§ Chapitre 55 §
19 octobre 2022
France
Il vérifia qu'il y avait un pouf derrière lui avant de s'asseoir, puis chercha les mains de son nouveau X comme Wilhelm le leur demandait en fond sonore, l'esprit ailleurs. Cependant, aussitôt que les mains de son vis-à-vis eurent trouvé ses joues et caressé ses lèvres et son menton, il traça 'Harry' sur sa joue.
« Ouah, t'es rapide, souffla le garçon en séchant complètement, une nouvelle fois. Je vais être beaucoup plus lent, hein. Je suis plutôt mauvais à ça, je crois. »
L'autre ne répondit pas, évidemment. Harry analysa d'abord la mâchoire, plus resserrée que celle de Monika, puis les yeux, également plus allongés, le nez, fin, et les cheveux, courts.
« Selon une étude approfondie de tes traits, je dirais que tu es un garçon de l'équipe, et comme tu as un visage fin, je dirais... »
Dilemme : ce n'était pas Ludwig, vu que cet imbécile avait des cheveux super longs, mais ça pouvait correspondre à la fois à Serge et Dimitri.
« Disons Dimitri, parce que Serge a un nez plus long, dit Harry à voix haute.
- Bonne réponse, sembla sourire le jeune homme de sa voix douce. Ma rapidité à reconnaître ton visage aurait dû t'alerter, je pense. À vrai dire, je n'ai eu qu'à toucher tes mains, je les ai reconnues tout de suite, mais je me suis dit que deviner ton nom en te touchant les mains serait un peu cramé.
- C'est sûr que je n'aurais pas cherché longtemps, rit doucement le bouclé en imaginant la situation. »
S'il était complètement honnête avec lui-même, il reconnaîtrait que non, il ne se serait pas souvenu avoir prêté ses mains à Dimitri pour qu'il puisse les toucher une heure plus tôt, et aurait juste cru à un coup du hasard.
« Excuse-moi, mais est-ce que je peux continuer à explorer ton visage même si j'ai déjà trouvé qui tu es ? Demanda Dimitri timidement.
- Bien sûr, fais-toi plaisir, sourit le plus jeune en rangeant ses mains sur ses genoux, sentant celles de Dimitri atterrir un peu bas. Ah, ça c'est le torse, pouffa-t-il alors que l'aveugle se confondait en excuses. Si j'étais une lady je te ferais une scène.
- Je suis vraiment désolé Harry, je- ce n'était pas- bafouillait le jeune homme en face de lui, horrifié par l'idée même de profiter du fait qu'Harry ait les yeux fermés.
- Hey, c'est pas grave, je ne vais pas m'énerver pour ça quand même, le rassura le plus jeune en attrapant ses mains pour les poser sur son visage, cette fois.
- Je- tu m'autorises quand même à... ? Demanda Dimitri à demi-mot.
- Bien évidemment que oui, ne t'inquiète pas, lui assura le plus jeune en souriant grandement, ses fossettes creusant des trous sous les doigts de son vis-à-vis, qui sursauta.
- Oh, mais tu as des fossettes ! S'extasia celui-ci, ravi. C'est tellement doux comme sensation ! Recommence pour voir ? »
Harry arrêta de sourire pour cacher ses fossettes, puis les ressortit.
« Hihi, fit le plus âgé en esquissant probablement un sourire content, la pulpe de ses doigts caressant doucement les creux dans les joues du plus jeune.
- Pfaha, pouffa Harry en se penchant légèrement en avant, surpris de cette réaction enfantine. C'est tout ce que tu vas retenir de mon visage je parie ?
- Tu supposes bien, dit simplement le plus âgé en continuant quand même à passer ses doigts sur son visage. Ce n'est pas trop dérangeant que je fasse ça ? S'assura-t-il tout de même.
- Hm hm, tu es un excellent masseur facial, se contenta de dire Harry en profitant des sensations qu'il lui offrait. »
Il n'eut cependant pas beaucoup plus de temps pour se relaxer que Wilhelm annonça la fin du temps imparti. Ils ouvrirent les yeux, enfin, Harry le fit et Dimitri sourit, puis les autres visages furent peu à peu découverts par le plus jeune de l'équipe, qui avait l'impression d'être plus proche de son équipe que de tous ceux qu'il avait déjà rencontrés dans sa vie. À la suite de cette activité vint celle de 's'habiller les yeux bandés', qui en mit perplexe plus d'un.
« Mais c'est pas compliqué, râla l'organisateur de la journée dans son haut-parleur quand une énième question vint l'interrompre. Je recommence. Écoutez bien sinon je me fâche. Donc, dans vos poufs, comme d'habitude, se trouvent des déguisements taille unique. Vous allez vous bander les yeux, puis on viendra vous mettre en binôme en posant deux tenues à côté de vous, assez éloignées l'une de l'autre pour pouvoir les distinguer. Dans le binôme, les deux personnes auront les yeux bandés. Le but est de s'habiller mutuellement avec les déguisements : un coup l'un se fait habiller, un coup l'autre. Simple, non ? Quand vous êtes sûrs d'avoir fini, vous enlevez les foulards et vous constatez d'à quel point vous êtes nuls pour vous repérer sans vos yeux. Et bien sûr, vous pouvez parler, cette activité est conçue pour. Est-ce que c'est bon, cette fois ? »
Plus personne ne protesta, et petit à petit, chacun se couvrit les yeux de son foulard en attendant que les agisseurs de l'ombre viennent les positionner à leur guise. Ils furent d'abord tous mis en binômes, Harry se retrouvant assis à côté de Sylvia et se mettant à lui parler tranquillement, tandis que les organisateurs sortaient les déguisements des poufs et les mettaient à côté d'eux, un de chaque côté du couple qu'ils formaient.
« Comment se passe ta journée pour le moment ? S'intéressa Sylvia la première, son genou touchant celui du garçon vu qu'ils étaient assis en tailleur.
- Agréable, ça détend d'avoir une journée comme ça juste avant les vacances, avoua-t-il en entendant vaguement les organisateurs passer à côté d'eux. Je t'avoue que je stresse un peu pour les examens qui arrivent.
- C'est normal, sembla acquiescer la jeune femme, compréhensive. Tu te sens comment pour l'activité qui se met en place ?
- J'ai le sentiment qu'on va bien s'amuser, sourit le garçon en essayant d'imaginer à quoi pourrait ressembler une telle scène d'un point de vue extérieur. Tu n'as pas d'endroits intouchables ? Type le ventre, ou les bras...
- Tant que tu ne touches pas mes parties intimes et ma poitrine c'est bon, répondit-elle, détendue. Et toi ?
- La même, mais le torse ça ne me dérange pas.
- Chers compatriotes - il a encore beaucoup de synonymes comme ça ? - ! Lança Wilhelm par-dessus leurs voix. L'activité est prête. Vous avez normalement pris contact avec votre binôme, et je déclare que celui qui a les mains les plus froides commence ! Si vous avez les mains à la même température, testez les pieds. Et si c'est toujours pareil, choisissez, je m'en fiche. Sur ce... partez ! Vous avez six minutes !
- Pas trois ? Lança quelqu'un vers le fond.
- Six c'est trois fois deux, rappela Wilhelm, blasé. Allez-y et me faites pas chier.
- Alors, si on prend en compte le fait que j'ai les mains brûlantes, je pense que tu commences, sourit - apparemment - Sylvia avec un petit rire. Le costume que je dois mettre est posé à côté de toi, j'imagine. »
Le plus jeune se mit tout de suite à tâtonner à côté de lui, et ne tarda pas à sentir un tas de vêtements mis en boule.
« Premier problème : ils sont mélangés, fit-il mine de soupirer en sentant déjà des chaussettes - forme équivoque aidant - sous ses doigts. Ah, tu peux enlever tes chaussures ? Je dois te mettre des chaussettes.
- Dernière règle, lança Wilhelm à la cantonade au même instant, celui qui se fait habiller ne peut pas aider celui qui l'habille ! S'il faut enlever quelque chose, celui qui habille se débrouille !
- Je suis sûre qu'il l'a trouvée en t'entendant celle-là, rit Sylvia en ne bougeant donc pas. Découvre les autres vêtements avant de commencer à me mettre les chaussettes, on ne perdra pas de temps comme ça.
- Très bonne idée, souffla Harry, que tous ses mouvements pour tenter de ramasser les vêtements dispersés et de les reconnaître rendaient à bout de souffle. Pour l'instant, j'ai un haut, un truc, des chaussettes hautes, j'imagine, et un chapeau. Ah, et des... Qu'est-ce que c'est que ça ? »
Il tripota les drôles de choses pendant une seconde, puis se rendit compte que c'était des chaussons.
« Ah, c'est des souliers. Commençons par les chaussettes et le haut si tu veux bien, annonça-t-il en allant la rejoindre. Ah mais du coup c'est à moi de t'enlever tes chaussures, réalisa-t-il après une seconde de silence entre eux.
- Oui. Ne t'en fais pas, mes pieds sont secs, et j'ai des chaussettes déjà, le rassura Sylvia, bienveillante. Mais tu devrais peut-être te dépêcher, les autres binômes doivent avancer.
- AÏE MES COUILLES ! PAS AUSSI HAUT !! Hurla quelqu'un quelque part.
- Euh, où tu es ? Demanda Harry, perdu dans l'espace où il se trouvait, aka le néant.
- Ici. »
Il se laissa conduire par le son de sa voix.
« Alors mademoiselle, ces chaussures, on va vous les enlever, dit-il d'un ton professionnel, et à la place où va vous mettre chaussettes et chaussons. Quelque chose à y redire ?
- TU ME TIRES LES CHEVEUX ! Hurla encore quelqu'un, dans la direction opposée du premier.
- Ben écoute moi ça ne me dérange pas, mais si tu pouvais me toucher autre chose que les genoux, pouffa Sylvia.
- Je me disais bien que tes air max n'avaient pas cette forme tout à l'heure, acquiesça Harry, amusé lui aussi. Du coup plus bas... Continua-t-il en bougeant ses mains.
- Sauf que ça c'est plus haut... Railla gentiment la jeune femme sans bouger.
- Roh mais dis tu m'embêtes, rit Harry en trouvant enfin ses chaussures, qu'il essaya d'enlever sans grand succès. Me dis pas que tu fais des double-nœuds à tes lacets ? Soupira-t-il pour de vrai, nul avec tout ce qui nécessitait de manier un fil au-delà d'un nœud à oreilles de lapin.
- Je trouve que ces chaussures ne se barrent pas très vite, esquiva sa coéquipière en faisant mine de rien.
- IL NE RESTE PLUS QUE DEUX MINUTES AVANT D'INVERSER LES BINÔMES ! Leur lança Wilhelm avec son haut-parleur.
- Bon, elles arrivent ces chaussettes ? Fit mine de s'impatienter Sylvia alors qu'Harry cherchait le déguisement, parti se balader quelque part.
- Oui bon bah ça va, râla-t-il en remettant enfin la main dessus, complètement à l'ouest. T'es où déjà ? »
Cette fois, il ne put se fier qu'au rire de sa camarade, qui se tapait une barre.
« Je vais t'enfiler ça en deux-deux tu vas voir, sa gaussa-t-il en prenant déjà une chaussette. Tends ton pied. »
Il se le prit dans la tête, heureusement qu'elle ne l'avait pas fait fort.
« Oh pardon, j'ai senti ton nez, pouffa Sylvia en reculant son pied.
- T'inquiète, tu es chatouilleuse ? S'assura-t-il en lui prenant la cheville, histoire de ne pas se prendre un autre pied dans la figure.
- Du tout, tu peux y aller, lui affirma-t-elle - il en fut honnêtement soulagé. »
L'enfilage des vêtements se fit dans une concentration extrême, les étudiants autour d'eux passant un bon moment, animé par les cris qui retentissaient de temps en temps - ou hurlements de rire selon certains cas, avec notamment le fameux 'OH PUTAIN T'AS PAS DE PIEDS' qui resterait sans aucun doute dans les annales de cette journée.
« On change de binômes ! Dit soudainement Wilhelm dans son haut-parleur après qu'Harry ait été habillé à son tour, et constaté le carnage - il ne s'en sortait lui-même pas trop mal, mais Sylvia avait le T-shirt sur les jambes et la jupe aux épaules, défilant d'une manière étrange pour rendre hommage à son accoutrement. Le temps que vous avez vos yeux débandés, vous pouvez vous déshabiller et remettre vos vêtements à leur place, on va venir vous remettre en binômes quand tout le monde sera prêt.
- Je pourrais rester comme ça toute la journée, se vanta pourtant Sylvia en prenant une pose de mannequin.
- Ou~ouh, c'est qui la reine du bal baby ? S'en mêla Dorémi en plaçant son bras sur ses épaules.
- Bhaha, mais qui t'a habillée ? Rit la jeune femme en regardant Dorémi, vêtue d'une combinaison-pyjama Tigrou, qui avait visiblement connu des jours meilleurs.
- Serge, cet amour était tout gêné au moment de passer le fessier, exposa la rousse, hilare elle aussi. Mais bref, à tout à l'heure mes chéris, en espérant vous voir plus débraillés que ça ! Surtout toi Haz.
- Je n'y manquerai pas, sourit celui-ci, riant un peu quand Dorémi fit en geste d'émoi en pointant ses fossettes dévoilées.
- Ce jeu est original, lui dit Sylvia en remettant son foulard sur ses yeux une fois son déguisement retiré.
- Oui, c'est sympa, je me demande comment Will a réussi à trouver ça, la suivit le plus jeune en l'imitant. À tout à l'heure, j'imagine.
- Bye bye, doux ami. »
Des mains passèrent à nouveau sur ses épaules et il se leva pour aller là où la personne le guidait. Il s'arrêta après quelques mètres et se rassit.
« Qui est-ce cette fois ? Lança une voix railleuse bien trop familière à son goût.
Oh putain c'est pas vrai.
• § •
« Mes petits poulains, le moment est venu de quitter cet endroit pour aller vous dégourdir les jambes, et également aller au prochain point de rendez-vous ! Annonça Wilhelm après que tous les membres de l'équipe se soient retrouvés en binômes pour cette dernière activité. En effet, vous n'avez pas vu le temps passer, mais il est dix heures ! Je vous dis à tout de suite pour la suite de la journée, on se retrouvera au dernier étage de la Charlie's House, dirigez-vous-y dans le calme et en gardant vos équipes ! Vous vous placerez dans vos zones respectives, comme ici, même si l'espace sera un peu plus restreint. À tout à l'heure ! »
Il descendit de l'estrade, et les étudiants se dirigèrent lentement vers la sortie, les infirmiers encadrant le lieu les empêchant de former une cohue. Harry retrouva Betty un peu par hasard à l'écart de la foule, et eut le temps de lui adresser quelques mots avant d'être appelé à sortir.
« Je suis dans l'équipe de Monika, lui dit-il simplement alors qu'elle relevait la tête vers lui. Je crois que je commence à voir ce que tu lui trouves. »
Elle acquiesça avec un regard fier, puis lui et son équipe se dirigèrent vers la sortie.
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