Mon tout premier accompagnement. J'étais très très jeune. Je manquais de sens de la repartie et d'aplomb, c'est indéniable... Mais cet épisode aurait ôté les mots de la bouche à plus d'un, j'en suis sûre.

J'encadre un groupe de personnes âgées sur un itinéraire de plusieurs jours en Allemagne. La première nuit se passe dans un hôtel de Rudesheim, célèbre petite bourgade au bord du Rhin "Romantique", où il y a plus de tavernes que d'habitants. A la fin de la journée je briefe bien mon groupe pour leur expliquer comment se passera la journée du lendemain. Je leur précise que le petit déjeuner est servi à partir de 7h00 et que le cicuit reprendra avec un départ du bus à 9h30.
Je monte me coucher dans ma chambre, éreintée. Je me maudis en me préparant pour aller au lit car j'ai oublié ma chemise de nuit. Tant pis, on fera sans.
Je m'endors.
Tout à coup je suis réveillée par des coups frappés à ma porte.
Le réveil indique 7h30. J'ai dormi comme une masse. J'avais prévu de me lever une bonne demi heure plus tard. Je me précipite vers la porte en pensant que l'un de mes voyageurs a sans doute un important soucis. Je réalise que je ne suis presque pas habillée. Je trouve vite fait un truc a passer et essaie de ne pas avoir l'air trop endormie en ouvrant la porte. Bien que, zut de flûte, c'est mon droit le plus naturel d'avoir une trace d'oreiller en plein milieu de la figure à cette heure-ci !
Je passe la tête par la porte entrebâillée et là, je vois deux petites mémés de mon groupe, toutes apprêtées, tenant chacune leur petit sac à main devant elles avec deux mains (un peu à la manière de la marionnette de Bernadette Chirac dans les Guignols).
_"Que se passe-t-il?" Fais-je d'une voix trop endormie.
L'une d'entre elle me répond :
_"Nous sommes prêtes, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?"
Là, les mots me manquent. Mon regard passe de l'une à l'autre en me demandant où est la caméra. C'est une blague ? Mais je vois dans leur regard sincèrement interrogateur qu'elles sont complètement déboussolées.
_"Vous êtes prêtes ? Et bien allez prendre votre petit déjeuner..."
Et là elles me répondent que c'est déjà fait et qu'elle ne savent pas quoi faire ensuite. Je ne sais plus quoi leur dire et je leur suggère d'aller s'assoir dans le salon de l'hôtel et d'attendre l'heure du départ.
Un éclair de compréhension passe dans leurs yeux. Je viens de leur faire la révélation du siècle.
_"Oh oui c'est une très bonne idée." Me disent-elles en tournant les talons. Je les regarde s'éloigner, incrédule, et je retourne me coucher pour essayer de finir ma nuit. Autant dire que c'était peine perdue.