui se disait que s'il se loupait, ce n'était pas si grave. Parce que ça voulait dire qu'il resterait ici, avec lui. Qu'il continuerait à lui offrir des livres et des fleurs, qu'ils s'endormirait dans les bras l'un de l'autre, regarderaient des films jusqu'à pas d'heures et feraient leurs devoirs sous le saule au fond du parc en riant pour toujours.
Et si Louis se lassait de lui, une fois là-bas ? S'il trouvait quelqu'un de plus beau, plus drôle, plus intéressant, et plus près que Harry, comment ferait-il ? Si Louis partait, il ne serait pas là pendant toutes ces soirées pour entourer ses épaules avec son bras afin de dire il est déjà à moi, alors enlevez vos yeux de lui, plus là pour surveiller ceux qui lui tournaient un peu trop autour du coin de l'œil alors que Louis se déhanchait sur la piste de danse.
Est-ce qu'il restera tout aussi intéressant aux yeux de Louis une fois qu'il ne sera plus là pour l'embrasser, pour le prendre dans ses bras, pour lui voler ses pulls et pour piquer les t-shirts de Zayn, la nuit ? Ou est-ce que les appels, les messages et les mots qu'il laissera dans sa valise ne seront pas suffisants pour que Louis reste ?
- A quoi tu penses ?
Harry cligna des yeux pour chasser ses pensées, et tourna la tête pour sourire à Louis, qui s'était redressé sur un coude. Malgré les légères cernes qui avaient pris place sous ses yeux, il avait l'air reposé. Un petit sourire étirait même le coin de ses lèvres, et celui suffit à engendrer celui de Harry, dont les yeux glissèrent sur ses cheveux en bataille qui retombaient sur son front.
Louis le regarda encore quelques secondes avant de descendre du lit et s'approcha de la chaise où Harry était assis pour remettre une mèche de cheveux derrière son oreille. Le garçon ne le quitta pas des yeux, posant presque instinctivement sa main sur sa hanche. Alors Louis dévia sa main en effleurant la peau de Harry du bout des doigts et vint l'embrasser, le forçant à lever la tête, dessinant des formes dans son cou avec ses ongles pendant qu'Harry fermait les yeux, laissant son estomac se retourner avec une sensation agréable.
- J'ai pris de quoi manger, souffla-t-il contre les lèvres de Louis.
- Je sais. Tu ne sais pas ne pas faire de bruit quand tu te prépares.
Harry pinça ses lèvres puis sourit timidement en tentant :
- Désolé ?
Louis pouffa, les yeux brillants, et embrassa Harry sur le front avant de s'assoir en face de lui pour sortir les viennoiseries du sac en papier. Rapidement, Harry envoya un message à Zayn et Niall pour dire que Louis était réveillé, et il ne fallut pas plus de quelques secondes au brun pour débarquer dans la chambre, un sac en papier identique à celui qu'Harry avait ramené.
- J'ai le petit...
Zayn, qui levait les bras d'un air triomphant les laissa tomber contre son corps, ses yeux alternant entre le croissant dans les mains de Louis, le sac posé sur la table et Harry, qui le regardait en se retenant de rire. Quand Zayn lui avait demandé s'il fallait sortir pour prendre un petit déjeuner, Harry avait dit oui. Simplement pour embêter le garçon et qu'il se lève plus tôt, sachant très bien qu'il allait lui même le faire.
- T'es qu'un petit con, Styles. J'aurais pu dormir une heure de plus.
Harry lui offrit un sourire exagéré, mais Zayn lui montra son majeur, tandis que Louis articulait, la bouche pleine :
- Balance, j'ai faim.
Zayn poussa un soupire à mi-chemin entre l'exagération et l'amusement, puis s'assit sur une des chaises qu'il restait autour de la table et posa la sachet en face de Louis.
Le garçon engloutit deux pains au chocolat et un croissant très rapidement, tellement qu'Harry se sentit obligé de le lui faire remarquer pour qu'il ne soit pas malade. Zayn aussi mangea plusieurs viennoiserie mais le garçon ne s'inquiéta pas, habitué à la quantité impressionnante de nourriture que son meilleur ami ingurgitait.
Harry sortit de ses pensées quand Louis lui donna un léger coup de pied sous la table. Il repoussa ses pensées sur le régime alimentaire de Zayn, songeant qu'il était trop stressé alors que ça ne sera pas à lui de danser pour avoir une place dans une prestigieuse école. Il adressa un petit sourire à Louis, et le regarda prendre un jogging et un pull dans l'armoire avant d'aller s'enfermer dans la salle de bain.
Il en ressortit quelques minutes plus tard, les cheveux parfaitement coiffés, et au moment de partir, Zayn s'éclipsa dans un chambre sous prétexte que ses chaussures lui faisait trop mal. Il savait qu'Harry voulait parler seul à seul avec Louis. Alors, même si Harry trouvait quelques fois ça énervant que son meilleur ami le connaisse trop bien, il lui en était très reconnaissant.
- Tout va bien ? demanda Harry en regarda Louis enfiler ses chaussures, assis contre la porte.
Le garçon releva les yeux vers lui et haussa les épaules en se reconcentrant sur ses lacets.
- Pour l'instant, ça va. Heureusement que vous êtes là pour me changer les idées. Je n'ai pas beaucoup dormi, mais je pense que ça va aller, de ce côté là.
- Dis-moi merci pour t'avoir empêché de bouger et de t'épuiser, répondit Harry, un petit sourire arrogant aux lèvres.
- Oh, et bien merci beaucoup d'avoir faillit m'étouffer au cours de la nuit, M. Styles, répondit Louis avec le même sourire en se relevant.
- Ce fut un plaisir.
Louis pouffa, ce qui engendra le sourire de Harry, et le garçon lança la veste de son petit-ami à celui-ci, qui l'attrapa au vol pour l'enfiler et se lever. Alors que Louis lui tournait le dos pour ouvrir la porte, il vint entourer sa taille de ses bras et poser son menton sur son épaule. Louis se figea quelques secondes, surpris, mais passa ses mains sur les bras de Harry en penchant la tête en arrière pour la poser sur son épaule.
- Tu vas tout déchirer, Lou. Pas besoin de stresser. Tu as répété pendant deux semaines, il n'y a aucune raison que tu te plantes.
Louis soupira et ferma les yeux, s'appuyant contre le corps de Harry qui resserra son emprise sur la taille de Louis.
- Je sais. Je n'arrive juste pas à imaginer un scénario où tout se passe bien.
Harry déposa un baiser dans le cou du garçon qui frissonna et souffla :
- Eh, ton professeur croit, ce n'est pas lui qui t'a confié que tu fais parti des élèves à qui il pense que Delatre va offrir une place ?
- Si. Mais ça ne me rassure pas. Peut-être qu'il a dit ça à tout ses élèves ? Le fait qu'il croit soi disant en moi, ça suffit pas.
- Est-ce que si moi, je crois en toi, c'est suffisant ?
Louis tourna la tête vers Harry qui lui offrit un sourire timide, et se percha sur la pointe de pieds pour embrasser tendrement ses lèvres. Harry se pencha un peu, attrapa les doigts de Louis et les entremêlèrent sur le ventre du garçon. Tout ira bien.
-
i'll find you in the dark, tony brundo
Zayn et Harry venaient de déposer Louis devant le bâtiment de danse, laissant le garçon et ses mains tremblantes serrées autour de la lanière de son sac. Harry aurait voulu rester avec lui, l'accompagner et pouvoir le rassurer jusqu'au bout, mais il n'avait pas le droit d'entrer. Alors il comptait sur l'appel de Niall pour calmer Louis.
A présent, les deux garçons se baladaient au bord de la Tamise, le vent fouettant leurs cheveux en arrière et les mains dans les poches. Autour d'eux, de nombreux touristes étaient présents, et des enfants habillés de petits manteaux colorés courraient partout sur le quai gris. Cette simple image suffit à faire sourire Harry, qui resserra ses mains autour de son gobelet de chocolat chaud pour les réchauffer.
- Tu vas te décider à me dire ce qu'il ne va pas ou tu vas continuer à fixer l'horizon comme un méchant dans un film ?
Harry tourna la tête vers Zayn qui avait posé son regard sur lui. Harry voyait bien l'inquiétude dans ses yeux, et les sourcils du brun son fronçaient légèrement alors que son ami mettait du temps à répondre à sa question.
- Je vais continuer à fixer l'horizon, décida Harry en regardant à nouveau devant lui.
- Pas de soucis.
Il sourit légèrement devant la réponse de Zayn et soupira, tapotant légèrement le gobelet en carton. Mais Zayn le remarqua, comme il remarquait toujours tout, et fit remarquer :
- Ça, ça veut dire que tu es stressé, ou préoccupé. Peut-être les deux en même temps ?
- Je fixe l'horizon, là, tu déranges un peu.
Harry fit une blague pour détendre l'atmosphère mais n'entendit pas son ami répondre. Alors il tourna la tête vers lui pour rencontrer ses grands yeux bruns qui lui faisaient toujours tout avouer.
C'était comme ça avec Zayn. Il n'avait jamais beaucoup besoin d'insister, parce que si Harry avait besoin de parler, c'était vers lui qu'il se tournait en premier. Ils avaient dépassé le stade dans lequel Harry était toujours bloqué avec Louis, celui où il faisait bien attention aux choses qu'il confiait, de peur qu'il ne s'en aille. Harry l'avait déjà fait avec Zayn, mais celui-ci lui avait clairement dit qu'il ne s'en irait pas. Et il avait l'impression que Zayn était encore moins prêt à le faire depuis son accident.
Et Harry avait besoin d'être rassuré. Il avait besoin que son ami sache comment il se sentait.
Mais comment les gens sauraient comment il se sentait s'il ne le disait pas ?
- Ça me fait flipper. Que Louis parte.
- C'est bien ce que je pensais, fit Zayn, presque amusé.
Harry but une gorgé de chocolat et ferma les yeux, pour se préparer. Puis il les rouvrit, dans l'espoir de réussir à tout déballer, à expliquer à Zayn ce qu'il avait sur le cœur.
- S'il réussi et qu'il rentre dans cette école, il sera à quatre heures d'ici. On ne se verra pas souvent, alors si -
- Il ne trouvera pas quelqu'un d'autre, Harry, le coupa Zayn.
Harry ferma la bouche, et s'arrêta au milieu du quai. Zayn s'arrêta avec lui et se retourna, en soupira. Il chercha le regard de Harry mais les yeux verts du garçon regardaient partout sauf dans cette direction.
- Il y aura forcément -
- Des gens plus beaux, des gens plus drôles et des gens plus intéressants, finit Zayn à sa place. C'est ça ?
Harry haussa les épaules, rencontrant enfin les yeux de Zayn. Il détestait ça, quand son meilleur ami trouvait exactement ce qui n'allait pas. Il se sentait vulnérable, comme si Zayn pouvait savoir à quoi il pensait, et comment s'occuper de ses problèmes à lui, alors qu'Harry lui-même en était incapable. Il avait juste l'impression d'être idiot, parce que Zayn avait déjà réfléchir au problème et raisonné alors qu'Harry, lui, était resté bloqué avec son angoisse et ses peurs.
Parce que vu comment Zayn le regardait, il savait qu'il allait lui répondre, et ne pas juste lui dire de ne pas y penser. Il le faisait toujours.
- Je crois que tu ne te rends pas compte, Harry. Tu ne te rends pas compte à quel point Louis est fou de toi.
Harry baissa la tête, rougissant. Il fixa quelques secondes le bout de ses chaussures et marmonna :
- Arrête de dire n'importe quoi.
- Je ne suis pas celui qui dit n'importe quoi. Sérieux, je n'ai jamais vu quelqu'un regarder une autre personne de la façon dont Louis te regarde, appart mes putain de parents. Alors excuse-moi d'être vulgaire, excuse-moi de m'énerver parce que tu détestes ça, mais j'en ai plus qu'assez que tu crois que tu es un choix par défaut pour tout le monde. Je sais que Gemma te l'as déjà dit, à Noël. Et je te le répète, les gens t'aiment pour toi, pas parce que tu étais la seule personne disponible quand ils avaient besoin de quelqu'un. Moi, je ne t'aime pas simplement parce que j'avais besoin de quelqu'un à trouver quand on jouait à cache-cache. Et Louis ne t'aime pas parce que tu étais le gars le plus proche de sa chambre et qu'il n'avait pas envie de se déplacer pour aller draguer quelqu'un d'autre.
- Il n'a jamais dit qu'il m'aimait, grogna Harry.
Il fixait toujours le sol, et Zayn lui attrapa les épaules pour le forcer à le regarder dans les yeux. De toute façon, il ne le croyait pas. Il disait que Louis l'aimait, mais Harry aura déjà du mal à le croire quand Louis le lui dira, s'il lui disait un jour.
Parce qu'en ce moment, alors que Louis était en train de jouer son avenir dans une petite salle au parquet ciré, Harry, lui, était plus perdu que jamais.
- Alors peut-être qu'il ne s'en est pas encore rendu compte, parce qu'il ne faut trop lui en demander, quand même, répondit doucement Zayn.
Harry pinça ses lèvres pour ne pas sourire mais pouffa silencieusement, et les lèvres de Zayn s'étirèrent en un petit sourire.
- Je veux dire, merde, Harry, continua Zayn d'un ton plus calme que précédemment, tu sors avec Louis Tomlinson. Genre, tu as plu à Louis Tomlinson. Tu l'as rencontré dès ton premier jour, alors tu ne t'en rends pas vraiment compte mais moi, quand je suis arrivé, ce gars, on aurait dit que c'était la septième merveille du monde. Tout le monde s'intéressait à lui, parlait de lui et voulait devenir ami avec lui. Mais il se foutait de tout le monde, appart de Niall, qui semblait être une exception. Parce qu'on aurait dit qu'il détestait tout le monde, qu'il détestait cet endroit, qu'il détestait sa vie.
Harry savait déjà ça. Que Louis était populaire, que les gens voulaient passer du temps avec lui seulement pour le devenir aussi. Et il avait envoyé bouler tout le monde il y a quelques mois, fatigué de n'être qu'un objet, qu'un moyen de se faire remarquer.
- Mais il n'était pas comme ça avec toi, et ce depuis le début. C'était comme s'il savait. Comme s'il savait qu'il ne pouvait rien faire pour te repousser, parce que de toute façon ç'aurait lui qui serait revenu. Quand il a foutu un grand coup de pied dans la porte, au début d'année, ce n'était pas pour son pauvre truc de il faut bien s'entendre avec ses voisins. Je crois qu'il a surtout flashé sur le garçon qui s'est installé dans le lit en-dessous du mien.
Harry sourit, cette fois, et Zayn lâcha ses épaules sans continuer de parler.
- Tu n'es pas son second choix, Harry, tu es le premier. Tu es le seul. Et tu ne vois pas à quel point tu l'aides. Parce que je le connais, maintenant, puisque j'étais livré avec le garçon qu'il voulait draguer, et j'ai vu à quel point il a changé. Il a envoyé chier tout ses "potes" parce qu'il s'est rendu compte qu'il y avait des gens qui étaient vraiment là pour lui. Il a sympathisé avec des gens sains, des gens qui sont ses amis et qui veulent tout ce qu'il y a de mieux pour lui, comme Lana, Theo et Levi. Et puis, franchement, je crois que personne ne savait que le gars qui fume des cigarettes toutes les heures et qui boit un peu trop en soirée offrait des fleurs et pouvait lire des livres simplement pour pouvoir en parler avec quelqu'un, rajouta Zayn avec un sourire. Alors je crois que ce n'est pas grave, si vous êtes séparé par plusieurs heures de voitures. Et je vais te dire, lui, il ne s'en rend pas compte, de tout ce que tu lui fais faire, parce que je pense que rien n'est clair dans sa tête. Je sais que rien n'est clair dans sa tête. Et je crois qu'il ne te lâchera pas.
- Et s'il le fait ?
- Il ne le fera pas. Je te le promets.
-
fool's gold, one direction
- Dans quelques minutes oui... Bien sûr, je le ferai !... Pas de problèmes, je lui dirai. Bonne journée.
Louis raccrocha et lança un sourire amusé à Harry, qui était perché sur le lit en le regardant, son menton dans le creux de la main. Louis lui lança son téléphone pour le rejoindre, et s'allongea sur lui en soupira alors que Harry tentait de ranger son portable dans sa poche.
- Alors ? demanda-t-il en entourant la taille de Louis. Elle t'a parlé de à quel point elle te préférait à moi ?
- Exactement. T'es à la ramasse, mon gars.
Harry enfonça son coude dans les côtes du garçon qui se tortilla en gloussant. Louis venait de passer une demi-heure au téléphone avec Anne, la mère de Harry. C'était elle qui avait appelé son fils en lui ordonnant de lui passer le garçon, après avoir appris par Gemma que les résultats de ses auditions étaient aujourd'hui.
Cela faisait deux mois qu'elles étaient passées et, désormais, les examens de fin d'années approchaient. Mai ayant commencé depuis quelques jours, Harry, Louis, Zayn et Taylor avaient repris leur place sous le saule du parc et révisaient tout les soirs. La pression se faisait ressentir, car cet examen leurs permettait d'accéder à l'année précédente et ne pas redoubler et, pour Louis, de quitter le lycée. Mais c'était le moins stressé des quatre, parce qu'il attendait les résultats pour réviser car, il était parti du principe que s'il était pris dans l'école de Delatre, ça ne servirait à rien de réussir cet examen.
- Je pourrais revenir chez toi, cet été ? demanda Louis d'une petite voix, jouant avec le bas de son t-shirt.
- Bien sûr, répondit tout de suite Harry en le serrant un peu plus contre lui. Surtout si tu pars l'année prochaine, tu as l'obligation de rester chez moi au moins un mois.
- Un mois ? C'est de la séquestration, à ce point là.
- Absolument.
Louis pouffa et frappa l'épaule de Harry à l'aveugle et celui-ci s'adossa un peu plus contre le mur, retenant Louis contre sa poitrine. Distraitement, il caressait le bras du garçon du bout de doigts en enfouissant son nez dans ses cheveux. Louis avait l'air paisible.
Harry ne l'était pas du tout.
Parce que dans quelques secondes, quand ce mail arrivera, il sera déçu. Dans quelques secondes, soit Louis partira loin de lui soit son rêve se brisera. Et il détestait ces deux options, autant qu'il détestait le fait qu'il n'y en avait pas d'autre.
- Est-ce que tout va bien ? chuchota Louis en relevant la tête vers lui.
Harry baissa la tête vers lui et tenta un sourire qui mourut sur ses lèvres. De toute façon, Louis l'aurait remarqué même s'il l'avait réussi. Le garçon fronça les sourcils et leva la main pour effleurer la joue de Harry, dont les yeux s'embuaient déjà.
Il ne voulait pas que Louis parte et, en même temps, il le voulait tellement. Parce que Louis ne sera heureux que là-bas mais Harry ne sera heureux que s'il était ici. Et ils étaient dans une impasse, il le savait.
- Eh, tout va bien se passer, okay ? Tout ira bien, même si je pars.
- Je sais, murmura Harry. Je suis désolé.
- On trouvera une solution, d'accord ? Moi aussi, ça me fait flipper de partir si loin de toi, mais ça ira. On s'appellera, on se verra et tu m'enverras des affreuses peluches de Peter Pan.
Harry sourit entre les larmes qui coulaient sur ses joues. Cela faisait maintenant huit mois. Huit mois qu'il voyait Louis tout les jours, qu'ils révisaient ensemble. Huit mois qu'il se réveillait tout les matins en face du visage adorable de Louis et de ses cheveux qui lui retombaient sur le front, huit mois qu'il s'endormait dans ses bras. Il ne pouvait pas abandonner ça, et revenir dans la chambre de Zayn, comme si rien ne s'était passé.
Louis se redressa pour s'asseoir en face de Harry et le prendre dans ses bras. Ainsi, le front posé sur l'épaule du brun, Harry ferma les yeux et laissa ses larmes couler. Il était stupide, et Louis devait surement le trouver stupide aussi. Parce que lui était surement en train de trépigner, attendant ce mail qui pouvait changer sa vie, et n'avait aucune envie de consoler un gamin un peu trop émotif.
Et alors qu'Harry allait s'éloigner et sécher ses larmes, il entendit un sanglot sortir de la gorge de Louis et celui-ci le serra encore plus près de lui, enfouissant son nez dans ses cheveux.
- Si jamais c'est trop dur, je peux toujours rester, tu sais.
Harry fronça les sourcils et s'éloigna de Louis pour le regarder dans les yeux, qui étaient à présent rouges et remplis de larmes. Il se mordit la lèvre inférieure et posa ses mains sur les joues de Louis, qui ne quittait pas son regard.
- Si tu es pris, tu y vas. C'est tout, c'est la seule option.
- Je peux toujours refuser et...
- Non, le coupa Harry. Tu ne peux pas. Je sais que tu as envie d'y aller, dans cette école.
- Mais j'ai aussi envie de rester avec toi, avoua Louis d'une petite voix en baissant la tête.
- Je sais, moi aussi. Mais je n'ai pas envie de gâcher ta vie en t'empêcher d'aller dans cette école. Tu m'as dit que ça ira, alors on va faire en sorte que ça aille. C'est à Manchester, je pourrai venir te voir. Et ça va être dur, je sais que je vais un peu pleurer et rester dans ma chambre les premiers jours, mais s'ils veulent de toi, il faut que tu y ailles.
Louis hocha la tête puis la releva pour entourer la nuque de Harry de ses bras avant de murmurer :
- Je suis désolé.
- Ne le sois pas. C'est la meilleure chance de ta vie, Lou, il faut que tu la prennes. Je ne veux pas être un poids mort dans ton existence qui t'empêche d'avancer.
- Tu ne l'es pas.
- Alors permets-moi de le rester, en allant dans cette école. Parce que là, ça fait plusieurs minutes que ton ordinateur s'est allumé et que le mail est arrivé et que tu ne veux pas le regarder.
Louis pouffa discrètement et Harry laissa glisser ses mains jusqu'à la taille du brun pour le rapprocher de lui. Dans un sens, il était rassuré que Louis ait aussi peur que lui. Parce que, dans ce cas, ça voulait dire qu'ils traverseraient ça ensemble. Et tout semblait plus facile quand ils étaient tout les deux.
- Tu seras content pour moi, si jamais je suis accepté ? demanda timidement Louis.
Harry le regarda quelques secondes, les sourcils froncés. Le regard de Louis fuyait le sien, comme s'il était honteux de poser cette question, et Harry s'en voulu. Il s'en voulu de paraitre aussi terrifié, de ne penser qu'à lui. Bien sûr que oui, il serait heureux pour Louis. C'est ce qu'il voulait, qu'il soit accepté dans cette école, qu'il puisse faire ce qu'il aime, et qu'il ai une opportunité de le faire toute sa vie. Il s'en voulu de laisser Louis penser qu'il ne le soutenait pas, qu'il ne voulait pas qu'il parte dans cette école.
Alors il lui offrit un sourire qu'il espérait réconfortant, et se pencha vers lui pour poser délicatement ses lèvres sur les siennes. Il n'approfondit pas le baiser, et Louis non-plus, parce qu'ils n'en avaient pas besoin. Il voulait juste montrer à Louis qu'il était là, qu'il le soutenait pour tout et qu'il serait heureux, du moment que lui l'était aussi. Et il espérait que Louis avait compris.
Quand ils se séparèrent, Harry ne quitta pas Louis des yeux une seule seconde alors qu'il prenait son ordinateur sur le genoux. Il le regarda, ouvrir le mail et faire défiler les longues lignes rédigés par Delatre lui-même. Puis il le regarda se retourner vers lui, les yeux brillants, puis se jeter dans ses bras en riant.
M. Louis Tomlinson, c'est avec plaisir que nous vous informons notre vœux de vous accueillir au sein de notre école lors de l'année prochaine.
-
fine line, harry styles
Harry frissonna, les mains dans ses poches, et enfouit son nez dans l'immense écharpe qu'il avait noué autour de son cou. Autour de lui, Londres était endormi, et les seuls passants qui flânaient sur le trottoir étaient les étudiants rentrant de soirées et les jeunes gens assis sur les bancs, écrivant dans de petits carnets, des écouteurs enfoncés dans les oreilles.
Il était tard, à présent, et Harry se dit qu'il était temps de rentrer. Cela faisait presque deux heures qu'il était dehors et, lui qui avait prévu de simplement acheter un petit quelque chose avant de rejoindre Louis dans leur chambre, il s'était retrouvé happé par Londres, et cette magie que la ville plongée dans le noir dégageait.
La journée avait été éprouvante, et ses émotions beaucoup trop floues. Un fois le mail reçu, lu et relu à tort et à travers, Louis avait débarqué dans la chambre de Zayn, suivit par Harry, et tout ensemble, ils avaient appelé Niall, Liam, Gemma, Anne, Johanna, qui était là avec toutes les petites sœurs de Louis ainsi que son père. Ils avaient passé toute la journée au téléphone, et Harry n'avait jamais vu Louis si rayonnant et souriant. Mais il ne l'avait jamais vu si démonstratif non plus. Louis était resté accroché à lui toute la journée, même que Taylor les avait rejoint pour se balader dans le parc. Et ce soir, quand Harry s'était échappé du lit, Louis dormait en entourant sa taille de sa jambe, un pull beaucoup appartenant à Harry retombant sur son short.
Alors maintenant, Harry savait qu'il allait compter les jours. Il avait déjà commencé. Parce qu'aujourd'hui, il ne restait que trois mois et demi avant que Louis ne parte pour Manchester.
Il avait passé beaucoup de temps au téléphone avec Gemma, et elle lui avait promis de passer le prendre à chaque fois qu'elle était en vacances afin de l'emmener voir Louis. Sa mère avait aussi accepté qu'il reste à Redditch durant l'été, autant de temps qu'il voudra. Et si Harry redoutait le départ de Louis, il commençait à le croire, quand il disait que tout irait bien.
Il rentra doucement dans la chambre, dans laquelle il était arrivé sans trop réfléchir, perdu dans ses pensées. Harry accrocha son manteau, enleva ses chaussures et grimpa sur l'échelle, essayant de ne pas la faire grincer. Mais quand il s'allongea, il s'aperçu que Louis ne dormait plus, et le garçon revint l'entourer de ses bras pour le serrer contre lui.
- Tu étais passé où ? chuchota-t-il dans le cou du brun.
- Faire un tour. J'avais besoin de m'aérer.
- Ok.
Louis ferma les yeux et se positionna correctement, son nez effleurant l'épaule de Harry. Celui-ci se décolla un peu de Louis, qui releva la tête en fronçant les sourcils, et plongea la main dans sa poche pour la ressortir fermée.
- J'ai acheté quelque chose. Je sais que c'est ridicule, que c'est trop tôt et que tu m'as dit que ça ne marchait pas vraiment, mais je sais pas. C'est comme si un nouveau truc qui nous appartient, comme le tableau, les fleurs et Spike, alors voilà.
Louis, qui le regardait, confus, baissa les yeux sur la main d'Harry qu'il avait ouverte, révélant le tube d'homéopathie violet qu'il avait déjà donné à Louis, lors des vacances de Noël. Harry regarda Louis le prendre, le faire tourner entre ses doigts, et il se dit que oui, ça deviendrait un nouveau truc entre eux. Parce qu'il savait à présent qu'il lui en achèterait un à chaque fois qu'il serait loin de lui et qu'il savait qu'il ne dormirait pas bien. Comme pour lui dire je suis là.
Mais pour l'instant, il était vraiment là. Alors il pris lentement le tube de la main de Louis pour le faire tomber du lit et attraper ses lèvres entre les siennes.
Louis partait, c'était certain, maintenant.
Et Harry s'était décidé. Il allait compter les jours, certes, mais pas pour redouter cette date, quand Louis montera dans le train pour Manchester. Mais bien pour compter tout les moments inoubliables qu'il pourrait encore partager avec Louis.
Alors oui, il avait peur. Peur que Louis l'oublie, peur qu'il trouve quelqu'un d'autre. Mais maintenant que Zayn lui avait dit qu'il ne pourrait jamais et qu'il avait vu la tristesse de Louis, il commençait à le croire.
Que Louis ne l'oublierait pas.
Et il espérait ne pas se tromper.
Parce qu'Harry, lui, ne l'oubliera pas. C'était trop tard, il était déjà tombé amoureux de lui.
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