Elle n'était jamais apparue sur scène, et pourtant, elle venait de disparaître du tableau. La policière n'était plus une gêne (si jamais elle en fut une un jour).

Le silence. Cela devenait une habitude. Il était le roi des lieux et refusait de céder son trône. Et pourtant, rien qu'un court instant, son frère pris sa place comme un traître qui convoiterait la couronne.

Ce dernier vola soudainement à travers la pièce. Le bruit produit par sa chute surprit la majeure partie des témoins. Un cri de rage et de souffrance prit aux tripes tous ceux et celles qui put l'entendre. Puis il se propagea silencieusement sur le reste de la planète.

Des sourires apparurent sur certains visages tandis que d'autres se baissèrent et s'assombrirent.

Les spectateurs savaient que cette histoire se terminerait dans le sang et les larmes. Ils savaient qu'elle n'était qu'à son commencement, et pourtant, on pouvait déjà voir certains se rhabiller. Prêt à s'enfuir.

La protagoniste coura jusqu'au centre de la scène avant de s'écrouler comme une poupée de chiffons. Elle fixa les chaises occupées et inoccupées; sans la moindre différence de considération.

C'est comme si elle ne les voyait pas.

C'est comme si ils n'avaient jamais existé.

C'est comme si personne ne soupçonnait son existence même.

Une ignorante ignorée.

Sa poitrine se soulevait et s'abaissait dans une cadence quasi inhumaine.

Puis une lumière intense la pénétra. Le corps de la jeune femme s'effondra à l'instant même où la lueur s'évanouit.

Les draps rouges accrochés au fond se murent alors, attirant l'attention de quelques chanceux ou malheureux. L'intensité des protecteurs; dans l'ensemble du théâtre; baissa au même moment.

Quelque chose arrivait. Ils le savaient. Ils le sentaient.

Rien de bien méchant, me diriez-vous, et pourtant, vous êtes si loin du compte.

Dire qu'elle avait fait un pacte avec le diable aurait été faux et un véritable euphémisme. Elle s'était fait une promesse et comptait bien la tenir. Or pour cela, elle avait besoin de l'aide de quelqu'un. De quelqu'un plus fort qu'elle, autant sur le plan physique que psychologique.

Il arrivait. Il se faisait désirer.

Tout le monde n'attendait plus qu'une seule chose, et ce n'était pas de connaître la suite de l'histoire, mais de voir son visage.

Les spectateurs étaient tenus en haleine. Ils avaient besoin de le voir tout entier. De le détailler et de le juger, de le jauger.

Ils avaient besoin de le voir, pour savoir si oui ou non elle aurait le droit à ce happy end.

Une simple ombre apparue sur les planches. Elle s'avança lentement jusqu'au corps au sol.

Cette dernière se déplaça comme une fumée sans départ.

Puis elle prit une forme un peu plus précise, un peu plus humaine.

Les minutes passaient, mais c'est comme si le temps refusait de réellement s'écouler.

Le nuage se dispersa en une seconde, ne laissant plus que deux créatures sur les planches de la scène.

Une jeune fille allongée sur son flanc et semblant s'être paisiblement assoupis ainsi qu'un jeune homme du même âge, à genoux, penché au dessus de la carcasse.

Une minute s'écoula, laissant suffisamment de temps au nouveau personnage d'observer en détails cet amas de chair.

Personne n'était capable de voir son visage à cause du contre jour créé par les projecteurs.

Lorsque soudain, sans prononcer le moindre mot, ni émettre le moindre son; cet ange déchu leva la tête pour fixer à son tour l'auditoire et ainsi révéler son identité.

C'était désormais officiel, personne ne pouvait plus le nier ou même en douter, Simon était bel et bien réel.