Les pirates retrouvèrent de la citrouille dans leurs assiettes au dîner, puis aux repas du lendemain. Le troisième jour, alors que Miss Masu leur avait concocté un gratin de citrouille (« ou si vous voulez il reste de la purée de citrouille d'hier »), Tadashi craqua.

— J'en ai assez de devoir manger ce machin orange à tous les repas ! Si ça continue, vous allez nous servir du jus de citrouille au petit déjeuner !
— Chut, ne lui donne pas d'idées, lui souffla un pirate, l'air inquiet.

La cuisinière les toisa sévèrement.

— Ce sont des légumes frais. Plein de vitamines. Ça ne peut que vous faire du bien.
— Ce ne sont pas des légumes. C'est un légume. Et c'est écœurant, à la longue !

L'adolescent voyait rouge. C'est vrai, quoi ! L'Arcadia possédait des synthétiseurs de nourriture et des soutes remplies de conserves, de quoi tenir des semaines ! Pourquoi devaient-ils se contenter d'un seul légume en guise de repas, même frais !

— Ce n'est pas de ma faute si la planète que le capitaine a choisie pour faire relâche ne produit que des citrouilles, protesta Masu. Mais rassurez-vous, je n'ai pas encore testé toutes les recettes...

Tadashi fit la grimace (ainsi que tous les pirates à portée d'oreilles, d'ailleurs).

— Varier les recettes, ce n'est pas ça qui changera le goût, grogna un pirate dans un coin.
— Et puis ça me donne de l'urticaire, renchérit un autre. Depuis que je mange ce truc, j'ai des plaques rouges sur les bras.
— Bah, vous êtes de mauvaise foi, répliqua la cuisinière.

Elle agita sa cuillère, projetant au passage des gouttes de bouillie orange sur les pirates les plus proches.

— De bonnes citrouilles si appétissantes...
— Mais j'en ai marre de vos citrouilles, moi ! hurla Tadashi, rouge de colère. Je veux des frites surgelées, même synthétiques ! Tout, pourvu que ce ne soit pas orange !

Un pirate le retint gentiment par l'épaule.

— Du calme, garçon. Ça ne sert à rien de t'énerver comme ça... Même si je ne suis pas loin d'être d'accord avec toi, ajouta-t-il tout de même.

Autour d'eux, tout le monde hocha la tête en assentiment.

— Bon, d'accord, concéda Miss Masu. Je reconnais qu'il faudrait peut-être changer d'ancrage, pour essayer de trouver autre chose que des citrouilles, sur cette planète. Qu'en pense le capitaine ?
— Oh, lui, fit Tadashi d'un ton blasé. Il mange quand ça lui chante. M'est avis qu'il ne s'est pas encore aperçu qu'on mangeait la même chose depuis trois jours...