§ Chapitre 45 §
23 septembre 2022
France
« TU M'AS MIS DU SHAMPOOING DANS LES YEUX, CONNASSE ! Cria une voix aussitôt qu'ils furent entrés dans la petite boutique, Harry souriant automatiquement en entendant la voix aiguë et éraillée de Louis. MAIS C'EST PAS VRAI, TU LE FAIS EXPRÈS !
- Tu es bien perspicace aujourd'hui, ricana un autre timbre, très reconnaissable de par ses intonations cassées et sa sonorité rauque. Ça devrait t'arriver plus souvent, c'est vraiment prodigieux.
- Charlie, arrête de maltraiter mes clients s'il te plaît, j'aimerais profiter de leur argent encore longtemps, lança une autre voix, qu'Harry ne connaissait pas. Oh, qui avons-nous là ? »
Pour protéger les clients des regards indiscrets venant de l'extérieur, une cloison ouverte sur ses deux extrémités avait été installée à environ un mètre cinquante la vitrine, et c'est précisément cette cloison qu'un fauteuil roulant contourna pour venir accueillir ses clients.
« Clotaire ! Mon camarade a besoin de tes conseils pour dompter sa chevelure de hippie, le salua Wilhelm en prenant un air dramatique tout à propos.
- Enchanté, Camaradequiabesoindemesconseilspourdomptersacheveluredehippie, je suis Clotaire, le coiffeur le plus visité du campus selon le journal local. »
Ledit coiffeur lui tendit une main avec des articulations marquées, décorée d'un peu d'encre sur le côté.
« Ah, excuse, je suis gaucher, rit-il quand il remarqua le léger bug du plus jeune. L'encre se tasse sur ma main quand je passe sur mes lignes. C'est sec alors t'inquiète, ça tache pas.
- Je ne m'inquiétais pas, je n'ai juste pas l'habitude, rit nerveusement Harry en se passant une main dans les cheveux, l'autre répondant à la poignée du coiffeur. Qu'est-ce qu'il se passe là-bas ? Dirigea-t-il plutôt vers le fond de la boutique, où selon les jurons qu'on entendait, Louis était en train de se faire égorger.
- Je m'apprêtais à faire un petit rafraîchissement à la coupe de cheveux de Louis mais mon téléphone a sonné, et comme je suis seul aujourd'hui parce que mon employée est absente, j'ai dû aller répondre peu avant de faire le shampooing. Comme Charlie était avec Louis je lui ai proposé de le faire à ma place, en lui mettant dans les mains les produits à utiliser, enfin je suis pas con et je lui ai montré les trucs quoi, et depuis cinq minutes je dirais qu'elle fait exprès de mettre du produit dans les yeux de Louis.
- C'est la pire, lâcha Harry en même temps que Wilhelm qui soufflait ''C'est la meilleure''. Ce n'est pas dangereux ? S'inquiéta-t-il après avoir donné un coup de coude au blond, ou tenté vu que celui-ci avait fui lâchement de l'autre côté du mur où se trouvaient ses deux amis.
- Non, je n'utilise que des produits non nocifs pour les yeux, le rassura le coiffeur en roulant pour rejoindre Wilhelm et les deux autres. Pourquoi vous venez, précisément ?
- Wilhelm n'aime pas ma coupe de cheveux, et j'avoue que ça commence à être un peu le bazar, grimaça le garçon en essayant d'aplatir sa masse capillaire importante avec sa main. Il faudrait tailler la haie, tu vois. Mettre des produits pour faire briller, aussi.
- Je vais voir ce que je peux faire pour ta haie alors, pouffa Clotaire en repoussant ses lunettes rondes sur le haut de son nez fin, éloignant d'un même mouvement les petits cheveux qui traînaient autour de son visage et n'étaient plus maintenus dans son catogan d'un châtain cuivré. »
C'est d'ailleurs à ce moment que Harry se fit la réflexion que l'ossature de Clotaire était apparente, et plutôt fine sous sa peau, formant des creux sur ses joues, terminées par un menton pointu.
Je me demande si son handicap se limite à la tétraplégie, se dit-il en le suivant, n'étant pas dupe sur la minceur maladive de ses cuisses sur le siège du fauteuil.
« CHAAAAAARLIIIIIE, beugla Louis alors qu'ils passaient le mur, la jeune femme souriant doucement, côtoyée par Wilhelm qui s'amusait à faire couler un produit visqueux probablement gelé le plus loin possible sur le nez du - sans doute très bien vu le temps que Charlie y mettait - shampooiné.
- Je suis de retour, dit simplement le coiffeur de profession en arrivant près de Charlie. Tu peux retourner aux sièges ma belle. Will, tu la raccompagnes s'il te plaît ?
- Tout de suite mon capitaine, s'exécuta le blond en tendant exagérément son bras à la jeune femme, qui prit le temps de baisser ses manches sur ses avant-bras - qu'elles avait relevées le temps de mettre les mains dans l'eau - avant de poser sa main dessus et de se laisser mener jusqu'aux sièges placés non loin.
- Quant à nous cher ami, on va rincer ce joli bordel qu'elle t'a fait, et puis tu me diras ce que tu veux que je te fasse, finalement. On est d'acc' ?
- Oh oui, arrête de parler je t'en supplie et fais quelque chose, implora le martyrisé en tendant ses mains dans le vide, les yeux plissés en direction du plafond.
- Titre, ricana Wilhelm en se posant sur les genoux de Liam, qui prenait l'un des magazines présents sur la table.
- Sale connard, on en serait pas là si tu avais arrêté Charlie, gémit-il, puis tressauta de joie sur son fauteuil quand il entendit le jet d'eau s'allumer. Oh Clotaire, est-ce que je t'ai déjà dit que je t'aime ?
- Leur relation est quand même bizarre, chuchota Charlie, Harry passant presque à côté tant sa voix était rauque. Il va le voir quand il en a envie, leurs rencontres finissent forcément sur un payement, et quand il sort d'ici il part toujours plus léger.
- Tu parles de ma masse capillaire ou de mon porte-monnaie ? S'intéressa Louis en peinant à ouvrir les yeux sous le jet d'eau doux que lui présentait Clotaire.
- On va pas parler de la même bourse, ricana la musicienne, cette blague - en était-ce une ? - créant un silence le temps que chacun prenne le temps de la comprendre ; en l'occurrence, Wilhelm fut le plus vif.
- T'as vraiment aucune gêne, gloussa-t-il nerveusement en jetant des coups d'œil au duo Louis-Clotaire. Devant eux en plus.
- Nous on sait bien que c'est pas vrai, lança le coiffeur avec un calme déconcertant. Pas vrai mon chou ? »
Harry dut se faire violence pour ne pas exploser de rire, la manière qu'avait de surnommer Clotaire se retournant particulièrement contre lui dans ce cas de figure. Liam n'eut pas assez de force mentale et craqua un sourire.
« Mon sauveur, dit finalement Louis en ouvrant complètement les yeux, l'action restant du point de vue des visiteurs relativement invisible, mais se devinant plutôt très bien. T'as de beaux yeux dans ce sens là.
- Et toi tu as de beaux yeux tout le temps, love. Tu veux que je te mette un produit nourrissant ou tu en as chez toi ?
- Il faudrait que tu me conseilles une nouvelle marque, je n'aimais pas trop l'ancienne. Elle m'irritait le cuir chevelu.
- C'est sûr que tu ne dois pas en reprendre dans ce cas, attends que je voie ce que j'ai... »
Clotaire s'éloigna de la vasque où Louis était toujours accroché, allant regarder l'un des pans de murs de la boutique, recouvert de lotions de toutes les couleurs. D'ailleurs, le siège de Louis était plutôt particulier ; celui à côté du sien était ordinaire, mais le sien en lui-même était beaucoup plus gros, et quasiment allongé, pour qu'il soit à l'aise. Une autre vasque encore à côté n'avait pas de siège devant elle, mais l'évier pouvait se lever, pour atteindre la hauteur voulue.
« C'est pour les mentaux qui ne peuvent pas quitter leur siège, l'éclaira Louis en voyant l'insistance de son regard sur la plaque élévatrice chargée de remonter Clotaire à la même hauteur que la vasque. Moi je peux bouger tout seul, mais si un mental en fauteuil n'a pas le droit, la capacité ou l'accompagnant nécessaire pour se transporter d'un siège à l'autre, alors Clo doit régler la douchette à la hauteur du siège, qui varie selon les modèles, et se mettre lui-même à la hauteur de la douchette. Pour les gens comme toi il y a ce fauteuil-là aussi, fit-il d'un ton moqueur en désignant le siège ordinaire à côté de lui.
- Il ne se règle pas ? Devina Harry en voyant le moteur de celui de Louis.
- Non, et c'est tant mieux, j'ai entendu dire qu'il est affreusement inconfortable. C'est une petite vengeance de paraplégique, ricana-t-il en se frottant les mains.
- Mais quel machiavélisme darling, tu me fais peur, lança Clotaire, sarcastique, en retournant à sa place avec un gel dans les mains. J'ai ce qu'il te faut, racines grasses et cheveux abimés c'est ça ?
- Mais quel pro, tu m'impressionnes, dit sincèrement Louis en le regardant, les sourcils haussés.
- Je ne fais que mon travail, sourit le brun en ouvrant le contenant. Remets-toi correctement s'il te plaît. »
Le châtain s'exécuta sans protester, se laissant masser le crâne par les doigts de Clotaire. En prenant un peu de recul, la scène était plutôt mignonne avec ces deux têtes d'anges proches - tout est relatif - l'une de l'autre, et Harry se surprit à shipper son crush avec quelqu'un d'autre. Il trouvait ça d'autant plus touchant que les deux étaient paralysés aux jambes, et avaient l'air de faire la même taille, avec une physionomie similaire de surcroît.
« À quoi tu penses, Haz ? Lui chuchota Wilhelm tout doucement, assez pour que les deux fauteuils ne l'entendent pas.
- Ils sont mignons tous les deux, lui répondit Harry encore plus doucement. Ils ne sont vraiment qu'amis ?
- Ouais. Et puis, en toute honnêteté, Louis te préfère toi au niveau sentimental. Mais ne lui dis pas que je te l'ai dit.
- Tu es le pire gardien de secrets du monde, soupira le plus jeune en sentant ses joues rougir de se savoir un tantinet apprécié de Louis.
- C'est ça. Attention les oreilles, il va allumer le sèche-cheveux, le prévint Wilhelm quelques secondes avant que l'appareil ne s'enclenche. Je ne sais pas s'il fait des ultrasons, alors je te le dis quand même. »
Craintif, le bouclé plaça ses paumes sur ses oreilles, mais constatant que de l'air balayait les mèches de Louis sans qu'un bruit époustouflant ne secoue la pièce, il retira ses mains et se réinstalla correctement. Il veilla tout de même à ce que le moteur ne décide tout à coup de devenir bruyant, en conservant donc une position défensive.
« Tu as le même handicap que Claude toi, non ? Lança Clotaire sans quitter son ouvrage des yeux. Enfin, tu permets que je parle de ça ?
- Hm, acquiesça le plus jeune en jetant un regard à ses amis, absorbés par leurs téléphones ou les journaux de coiffure et de mode mis à disposition des clients. Qui est Claude ?
- Un gars parti l'année dernière à la ville filiale, il avait une ouïe surdéveloppée, et il faisait des malaises régulièrement quand on parlait trop fort, enfin voilà. Tu as la même chose ?
- Ouais, lâcha Harry sans trop faire attention à son ton, mais à un niveau plus soft. Je n'ai ça que depuis quelques années. Et avant j'étais sourd, mais je crois que j'ai oublié la langue des signes.
- Tu as OUBLIÉ la langue des signes ? S'étonna le coiffeur en s'occupant de la mèche de Louis, quittant son ouvrage des yeux régulièrement pour regarder son interlocuteur. C'est pas possible, tu t'en souviens forcément un peu. Je suis sûr que si on te fait les signes de base, tu comprends inconsciemment ce qu'on te dit.
- Quand Sasha m'a parlé en langue des signes je n'ai rien compris, haussa-t-il les épaules, vague. Et toi, ton handicap ?
- J'en ai deux en fait, dit-il d'un ton léger en reposant son sèche-cheveux. Je suis paraplégique, depuis mes cinq ans à peu près, à cause d'un accident de voiture, et depuis ma naissance je souffre d'un vieillissement et renouvellement très rapides des cellules, qui en elles-mêmes sont fragiles et faibles, ce qui donne à mon corps une allure un peu rachitique et discrète. Des gens pensent parfois que je suis une fille tellement mes traits sont fins. Donc on a dit qu'on coupe tout ça, love ? Adressa-t-il à Louis en prenant des mèches de ses cheveux dans les mains. »
Passa ensuite toute la séance de coupe-coupe-ça-te-va-comme-ça-je-voyais-ça-un-peu-plus-comme-ça-très-bien-on-change-alors et tout ça. Regarder les mèches de Louis tomber par terre était fichtrement satisfaisant, et voir Clotaire manipuler la tête de son client comme il le voulait grâce à la fonction de rotation du siège avait quelque chose d'intéressant à voir, surtout son expression concentrée qu'Harry apercevait dans le miroir à intervalles réguliers, quand la tête de Louis - aussi belle soit-elle - ne lui bouchait pas la vue.
« Attention tu baves, lui chuchota Wilhelm quand Louis gagna la caisse, la tête plus adulte, un sourire éblouissant aux lèvres.
- Oui, mais je ne saurais pas te dire sur lequel, rétorqua Harry en lui jetant un coup d'œil amusé.
- Clotaire est pris, mais Louis est toujours célibataire, dit simplement le plus âgé en retournant son attention sur le magazine de mode que Liam feuilletait. Oh regarde Liaminou, cette robe serait si belle sur toi. Avec les fleurs moches et tout.
- Tu es sûr que tu étudies le commerce ? Pouffa le jeune homme en pointant l'une des robes de la page. Celle-là ?
- Non, l'autre.
- C'est vrai qu'elle est moche.
- Justement, toi et tes formes inexistantes vous l'embelliriez comme jaja.
- Harry ? Tu peux venir s'il te plaît ? Appela soudain Clotaire, les ombres de Louis et Charlie passant le mur menant vers la sortie.
- Oui, j'arrive, dit-il calmement, confiant son téléphone à Wilhelm qui lui promit d'en trouver le code pour écrire des messages niais à ses profs. Tes prix ne sont pas trop chers ? S'inquiéta-t-il soudain en s'approchant de la coiffeuse, illuminée d'une lumière chaude, auprès de laquelle le coiffeur l'attendait.
- Je ne suis pas avide d'argent, mes clients sont nombreux et on est sur un campus étudiant, alors ne t'inquiète pas pour ça. Au pire j'enverrai ma facture par courrier chez toi tous les jours, comme ça tu n'oublieras pas de revenir pour me payer.
- Au moins je suis prévenu, rit négligemment le plus jeune en s'installant sur le siège. Du coup là c'est le moment où tu me demandes ce que je veux faire et où je te dis que je ne sais pas ?
- Tout à fait, acquiesça le brun en souriant. Ça fait longtemps que tu as cette coupe ? En mouton ?
- Ça fait... depuis le début de mon adolescence je dirais. Jusqu'à maintenant je ne m'en occupais pas trop, mais je dois dire que c'est un peu enfantin, grimaça-t-il en jetant un œil à ses boucles désordonnées sur sa tête, formant un casque rendu d'autant plus visible à cause des lumières braquées dessus.
- C'est sûr, même si c'est plutôt mignon, nuança le coiffeur, impartial. Actuellement, on a deux options, tu vois ? Soit je sévis et je te fais une coupe à la Wilhelm - il modélisa le résultat en repoussant les boucles épaisses d'Harry vers l'arrière, laissant ainsi son crâne dégagé -, soit on laisse pousser et on dompte avec des produits, des visites fréquentes et tout le bazar pour arriver à te faire une cascade de boucles propres, au niveau des épaules, que tu pourrais attacher ou mettre d'un côté ou de l'autre de ta tête à ta guise. Qu'est-ce que tu préférerais ?
- Je ne sais pas, soupira-t-il en riant un peu. Les deux ont l'air bien. Tu préfères quoi, toi ? »
Clotaire eut un instant de réflexion, jouant un peu avec les boucles rebondissant entre ses doigts, agençant ses mains d'une manière ou d'une autre pour voir ce que ça ferait - pour Harry, c'était un vrai massage.
« Le problème, dit-il finalement, c'est que pour l'instant, tes cheveux sont en mode adolescence et hormones en crise. Ça va se calmer d'ici quelques années, mais là on n'a que ça, soit un gros nuage bouclé uniforme sans caractéristiques particulières. Du coup je pencherais plutôt pour l'option de la coupe à la Wilhelm, histoire de ne pas dépenser une fortune dans des produits pour arranger ce que tu as alors que ton corps peut tout foutre en l'air en une nuit, d'autant plus que sortir l'artillerie lourde endommagerait tes mèches. Mais la cascade pourra se tenter dans quelques années, si tu en as toujours envie et que le cas s'est arrangé.
- Le chef a parlé, lança Wilhelm depuis son siège. Trois, deux, un, COUPEZ !
- Mais avant de couper il faut nettoyer, mon prince, sourit Clotaire en faisant signe à Harry de se lever et de le suivre. Pour une fois cher Harry, je t'autorise à aller sur le siège du milieu, qui est plus agréable pour la nuque que celui que tous les autres doivent utiliser.
- Pourquoi moi j'ai le droit mais pas les autres ? Demanda le plus jeune alors que Wilhelm s'égosillait sur le fait que c'était injuste pour lui, pauvre étudiant maltraité par - bref.
- Parce que pour te laver les cheveux correctement, avec l'épaisseur que tu as je veux dire, il faut un autre angle que celui qu'on a déjà dû te faire subir. Pour atteindre les racines sans te tremper la nuque. »
Le bouclé se dit brièvement que ça n'avait pas tellement de sens, mais acquiesça quand même, et prit place dans le siège robotisé.
« Attention à la secousse, prévint gentiment Clotaire avant de presser quelques boutons de son côté, mettant la machine en marche. Et puis en vrai, chuchota-t-il en chauffant l'eau, je t'autorise à aller dans ce fauteuil-ci, de une pour faire enrager Will, de deux parce que c'est ta première venue ici et je veux que tu en gardes un bon souvenir, et de trois parce que je t'aime bien. Mais ne lui dis pas que je t'ai dit ça, rit-il un peu fort, faisant se tourner la tête du principal concerné de leur côté.
- Qu'est-ce qu'il se passe chez les beaux-gosses ? Lança-t-il en se levant, allant près de Clotaire pour regarder Harry, la tête renversée dans la vasque. Oh, fit-il en remarquant la pomme d'Adam d'Harry pointer à travers la peau fine de sa gorge, dommage que Charlie ne soit plus là, j'aurais aimé lui demander si une pomme d'Adam plus ou moins grosse produit une voix plus ou moins grave.
- C'est dommage, en effet. Je crois qu'elle est rentrée chez elle, tu pourrais aller lui demander directement, proposa le coiffeur en prenant un shampooing une fois les cheveux d'Harry mouillés.
- Oh non ne t'inquiète pas, je le ferai une autre fois. On se verra à l'orchestre de toute façon.
- D'ailleurs, comment ça avance ? S'intéressa Harry en ne relevant pas la tête mais regardant Wilhelm d'où il se trouvait. Tu parlais de Fairytale il y a quelques semaines ?
- Oui, on a ça et plusieurs autres pièces en cours, acquiesça le blond en s'accoudant à la vasque pour se mettre à la hauteur du plus jeune, le résultat est vraiment cool et en plus j'ai le rôle du premier violon sur celui-là, alors tu imagines bien que c'est trop la classe.
- Tu sais que je suis quelqu'un de cruellement incultivé, Will ?
- Qu- Ah, d'accord, comprit le violoniste en secouant la tête. Le premier violon dans un orchestre, c'est le gars qui 'guide' les autres, un peu. On est bien d'accord que c'est le chef qui montre tout, hein, mais le soliste ou l'instrument qu'on va mettre en avant, ça va souvent être le premier violon. Et je le suis sur Fairytale. Comme on n'est pas vraiment un orchestre de haut niveau avec cent-cinquante instruments on n'a pas de places prédéfinies, et comme Charlie essaie de valoriser un maximum de monde, le premier violon n'est pas forcément un violon, et pas toujours le même non plus. Ça peut être des violoncelles, des flûtes, tout ça.
- C'est vraiment cool, souffla Harry en sentant l'eau s'arrêter de couler sur son crâne. C'est fini, Clotaire ?
- Ta crinière est toute propre et nourrie, laisse-moi juste la sécher et on pourra passer aux choses sérieuses. Mais continuez de parler, je vous en prie, invita-t-il en laissant le garçon se relever et retourner à son siège, où se trouvait le sèche-cheveux.
- Vous faites quoi comme œuvres en ce moment ? demanda le plus jeune en maintenant la serviette rose que le coiffeur avait enroulé autour de sa tête pour commencer à sécher ses cheveux.
- On a un extrait d'une messe de Bach, le Kyrie je crois, on a aussi des chansons de Mika, donc... Plein de belles choses. Ah, excuse-moi, fit-il alors qu'une vibration se faisait entendre dans sa poche.
- T'inquiète. »
Wilhelm décrocha et s'éclipsa dans le bureau de Clotaire, fermant la porte derrière lui.
« Le fer n'est pas trop chaud ? Dit soudain le coiffeur en tournant légèrement la tête d'Harry, lui faisant brutalement remarquer que le côté droit de sa tête était en surchauffe peu habituelle.
- Je n'avais même pas remarqué, pouffa-t-il nerveusement, son adrénaline montant en flèche au souvenir de son dernier passage chez le coiffeur, qui s'était conclu sur une douleur aiguë aux tympans pendant plusieurs jours à cause de l'étape du sèche-cheveux - qui elle-même avait fini sur un malaise. C'est- il ne fait pas de bruit ?
- Ah, je comprends mieux ta tête, pouffa le brun en secouant la tête et changeant d'angle avec sa machine. Non, il est complètement insonorisé, c'est l'appareil le plus perfectionné dans le domaine de l'insonorisation du campus. C'est dire.
- Il y a une raison ? »
D'une certaine manière, parler empêchait Harry de se dire qu'il avait une machine super bruyante - en théorie du coup - braquée sur sa tête, et aussi d'ignorer ses poils dressés sur ses bras à chaque fois que Clotaire l'approchait de ses oreilles.
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