La diva aux oreilles de chat
Une petite nouvelle, toute fraîche.
Ce matin-là je récupère un groupe au milieu de nulle part dans la forêt humide des bords du Rhin. Je travaille pour une compagnie que je n'aime pas trop : les Cruise Managers sont désagréables, stressés, désorganisés, ne nous accompagnent jamais et donc lorsque nous avons un souci nous devons en général tout régler nous-mêmes, les bateaux sont toujours en retard et n'arrivent jamais là où on les attend (comme ce matin-là).
Plusieurs autocars sont prévus, trois partent pour Strasbourg et un dernier vers la route du vin. Un premier collègue démarre avec un premier car, ma collègue monte dans le deuxième avec 50 personnes (le bus est blindé), je prends le troisième avec 49 personnes et une autre collègue s'apprête à s'engager vers la route du vin avec seulement 16 personnes.
Le bus devant moi démarre, il n'a pas fait 100 m qu'il s'arrête avec les warning. Nous nous arrêtons derrière par solidarité afin de voir ce qui se passe et le car derrière moi en fait de même. L'autocar est HS. Les guides et les chauffeurs descendent pour essayer de trouver une solution et nous retrouvons la Cruise Manager qui était encore au bord de la route. Que faire ? Nous sommes trop loin de la civilisation pour qu'un bus de renfort arrive à temps, il faut improviser. La discussion est longue et stérile, la Cruise Manager ne sait pas trop quelle décision prendre, elle ne fait que se plaindre du fait qu'elle n'avait pas eu le nombre de bus commandés et que si cela avait été comme-ci elle aurait pu faire comme-ça.
Bref, elle tergiverse sur des choses qui auraient dû être faites au lieu de prendre une décision dans l'instant, dans l'urgence face a la situation à laquelle nous étions confrontés.
Nous l'engageons donc à transférer les passagers du car en panne pour remplir le miens jusqu'à 57 personnes et de faire monter les passagers restants dans le car attribué à la route du vin.
Cependant, il manque tout de même deux places.
Parmi les deux personnes qui restent sur le carreau se trouve une dame d'un certain âge avec de beaux cheveux bouclés et un drôle de serre-tête avec des oreilles de chat.
Dans mon autocar deux personnes se proposent gentiment pour laisser leur place à ce couple car eux auraient l'opportunité de retourner à Strasbourg ultérieurement. C'est une offre tout à fait généreuse de leur part. Mais pour la dame aux oreilles de chat, cela semble normal.
Elle ne pense même pas à remercier le couple qui est descendu pour lui laisser la place.
Elle monte dans le car et se plaint parce que la dernière place libre est au fond de l'autobus, car comprenez-vous, elle a le mal des transports, elle ne peut être assise que tout devant derrière le chauffeur.
Je lui explique que vue les circonstances tout à fait exceptionnelles, il faudrait qu'elle se contente des deux places qui restent. C'est un cas de force majeure.
Elle commence à faire un scandale en disant que si c'était ainsi elle préférait redescendre.
Ne voulant pas envenimer la situation qui était déjà assez tendue avec tous les passagers qui avaient déjà patienté plus de 30 minutes jusqu'à ce que l'on trouve une solution acceptable, je finis par demander au monsieur assis derrière le chauffeur s'il veut bien céder sa place à Madame la marquise.
Heureusement celui-ci accepte en bon gentleman qu'il est et sauve ma matinée.
Je me demande parfois pourquoi les gens qui sont malades en autocar optent pour des vacances où la plus grande partie de leur journée se passe dans un bus et ensuite emmerdent le monde pour qu'on les traite en VIP.
Mère patience...
🙄
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