Acte III scène 1

Prendre de la hauteur, pour oublier et laisser la hauteur nous capturer, pour se faire oublier.

Je suis devant la chambre de Gregory; un agent d'entretien change les draps; c'est finit; le rideau s'est baissé pour lui.

Une forte douleur me prend à la poitrine. Je tombe à genoux et appuie avec le poing contre ma cage thoracique. La seconde main au sol, j'ai la sensation que le monde entier s'effondre sur moi.

N'arrivant pas à reprendre mon souffle, je commence à paniquer. Je me mets sur les fesses et recule tant bien que mal jusqu'à ce que mon dos entre en contact avec un mur.

Les jambes tendues devant moi, j'essaye de me calmer, mais une montée d'adrénaline me coupe la respiration. Des larmes coulent le long de mes joues et je ne peux les retenir. Je pose mes mains sur les oreilles et commence à hurler. Mon corps est pris de spasmes et mes mains se crispent.

Toute ma vie, je n'ai fait que subir et souffrir en silence. Mais aujourd'hui, je n'en suis plus capable. Je n'ai plus ce sang froid que j'avais il y a un temps.

Mes cris font le tour du centre hospitalier jusqu'à ce que ma voix s'éteigne. Si une pathétique plainte pouvait casser des cordes vocales alors les miennes devaient être en lambeaux.

Mes genoux se plient et je les entoure de mes bras. Je plonge ma tête dans l'infime espace et ne bouge plus.

Pourquoi n'avais-je prévenu personne ? Pourquoi est-ce que je ne l'ai pas retenu ?

Faible; me murmure t-il.

Il a raison, je suis faible et fragile...

Je ne fais plus que sangloter.

Comment en est on arrivé là ?

Des bruits de pas viennent dans ma direction. Une main me touche l'épaule et une voix féminine semble m'interpeler. Je ne comprends pas ce qu'elle dit. C'est comme-ci j'avais les oreilles bouchées.

On me secoua doucement comme pour me réveiller. Mes yeux étaient clos et je ne voulais ni ne pouvais les ouvrir. La personne m'obligea à relever la tête. J'étais incapable de bouger le moindre muscle et bizarrement, c'était plutôt agréable.

D'autres voix arrivent. J'ai beau avoir la tête tournée dans leur direction, je ne vois que le néant.

Quelqu'un me gifle, me ramenant à la réalité. Ma vision commence à revenir à la normale me permettant de reconnaître la policière.

- Mélanie ?

Un faible sourire apparaît sur son visage. Elle hoche la tête et m'aide à me relever. Nous faisons quelques pas jusqu'à ce que mes jambes m'oblige à rejoindre le sol. Je fixe un instant mes mains et constate que je tremble. Ma tête tourne et j'ai du mal à garder les yeux ouverts.

Que m'arrive t-il ?

Je m'effondre finalement et perds connaissance.

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Où suis-je ?

Tout est sombre autour de moi. Il n'y a rien à proprement parlé.

Aucun son, aucune forme, aucune odeur, aucune sensation.

C'est agréable. Ce sentiment de légèreté.

Est-ce réel ?

Depuis quand suis-je enfermée dans ce cauchemar ?

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Ces malaises deviennent presque une routine. Je ne peux parfaitement les expliquer, mais sa disparition ne doit pas être étranger à toute cette mascarade.

Je me réveille de nouveau dans ma chambre. Je ne prends plus le temps de la détailler. Sa familiarité en est devenue presque vulgaire. Je me lève sans attendre, poussée par un sentiment ou une sensation que j'ai oublié.

Je vais dans la salle de bain, trainant mes pieds comme quelqu'un de trop fatigué pour les lever. Je m'effondre sur la cuvette des toilettes et vomis.

Il n'y a que de la bile. Le goût est acide et désagréable. Lorsque les nausées ont finalement disparues, je me relève et me rince la bouche et le visage au lavabo. Puis je retourne dans mon lit et m'assois simplement contre l'oreiller.

J'attrape un crayon et un papier non loin et commence à écrire. Des lettres me viennent en tête. Il doit y avoir des centaines de combinaisons possible. Et chacune partage un thème en commun : la mort.

Au bout d'une heure, peut-être deux, je me lasse de cette activité après avoir inscris un tout dernier mot. Je me lève calmement et me dirige vers les ascenseurs, pour la deuxième fois de la journée.

Arrivée au bon étage, je descends de l'engin. Je traverse le couloir qui se présente alors à moi. Personne ne me regarde. Personne ne m'adresse la parole. Personne ne s'intéresse à moi. Je ne suis qu'un individu parmi tant d'autres. Cette normalité et cet anonymat m'avaient manqué.

J'ouvre une porte, et accède aux escaliers menant au toit. Je les gravis sans hésiter.

Il y a quelques années, elle fit de même. Peut-être bien que c'est elle qui m'indique alors ce chemin.

Une porte grise et orange se présente à moi. Je pose la main sur la poignée et l'abaisse. Je pensais qu'un quelconque système de sécurité serait apparu depuis cette soirée, mais j'avais tort.

A peine avais-je tiré sur la planche, qu'un vent d'une douce violence s'engouffra dans la cage.

Je l'ouvris entièrement et c'est une odeur de liberté qui s'en dégagea.

Un courant d'air glacé me fouetta le visage avant même que je ne fasse un pas dehors.

Un pied devant l'autre, je me retrouve rapidement sur le toit.

Contrairement aux pays d'Asie, il n'y a pas la moindre barrière pour empêcher quiconque de sauter.

J'avance lentement vers le bord, me souvenant de ce début de soirée. Il faisait plutôt chaud et tout s'était passé vraiment très vite. La course, les rires, sa maladresse, les hurlements et le silence.

C'était il y a des années, et pourtant, je me souviens encore de chacune de ses secondes. La moindre inspiration me ramène sur ce même toit, mais à une autre époque. Le jour où toute ma vie s'est effondrée. Tout ça à cause d'un jeu avec ma mère.

Je ne m'en étais pas rendue compte, mais je suis déjà à l'extrémité du bâtiment; tournée vers l'Ouest. Je ne l'avais pas encore remarqué, mais d'ici, les bruits de la circulation ne peuvent m'atteindre. Les chuchotements des passants ne peuvent me trouver tout là haut.

J'ai les bras croisés, la vision brouillée et les cheveux au vent. Je m'approche un peu plus de la bordure et y pose les mains. Je passe une jambe, puis la seconde avant de m'asseoir. Je sais que d'en bas, personne n'est capable de m'apercevoir. Je suis tranquille.

Il fait froid et le ciel s'obscurcit doucement, paisiblement. Les quelques rares nuisances sonores s'estompent finalement. J'inspire à fond et bloque l'air dans mes poumons. Il est loin d'être pure, mais je peux sentir le bien qu'il me fait lorsqu'il traverse chaque parcelle de mon corps.

Ici, je peux m'abandonner.

Ici; je peux tout oublier.

Ici; ...

Il envahit le moindre de mes songes. Je ne pense pas avoir encore réalisé. Oui, je me suis effondrée lorsque je l'ai vu m'abandonner dans ce monde, mais je ne pense pas que mon cerveau aie trouvé comment traiter cette information...

information...

Pourtant, il est bien plus que cela. Je sens, à travers ma poitrine, mon cœur se rompre un peu lus après chaque battement. Mais on dirait qu'un sursis m'aie été octroyé.

Si tel est le cas, je me servirai de ce court instant pour donner un sens à toute cette histoire.

Je trouverai un moyen de le venger.

Nous trouverons...

Je ferai en sorte que toute cette farce ne fut pas inutile.

Nous ferons en sorte...

Nous les retrouverons, et nous nous vengerons !





* Désolé pour l'attente et les fautes mais la scène suivante est presque achevée vous l'aurez ce week-end au plus tard ~kiss


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