18
[ Londres, 2010 ]
england skies, shake shake go
La valise d'Harry était pleine à craquer, si remplie que Louis fut obligé de s'assoir dessus pour qu'il puisse la fermer. Et, évidemment, ils étaient en retard, puisque cela faisait déjà dix minutes que Gemma avait prévenu qu'elle les attendait dans le hall, et, à ce moment là, ils étaient tout les deux tranquillement accoudés à la fenêtre, Louis fumant et Harry faisant tourner dans ses mains une des fleurs du bouquet posé sur la table, leurs valises encore ouvertes, à moitié faites.
Ils avaient fourré des affaires au hasard, et Harry était presque certain d'avoir attrapé quelques pulls de Louis au passage, sans vraiment faire exprès. Une fois les deux valises closes, ils firent rapidement le tour de la chambre pour vérifier qu'ils n'avaient rien oublié et que toutes lumières étaient éteintes. Puis ils fermèrent la porte, passèrent la tête par la porte de Zayn pour lui dire à plus tard, car le garçon se faisait récupérer par sa grand-mère quelques heures plus tard pour rejoindre Redditch. Puis ils avaient dévalé les escaliers.
Cela faisait plusieurs mois qu'Harry n'avait plus vu Gemma, puisque la jeune fille habitait depuis deux ans dans une ville à plus de trois heures de chez Harry et sa mère, et il était impatient de revoir sa grande sœur. Quand il avait appelé sa mère, la veille, elle avait accepté d'accueillir Louis pendant quelques jours, le sourire dans la voix. Elle devait surement être heureuse de voir qu'Harry s'était fait des amis. Et puis, Gemma avait appelé le matin même pour lui poser une tonne de questions sur Louis, dans le seul but de savoir s'il était le copain d'Harry ou non.
- Gems ! s'écria Harry en débouchant de la cage d'escalier.
Le jeune fille lui fit un grand sourire et ouvrit les bras pour le prendre dans ses bras. Harry la serra contre lui, et, soudain, le parfum de la maison lui revint aux narines, parce que Gemma était un peu la maison.
Lorsqu'ils se détachèrent, Harry recula pour poser sa main sur l'épaule de Louis, resté en retrait.
- Gemma, voici Louis. Louis, ma grande sœur, Gemma.
Louis fit un grand sourire à Gemma, et celle-ci fit :
- Contente de te rencontrer. Il a une meilleur tête que Zayn, commenta-t-elle.
Harry la regarda, la tête penchée, voulant avoir un air soulé, mais ne parvint à ravaler son sourire.
- Je suis d'accord, confirma Louis. Surtout au réveil.
- C'est clair, répondit Gemma.
- Bon, on pourra y aller, quand vous aurez fini avec mon meilleur ami. Et bien sur, tout sera amplifié, déformé et rapporté.
Gemma lui fit un clin d'œil et tourna les talons, passa un bras autour des épaules d'Harry, qui faisait maintenant une demie-tête de plus qu'elle, et qui en était très fier. Ils sortirent du bâtiment aux côtés de Louis et elle les aida à installer leurs valises dans le coffre.
- Tu veux aller devant ? demanda Harry à Louis. Je peux me mettre sur la banquette, si tu veux.
- Ça va. On changera sur la route, au pire.
Harry hocha la tête et ouvrit la porte pour s'installer à côté de Gemma, qui démarrait la voiture. Au fond, il était un peu stressé que Louis rencontre sa famille. Personne n'avait rencontré sa mère et sa sœur, appart Liam et Zayn. En même temps, il n'avait pas grand monde à présenter, à part eux. Mais Louis à la maison, Louis chez lui, cela le rendait nerveux, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi.
- Alors, Haz, c'est cool, ce lycée ? Ça a l'air de l'être tellement que tu ne m'appelles même plus.
- Ça va, répondit Harry en haussant les épaules. C'est un lycée, quoi. Normal. L'école, en fait.
- Très complet comme observation, commenta Gemma. Merci beaucoup.
- Quoi ? Il n'y a pas grand chose à dire.
- Zayn a eu une copine ! s'exclama Louis par dessus l'épaule d'Harry.
- Vraiment !? s'étonna Gemma d'une voix aiguë. Comment il a fait ?
- C'est la question que je pose tout les jours.
Harry replia ses jambes contre sa poitrine et les entoura de ses bras.
- On ne parle pas de ça, okay ? fit-il à sa sœur. C'est encore un peu douloureux.
Gemma leva les mains du volant une fraction de seconde, comme pour dire qu'elle était innocente, pendant qu'Harry lui criait de tenir le volant. Il entendit Louis pouffer depuis la banquette arrière.
- Et toi, Louis ? Tout se passe bien dans ce bahut ?
- Oh, j'ai l'habitude, ça fait trois ans que je suis coincé ici. Mais c'est sympa. Il y a des arbres de fou dans le parc, et Harry gagne toutes les parties de babyfoot, ça devient pesant. Genre, vraiment.
- Tu vois, lâcha Gemma en regardant Harry. Ça, c'est une analyse un peu plus complète.
Harry lui tira la langue et posa sa tête sur l'appuie-tête de son siège, et ferma les yeux sans cesser d'écouter Gemma et Louis discuter.
- Comment tu t'es retrouvé à trainer avec mon frère, si tu es en troisième année ? demanda Gemma.
- Une longue histoire. En fait, avec mon meilleur ami, Niall, on a déménagé à côté de chez Zayn, et donc de Harry. On a discuté un peu parce que, tu sais, s'entendre avec ses voisins, c'est la règle de base. Puis, Niall est parti dans une école d'art, parce qu'il dessine putain de bien. Il est vraiment doué, hein, Curly ?
Harry marmonna un 'Mmh' en hochant la tête, les yeux clos, et Louis reprit :
- On trainait déjà beaucoup avec Hazza, je l'aida à faire ses devoirs et lui, ma littérature, parce c'est vraiment galère. Et puis Zayn a commencé à sortir avec sa copine et à la ramener la nuit, donc Harry a déménagé avec moi.
Harry n'entendit pas Gemma répondre et l'imagina hocher la tête, puis il ouvrit les yeux.
- Et toi, tout va bien ? la questionna-t-il. Avec, hum...
- Victor.
- Ouais, c'est ça. J'y arriverai jamais.
Gemma pouffa, tourna à droite et commença :
- Tout va bien. Le boulot, c'est chiant, mais j'imagine que c'est la définition même du boulot. Il faudra que tu viennes quelques jours à l'appart'. Toi aussi, Louis, si tu veux. Après deux ans, ça commence enfin à ressembler à quelque chose.
Harry ne répondit pas, se contenta juste de regarder Gemma. Ils n'avaient que 4 ans d'écart, et cela était étrange de voir Gemma habiter loin de lui, d'avoir un travail, un copain. Harry avait l'impression que cela faisait à peine quelques mois qu'elle sautait partout dans la maison parce qu'elle avait reçu un doudou éléphant pour Noël.
- Quoi ? demanda Gemma, troublée, jetant un coup d'œil avec son frère.
- Rien du tout, fit Harry en secouant la tête, se remettant droit sur son siège, de façon à regarder la route. Tu as toujours l'éléphant ? Oh, et est-ce que tu as encore cet immonde poster d'adolescente de ton boys band ridicule ?
- Okay, ferma là ou je fous la voiture dans le ravin, là, et tu es le premier à crever.
Harry et Louis éclatèrent de rire, et Gemma entra sur l'autoroute. Derrière, Louis était assis sur le siège du milieu, penché en avant et les coudes sur les sièges de devant. Harry se retourna, l'observa quelques secondes, avant de souffler :
- Tu es attaché ? C'est dangereux, au milieu.
- Oui, je suis attaché, répondit Louis en roulant les yeux, un petit sourire au lèvres.
Harry l'observa encore quelques secondes, juste comme ça, et le sourire de Louis s'agrandit. Lorsqu'Harry se remit en place, les joues un peu chaude, le téléphone de Gemma sonna et elle demanda de lui lire le message. C'était leur mère.
- Elle dit qu'elle ne savait pas vraiment quelle sorte de sushis Louis aimait, ni combien il comptait en manger, donc elle en a pris beaucoup. Beaucoup, beaucoup plus que d'habitude.
Il releva la tête pour croiser le regard de Gemma, qui s'exclama, levant un point en l'air :
- Ouais ! Encore plus de sushis.
- Eh, tu sers enfin à quelque chose, on dirait, ajouta Harry en tourna la tête vers Louis.
Celui-ci ouvrit la bouche, l'air outré, puis se pencha un peu plus pour coller la paume de sa main à la joue de Harry afin de détourner son visage, en répondant :
- Je t'emmerde, Styles.
when you love someone, james tw
Ils furent à Redditch en un peu plus de deux heures. Gemma s'était arrêtée après une heure sur une aire d'autoroute pour qu'ils puissent se dégourdir les jambes et manger un peu, puis Harry avait laissé le siège passager à Louis, et s'était installé sur sa banquette arrière. Il avait dormi tout le reste du trajet.
Louis le réveilla doucement, secouant légèrement son épaule depuis la porte qu'il avait ouvert. Harry grogna, s'étira et sortit de la voiture pour s'étirer une deuxième fois, parce que son dos le faisait vraiment souffrir.
La maison n'avait pas changé, depuis quatre mois. Le lierre recouvrait toujours la façade et n'avait pas été taillé. Les fleurs étaient magnifiques sur les parterres, devant la terrasse, et le petit panneau inscrit Welcome ! était pendu à la porte.
- C'est trop beau ! s'exclama Louis d'une voix enfantine. On peut grimper au lierre ? demanda-t-il en se tournant vers Harry, qui répondit :
- Tu ne ferais mieux pas, Peter Pan.
Il lui ébouriffa les cheveux puis prit la valise que lui tendait Gemma et la traina dans les cailloux jusqu'à la porte. Quand il toqua, elle s'ouvrit presque instantanément, comme si sa mère attendait derrière depuis des heures. Lorsqu'elle le vit, elle le prit dans ses bras et il rit, se baissa un peu pour la serrer contre lui.
- Tu as grandi ! s'exclama Anne en posant une main sur la joue du garçon. Le voyage s'est bien passé ?
- Il a dormi tout le long, fit Gemma derrière Harry.
Celui se retourna et leva les yeux au ciel en la regardant, et elle lui fit un grand sourire et un clin d'œil avant de câliner Anne. Harry se retourna et fit un signe de tête à Louis pour lui dire de se rapprocher. Lorsque sa mère eut fini de serrer sa fille, elle lâcha un grand sourire à Louis :
- Et tu es Louis, c'est ça ? Ravie de faire ta connaissance. Ce n'est pas souvent qu'Harry ramène des gens à la maison.
- C'est ce que j'ai cru comprendre, pouffa Louis en jetant un regard au brun, à côté de lui, qui lui tira la langue. Puis Harry regarda sa mère s'approcher de Louis pour le câliner, et Louis, après quelques secondes de surprise, enroula légèrement son bras autour des épaules d'Anne, puis s'éloigna.
Ils entrèrent dans la maison, Anne en tête de la file. Comme à l'extérieur, la maison n'avait pas changé. A droite de l'entrée, il y avait toujours les deux canapés en cuir marrons entourant une table basse et la télévision. Un tapis persan tapissait le sol, et la bibliothèque du fond était toujours aussi remplie. A gauche, la cuisine et la salle à manger étaient aussi propres et rangées que d'habitude, même quand Harry et Gemma étaient enfants et laissaient leurs crayons gras de partout. Harry trouvait ça réconfortant, que rien ne change. Parce qu'il savait que si jamais un jour, tout changeait et qu'il était perdu, il pourrait revenir ici pour reprendre ses marques.
Gemma monta dans sa chambre pour poser ses affaires et Harry commença à grimper les escalier en bois pour faire de même, Louis sur les talons, qui regardait de partout, et scrutait les photos au mur.
- Oh, c'est toi, fit-il en s'arrêtant brusquement devant un cadre, posant le doigt sur le tableau. Harry se pencha en arrière pour voir la photo. Il devait avoir six ou sept ans, et portait un bonnet de Noël trop grand pour sa petite tête et qui lui couvrait les yeux.
Louis la regarda encore un peu avant de finir de gravir les escaliers, puis ils entrèrent dans la chambre d'Harry.
Sa mère n'avait rien touché, même si elle avait longtemps répété à Harry que lorsqu'il serait parti, elle viderait tout, pour qu'il range sa chambre. Au fond, le lit avait des draps propre, et son bureau était aussi encombré que quand il l'avait quitté. Sa bibliothèque débordait, comme d'habitude.
Louis contourna Harry pour observer la pièce, et le garçon s'approcha de la fenêtre pour ouvrir les rideaux pendant que Louis jetait un œil aux livres présents dans la bibliothèque d'Harry.
- C'est cool, fit-il enfin en s'asseyant lourdement sur le lit. Très... toi.
- Très moi ? demanda Harry en s'allongeant derrière Louis, un bras sous la tête.
- Des bouquins. Et là, continua-t-il en pointant un verre vide sur la table de chevet d'Harry, des fleurs.
Il tourna la tête, un sourire fier accroché aux lèvres, et Harry pouffa, les yeux presque clos. Le trajet en voiture l'avait épuisé, et il n'était qu'à peine seize heures. Il n'allait pas tenir jusqu'au soir.
Il se tourna du côté du mur, dos à Louis, toujours assis. Celui-ci le regarda puis se pencha, appuyant son flanc sur celui d'Harry pour pouvoir le regarder.
- On sort ?
- Pas tout de suite, s'il te plait, murmura Harry en grognant, les yeux fermés. 'Suis crevé.
Il n'entendit pas Louis répondre, mais sentit le poids de son bras sur son épaules disparaitre, le matelas s'affaisser à côté de lui, puis ses doigts effleurer sa joue, et il frissonna. Harry ne tarda pas à s'endormir.
-
Lorsque qu'Harry ouvrit doucement les paupières, il était cramponné à Louis, qui était aussi allongé. Il faisait noir dans la chambre - le garçon avait surement dû fermer les rideaux pour qu'Harry dorme mieux.
Les doigts emmêlés dans le grand pull de Louis, Harry sentait ses bras autour de ses épaules et, lentement, il pencha sa tête en avant pour poser son front sur le torse de Louis, qui baissa les yeux. Son menton heurta le haut du crâne de Harry, qui grogna.
- Bien dormi ? chuchota Louis dans ses cheveux.
- Ouais. Quelle heure est-il ? demanda Harry contre le pull du garçon.
- Euh, c'est..., commença en tourna la tête pour apercevoir le réveil d'Harry sur la table de chevet. Presque dix-huit heures trente.
- Déjà ?
Harry s'écarta un peu pour s'étirer un peu, puis demanda en posant les yeux sur Louis, dont les cheveux étaient étalés sur l'oreiller :
- Qu'est-ce que tu as fait pendant ce temps là ?
- J'ai lu. Tu vois ton livre horrible sur le cancer ? Je l'ai lu. C'était horriblement horrible, comme je l'avais prévu.
Harry le considéra pendant quelques instants, appuyé sur les coudes, avant d'éclater de rire. Louis rougit et plongea sur le torse de Harry, qui se retrouva contre le matelas, les mains dans les cheveux de Louis. Le garçon garda son visage caché dans le t-shirt du brun qui riait toujours, essayant de soulever le visage de Louis.
- C'était... Genre, vraiment, pourquoi lire des trucs comme ça ? fit Louis contre Harry.
- Pourquoi tu as lu ça ? articula Harry entre ses rires.
- Pour qu'on puisse en parler mais là, n'y pense même pas, Curly. Je ne veux plus jamais en entendre parler.
Harry prit le visage de Louis pour le relever vers lui, et lui sourit tendrement. Il cru voir les joues du garçons se colorer de rouge et Harry cita :
- Ceci n'est pas une pipe.
- Mon Dieu, Hazza, je vais te tuer, soupira Louis en agrippant les joues de Harry pour coller sa tête contre l'oreiller et poser ses mains sur sa bouche. Le brun se débattit, essayant de mordre les doigts de Louis, qui était à genou à côté de son corps. Il attrapa sa jambe de sa main gauche pour le déséquilibrer mais n'y arriva pas.
Quand Harry réussi à mordre les doigts de Louis pour que celui-ci ne le lâcha, sa main était toujours sur le côté de sa cuisse, et il la remonta presque instinctivement sur sa hanche, sans quitter les yeux de Louis du regard. La respiration de Louis se fit plus lourde lorsqu'il posa sa main à plat sur le torse d'Harry, et il écarta les cheveux du garçon de ses yeux avec son autre main.
Louis le regardait avec tellement de considération, fronçant les sourcils, comme s'il essayait de lire quelque chose sur le visage d'Harry. Et, à cet instant là, Harry sentit son diaphragme exploser, juste sous la main de Louis, et emplir son corps de papillons. Il attrapa le poignet de Louis de sa main libre, la tension présente dans la pièce. Il ne parvenait plus à trouver où était l'oxygène.
Puis Louis chuchota, tout doucement, si bien qu'Harry ne faillit pas entendre.
- On y va ? fit-il avec un mouvement de tête vers la porte close de la chambre.
Harry, sans cesser de la fixa, hocha la tête avec un sourire, et Louis se leva, emportant avec lui toute la chaleur qui avait alors enveloppée Harry, qui se redressa sur les coudes pour observer Louis enfiler son manteau et ses chaussures.
- Tu viens ? demanda Louis en penchant la tête.
- J'arrive, sourit Harry.
Il ne voulait pas penser à ce qui venait de se passer. Il ne voulait pas penser à la réaction chimique qui s'était produite dans sa corps et il ne voulait certainement pas penser à la chose qu'avait conclus son cerveau.
Il attrapa sa veste et suivit Louis dans les escaliers, repoussant la petite voix dans sa tête qui lui répétait cette phrase à l'oreille.
-
Le bar était pratiquement vide quand Louis et Harry entrèrent à l'intérieur, ce qui était assez étonnant, vu l'heure. En face d'eux, les chaises vintage était déjà posées sur les tables en bois, et le sol était brillant, comme si la serpillère avait été passée. Peut-être fermait-il plus tôt ?
Les tabourets de bars étaient craquelés, et aucun employé n'était présent derrière le bar. La seule personne présente était Zayn, la tête penchée en arrière pour finir son verre de whiskey. Le brun posa bruyamment le verre vide sur le comptoir et quand il se tourna vers Louis et Harry, ses yeux s'illuminèrent.
- Les gars ! Vous en avez mis du temps.
- Excuse-nous de ne pas venir boire dès l'instant où on met le pied dans une ville, répliqua Harry en s'approchant. Louis était déjà en train de tirer le tabouret à côté de Zayn.
- Tu peux t'excuser.
Harry lui tira la langue et passa derrière le comptoir pour passer la tête par la porte de service au fond de celui-ci. Là, un garçon était de dos, fouillant dans les étagères remplies de bouteilles en verre. Harry ne rentra pas dans la pièce, il savait qu'il allait tout casser, sinon. Il se racla simplement la gorge, de façon à avertir de sa présence. Le garçon sursauta un peu, puis se retourna.
- Oh, un revenant ! s'écria Liam en s'approchant pour prendre Harry dans ses bras.
Le garçon ricana et serra son ami contre lui, qui l'agrippa et se laissa tomber en avant. Harry n'arriva pas à se détacher et ils s'écrasèrent sur le sol, le poids de Liam pesant sur Harry. Ils virent la tête de Zayn dépasser du comptoir et pouffer :
- Ne tue pas le gosse maintenant, Payno.
Liam baissa la tête vers Harry qui lui lançait un regard noir, et lui ébouriffa les cheveux avant de se redresser en riant. Harry grogna avant de prendre appui sur ses mains pour se remettre sur ses pieds. Pendant que Zayn s'occupait de présenter Liam et Louis l'un à l'autre, il attrapa une bière derrière lui avant de l'ouvrir et de la poser devant Louis. Puis, il prit une bouteille de Coca pour lui, et s'appuya au bar pour boire une gorgé et écouter la conversation qui venait de démarrer entre les trois garçons.
- C'est cool, j'aime bien, fit Louis en haussant les épaules, la bière dans ses mains.
- Sérieusement ? demanda Liam, haussant les sourcils. Tu viens d'où, pour trouver cette ville paumée 'cool' ?
- Doncaster, répondit Zayn à la place de Louis. Ce gars vient de Doncaster et il adore Redditch. Harry t'a contaminé avec sa bizarrerie, dit-il à Louis.
Harry lui fit un grand sourire quand son meilleur se tourna vers lui et lança :
- Ravi d'avoir pu servir.
Ils éclatèrent de rire et Liam resservit un whiskey à Zayn.
- Sinon, pourquoi toutes les chaises sont déjà rangées ? demanda Louis en regardant autour de lui. Vous fermez tôt ?
- J'étais tout seul cet après-midi, expliqua Liam, et je rentre chez moi pour manger, alors je ferme pour deux heures. Comme ça, on pourra ouvrir un peu plus longtemps, ce soir.
- Cool.
Harry observa Louis en face de lui. Il n'avait jamais pensé voir Louis ici, dans un bar de Redditch où Harry avait passé quelques soirées à faire ses devoirs en attendant que Liam finisse son service. Il n'avait jamais pensé voir Louis rire avec Liam et Zayn, comme s'il avait toujours fait parti du petit groupe.
Harry était heureux d'avoir emmené Louis chez lui. Louis s'était ouvert à lui, il lui avait parlé de son père et toutes les complications qui allaient avec, et son excuse était 'cela fait un peu parti de moi, quand même'. Et voilà ce qu'Harry lui montrait, ce qui faisait un peu parti de lui. Ses amis, sa famille, et sa ville.
- Quoi ? lui souffla Louis, les sourcils froncés en voyant qu'Harry le fixait.
- Rien du tout, répondit Harry avant de porter sa bouteille à ses lèvres.
if you want love, NF
Harry était épuisé quand il entra dans sa chambre, et s'effondra sur son lit. La soirée avait été longue ; Louis et lui avait passé une heure à se balader dans les rues, une autre heure avec Zayn et Liam, puis la soirée sushis/Friends avait durée une éternité.
C'était drôle, pourtant. Comme sa mère avait dit, elle avait acheté des tonnes de sushis, et ils avaient tous été mangés, la plupart par Gemma. Louis et lui s'étaient assis sur le sol, adossé au canapé, un plaid sur les genoux, et ils avaient regardé des tonnes d'épisodes, tellement qu'Harry eut du mal à monter les escaliers, les yeux brûlants.
Derrière lui, Louis referma la porte et s'exclama :
- C'était génial. Vous faites ça tout les ans ? Je devrais en parler à mes parents. En même temps, on est beaucoup, donc je suis pas sur que les sushis suffiront et-
- Louis. Tu peux parler moins fort, s'il te plait ? marmonna Harry, posant sa tête sur l'oreiller, regardant le brun les yeux à moitié fermé.
- Désolé.
Harry lui sourit comme pour lui dire que ce n'était pas grave, et ferma les yeux. Malgré la sieste de plusieurs heures qu'il avait fait dans l'après-midi, il était fatigué. Les cours étaient fini, les pression retombait un peu, et ils s'étaient levé tôt, et il n'avait pas vraiment eu le temps de récupérer après la fête de la veille.
Louis s'assit lourdement à côté de lui, puis demanda, enjoué :
- On sort ? On peut aller voir Liam ?
- Mmh, Lou, demain, plutôt ? Je suis mort.
Louis soupira bruyamment et tomba sur le coussin à côté d'Harry pour le regarder dans les yeux. Puis il lui fit un grand sourire.
- Louis, vas-y tout seul, si tu veux, je ne suis vraiment pas en état.
- Mais je veux y aller avec toi, ronchonna le garçon d'une voix enfantine.
- Mais je suis fatigué.
Louis se leva brusquement, et Harry ouvrit les yeux pour le voir assis dos à lui, penché en avant pour enfiler ses chaussures.
- J'y vais, annonça-t-il d'un ton tranchant sans regarder le garçon. Dors bien.
- Eh, l'interpella Harry. Pourquoi tu es en colère ? Je suis fatigué, c'est tout. Ce n'est pas ma faute. C'est toi qui ne pense toujours qu'à toi et qui s'énerve quand on ne t'écoute pas.
- Pardon ? fit Louis en tournant la tête vers Harry, la main sur la poignée. Je ne pense toujours qu'à moi ?
- Oui. Parce qu'on fait toujours tout ce que tu veux, et là, je te dis, je suis fatigué. Pourquoi tu es énervé contre moi ? Parce que pour une fois, on n'écoute pas le petit prince Louis qui a toujours voulu tout ce qu'il voulait ?
Aussitôt qu'il avait prononcé ses paroles, Harry les regretta. Mais c'était trop tard. Il vit le visage de Louis se durcir, ses mâchoires se serrer et son regard devenir noir. Puis il cracha :
- Tu sais quoi, Harry ? Tu es trop pourri gâté pour te rendre compte que des fois, les gens ne sont pas d'accord avec toi.
Puis il ferma la porte, laissant Harry seul dans le noir. Le brun passa une main dans ses cheveux, les tira, et laissa retomber sa tête contre l'oreiller. Il ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer, tellement c'était arrivé. A peine quelques phrases échangées, et Louis lui avait craché quelques mots avant de partir. Mais Harry était trop fatigué pour lui courir après, alors il ferma les yeux, tentant de retenir les larmes qui menaçaient de s'y échapper.
Il eut du mal à s'endormir.
-
Le sommeil d'Harry ne fut pas paisible. Il se réveilla de nombreuses fois, souvent en sueur, et eut du mal à se rendormir. Il eut l'impression de faire cela pendant plusieurs heures mais, quand il regarda l'heure sur son téléphone, pensant que le jour allait bientôt se lever, il découvrit que cela faisait à peine deux heures que Louis était parti. Il soupira, passa ses mains sur son visage et se rallongea.
Il s'en voulait. Il s'en voulait d'avoir dit tout ça à Louis, parce qu'il ne le pensait même pas. Bien sûr que non, Louis ne pensait pas toujours qu'à lui. C'était juste Harry qui, comme Louis lui avait dit, qui était trop idiot pour voir ce qu'il avait. Et il était presque sûr que Louis réservait un avion pour Doncaster en ce moment même. Il n'eut même pas la force de relever la tête pour vérifier si la valise du garçon était encore là.
Et, à cet instant-là, il avait vraiment peur. Harry avait peur parce qu'il avait tout foiré, et parce que Louis ne voudrait surement plus jamais lui parler. Et lui qui, quelques heures avant, alors qu'ils se bagarraient sur le lit, avait réalisé qu'il était amoureux de lui.
Non. Non il ne l'était pas. Non. Il n'était pas amoureux de Louis Tomlinson. C'était stupide.
Alors qu'il essayait de se rendormir, son téléphone sonna. Il grogna, agrippa son oreiller et le plaqua sur sa tête pour ne rien entendre. Son téléphone sonna une deuxième fois, puis une troisième. Quand il se redressa enfin, il vit le prénom de Liam sur l'écran et, alors qu'il décrocha, prêt à crier sur lui, son ami le coupa :
- Harry ? Merde, j'ai cru que tu répondrais jamais.
- Liam, tu as intérêt à appeler pour une bonne raison.
- Heu ouais. J'ai un petit problème. Louis est effondré sur le bar, vraiment vraiment bourré. Il n'arrête pas de parler de toi, de se morfondre en disant qu'il est un enfoiré... Bref, tu peux venir le chercher, s'il te plait ? Il y a du monde, je ne peux pas vraiment le gérer en plus du service, et il serait mieux dans son lit.
- Heu oui, oui bien sûr. J'arrive.
Harry raccrocha, et se leva sans réfléchir pour mettre sa veste par dessus son t-shirt de pyjama et, au fond, il était rassuré. Louis était toujours là et, apparemment, il n'était pas trop en colère contre Harry, ce qui redonna un peu d'espoir au garçon.
Il marcha pendant une dizaine de minutes dans la nuit glaciale, l'air sortant de sa bouche et de son nez se transformant en fumée. Il jouait avec ses doigts dans ses poches, essayant de réfléchir à ce qu'il dirait quand il verrait Louis. Il pensa d'abord à s'excuser tout de suite, comme ça, au milieu du bar, mais il y renonça. Louis était soul, aux dires de Liam, et il devait d'abord le ramener.
Il arriva trop rapidement à son gout, mais il entra quand même. Le bar était bondé, mais il aperçu tout de suite Liam derrière le bar, qui lui faisait un signe de la main. Harry s'approcha, se fit bousculer par deux hommes l'air un peu énervés qui se dirigeaient vers la sortie. Quand il arriva, il vit Louis, les coudes sur le bar, qui jouait avec un verre de whiskey vide. Liam soupira :
- Enfin, tu es là. Je ne sais pas tout ce qu'il a bu, mais beaucoup, vu son état.
En entendant Liam parler, Louis tourna brusquement la tête, et croisa les yeux d'Harry. Ses pupilles bleues étaient brumeuses, et il se pencha vers Liam pour lui chuchoter si fort qu'Harry entendit :
- Pourquoi tu l'as appelé ?
- Pour te ramener à la maison, annonça Harry en s'approchant. Il posa une main sur son épaule et continua :
- Allez, lève-toi. On rentre, il est tard. Ma mère va nous tuer si elle voit qu'on est pas dans la chambre.
Louis grogna et posa son front sur le bar.
- Je croyais que tu voulais pas venir, marmonna-t-il.
Harry hocha la tête en direction de Liam avant de lui dire qu'il s'en occupait, et que le garçon pouvait retourner à son service. Puis, voyant que Louis ne voulait pas bouger, Harry s'assit à côté de lui et posa sa tête lui-aussi sur le bar pour pouvoir regarder Louis, qui grogna et tourna la tête.
- Tu es énervé, murmura Louis en scrutant le visage de Harry.
- Non.
- Non quoi ?
- Non, je ne suis pas énervé. Par contre, je le serais si on ne rentre pas tout de suite, parce qu'il faut que tu ailles de reposer.
Louis soupira et ferma les yeux, et Harry se redressa pour chercher la veste du garçon, qui n'était nulle part. Alors, il enleva la sienne et la posa sur ses épaules et l'aida à se lever. Il leva son pouce en l'air quand Liam le regarda, à l'autre bout de la salle, et Louis et Harry sortirent du bar, le bras d'Harry autour de Louis pour l'aider à marcher.
Louis avançait la tête baissée, les mains dans les poches de la veste d'Harry qu'il avait enfilé. Harry frissonnait sans son simple pull et son jogging, mais quand Louis lui demanda s'il n'avait pas trop froid, il répondit :
- Non, ça va.
Louis ne répondit et grogna en marmonna qu'il avait mal à la tête, et Harry s'arrêta quelques instants pour s'assurer que le garçon allait bien.
- Eh, Louis. Tu peux encore marcher jusqu'à la maison ? fit-il en se baissant pour apercevoir les yeux de Louis, posant la main sur son poignet.
- Oui, ça va... répondit le brun, les yeux dans le vide. Ecoute, Harry, je suis désol-
- On rentre à la maison, et on dort, d'accord ? Tu es soul et épuisé. On en parlera demain.
Louis releva la tête et hocha vivement la tête, puis se remit en marche, mais Harry tenait toujours son bras, alors il se retourna vers Harry, qui planta un baiser délicat sur son front. Quand il se recula, Louis le regarda, les paupières plissées, et Harry se justifia :
- Ça fera moins mal à la tête comme ça.
Louis lui sourit et ils se dépêchèrent de rentrer chez Harry, puisque le froid et la fatigue commençait à se faire ressentir, et Louis peinait à marcher droit, même guidé par Harry. Ils entrèrent en essayant de ne pas faire trop de bruit, et Louis manqua une marche et s'étala sur le palier en un grand fracas. Il jura, et Harry l'aida à se relever et quand il referma la porte derrière eux, Louis était déjà étalé sur le lit.
Harry enleva ses chaussures pendant qu'il retirait difficilement son manteaux, le laissant tomber par terre en soupirant. Une fois cette tâche accomplie, Harry se déchaussa à son tour et s'allongea à côté de Louis, qui avait pris son visage dans ses mains.
- Ça va mieux ta tête ? demanda timidement Harry.
- Mmh.
- Eh, qu'est-ce qu'il y a ? fit-il en lui prenant les poignet pour qu'il éloigne ses mains de son visage, mais Louis le cacha dans l'oreiller.
- Je suis soul.
- Je... J'avais remarqué, pouffa Harry.
- Je veux pas que tu vois.
Harry se mordit la lèvre, souriant, pensant que Louis était encore plus mignon quand il était bourré. Il avait perdu dix ans d'un coup, et Harry s'attendait presque à le voir serrer le coussin comme un doudou. Il posa une main dans ses cheveux, et Louis releva la tête, surpris par la douceur d'Harry.
Harry le fixa quelques secondes en soufflant, se mordant les lèvres, puis se pencha en avant pour le serrer dans ses bras. Il ferma les yeux, respirant l'odeur de Louis qui sentait son parfum et l'alcool. Tout allait bien. Il avait eu si peur que Louis ne veuille plus jamais lui parler et, au fond, peut-être qu'il avait exagéré la chose. Ils s'étaient simplement disputés.
Louis le serra en retour et, dans le noir, il chuchota à Harry :
- Harold, je suis désolé. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, j'ai... Je suis désolé. Tu voulais dormir et c'est normal et, pour ce que j'ai dit-
- Ça va, Lou. C'est ma faute.
Harry s'interrompit quand il se rendit compte du surnom qui venait de franchir ses lèvres, mais il sentit contre sa tempe la joue de Louis se soulever, comme s'il avait sourit.
- Ce n'est pas vrai, tu ne penses pas qu'à toi. Je suis tellement désolé, j'ai dit n'importe quoi. C'était n'importe quoi, j'étais juste fatigué et je m'énerve beaucoup trop vite.
Il ferma les yeux et chercha à poser son front sur l'épaule de Louis, mais celui-ci n'était déjà plus accroché à lui. Il était allongé à côté d'Harry, les bras croisés contre sa poitrine, le menton baissé. Harry ravala un rire et lâcha :
- Lou ? Qu'est-ce qui a ?
Louis tourna la tête vers lui et demanda d'un air sérieux :
- Tu es énervé ?
- Je te l'ai déjà dit. Je ne suis pas énervé.
- Okay, fit Louis en regardant le plafond. Moi, je suis énervé.
Harry fronça les sourcils et passa sa main sous son oreiller, sans cesser de regarder Louis, qui prit une grande inspiration avant de dire, sa silhouette se dessinant dans l'obscurité :
- Tu sais, je t'aimais bien, avant, Harry. T'étais sympa.
Harry déglutit difficilement, prononçant le nom de Louis, qui mourut dans sa gorge. Louis tourna la tête pour le regarder, et Harry cru voir des larmes briller aux coins de ses yeux.
- Là, ça commence à devenir trop. Je commence à te détester un peu.
- Louis, je suis désolé pour ce que j'ai dit, c'était-
- Tu te souviens de cette soirée, quand on ne se connaissait pas bien, et que je t'ai présenté Taylor ? Je t'ai dit qu'on s'en foutait de l'avis des gens, et je le pensait vraiment, parce que j'ai toujours vécu comme ça. Mais là, je ne sais pas ce qu'il se passa, Haz, mais j'y arrive plus.
Louis déglutit, sans quitter Harry des yeux. Il tourna son corps vers lui et le prit dans ses bras. Harry entoura ses bras autour de la taille de Louis, sans comprendre ou celui-ci voulait en venir. Il renifla, et finit :
- Je ne sais pas depuis quand ton avis est si important pour moi, et je n'aime pas vraiment ça.
voilà pour ce long chapitre, un peu plus que 6 000 mots rien que pour vous ! Liam est enfin présent dans les chapitres passé, même s'il n'a pas beaucoup d'importance. qu'avez-vous pensé du personnage de Gemma ? on n'en sait pas beaucoup pour le moment, mais elle va vite devenir très importante ; )
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top