Chapitre 2

Chapitre 2


Je fus réveillée aux aurores par Suri ma femme de chambre, le ciel était encore sombre quand elle ouvrit les rideaux. Un plateau de fruits et de viennoiseries m'attendait sur la table basse près du canapé bleu pastel. Le délicieux parfum des mandarines mêlait à celui de la cannelle, vinrent me chatouiller les narines. Suri était une personne minutieuse et très discrète, de forme généreuse et de petite taille, ses cheveux noirs toujours tirés en un chignon impeccable. Mon uniforme blanc neige de première année, était disposé sur un cintre, accroché à la poignée de mon armoire blanche. Un sourire se dessina sur le coin de mes lèvres, en le regardant avec enthousiasme.

— Vous feriez mieux de vous dépêchez, si vous ne voulais pas arrivée en retard, contrairement à vous, son Altesse n'a pas besoin de la calèche pour arriver à l'heure, me sermonna Suri avec impatience en tirant les couvertures.

Après soixante-dix ans de loyaux services, elle était toujours en forme, même si elle n'était pas immortelle. Elle avait les traits plus lisse, qu'un simple mortel du même âge. Elle avait vingt-deux ans en arrivant en plein milieu de la guerre. Le même que lorsqu'elle mourut en couche dans sa vie humaine. Elle était devenue un ange commun, grâce à la pureté de son âme. J'avais énormément de respect, pour cette femme qui n'avait jamais pu prendre son enfant dans ses bras, après l'avoir porté durant neuf mois. Suri avait attendu longtemps l'arrivé de son fils, en scrutant les registres des nouveaux anges communs. Mais, un jour à sa grande déception, elle apprit qu'il ne viendrait jamais la rejoindre, son nom figuré sur la liste des âmes damnés et que sa place était désormais en Enfer.

— Oui, vous avez raison, mais Gabriel a promis de m'accompagner ce matin, répondis-je avec sourire, en m'étirant aussi gracieusement qu'un chameau.

Suri leva les yeux au ciel et attendit que je sorte de mon lit, avant de m'aider à enfiler mon uniforme. Je passai rapidement ma tête dans la tunique ivoire, aux liserés argentés, l'écusson de ma maison était brodé sur l'épaule, d'une plume blanche sur fond céruléen. Suri me passa la ceinture corset, de la même couleur que la tunique. Je fis la grimace, pendant qu'elle serra les lacets, juste en dessous de ma poitrine.

— Ne faites pas cette tête, vous avez l'air constipé, plaisanta-t-elle en m'imitant.

— Je pense que je vais finir par le devenir, d'ici la fin de la journée, rétorquai-je en changeant de jambe d'appui, à bout de souffle.

Une fois habillé, Suri me fit deux tresses, qu'elle joignit à l'arrière de ma tête, les fixant sur mes longs cheveux noirs. Mes yeux s'arrêtèrent un instant, sur ma petite boîte argentée, posé sur ma table de nuit. Il ne restait plus qu'une seule gemme, incrustée sur le couvercle. D'ici la fin de l'année, je connaîtrai enfin ce qu'elle renfermait. Je me trainai vers le plateau qui m'attendait, une mandarine et une tasse de chocolat fera l'affaire. Trois coups frappés à ma porte, c'était sûrement Gabriel.

— J'espère que tu es prête ?

— Je vous attendez, Votre Altesse, mentis-je à travers la porte, avalant ma tasse d'une traite.

Je pris mon sac par la lanière en cuir, je saluai Suri avant de sortir, je la reverrai seulement vendredi soir. Mes affaires pour la semaine, avaient déjà été descendu la veille, je regardai ma chambre comme si c'était la dernière fois, puis je sortis d'un pas décidé.

— Mère est déjà parti, elle veut que nous la rejoignions dans son bureau à notre arrivée, me lança Gabriel, tandis que sa mâchoire se rétracta nerveusement.

— Que-est-ce qui ne va pas ? l'interrogeais-je soucieuse, en refermant la porte.

Son visage était éteint, je savais que quelque chose le tracassé, suffisamment pour perdre son éclat habituel. Tout en avançant lentement dans le couloir, j'admirai son uniforme de troisième année presque semblable au mien. Trois petites plumes d'argent, étaient épinglés sur son pectoral droit, sous un badge en argent représentant une couronne. Mes doigts percèrent une ouverture dans la mandarine, répandant son parfum instantanément dans l'air. Gabriel s'arrêta, juste devant l'escalier principal.

— Je trouve juste étrange, que mère décide de nous convoquer, tous les deux le jour de ta première rentrée, qu'est-ce que tu en penses ? me demanda mon frère l'air sérieux.

— C'est vrai, que je ne sais pas pour qu'elle raison, elle souhaite nous voir, mais j'imagine que ça doit concerner l'école. Si c'était grave, elle aurait repoussé la rentrée, ou l'aurait tout simplement annulée, rétorquai-je confiante, en décortiquant mon fruit, tout en prenant soin de ne pas déchiré la pelure.

— Tu as sans doute raison, je me fais du souci pour rien, répondit Gabriel l'air convaincu.

Nous descendîmes en silence, le grand vitrail en forme d'étoile bleu, filtrant les premières lueurs du soleil, juste au-dessus, du grand portail argenté. Quatre gardes se tenaient dans le hall central, figés tels des sculptures de pierres. L'un d'eux, nous ouvrit l'énorme porte, avant de nous suivre au dehors.

Un carrosse bleu était attelé par deux chevaux blancs, en bas des marches. L'herbe était habillée d'une pellicule de gel, le chemin de dalles lisses, brillait tel un ciel étoilé. Sous le soleil timide, se dressant à l'horizon, nous avançâmes vers l'attelage. En mangeant un, par un les quartiers d'agrumes avec gourmandise, j'émiettai ensuite le reste de la peau, et les parsemai dans le pot d'une grande plante, encore endormi par le froid. Pendant que le garde m'ouvrit la portière, Gabriel pris ma main pour m'aider à grimper. Je m'assieds sur la banquette en velours bleu cobalt et mon frère s'installa juste en face.

— Le rassemblement débute, à neuf heures, comme tous les matins, mais aujourd'hui il risque d'être plus long vu que c'est la rentrée, m'expliqua Gabriel en cherchant quelques choses dans son sac.

— Oui tu me l'as déjà dit et mère appellera les premières années, pour leur donner une plume d'argent, ainsi que leur badge de section. Ensuite un professeur nous fera la visite, pendant que toi tu rejoindras ta classe, l'interrompais-je avec enthousiasme, tout ce qu'il m'avait déjà expliqué de nombreuse fois.

— A midi c'est l'heure du déjeuner et ensuite quartier libre jusqu'à quatorze heures, continuai-je.

Gabriel me souris narquoisement et sortit un petit sachet de bonbons aux miels, du fond de son sac, il en prit un avant de me le tendre. Je pris une petite sphère jaune et la glissa dans ma bouche, tout en regardant par la fenêtre arrière le palais s'éloigné.

— Je me demande pourquoi, je persiste à m'inquiéter pour toi, me lança mon frère en relevant un sourcil.

Après vingt-cinq minutes de trajet, entouré de plaines givrée par l'hiver, le carrosse arriva enfin devant l'académie. Quelques calèches étaient déjà arrêtées, au bord du chemin emprunté par une centaine d'anges, qui se dirigeaient vers la porte d'entrée grande ouverte. Le ciel bleu orangé se reflétait, sur les murs scintillants.

Nous descendîmes, à quelques mètres de l'arche principal en cristal, qui menait à une cour intérieure. Il y avait principalement des anges communs, qui marchaient en discutant bruyamment devant nous, quelques-uns encore arrivaient par la voie des airs. La plupart étaient nés ici, mais certains étaient arrivés comme Suri, devenu ange au même âge, que celui de leur mort humaine.

— Tu ne me présente pas ta sœur, Gab ? une voix grave retenti juste derrière nous, survenant de nulle part.

Mon frère se retourna, les yeux légèrement plissés, il donna une tape amicale sur l'épaule, de l'ange qui nous avait rejoint. Ses grandes ailes étaient déployées, couronné par des cheveux blond platine rabattus sur son front, sûrement à cause du vol, il était grand et intimidant. Son visage était sublime, ses traits soulignaient sa mâchoire carrée. Ses yeux azur me fixaient, de manières troublantes, je rougis malgré moi. Tout en jetant un coup d'œil à son badge, je vis la couronne de la section royale, et trois plumes d'argent étaient épinglés en dessous, exactement comme Gabriel.

— Eden, je te présente ma sœur Nora, et où est la tienne, tu ne l'accompagne pas ? l'interrogea mon frère à son tour.

C'était le prince héritier du Royaume des Cieux, en chair et en plumes. Je l'avais vaguement aperçu, le jour de l'anniversaire de Gabriel.

— Je suis ravi de vous rencontrer princesse Nora, me lança le prince en ignorant mon frère et il me fit une révérence.

— Tout le plaisir est pour moi, répondis-je en rendant sa révérence.

— Ma mère a déposé Célia plus tôt ce matin, reprit Eden en passant une main dans ses cheveux. Elle craignait que je la décoiffe, reprit-il en lâchant un éclat de rire.

Soudain, le bruit de sabots aux galops, résonna derrière nous, je me retournai, vers les deux chevaux bruns qui arrivaient. Une magnifique femme et un jeune homme aux teints halés, vêtus des ensembles de l'académie, s'arrêtèrent près de nous.

— J'ai bien cru qu'on allait arriver en retard, Sun, s'exclama la femme à la peau dorée à bout de souffle, en descendant de son cheval.

Je remarquai l'absence de leurs badges, mais leurs yeux turquoise me confirmèrent, qu'ils seraient tous deux dans la Section Royal et de plus dans ma classe. Le prétendu Sun était grand et mince, avec des jolies boucles brunes aux reflets dorées. Un regard espiègle se dessina avant de répondre à celle qui l'accompagnait.

— Si tu n'avais pas passé une heure à te préparer, nous n'en serions pas là Alize, heureusement que j'ai eu l'idée de détacher les chevaux du carrosse.

Un tonnerre d'applaudissements, retentit vers l'intérieur de l'école, je regardai tour à tour mon frère, Eden et les deux personnes qui nous avaient rejoints. Le rassemblement avait déjà commençait, je jurai intérieurement, nous nous précipitâmes tous les cinq dans l'école. Je n'avais même pas remarqué, que nous étions les seuls encore à l'extérieur de l'enceinte.

Une foule d'uniformes blancs, était réuni au centre de la cour, tous étaient les yeux rivés sur ma mère, qui était en plein discours. Nous nous faufilâmes discrètement, sur un côté d'une rangée de colonne d'or parsemait de cristal, délimitant un couloir ouvert.

— La section Royal, la section Guerre et la section Civil, mais cette année, j'ai décidé d'en inclure une nouvelle, s'exclama ma mère pleine d'élégance dans sa robe bleu poudré.

Un silence assourdissant suivi ses derniers mots, j'échangeai un regard à Gabriel qui était à ma droite. Ses yeux ne trahissaient pas son étonnement, peut-être était-ce la raison, de notre convocation que nous avions manquée.

— La section Captif, regroupera des jeunes prisonniers de guerre, que j'ai moi-même sélectionné, avec la plus grande précaution. Je pense que le meilleur moyen, de gagnée une guerre, c'est encore de pouvoir l'éviter. Et c'est dans cette démarche, que j'ai décidé d'inclure, cette nouvelle section au sein de l'établissement, déclara Stella d'une voix tranchante.

Quelques voix s'élevèrent en signe de protestation, tandis que plusieurs élèves chuchotaient entre eux. « Démons... » Ce mot me glaçait le sang, il avait été longtemps associé à la peur, une vague d'effroi semblait avoir déferlé au milieu de la cour. Cette nouvelle, fut un choc pour tout le monde, y compris les deux anges arrivaient à cheval, qui étaient juste derrière moi.

— On ne va quand même pas les laissaient, se promener librement dans l'école, protesta Eden, le dos appuyé contre une colonne.

— Je vous demande de respecter cette décision, tout est sous contrôle, vous n'avez aucune raison d'être inquiété. Chaque élève, ange ou démon, est ici sous ma protection. Je vous rassure, il y aura bien sûr des mesures de sécurités supplémentaires, et une surveillance constante de ses élèves. Je vous prierai de ne pas créer, de conflit inutile, envers chaque membre de cette section. Nous allons maintenant passer, à la répartition des premières années, en commençant par la Section Royal, conclu Stella fermement en joignant le bout de ses doigts.

Ma mère nous appela, un par un par ordre de naissance, le premier fut Alec, du Royaume d'Argent. Son visage était de marbre, ne laissant aucune émotion transparaître, sous ses traits finement dessinés. Je savais qu'il était le dernier survivant de sa famille, son royaume était réputé, pour ses vaillants guerriers. Il serait le premier à déployé ses ailes cette année, je l'enviai d'une certaine manière.

Ensuite ce fut la sœur d'Eden, Célia, qui s'avança d'une démarche gracieuse. Sa beauté était déconcertante, ses longues mèches blondes platines, étaient lâchés et tombaient sur sa généreuse poitrine. L'assemblé masculine semblait, tous sous son charme, certains même pensait à voix haute.

Alize et Sun furent appeler en même temps, ils venaient du Royaume des Roses du Désert. Visiblement, tous étaient nés avant moi, même si je me douté déjà, que je serai la dernière. Je les observai tous deux prendre place au côté d'Alec et de Célia, ils étaient tous les quatre face à la foule. Les rayons de soleil, commençaient à couler sur les quatre parois de cristal, qui nous entouraient, tel une cascade de lumière iridescente.

Enfin, j'entendis mon nom, je mordis l'intérieur de ma joue nerveusement, tout en me frayant un chemin parmi les élèves. Je captai un dernier regard vers Gabriel, avant de rejoindre ma mère. Nous fûmes cinq anges royaux, à recevoir le même badge et une petite plume d'argent. Puis huit anges de la Section Civile et dix autres de la Section Guerre, vinrent compléter notre classe de première année. J'attendais avec impatience de pouvoir maintenant visité l'école.

Un ange vêtu d'une tunique grise, s'avança vers nous, un insigne doré représentant une balance était accroché sur son pectoral. Son visage était suffisamment marqué par le temps, pour en déduire qu'il avait plus de cent ans, quelques rides se formèrent aux coins de ses yeux d'émeraude.

— Je me présente je suis Kane, votre professeur principal et je vous enseignerais les cours de Lois, déclara-t-il avec une voix chaleureuse.

— Les troisièmes et première année, vous pouvez vous rendre dans votre classe principale, déclara Stella en se tournant vers la nuée d'anges restante.

Ma mère fit signe à Gabriel de s'approché, et s'avança vers moi, le regard sévère, que je ne connaissais pas, mais je savais qu'il ne présageait rien de bon. Je me mordis la lèvre, quand elle fut face à moi, ma classe me dévisagea comme si j'étais maudite.

— Dans mon bureau, m'ordonna-t-elle sèchement. 

 [N'hésitez pas à liker et commenter, surtout si vous avez aimé] ------<3

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top