Anecdote n°1 : Le canidé de la discorde
Ma première anecdote remonte au balbutiements de ma carrière d'autrice. J'avais huit ans, des lunettes rondes et les cheveux encore longs, et surtout, je m'ennuyais. Toutes mes années à l'école primaire ont été ennuyeuses à mourir.
Je suis arrivée l'année d'avant après un déménagement, et j'ai très vite compris que j'étais en avance, très en avance sur le programme. En CE1, pour vous dire, j'avais un niveau en gros de CM1. Je savais lire, je savais compter, je savais écrire, je connaissais mes tables d'addition et de multiplications par coeur et j'avais les bases de l'anglais. Et forcément, comme les cours m'ennuyaient, j'ai continué à prendre de l'avance sur plein de choses, et ça a été comme ça jusqu'en troisième.
Les exercices que l'on faisait en cours, je les bouclais en quelques minutes, et ensuite, je consacrais le reste de mon esprit à ce nouveau hobby que j'avais commencé quelques mois plus tôt : l'écriture. Ma passion de l'écriture, elle est venue après un hommage aux poilus qu'on devait réaliser pour les célébrations du 8 mai à la mairie. On avait dû inventer notre propre histoire, et ça a été un peu la révélation.
Ce qui m'a vraiment poussé à écrire ensuite, de manière plus régulière, c'est malheureusement les premières graines du harcèlement scolaire que j'ai commencé à subir dès mon arrivée et qui ne s'est arrêté que vers la moitié du collège. Je voyais une psy à l'époque, et c'est elle qui m'a conseillé de poser à l'écrit mes pensées noires, les histoires que j'avais dans la tête, pour me libérer. Et ça a été très efficace !
Nous étions donc après un exercice terminé trop vite et machinalement, j'ai commencé à écrire sur mon sujet préféré du moment : les animaux. Durant cette période-là, je lisais beaucoup de livres sur les chiens (dans le but de convaincre ma mère d'en adopter un, ce qui arrivera un an plus tard !) et j'y ai rencontré le concept des usines à chiens. Et peut-être que je n'étais pas censée voir ça. J'ai été assez choquée par la chose, et révoltée, j'ai choisi d'effacer cette pensée noire sur papier, dans une histoire.
Le texte qui en est sorti était assez violent. Pas dans le sens qu'il y avait du sang partout, mais on y parle quand même de l'euthanasie, de l'abandon et des usines à chiens d'Europe de l'est. Et comme je n'ai aucun instinct de survie et que j'étais très fière de moi, j'ai décidé de montrer mon histoire à mon professeur.
S'il était plutôt content que j'écrive (quoiqu'un peu moins que ça se passe pendant son cours), le thème de l'histoire l'a interpelé, et il a décidé de garder mon texte. Naïve comme j'étais, je pensais juste qu'il l'avait beaucoup aimé et voulait le garder pour lui, même s'il aurait pu au moins me demander si je ne voulais pas le garder.
Qu'elle ne fut pas ma surprise quand, le lendemain, j'ai été convoquée dans le bureau du directeur. Le directeur qui m'a demandé si tout allait bien, et si j'avais des problèmes, et de pourquoi j'écrivais des choses comme ça, à ma plus grande confusion. Apparemment, mon texte a choqué l'équipe enseignante, et on m'a recommandé de ne plus écrire des choses comme ça et de me concentrer sur des choses plus joyeuses, ce que j'ai bien évidemment : ignoré.
Dans la foulée, mes parents ont été prévenus, eux aussi choqués que je puisse écrire des choses comme ça. C'est là que ma maman a dit pour la première fois : « Ne vous inquiétez pas, elle est juste obsédée par l'écriture, ça va lui passer. » Ce ne sera pas la dernière fois. Et regardez où j'en suis aujourd'hui.
Cette petite aventure m'aura tout de même valu un rendez-vous en urgence avec la psy pour en parler, ma psy qui a juste haussé les épaules en disant que c'était ce qu'elle attendait de moi et que c'était bien de mettre à l'écrit mes pensées noires au lieu de tout garder pour moi.
Ce jour-là, j'aurais au moins appris que les professeurs à l'école primaire sont des balances et à ne plus rien leur confier. Parce que, bon, le harcèlement scolaire que je subissais sous leurs yeux depuis un an, là on fait l'autruche, mais un texte un peu sombre et c'est l'apocalypse. La logique :)
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