chapitre 6

 

Des flocons de neiges commençaient à tomber du ciel, quelques-uns vinrent se glisser délicatement sur mes cheveux. Sous la surveillance du garde, j’effectuai silencieusement ma série de pompes, avec un effort considérable pour ne pas m’écraser sur le sol glacial. Eden soulevait le poids de son corps, avec une telle facilité et rapidité, que ça en était déconcertant. Mes muscles souffraient terriblement et mon ventre commençait à se faire entendre. Après une quinzaine de minutes éprouvantes, je fini par terminer mes exercices. Je me redressai péniblement, le souffle court. Le prince termina quelques minutes après moi, tandis que j’étirai lentement mes bras vers le ciel.

— Vous pouvez disposer, déclara le garde, qui nous surveillait avant de s’envoler.

— Je ne suis pas sûre de survivre, au prochain cours d’entraînement, dis-je d’une voix épuisée.

Eden étouffa un petit rire, en se tournant vers moi.

— Les premiers entraînements peuvent être éprouvant, mais ne te décourage pas, avec le temps ça deviendra plus facile, me répondit-il.

J’acquiesçai en me dirigeant lentement vers l’établissement, sur le chemin parsemé de petites étoiles de neiges.  

— Tu as sans doute raison, si je ne m’étais pas laissé distraire, je ne serais pas arrivée dernière et je n’en serai pas là, soupirai-je malgré moi en marchant sur la fine pellicule de neiges.

— Il me semblait bien, que quelque chose t’avait déconcentré, tu avais un rythme constant durant la majeure partie de la course, rétorqua-t-il, le visage pensif.

Je me mordis la lèvre supérieure, il avait remarqué mon changement d’attitude. Je ne pouvais pas lui avouer, que je m’étais laisser distraite par un démon. Surtout le même qui venait de le vaincre. Nous franchisâmes les portes en cristal de l’arrière de l’académie.

— Contrairement à moi ta course était impressionnante, je suis sûre que Gabriel va mettre plusieurs jours à s’en remettre, lui dis-je avec un léger sourire, afin de détourner la conversation.

Nos rires se mêlèrent à la brise hivernale, tout en franchissant les portes en cristal de l’académie. Je sentis son regard dans mon dos, durant notre longue ascension de la tour Nord.  Une fois arrivée dans le salon commun, le prince s’arrêta un instant avec hésitation.

— On se retrouve pour le déjeuner ? me proposa-t-il chaleureusement.

— Oui, à tout à l’heure Votre Altesse, répondis-je avec un sourire, même si j’étais convaincu, que ce n’était pas ce qu’il avait en tête.

***

Après m’être laver et enfilai un uniforme propre, je me sentis nettement mieux. Malgré les bleus déjà visibles sur mes genoux, la chaleur de l’eau avait apaisé mes muscles endoloris. Tandis que je me brossais les cheveux, je repensais à la conversation de ce matin. Les mots d’Eden résonnaient dans ma tête : « Avec le temps, ça deviendra plus facile. » J’espérais qu’il avait raison.   

La faim me ramena à la réalité, lorsque l’horloge du salon commun sonna l’heure du déjeuner. Je descendis rapidement les escaliers, rejoignant Alize et Sun qui étaient dans le hall. Dehors, les flocons de neiges continuaient de tomber, recouvrant la cour intérieure d’un voile blanc scintillant. Nous entrâmes dans la grande salle animée par le tintement des couverts. Le parfum de mets délicieux flottait dans l’air.

L’ensemble de la Section Royal avait déjà pris place, à une table au fond à droite. Les Captifs étaient regroupés paisiblement de l’autre côté. Un ange commun aux cheveux châtain, assis à une table voisine attira mon attention. Il semblait prendre un malsain plaisir à leur jeter des boulettes de pains. Son comportement m’excéda profondément. Je ne pouvais pas supporter son attitude humiliante et me dirigeai vers lui d’un pas décidé. Contrairement à Alize et Sun, qui n’avaient probablement pas vu la scène, s’étaient déjà installer parmi notre section.

— Pourrais-tu arrêté de les provoqués inutilement ? lui demandai-je d’une voix ferme mais calme derrière lui.

Surpris l’ange sursauta avant de se retourner, son sourire s’effaça un instant. Avant de me fixer avec son regard émeraude teinté, d’un mélange d’arrogance et d’indifférence. Deux plumes étaient épinglé, sous son badge représentant deux lames d’argent croisés de la Section Guerre.

— Ce n’est rien, répondit-il sans le moindre scrupule. Je vérifiais juste si c’était vrai, ce qu’on raconte sur leurs yeux. J’ai entendu dire qu’ils deviennent rouges, lorsqu’ils sont en colère, conclut-il tout en continuant de jeter des boulettes.

Sa réaction eu le don de m’exaspérer encore plus, mais je serrai les poings en tentant de rester calme.

— Et tu penses que cela justifie ton acte ? C’est ridicule ! m’exclamai-je.

Il haussa les épaules avec désinvolture.

— Oh, détends-toi princesse. Ce n’est pas bien méchant, juste un pari entre amis. On voulait voir combien de temps il leur faudrait avant de craquer, dit-il en riant légèrement, tout en formant une nouvelle boulette entre ses doigts.

 Je fus envahi par un mélange de colère et d’indignation. Sans réfléchir, je pris la carafe d’eau posé sur leur table, et d’un geste vif je la vidais sur sa tête, noyant ses protestations sous une cascade glacé.

— Mais qu’est-ce que… ? hurla-t-il en se levant brusquement, des gouttes perlaient le long de son visage sidéré.

Je reposais la carafe vide sur la table avec un calme feint, mes doigts légèrement tremblants d’émotion.

— Je voulais simplement vérifier, si l’eau pouvait dissoudre la stupidité, rétorquai-je froidement, avant de tourner les talons, avec une grande satisfaction.

Je n’avais fait que quelques pas, lorsque j’entendis un vacarme derrière moi. Me retournant avec stupeur, Hadès se tenait juste devant moi, la main fermement verrouiller autour du poing de l’ange. Ce dernier que je venais d’interpeler, était ruisselant de rage et tentait de se libérer en vain. Des gardes se précipitèrent derrière moi, les pointes de leurs épées dirigeaient sur le captif. Mais il ne bougea pas. Son expression restait sereine, le regard noir fixé sur sa prise.

— Lâche moi sale monstre, hurla l’ange de la Section Guerre.

Quatre élèves de la table de l’ange, se levèrent d’un bond, leurs regard remplis de haine, prêt à en découdre. De l’autre côté, les captifs s’alignaient déjà silencieusement derrière Hadès. Gabriel et Eden arrivèrent de mon côté, visiblement alarmés par la scène. Toute la salle était plongée dans un silence tendu, les yeux rivés sur nous.

— Il voulait s’en prendre à la princesse, déclara Hadès d’une voix grave, sans relâcher sa prise.

— C’est faux ! Il m’a attaqué sans raison ! vociféra l’ange la voix tremblante, le visage encore humide.

Ruby, indignée, se leva brusquement de sa chaise. Sa voix résonna avec force à travers la salle.

— Il ment ! Hadès dit la vérité et c’est pour cette raison qu’il est intervenu !

— Vous n’allez tout de même pas croire cette trainée ! répliqua l’accusé, avec mépris.

— Ça suffit ! l’interrompis-je d’un ton sec.

Je réfléchis, un instant, afin de trouver une solution, pour calmer la situation. Je devais réagir et vite. La tension devenait de plus en plus palpable, prête à exploser à tout moment.

— Baissez vos armes, ordonnai-je aux gardes, avec assurance.

Les épées s’abaissèrent instantanément. Le son des lames, glissant dans leurs fourreaux, résonna dans toute la salle.

— Relâche-le s’il te plait, ajoutai-je respectueusement, en me tournant vers Hadès.

Après une seconde d’hésitation, il obéit, desserrant lentement sa main. L’ange recula précipitamment, massant son poignet endolori. Les murmures des élèves, ondulait dans toute la salle, certains empreint d’inquiétude, d’autre de colère. Les captifs restèrent calmes et silencieux, les regards braqués sur moi. Je repris une inspiration, avant de rompre le silence.

— Présente tes excuses envers la Section Captif et j’oublierai cet incident, déclarai-je d’une voix ferme et claire.

— Je n’en ferai rien, je n’ai aucun ordre à recevoir d’une bâtarde ! lança l’ange aux yeux verts débordant d’arrogance.

La tension éclata comme une tempête. Gabriel se rua subitement, tel un lion sur sa proie, les traits déformés par une colère incontrôlable. Il me bouscula brusquement sur son passage. Je perdis l’équilibre et me retrouvai contre le torse d’Hadès. Mes mains heurtèrent ses pectoraux fermes, durant un instant suspendu dans le temps. Je levai la tête et croisais son regard sombre d’une profondeur abyssale. Une décharge électrique sembla traverser tout mon corps, me paralysant, incapable de détourner les yeux. Surprise et troublée par cette proximité inattendue, je reculais précipitamment, en tentant de reprendre mes esprits, tandis que mon cœur battait à tout rompre.  

 La scène devant moi m’arracha aussitôt à cette confusion. Gabriel avait plaqué violement l’ange au sol, dans un fracas assourdissant. Eden essayait de contenir mon frère, mais emporté par la rage il échappa à son emprise. Les élèves autour s’écartèrent tous précipitamment horrifiés. Sans attendre mon frère déversa une pluie de coups sur le visage de l’ange. Chaque impact résonnait dans la salle tel un coup de tonnerre. Du sang commença à perler sur la peau de l’ange, se mêlant à ses cris de protestations hystérique. Un garde visiblement dépassé, sortit de la salle en courant, le bruit de son armure résonnant sur les dalles. La scène était insoutenable, je devais intervenir.

— Gabriel arrête ! criais-je d’une voix désespérer.

Il ne m’écouta pas et continua de s’acharner sur l’ange, toujours animé par la même rage. Je me tournais vers Eden, complétement désemparé, les jambes tremblantes.

— Fais quelques choses, je t’en supplie, le conjurais-je les yeux affolés.

Eden acquiesça, en se dirigeant lentement derrière mon frère. J’espérais profondément qu’il parviendrait à le résonner, avant qu’un professeur ou pire que Gérald n’arrive. Les captifs restaient camper derrière Hadès, qui semblait observer la scène sans la moindre émotion apparente.  

— Gab arrête maintenant ! Ce n’est qu’un deuxième année, il n’en vaut pas la peine, intervint le prince des cieux d’une voix empreinte d’autorité.

Mais mon frère resta sourd à toute tentatives de persuasion. Ses coups ralentissaient, mais chaque impact demeurer d’une grande brutalité. L’ange à moitié sonné, essayait faiblement de se dégager. Mais Gabriel le maintenait fermement à terre. Une boule de culpabilité se forma dans ma poitrine. Je pris une grande inspiration, rassemblant tout mon courage, avant de me dirigeai vers mon frère.

Alors que je faisais un premier pas, une manche noire m’arrêta. Hadès s’avança avec assurance et détermination, attrapa une carafe en verre sur l’une des tables. Sans un mot, d’un geste vif, il abattit la carafe sur la tête de Gabriel, qui s’effondra lourdement.

Au même instant, l’entrée s’ouvrit dans un silence glacé. Une silhouette gracieuse se dessina dans l’encadrement, sa robe bleu poudré scintillante parut apaisé l’atmosphère tendue. La directrice balaya d’un regard perçant la scène, ses yeux s’arrêtant sur chaque détail : Gabriel étendu sur le sol, l’ange ensanglanté et tremblant et enfin Hadès toujours impassible.

— Par tous les cieux ! Hadès je pensais avoir était claire, concernant les actes de violence, s’exclama Stella d’une voix indignée.

Je fis un pas en avant sentant la nécessité d’intervenir.

— C’est moi qui lui ai demander d’intervenir, Gabriel était devenu incontrôlable, déclarais-je la tête baisser, le visage brûlant de gêne.

Stella fixa Hadès puis tourna ses yeux vers moi, avant de s’arrêter sur Gabriel inerte et l’ange couvert de sang. Un garde s’approcha d’elle et lui murmura quelques mots à l’oreille. La salle était figée, suspendu dans l’attente du jugement de la directrice

— Très bien, si des volontaires pouvaient venir aider Eden, à transporter Gabriel et Joran à l’infirmerie ? demanda-elle d’une voix adoucie mais ferme, avant de poser son regard sur moi et Hadès. Quant à vous deux, dans mon bureau.  

Je hochai la tête et me dirigeai immédiatement vers ma mère, Hadès à mes côté son expression imperturbable était presque déroutant. Derrière nous deux anges, visiblement de la même table que Joran, s’approchèrent pour l’aider à se relever. Malone rejoignit Eden pour prendre en charge mon frère.  Alors que nous montions l’escalier, mon ventre gronda sourdement, me rappelant que je n’avais même pas eu le temps de déjeuner. Mais ce détail s’effaça rapidement, sous le poids écrasant de la culpabilité qui grandissait en moi. Chaque pas semblait m’alourdir d’avantage, me rappelant que, pour la seconde fois en l’espace de deux jours, je retournais dans le bureau de ma mère.

Après avoir expliqué en détail ce qu’il s’était passé durant l’heure du déjeuner. Ma mère sembla moins contrariée. Néanmoins, elle ne pouvait ignorer cet incident sans conséquences. Nous écopâmes tous deux d’une retenue, mais, à mon plus grand soulagement, ce ne serai pas sous la supervision de Gérald. Nous devions simplement trier des archives, dans la réserve de la bibliothèque, ce soir après le diner.

Lorsque Hadès fut enfin autorisé à sortir, Stella me permit de prendre un repas rapide dans son bureau, avant d’aller en cours. Mais l’après-midi qui suivit me parut interminable. Des murmures sur l’incident de ce midi, parcouraient la classe entre les rangs de la Section Guerre et Civil.  Alize et Sun, étaient presque les seuls, à ne pas afficher de jugement. Leur compagnie silencieuse m’offrit un répit agréable, alors que je peinai à me concentrer, pour suivre les cours de langues anciennes. Je refusais d’attirer d’avantage l’attention et me contentais d’ignorer les regards insistants, qui m’entouraient comme des lames aiguisées.

Lorsque le diner arriva enfin, je rejoignis la salle à manger aux côtés d’Alize et de Sun. Eden se plaça juste en face de moi, ses yeux bleus m’observaient avec une certaine avidité. Nous ne nous étions pas revus depuis ce midi, tout comme Gabriel qui n’était toujours pas arrivé. Une légère inquiétude s’empara de moi, je me demandai s’il avait déjà été sévèrement puni.

Quelques minutes plus tard, l’arrivée de la directrice et de Gérald attira toute l’attention. Les rumeurs qui animaient la salle s’effacèrent sur leur passage. Une image persistait dans mon esprit : celle d’Hadès, son calme presque terrifiant, alors qu’il tenait fermement Joran. Je ne pouvais m’empêcher de pensais, pour quelle raison était-t-il intervenue ?

— Je ne tiens pas à revenir sur ce qui s’est passé ce midi, des sanctions ont étaient prises à ce sujet. Je vous rappelle cependant, que vous êtes ici pour étudier, ce que certains sembleraient déjà avoir oubliés. Toute autre altercation de ce genre, sera désormais sanctionnés lourdement, déclara Stella d’une voix autoritaire, en balayant la grande salle d’un regard perçant.

La salle resta silencieuse et attendaient la suite du discours, les yeux rivés sur la robe bleue scintillante.

— J’ai tout de même le plaisir de vous annoncer, que le tournois de la lame d’or, se déroulera le premier jour du printemps, s’exclama Stella avec un large sourire. Le vainqueur aura l’opportunité de devenir membre de la garde royale et il aura le privilège de choisir, le prince ou la princesse qu’il souhaite servir. Les inscriptions débuteront dès demain matin et seront uniquement réservées à la Section Guerre et Captif.

Un mélange d’excitation parcourut les rangés de tables qui regroupés la Section Guerre. Je remarquai parmi eux, les deux anges qui étaient présent ce midi derrière Joran. Son absence me confirma, qu’il devait sûrement être à l’infirmerie. Une chose était sûre, s’il venait à participer il ne choisirait sûrement pas de servir mon frère.
 

— Les épreuves du tournois, ne testeront pas uniquement votre force physique, mais aussi vos aptitudes intellectuelles. Vous devrez faire preuve d’une grande détermination et d’une loyauté sans faille. Seules les âmes les plus courageuses auront la chance de pouvoir triompher. J’espère que cet événement vous inspira à canaliser vos énergies et montrer le meilleur de vous. Pour toutes questions, vous pourrez retrouver Gérald demain à la première heure lors des inscriptions, qui auront lieu dans la cour centrale. En attendent profiter de votre diner, je vous souhaite une excellente soirée, conclut la directrice avec sa voix cristalline.

Elle quitta la salle sous les applaudissements enthousiastes des élèves. Les conversations autour des tables reprirent, cette fois toutes étaient focalisés sur le tournoi. Je restais un instant immobile, observant les réactions autour de moi. Hadès fidèle à lui-même, affichait une indifférence presque insolente, après cette annonce. Son regard balaya les élèves surexcités sans le moindre intérêt. En revanche, Eden plaisantait déjà à propos de la longueur de la liste de prétendants, qui se battraient pour le servir. L’absence de Gabriel, ne semblait en rien ternir son prestige. Son nom circulait parmi les rangés de la Section Guerre, mélanger à celui du prince des cieux. Leur accession au trône étant imminente, ils étaient tous les deux considérés comme les meilleurs partis.

Mes yeux se posèrent à nouveau sur Hadès, dont l’expression indéchiffrable, attirait inlassablement ma curiosité. Je savais qu’il avait volontairement perdu la course d’entraînement et pourtant, il avait dominé Eden lors de leur duel. Un paradoxe qui me laisser perplexe, une énigme que je me devais de résoudre. L’heure de la retenue approchée et c’était pour moi l’opportunité idéale d’en apprendre plus à son sujet. C’est avec un enthousiasme dissimulé, que je quittai la table pour me rendre à la réserve de la bibliothèque.











  














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