Mission (Chap. 8 : fin)
— Eh bien, tu te souviens d'Elodie et de Sandra ?
— Evidemment !
— Elles se sont laissées tenter alors qu'elles n'auraient pas dû, car elles me croyaient marié.
— Mais c'est normal d'être tentée par toi même si on te croit marié ! protesta-t-elle.
— Peut-être, mais pas de passer à l'acte.
— Attends, attends, le coupa-t-elle d'une voix où se mêlaient inquiétude et début de rage. Tu veux dire quoi par « passer à l'acte » ? Tu couches avec ces filles ?? rugit-elle.
— Je fais tout pour l'éviter, mais je me soumets à leur décision finale.
— Tu as couché avec Elodie et Sandra ?
— Oui, et c'est ainsi qu'elles ont signé leur condamnation.
— Leur condamnation ?
— Oui, de noire, leur âme est devenue damnée. En couchant avec moi, malgré l'interdit qu'il leur en est fait, elles deviennent damnées. Elles sont alors à la disposition du Malin qui peut venir les chercher dès qu'il veut.
— Le Malin ??
— Oui, le Diable.
— C'est le Malin qui les prend ? Ce n'est pas toi qui les tues ?
— Non, Marie, je suis un ange, je ne tue personne. Mais dès que l'absolue noirceur de leur âme est confirmée, elles sont sans protection aucune contre les coups du sort ou ceux du Malin pour provoquer leur mort et récupérer leur âme.
— C'est pour ça qu'Elodie et Sandra sont mortes ?
— Oui.
— Mais tous les gens mauvais ne meurent pas jeunes... ?
— Non, seulement ceux que nous repérons à temps pour éviter qu'ils ne rompent l'équilibre du Bien et du Mal sur Terre.
— Et quand vous ne les repérez pas à temps, que se passe-t-il ?
— Alors, leur capacité de destruction s'accroît. Chaque nouveau méfait commis renforce leur puissance à faire le Mal. Ils entraînent à leur suite d'autres âmes qu'ils pervertissent. Un cercle vicieux s'instaure, difficile à briser. Par exemple, Hitler fut de ces âmes absolument noires, inarrêtables. Le Malin alors se repaît, contemple son pouvoir et n'a plus qu'à attendre son lot de nouvelles âmes damnées.
— Mais Elodie et Sandra n'étaient pas si mauvaises que ça ! Elodie était, c'est vrai, une véritable peste, elle pouvait être méchante et blesser les gens. Sandra pouvait être violente, mais elles n'avaient pas commis de fautes irréparables, non ?
— Non, pas encore, mais la noirceur particulière de leur âme indiquait que tôt ou tard elles commettraient les pires crimes.
— Mais toi, tu n'es pas triste de savoir qu'au fond, c'est toi qui les condamnes ?
— Si, mais ce n'est pas moi qui les condamne, se défendit-il. Elles se damnent elles-mêmes. Elles ont le choix de céder ou pas à la tentation.
— Je ne suis pas sûre. Tu es une telle tentation...
— L'interdit est aussi fort que la tentation que je représente. C'est leur choix de ne pas le respecter. Elles ont la liberté de ne pas succomber. Je suis infiniment triste à l'instant où elles font le mauvais choix, où leur décision est prise.
— Oui... Je me souviens... J'ai vu cette tristesse dans tes yeux avec Elodie et Sandra. Je suppose que c'était juste avant que tu couches avec elles.
— Oui...
— N'empêche que je trouve révoltant que ce soit le sexe qui les condamne. Faire l'amour avec quelqu'un, ce n'est pas mal !
— Ce n'est pas le sexe qui les condamne, c'est leur décision. Parce qu'elle s'affranchit d'un interdit et surtout parce qu'elle force mon consentement. Il n'y a pas d'amour. Pour faire l'amour il faut être deux.
— Mais quand tu fais tout pour les séduire, comment pourraient-elles résister ?
— Je ne fais rien pour les séduire, Marie ! Je ne fais que paraître. Rien dans mes agissements et dans mes paroles ne peut leur laisser penser que je leur propose quoi que ce soit. Je me refuse à elles. Mais elles ne respectent rien, ni personne. C'est en cela qu'elles sont si dangereuses. Leur volonté de jouissance est absolue, sans loi, au mépris de tous et de tout.
— J'ai du mal à comprendre qu'un ange puisse choisir de se prêter à un tel jeu.
— Je n'ai pas choisi.
— Comment ça ?
— C'est une longue histoire..., il est tard. La suite, demain.
— Non ! On s'en fiche qu'il soit tard, je suis en vacances. Raconte, maintenant.
— Non, tu en as assez appris pour aujourd'hui. Il te faut déjà digérer tout ça.
— Angel, s'il te plaît..., tenta-t-elle implorante.
— Non. Je veux que tu te couches, que tu fermes les yeux et que tu comptes jusqu'à dix, répondit-il d'une voix qui n'admettait aucune contestation.
Elle obtempéra, se mit au lit, ferma les yeux et compta jusqu'à dix. Au beau milieu de son décompte, elle sentit un baiser déposé sur son front et à dix, elle dormait déjà.
Angel la regardait, souriant et attendri.
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