Chapitre 13




Le mois de juin était arrivé vite, si vite qu'Andréas se demandait comment l'année avait pu filer si rapidement sans qu'il ne la voie passer. À cette même période l'an dernier, son père l'avait retiré de l'Institut Wilhelminum et il avait été plusieurs semaines chez lui à s'angoisser sur ce qui l'attendait aux États-Unis. Les mois au centre n'étaient plus que des souvenirs vagues et brumeux, dont certains remontaient la nuit, et qu'il enfouissait le jour pour ne plus y repenser. Les mots de Dylan continuaient souvent à lui revenir à l'esprit, mais il s'efforçait de ne plus y repenser, d'autant que ce dernier faisait des efforts et n'était plus revenu l'insulter.

            Malgré tout ce qui s'était passé dans sa vie en un an, il ne regrettait pas d'être parti d'Allemagne pour venir vivre en Californie. L'arrivée chez Ludwig avait été comme un souffle de liberté. Il ne s'était jamais senti aussi libre et bien qu'ici où il n'était pas jugé et où la vie ressemblait à un quotidien agréable en famille. À Hamilton – si on exceptait Dylan Johns – il se sentait intégré et avait trouvé sa place dans l'établissement. Il avait hâte d'entrer en terminale afin de se consacrer pleinement à son dossier scolaire en multipliant ses chances d'entrer à Berkeley pour faire des Sciences Politiques.

            Il restait une semaine avant la fin de l'année, les examens des terminales étaient terminés et Andréas finalisait son discours pour la présidence du bureau des élèves quand ils entrèrent où il s'était réfugié. Prudence arrivait en tête, les cheveux relevés en un chignon travaillé, et elle jeta son sac sur la table avant de claquer des doigts en faisant signe à tout le monde de s'asseoir. Andréas ferma son ordinateur et fit de la place à côté de lui pour Barthélémy. Alexie arriva en retard avec Lily, un peu essoufflée. La jeune fille semblait morose ces derniers temps, ce qu'il pouvait aisément comprendre, étant donné que Merlin était de mauvaise humeur depuis le retour de Dylan au lycée. On aurait dit qu'il avait subi un lavage de cerveau. La semaine dernière, il avait envoyé un SMS à Andréas pour lui dire qu'il annulait leur cours de littérature. Andréas s'était encore excusé pour les mots qu'il avait prononcé chez son oncle et avait voulu savoir si Merlin lui en voulait. Ce dernier avait répondu que non, mais qu'il ne voulait plus lui donner de cours pour l'instant. Il devait être présent pour Dylan qui réclamait visiblement toute son attention.

            Alexie s'assit en face de lui et sortit un stylo et un carnet. Il en profita pour se pencher vers elle.

–  Tu as vu Merlin ? demanda-t-il.

–  Oui, chuchota-t-elle. Je suis allée manger chez lui hier soir et faire un jeu. Je te l'ai dit par SMS.

–  Oui, mais tu ne m'as pas dit si tu lui avais parlé de ce que l'on s'est dit sur la drogue.

–  Je n'avais pas envie de lui parler encore de ça, répliqua-t-elle. J'étais fatiguée, j'avais juste envie de penser à autre chose.

            Bart leur jeta un regard en coin. Il semblait étonné qu'Alexie ait répondu avec autant d'agressivité. Cela ne lui ressemblait pas. Elle était souriante et gaie en principe. 

–  Mais tu m'avais dit que tu allais parler à sa mère, insista Andréas.

–  Oui, je lui ai parlé, elle est inquiète, elle aussi trouve qu'il fume beaucoup trop.

–  Ah ! Tu vois.

            Andréas était inquiet, il en avait reparlé plusieurs fois avec la jeune fille, mais elle ne savait pas quoi faire, ce qui le rendait fou. Il avait tenté une fois parler avec Merlin, mais il l'avait envoyé balader par SMS. La veille, il avait même annulé leur soirée, pour la seconde fois en quelques semaines. Énervé et attristé, Andréas lui avait répondu que s'il ne voulait plus coucher avec lui, il y avait d'autres façons de le lui dire plutôt que de faire le mort et de l'éviter. Ce changement brutal d'attitude l'inquiétait beaucoup, d'autant qu'il ne le comprenait pas. Après les vacances de printemps, ils s'étaient tous rapprochés, Merlin et Alexie passaient beaucoup de temps avec lui et Barthélémy, et il avait fallu d'un message de Dylan pour que tout bascule. Dans une semaine, le jeune duc prendrait l'avion pour rentrer en Allemagne et il ne serait pas de retour avant septembre. Qui sait ce qu'il pouvait se passer entre temps ? 

–  Tu lui as demandé pourquoi il nous évitait ? continua Andréas alors que Prudence sortait des feutres pour écrire sur le tableau blanc.

–  Il répète qu'il doit s'occuper de Dylan, qu'il l'a délaissé ces derniers temps.

– Il ne se rend pas compte qu'il est en train de lui monter la tête contre nous ? Et de l'éloigner de ceux qui lui veuillent du bien ?

            Alexie soupira et repoussa l'une de ses mèches de cheveux en arrière. Elle semblait fatiguée.

–  J'ai parlé avec Isaac et Joshua, poursuivit Andréas. Ils m'ont confirmé qu'ils souhaitent prendre leur distance avec Johns.

–  Je sais.

–  C'est bien la preuve qu'il manipule Merlin, non ? Si même les jumeaux s'éloignent, il devrait...

–  Écoute Andréas, je fais ce que je peux ok ? Merlin ne m'écoute pas plus que toi.

–  On pourrait...

–  Est-ce que tu veux bien te concentrer deux secondes Monsieur le duc ? l'interpella Prudence. Ou tu veux partager tes peines de cœur à toute l'assistance ?

            Andréas fronça les sourcils et se détourna d'Alexie pour se concentrer sur Prudence. Il savait qu'il réagissait trop vivement et qu'il devait donner l'impression d'être un copain jaloux ou trompé, alors que c'était Alexie qui aurait dû être la plus peinée. Il aurait dû laisser la tranquille au lieu de lui mettre la pression et la harceler de messages pour qu'ils trouvent une façon d'ouvrir les yeux à Merlin. Bart lui avait dit qu'il en faisait trop et qu'il aurait dû lâcher l'affaire. Il soutenait que ce n'était pas son problème si Merlin voulait rester avec son meilleur ami et qu'il pouvait toujours trouver un autre plan cul.

            Bart ne comprenait pas que le problème allait au-delà du sexe. Andréas n'arrivait pas à s'enlever Merlin de l'esprit et ce n'était pas qu'à son corps qu'il pensait. Il voulait lui faire entendre raison, le détourner de son addiction qu'il refusait de voir et l'éloigner du garçon toxique et qui le battait. C'était la mission qu'il s'était fixé, et pas seulement dans le but de pouvoir retrouver ses soirées du vendredi. Merlin lui manquait. Il n'était concentré sur rien d'autre. Il détestait Johns, chaque jour un peu plus, et cela le tuait de ne rien pouvoir faire.

–  Bien, lança Prudence. Faisons cela vite, j'ai une répétition juste après la réunion.

            En bon secrétaire de séance, Barthélémy sortit son ordinateur pour prendre des notes. Nicolas était à côté de lui et s'agitait sur sa chaise. Prudence retira sa veste d'uniforme et s'assit en commençant à distribuer des ordres. Il commençait à faire de plus en plus chaud à mesure que l'été se rapprochait et même les fenêtres ouvertes ne rafraichissaient pas l'intérieur. Andréas craignait un peu son retour en Allemagne à cause de son père, mais il avait quand même hâte de retrouver le frais des forêts bavaroises pour l'été. 

            Exceptionnellement, ils étaient plus nombreux qu'à l'accoutumé pour cette réunion, car l'ensemble des membres du bureau était réuni. Il y avait Lino, Andréas, Nicolas, Lily, Barthélémy, Prudence et Alexie bien sûr ; mais aussi Emilio, Anabeth, Seth et Augustin, également inscrit sur la liste. Ces derniers ne participaient que ponctuellement. Anabeth et Seth étaient chargés de la partie sportive, quant à Auguste, personne ne l'avait jamais vu avant aujourd'hui et ses fonctions demeuraient obscures. Andréas n'avait pas revu Seth depuis qu'il s'était battu avec Merlin dans les vestiaires et le trouvait particulièrement suffisant avec ses airs de sportif.

–  Bien, dit Prudence en tapant avec son stylo sur la table. Nicolas, tu peux t'occuper d'inscrire le nom des candidats sur le tableau blanc ?

–  Avec grand plaisir Prudy chérie.

–  Et arrête de m'appeler comme ça.

–  Tout ce que tu veux mon amour.

–  Nicolas ! Ta gueule ! lança Bart.

– On peut se concentrer deux minutes ? s'énerva Prudence. Bon, en dehors de Lino et d'Andréas, personne d'autre ne veut être candidat ?

–  Pourquoi pas Barthélémy ? proposa Nicolas.

–  Pardon Nicolas ? Je n'ai pas entendu ? On parle bien de Barthélémy Taylor, le mec qui porte un sweat avec des oreilles de souris ?

            Barthélémy lui renvoya un regard noir, le visage à moitié caché par son sweat jaune et noir tout neuf, avec des oreilles de Pikachu, le Pokémon qu'il affectionnait tant. Andréas et Alexie le lui avaient donné en prétextant l'avoir acheté pour lui, pour éviter qu'il ne le rejette en apprenant que c'était Merlin qui avait payé.

–  Lily, pourquoi tu ne te présentes pas ? demanda Prudence.

–  Euh ... Parce que ... Je me sens trop jeune.

–  C'est nul comme excuse. Et toi Seth, quel est ton argument ?

–  J'ai une vie en dehors du lycée.

–  Et moi non ? Et Andréas et Lino non plus ?

–  Elle non et lui veut être président de son pays, rétorqua Seth, ce n'est pas pareil.

–  Chancelier, corrigea Andréas.

–  Il ne me semble pas que vous crouliez sous les responsabilités Anabeth et toi, continua Prudence en fixant ses yeux sur Seth. On vous a à peine vus cette année.

–  C'est un reproche ? demanda Anabeth en fronçant les sourcils.

–  Une constatation plutôt. Tu étais censée t'occuper du spectacle des cheerleaders il me semble, non ?

–  Je leur en ai parlé.

–  Mais c'est Alexie qui a fait les affiches et Lily et Lino qui les ont distribuées.

–  Le conservatoire de danse me prend tout mon temps figure-toi !

–  Et le conservatoire de musique me prend le mien, mais moi, je ne fais pas de la figuration ! Alors que tu es ici uniquement pour avoir ton nom au bureau et enrichir ton dossier scolaire.

–  On pourrait peut-être se reconcentrer sur les élections ? proposa Nicolas.

            Anabeth et Prudence le foudroyèrent du regard. Les deux jeunes filles ne semblaient pas beaucoup s'apprécier.

–  Bon, très bien, Alexie ? C'est quoi ton excuse à toi ? lança Prudence.

–  Oh euh... Comme Lily. Je me sens encore trop jeune pour prendre les choses en main, mais je veux bien continuer faire la communication l'an prochain.

            Andréas savait que la jeune fille était surtout au bureau des élèves parce qu'elle voulait aider, mais elle ferait une meilleure présidente qu'elle ne le pensait sans doute, ne serait-ce parce qu'elle ne recherchait pas le pouvoir et voulait bien faire. Il faudrait qu'il la pousse à se présenter l'année prochaine.

            Nicolas termina d'écrire les noms des candidats, avec une petite moue triste envers Alexie. 

–  Lino, es-tu prête pour ton discours ?

–  Oui.

–  Nous t'écoutons.

            La jeune fille se releva et fit un clin d'œil à l'assemblée, avant de sortir un texte de sa poche. Elle se racla la gorge et déclama :

–  Chères et chers camarades, membres du bureau des élèves, vous me connaissez depuis quelques années pour certains et quelques mois pour d'autres. Je m'appelle Lino Mazasito et je suis arrivée aux États-Unis il y a quelques années lorsque ma mère, ambassadrice du Brésil, a été mutée en Californie. Dès mon arrivée à Hamilton, j'ai eu à cœur de m'investir pour l'établissement et je me suis présentée au bureau des élèves. D'abord secrétaire, puis trésorière, j'ai participé à l'organisation de deux bals masqués, une cérémonie de fin d'année, plusieurs rencontres parents professeurs et événements festifs, et je me suis toujours beaucoup donnée. Cette année, je choisis de me présenter comme présidente car j'estime que je suis la plus habilité à succéder à Prudence Aaron Johns, notre représentante actuelle. De plus, c'est une évolution juste et logique après ces années de durs labeurs. Pour gérer le bureau, il faut une femme de poigne, avec de l'assurance et un réseau très étendu, ce que je possède. Si vous votez pour moi, je promets de m'investir à fond pour l'Académie. Vive Hamilton et merci.

            L'assemblée applaudit et Emilio, son petit ami, siffla bruyamment avant de se lever pour étreindre et embrasser sa petite amie. Alexie posa une main sur celle d'Andréas et lui sourit, pour l'encourager. Merlin avait promis de relire son discours mais il n'avait pas ouvert le mail qu'il lui avait envoyé, et c'était elle qui s'en était chargée.  

–  Merci Lino pour ton discours, lui dit-il en prenant sa voix d'homme politique et en souriant à l'assemblée.

            Il décala de sa chaise, pour se tenir droit. Alexie lui fit un clin d'œil et Bart posa ses mains sur le clavier de son ordinateur.

–  Je ne vais pas y aller par quatre chemins, commença-t-il. Vous me connaissez tous ici, je suis Andréas Von Fürstenberg, héritier des Ducs de Bavière. Je suis arrivé dans l'établissement au cours de l'année. Contrairement à mon adverse du jour, je ne suis pas à Hamilton depuis des années, et je ne peux donc pas vous faire l'historique de toutes mes actions dans l'établissement. Pour autant, j'ai été délégué à plusieurs reprises et également représentant du conseil d'administration de mon ancien établissement, à Munich. Cette année, je me suis beaucoup investi au seul du bureau, malgré mon adhésion tardive. Je suis persuadé que Lino ferait une bonne présidente, mais je pense que c'est moi qui dois être élu pour trois raisons.

            Il leva sa main et se mit à les énumérer en faisant un décompte avec ses doigts.

–  Premièrement, j'ai besoin de cette place pour enrichir mon dossier pour Berkeley et j'ai toujours voulu faire de la politique, contrairement à ma camarade ici présente qui souhaite s'engager dans l'humanitaire. Deuxièmement, j'ai toujours occupé des fonctions administratives et que je suis un excellent gestionnaire. Je suis l'héritier d'une des familles aristocratiques les plus anciennes du monde et je serai un jour à la tête d'un patrimoine comptant pas moins d'une quarantaine de châteaux en Europe. Aussi, je suis formé depuis l'enfance à la gestion, l'organisation et la préparation d'événements ou de dossiers administratifs, je suis donc un atout pour ce bureau. Enfin, troisièmement, j'ai à cœur de présider cette assemblée et d'aider à préserver l'harmonie et le bien-être scolaire de cette académie. Sans compter que je tiens vraiment à ce que l'écologie soit mise en avant et que nous avons beaucoup de travail qui nous attend dans ce domaine. Je serai un bon président, car je compte diriger ce bureau de façon collective et démocratique afin de prendre en compte l'avis de chacun.

–  Dis tout de suite que je suis un tyran, l'interrompit Prudence.

–  Disons que tu as une façon bien à toi de gouverner ma chérie, répondit Nicolas.

–  Je ne suis pas ta chérie ! 

–  Ah ! Et je rajouterai une dernière chose, termina Andréas en lui faisant les gros yeux. Si vous votez pour moi, je promets de faire en sorte que Barthélémy râle moins l'an prochain.

–  Tu peux toujours rêver, lança celui-ci.

–  VOTEZ ANDREAS ! s'écria Nicolas en frappant contre le tableau.

            Barthélémy bougonna alors que les autres éclataient de rire. Alexie sourit à son ami, alors qu'il se rasseyait. Andréas ne savait pas si elle était impressionnée ou seulement amusée par la situation. Il n'avait encore jamais eu l'occasion de montrer son visage d'homme politique. Il s'était fait discret depuis qu'il était à l'académie.  

            Prudence ramena le silence et se leva en tapant avec son stylo d'un air autoritaire.

–  Bien, merci pour ces discours. Nous allons procéder au vote. Je vous rappelle que vous ne devez noter qu'un seul nom sur le papier et que s'il y a une seule fioriture ou erreur orthographique, le vote sera caduc.

–  Ah non ! Tu n'as pas le droit de pénaliser l'orthographe ! s'écria Barthélémy.

–  Les prénoms sont écrits au tableau Bart, le rassura Nicolas.

–  Excuse-moi, mais t'as vu son nom à lui ? C'est un arbre généalogique.

–  Eh ! s'offusqua Andréas outré.

–  Il n'a pas tout à fait tort, sourit Alexie.

            Pour la première fois, Barthélémy sembla satisfait de l'intervention de la jeune fille et lui sourit, les bras croisés sur son sweat Pikachu. Chacun récupéra un stylo et commença à gribouiller un nom sur le papier avant de le replier et de le déposer dans la boite que Nicolas faisait circuler.

–  Bien, il nous faut une main innocente pour dépouiller les urnes.

            Seth et Augustin levèrent la main. Prudence les regarda tour à tour, comme si elle les jaugeait.

–  Je ne considère aucune personne de ce bureau innocente. Alexie, peux-tu appeler Merlin ?

–  Merlin ? répéta-t-elle stupéfaite.

–  Depuis quand Fraser est-il quelqu'un d'innocent ? râla Barthélémy.

–  Il m'a tabassé dans un vestiaire, rappela Seth.

–  Et il n'est pas membre du bureau, compléta Anabeth.

–  Et il ne quitte pas Dylan, surtout, marmonna Andréas.

            Prudence lui jeta un regard de travers et fronça les sourcils. En soupirant, elle sortit son portable et le porta à son oreille sous le regard médusé des autres.

–  Oui, Dylan, c'est Prudence, t'as cousine, articula-t-elle. Tu te rappelles de moi ? C'est ça, voilà ! Merlin est avec toi ? Très bien, tu vas lui dire de ramener son cul immédiatement au BDE. Ah mais ce n'est pas mon problème qu'il ne soit pas disponible, c'est le tien ça ! Et arrête de faire comme si tu étais mourant, tu as une putain de bronchite, pas un cancer ! D'autant que fumer tes merdes n'est pas le meilleur traitement pour guérir si tu veux mon avis ? Tu ne veux pas ? Très bien, dans ce cas, je vais aller parler à M. Campbell de ce que tu sais et appeler ton ancienne orthophoniste. Ah ! Tu vois que tu peux, quand tu veux ! Je l'attends, il a cinq minutes.

            Elle raccrocha, sous le regard estomaqué des autres qui s'étaient ratatinés sur leurs chaises. Personne n'osa demander à quoi correspondait le « ce que tu sais » qu'elle avait menacé de dévoiler mais qui semblait avoir fait son effet.

            Cinq minutes plus tard, Merlin débarqua et Alexie et Andréas échangèrent un regard perplexe, devant sa mine défaite. On aurait dit qu'il avait à peine dormi depuis une semaine, il avait des cernes sous les yeux, ses iris donnaient l'impression qu'il était totalement défoncé et il se laissa tomber sur une chaise comme s'il regrettait d'avoir été convié à la réunion. Sans se laisser démonter, Prudence lui claqua deux doigts sous le nez pour le réveiller.

–  Fraser ! Lève-toi et viens tirer le nom du ou de la futur.e président.e !

            Tel un élève récalcitrant et je-m'en-foutiste, il soupira, se leva et se mit à compter les bulletins à haute voix, en toussant une fois sur deux. Andréas ne le reconnaissait pas. Quant à Alexie, elle avait baissé les yeux et crayonné sur sa feuille. Il se demandait si elle n'avait pas oublié de lui dire quelque chose dans ses SMS hier soir. Que lui était-il arrivé ces dernières semaines au juste ? Dylan et lui s'étaient-ils drogués jours et nuits pour en arriver à un tel niveau de délabrement ?

–  C'est Andréas qui a gagné, lança Merlin en jetant les bulletins sur la table. Maintenant j'me casse !

            Et il quitta la pièce en les laissant encore plus médusé que lorsqu'il était rentré.

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