Sur la banquette avant de la voiture, assise sur le siège passager, les talons nus appuyés sur le tableau de bord orteils pointés vers le ciel.

La portière ouverte sur ce champ de tournesols.

La main aux deux bracelets, l'un de Shungite et l'autre couleur arc-en-ciel, laissée pendre nonchalamment à l'extérieur. Sur le siège conducteur, une paire de lunettes de soleil, un carnet de notes aux pages recouvertes de cette belle écriture violette légèrement inclinée vers la droite, un stylo et un joli tournesol jaune orangé fraîchement cueilli. Pendu au rétroviseur, un sachet de lavande séchée qui diffuse comme d'habitude sa légère odeur florale.

Les jambes tendues, vêtue d'une robe légère jaune soleil, j'ai la tête renversée en arrière et les paupières closes. Le son du champs envahit mes oreilles: les pétales de tournesol simplement effleurés par le vent, les quelques grillons qui chantent parmi les hautes herbes et les sifflements des quelques oiseaux posés ça et là.

A l'arrière de la voiture, sur la banquette, une écharpe de léger voile blanche nacrée sur laquelle un gros matou à longs poils roux et blancs est roulé en boule. A sa gauche un ordinateur portable éteint et fermé glissé sous un grand plateau de bois clair où sont posés des biscuits au citron, un mug de limonade où trempe une paille, un bocal en verre rempli de sacristains et une boîte de fer blanc remplie de fruits secs et de fruits rouges. Dans le coffre, un futon est étalé, sur le grand tiroir de vêtements où d'ordinaire, sont rangés la roue et les outils de secours. A côté du futon, il y a une lampe solaire, une pile de romans et un plaid orange. Le tableau de bord porte quand à lui en plus de mes jambes une carte routière, une bougie, un briquet argenté, des bâtons d'encens, une plante verte et une poire. Cette voiture, étroite bulle de vie représente tout mon monde et cette vie, comme une oscillation de pétale de tournesol, un seul mouvement de la planète. Une pause qui ne tient qu'à un fil, le temps d'un été deux petits mois dans un champ de fleurs fragiles, attirées par la lumière du soleil et qui malgrès le balancement que leur imprime le vent continuent de se tourner vers l'astre, chaque jour, sans relâche et le trouvent toujours.