divaguer

Après le dîner, habillée de sa robe blanche, elle se dirigea vers la digue, sans savoir quoi penser ni savoir ce qui allait se passer.

Sam l'attendait déjà, il avait mis une chemise blanche, Andromeda remercia intérieurement Tatiana de l'avoir fait mettre une robe. Il lui sourit, et elle lui rendit un sourire timide. Elle n'avait pas trop l'habitude des rendez-vous, elle en avait eu un une fois. Elle avait décidé de prendre son courage à deux mains et d'inviter un garçon qu'elle aimait beaucoup quand elle avait quatorze ans, et ils avaient été au cinéma. Mais quand elle avait voulu l'embrasser, il lui avait avoué qu'il était aimait les hommes et donc qu'il était venu ici en pour venir voir un film entre ami, rien de plus. La jeune fille avait été terriblement gênée et depuis, elle avait toujours eu peur de faire une gourde et n'avait jamais plus invité personne.

- Ça va ? lui demanda Sam, qui semblait avoir perdu l'aisance qu'il avait au fond de sa gorge.

- Oui, ça va. Tu sais où on va aller ?

- En vrai je n'avais pas trop prévu quoi faire donc je ne sais pas de trop.

- Et si on allait se poser sur la plage, discuter un peu ?

Aussitôt dit, aussitôt fait. Ils se dirigèrent vers la plage et s'installèrent sur la petite plage dans le sable encore chaud. Ils avaient tous les deux les joues rouges, si Jenny aurait vu ça, elle se serait exclamée « oh my god, that's my new otp ! ». Cette pensée l'a fit pouffer de rire, puis elle se retourna, pour être sûr que Jenny n'était pas derrière eux en train de les observer.

- Tu cherches déjà un plan pour t'enfuir ? demanda le garçon, un sourire aux lèvres, la voyant regarder derrière eux.

- En réalité, je regarde juste si les filles ne sont pas en train de nous espionner, chose totalement plausible et que je ne veux pas.

- Tu vas leur donner un coup de claquette ?

- Oh non, tu ne te rappelles pas de ça ?

Sam hocha la de la tête en rigolant pendant qu'Andromeda fourrait sa tête dans ses mains, gênée. Pour la petite histoire, lorsqu'ils étaient venus la première fois au camp, garçons et filles étaient amis à ce moment-là. Et lors d'un jeu qui se jouait en équipe, la blonde était tombée en binôme avec Sam. Sauf que ce dernier avait fait n'importe quoi, alors pour se venger, la fillette avait pris la première arme qu'elle avait trouvée –sa claquette- et avait entrepris de frapper le jeune homme avec de toute ses forces jusqu'à ce qui tombe dans la piscine pour adulte de l'hôtel alors qu'il ne savait pas encore nager dans la grande profondeur –ils avaient sept ans. Andromeda s'en était voulu pendant des années, et s'en voulait encore d'avoir failli le noyer si un moniteur ne l'avait pas vu et ne serait pas allé le chercher.

- Écoute, à cause de ça, tu m'as traumatisé pendant bien quatre ans après, j'avais peur que tu sois une psychopathe ou je ne sais pas quoi mais tu me faisais vraiment peur, si je te jure ! Mais non, ne te moque pas de moi, c'était pas drôle !

- Oh non, c'est pour ça que tu ne m'as pas parler pendant des années ! Le pire c'est que ce n'est même pas le fait que tu sois tombé dans l'eau et que tu aies failli te noyé qui t'a fait peur !

- Tu avais touché mon orgueil, alors j'ai pris des cours de piscine dès la rentrée pour être sûr que cela n'arrive plus ! Tu sais, je fais toujours de la natation et grâce à toi, j'ai eu la première place aux nationales ! Je suis la fierté de la famille, donc je te remercie.

- Écoute, si j'ai pu te rendre service, j'en suis heureuse alors, même si je suis désolée.

Il fit un signe de la main comme pour signifier que ce n'était pas grave.

- Toi il paraît aussi que tes parents sont très fiers de toi, déclara Sam. J'ai entendu que tu étais une des meilleures élèves de ton lycée à Paris.

- Ils disent à tout le monde ça, mais c'est plus compliqué entre nous, à vrai dire.

- Comment ça, c'est plus compliqué entre vous ? Enfin, si je ne suis pas indiscret.

- C'est parce que je me rebelle contre eux. Je peints, et il paraît que c'est un crime pour eux. Alors ils me mettent la pression sur les cours et sur le fait que je dois énormément travailler comme ça je n'ai pas le temps de peindre.

- Quoi ?! Mais en quoi la peinture est un crime ?

- Je veux être peintre ou dessinatrice et non pas avocate ou chirurgienne, qui sont des métiers mieux pour moi car je suis trop intelligente pour faire de la peinture et faire des portraits.

- C'est totalement absurde ! Il y a plein de grands peintres qui sont très intelligents, regarde Leonard de Vinci, puis même, l'intelligence n'a rien à voir avec la peinture...

- Je vis dans une famille de coincé du cerveau, que veux-tu. Vivement mes dix-huit ans, déclara-t-elle après un silence.

- Pourquoi ?

- Ce sera le moment de liberté, ça va faire deux ans que je suis en train de faire des économies pour pouvoir être autonome et réaliser mon rêve.

- Qui est ?

- Faire le tour du plus de pays possible pour peindre un maximum de lever et coucher de soleil, de portraits, et découvrir le monde en général.

- Mais il faut beaucoup d'argent pour ça !

- Je ne veux pas aller dans des hôtels de rêves pour chaque nuit, une simple auberge me convient et puis le voyage peut se faire en plusieurs fois, je peux continuer à travailler entre temps.

- Wow. Tu as vraiment déjà tout programmé. J'admire ce courage de partir à l'autre bout du monde comme ça.

- Rien ne me retiens ici.

- C'est vrai.

- Et toi, c'est quoi ton rêve ?

- Je n'ai pas en particulier, mais je veux vivre ma vie à fond et ne rien regretter.

- Le meilleur de tous les projets. Tu veux faire quoi comme métier, toi, plus tard ?

- Je ne sais pas, le seul domaine ou je suis vraiment bon c'est la natation. Mais même si j'adore nager et que je suis un vrai poisson dans l'eau, paraît-il, je sais que je ne peux pas faire ça toute ma vie.

- Et pourquoi pas ?

- Je ne gagnerai pas ma vie, sauf si j'arrive à intégrer l'équipe de France, mais cela semble irréalisable.

- Tu ne veux rien regretter de ta vie, alors tente ta chance, sinon, quand tu auras quatre-vingt ans tu te diras que tu avais le niveau mais que tu n'as jamais oser à cause d'une bête raison. Ni l'argent, ni ce que les autres pensent ne devrait te bloquer. Tu veux aller au bout de tes rêves ? Alors vas-y.

- Tu me tenterais presque de faire les tests d'entrée dès que je rentre en France.

- Et pourquoi pas ?

- Je veux bien, mais à une seule condition.

- Qui est ?

- Qui tu essaies de venir me voir, si tu peux et me donner des coups de claquettes jusqu'à ce que j'y arrive.

- Alors là, pas de problème, je suis experte en ce domaine, ne t'inquiètes pas tu réussiras très vite.

- Que ferais-je sans toi, Andromeda ? Merci d'exister dans ma vie.

Sa réplique lui décrocha un sourire. Ils restèrent un moment sans parler, appréciant le calme tout en observant le coucher de soleil rougeâtre qui tombait peu à peu sur la mer Adriatique. Cette dernière était calme, le lent va-et-vient des petites vagues presque transparentes les hypnotisaient, le soleil laissant transparaitre les coquillages dans le fond de l'eau. Parfois, les vagues étaient plus imposantes et elles venaient mouiller le sable jusque devant les pieds nus des deux adolescents. Aux alentours, le seul bruit que l'on entendait était la mer et les mouettes qui chantaient au-dessus de l'étendue d'eau. Au loin, on entendait un rire ou deux, parfois des gens passaient sur la digue, parlant cette langue si vivante et chantante qu'était l'italien, berçant leurs oreilles qui ne comprenait la plupart du temps pas un seul mot, mais pouvant percevoir les émotions qui déferlaient de la bouche de la personne qui parlait, rien qu'à l'intonation qu'elle y mettait.

- J'ai une idée, déclara Sam, après des minutes de calme.

- C'est quoi ?

- Vu que tu aimes peindre et faire des portraits, si demain on se donnait rendez-vous ici et que tu me faisais mon portrait avec le coucher de soleil en fond, tu combinerais tes deux domaines de prédilections en un.

- Ça ne te dérange vraiment pas que je te peigne ?

- A vrai dire j'ai envie de voir comment tu me perçois, à travers ton dessin.

- Tu es plus beau dans mes portraits que j'imagine qu'en réalité, le taquina-t-elle.

- Mais euh, tu n'es pas gentille.

- Je sais, je suis un vrai petit diable qui attaque à coup de claquettes.

Il lui fit une pichenette sur le bras pour rigoler, avant d'observer son visage sous toutes ses coutures. Andromeda, elle, observait les yeux du jeune homme parcourir son visage, celui-ci s'attardait plus sur certaines parties... comme ses lèvres par exemple. Ses yeux étaient vraiment magnifiques, se dit-elle intérieurement. Ils étaient bruns, couleur classique pourrait-on dire. Mais ils n'étaient pas simplement bruns, ils étaient plus... noisettes. A l'intérieur, on percevait des petites stries plus claires et plus foncées, et dès que le soleil décidait d'éclairer ses yeux, on remarquait que l'intérieur près des pupilles était d'une couleur kaki, presque vert sapin.

Puis il observa ses yeux à son tour et remarquant qu'elle l'observait, il sourit, ses yeux se plissant formant des petites rides de chaque côté de son visage bronzé.

- Tu m'observes ? osa le garçon.

- J'observais ton visage pour déjà préparer le portrait de demain. Et toi ? lui demanda la jeune femme, sachant que lui n'avait pas d'excuse.

Il ne répondit pas directement, prenant encore le temps d'observer son visage, tout en se mordant sa lèvre inférieure. Il replaça une de ses mèches de cheveux derrière son oreille avant de déclarer :

- Tu es belle et j'aime beaucoup observer ta beauté.

- Je crois que c'est un des plus beaux compliments qu'on ne m'a jamais fait.

- Personne ne te l'a déjà dit ?

- Jamais avec autant de sincérité.

Sa mèche de cheveux lui retomba sur le visage une nouvelle fois, et il l'a replaça encore une fois.

- Tu es beau aussi, ajouta Andromeda sans pouvoir s'en empêcher, le faisant sourire à son tour.

***

- Et après vous avez fait quoi ? demanda Jenny, totalement sous le charme du récit d'Andromeda.

- Il s'est levé et puis il m'a tendu sa main pour m'aider à relever. Puis on a couru dans la mer et on a ris comme des fous et on est ensuite revenu ici.

- Oh mais c'est nul, il est passé où le baiser que je voulais ? Vous êtes incroyablement imbéciles et mignons.

- On se revoit demain de toute façon.

- Fais lui un portrait du feu de dieu, ok ? déclara Emily.

- Ensuite vous vous embrasserez et tu nous feras ensuite un récit détaillé de toutes les sensations que tu as ressenti. Car si vous en restez là, j'arrangerai très vite les choses entre vous.

- Et comment ?

- Oh, tu as de quoi avoir peur ma vieille alors fait gaffe.

- On fera au feeling, je veux pas me faire des idées fausses, je ne veux pas prévoir ce qui va se passer, j'ai envie de me laisser surprendre pour une fois.

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