Amertume (Chap. 3 - 1ère partie)
Quand elle poussa la porte du café, elle vit Angel assis seul à une table. Manifestement il l'attendait. Il l'accueillit avec un sourire lumineux.
— Bonjour, Marie.
— Bonjour, Angel.
Elle n'osait pas lui faire deux bises comme à un copain. Il était autre chose. Un étranger si familier. Un inconnu si intime. Elle choisit de s'assoir simplement à ses côtés.
— Angel, je voulais te dire merci pour...
— Je n'ai fait que mon job.
— Ton job ?
— Je veux dire, je n'ai fait que mon devoir. Tu n'as pas besoin de me remercier.
— C'est quoi ton job ? Tu travailles ou tu es étudiant ? demanda-t-elle, curieuse d'en savoir plus sur son mystérieux sauveur.
— Je suis chargé de missions.
— De missions ? Tu travailles pour qui ?
— Pour un grand patron.
— Et elles consistent en quoi, tes missions ?
— Ce sont des missions dont je ne peux pas parler.
— Ah... Ce sont des missions... secrètes ? Tu es une sorte d'agent secret ? poursuivit-t-elle, amusée par ce dialogue plutôt surréaliste.
— Disons que si je te répondais oui, je serais un agent qui n'aurait plus rien de secret.
— Soit. Tes missions sont dangereuses ou pas ?
— Pour moi, non.
— C'est pour tes missions que tu as développé une telle force ?
— Ça peut servir.
— C'est quel genre de missions ?
— Marie, je ne peux te répondre. Je m'occupe de gens. De gens mauvais.
— De gens mauvais ? Tu fais quoi avec ?
— Marie, fin des questions, souffla-t-il avec son index gauche devant sa bouche en signe de « chut ! ».
Elle aperçut de nouveau son alliance. D'ordinaire réservée et discrète, elle ne put s'empêcher de demander :
— Tu portes une alliance, tu es marié ?
— Pour certaines de mes missions, oui.
— Pour certaines de tes missions ???
— Marie, je sais que tu aimerais en savoir beaucoup plus sur moi. Mais ce n'est pas possible. Je sais aussi que tu me fais confiance et tu as raison. Tu peux me faire entièrement confiance, je serai toujours là pour toi.
Elle était décontenancée. Partagée entre toutes les questions qu'elle eût voulu poser et la certitude qu'elle pouvait absolument se fier à lui. A la fois perturbée et apaisée par le sens à donner à son « je serai toujours là pour toi ». Que voulait-il dire par là ? Elle n'en savait rien mais elle sentait que c'était une pure vérité.
Sophie arriva, avec une ponctualité que Marie déplora ce jour-là. Quand elle poussa la porte, elle marqua un temps d'arrêt, surprise de voir de nouveau Angel et Marie ensemble. Puis elle s'avança et vint faire la bise à chacun. Elle s'assit à côté de lui.
— Je ne savais pas que je vous trouverais ensemble, entama-t-elle.
— Je vais bientôt vous laisser. Sandra va arriver, répondit Angel.
Marie tiqua. Elle ne comprenait pas comment un garçon empli d'une telle gentillesse pouvait traîner avec une fille aussi agressive que Sandra. Peut-être l'attirance des contraires, se dit-elle. Elle réalisa que cette idée d'une attirance possible entre Sandra et lui ne la laissait pas du tout indifférente. Etait-elle jalouse ? Elle refusait de se l'avouer. Pourtant même Sophie, sa meilleure amie, parce qu'elle semblait déployer le grand jeu de séduction auprès de lui, l'agaçait prodigieusement.
— Oh comme c'est dommage, Angel ! Je viens juste d'arriver. J'aurais bien aimé profiter un peu de ta présence, protesta Sophie.
— Une autre fois, lui répondit-il doucement.
— D'accord, une autre fois. Tu me le promets ? dit Sophie en faisant passer ses longs cheveux bruns d'un côté à l'autre de son visage.
— Promis.
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