Chapitre 12
Depuis une heure, Andréas arpentait les galeries du centre commercial avec Nicolas, à la recherche du cadeau d'anniversaire parfait pour Barthélémy. Toutes ses propositions avaient été balayée par Nicolas, et toutes celles que son ami lui avait faite lui paraissaient trop étranges pour qu'il les accepte.
– Un escape game en réalité virtuelle ? proposa Nicolas. Avec enquête et meurtre.
– C'est quoi ça encore ?
– C'est un jeu collaboratif et immersif. Tu as une heure pour sortir d'une salle, il adorera.
– Je ne m'enferme pas dans une salle avec Bart qui joue les détectives, je tiens à la vie.
– Je peux prendre ta place si tu veux ?
Andréas sursauta et se retourna pour tomber nez à nez avec Merlin et Alexie. La jeune femme portait une jupe recouverte d'abeilles en train de butiner et un t-shirt blanc rentré à l'intérieur. À ses côtés, Merlin esquissa un sourire, avant de leur adresser un signe de la main. Andréas ne l'avait pas revu depuis la semaine dernière, car il était resté avec Dylan, comme s'il était trop mourant pour le quitter. Le jeune duc lui avait envoyé plusieurs messages auxquels Merlin avait à peine répondu, ce qui l'avait étonné. En principe, il répondait toujours à ses SMS et ils parlaient longtemps tous les deux, de choses et d'autres.
Pendant qu'Alexie discutait escape game avec Nicolas, il s'approcha discrètement de Merlin et lui demanda comment il allait. Ce dernier haussa les épaules.
– Tu ne veux pas plutôt savoir comment va Dylan ?
Andréas arqua un sourcil. Pourquoi aurait-il voulu savoir comment allait son meilleur ami ?
– Comment va-t-il ? finit-il par demander pour lui faire plaisir.
– Il a toujours du mal à respirer, répondit Merlin, sa mère pense qu'il a une pneumonie.
– En même temps, si vous arrêtiez de fumer tous les deux.
Le regard que lui lança Merlin le fit taire. Le jeune homme semblait lui dire avec les yeux que s'il s'aventurait encore sur le chemin de la drogue, il ne lui adresserait plus jamais la parole. Andréas leva les mains en signe d'excuse et pointa du doigt la boutique à la place.
– Je cherche un cadeau pour Bart, tu peux m'aider ?
– Offre lui un Pokemon, répondit Merlin. Une figure de Sasha avec une pokeball et un Pikachu par exemple.
Andréas ne comprit pas un mot de ce qu'il lui avait dit et Merlin soupira avant de l'entrainer dans les méandres du magasin pour désigner une figurine. Le jeune duc la récupéra pour l'inspecter sous toutes les coutures, avant de la plaquer sous le visage de son compagnon.
– Elle a été fabriquée en Chine.
– Comme la majeure partie des produits de ce magasin, sourit Merlin.
– Les américains ne connaissent vraiment rien à l'écologie, maugréa-t-il.
– Eh ! Ce n'est pas le sweat préféré de Bart ça ? interrogea Nicolas en se rapprochant d'eux et en tendant son doigt vers un sweat noir et jaune, avec des oreilles de souris.
Ses trois amis se mirent à échanger dans un charabia incompréhensible, jusqu'à ce que Merlin annonce qu'il allait l'acheter et qu'ils n'auraient qu'à l'offrir à Barthélémy pour son anniversaire. C'était sûrement sa façon de se faire pardonner celui qu'il avait trempé dans de la purée en quatrième. Ils ressortirent du magasin et grimpèrent dans un bus.
– Tu viens manger chez mon oncle ? lui Andréas à Nicolas.
– Impossible, je dois réviser pour les exam', répondit ce dernier. En plus je passe le concours de l'école de l'air dans deux jours, mon père me met la pression.
– Tu veux être pilote ? interrogea Alexie.
Il hocha la tête, puis expliqua qu'il souhaitait piloter des avions de ligne, alors que son père espérait le voir dans l'armée, comme lui. Nicolas avait répondu à ce dernier qu'il intégrerait l'armée pour voir si cela lui plaisait, mais qu'il n'était pas de réussir à suivre les règles. Le bus s'arrêta devant chez Nicolas et il en sortit en leur faisant un signe de la main. Andréas reporta son attention sur Alexie, assise sur les genoux de Merlin qui lui embrassait le cou. Il sentit son estomac se contracter et se mordit les lèvres pour ne pas laisser les élans de jalousie qui l'étreignait le gagner tout entier. Alexie était la petite amie de Merlin, il ne devait pas l'oublier. De plus, le jeune homme lui avait encore rappeler lors de leurs derniers ébats qu'ils étaient avant tout ami et amant, et qu'il ne devait rien attendre d'autres. Il aimait Alexie et ses relations avec lui étaient purement sexuelles. Andréas acceptait l'idée qu'Alexie et Merlin soient un couple libre – il avait ouï dire que la jeune femme avait eu une relation avec Isaac une soirée – mais il était certain qu'il ne pourrait pas être en couple avec Merlin s'il le savait avec elle. Andréas n'acceptait jamais de partager la personne qu'il aimait et l'idée du poly amour lui semblait impossible. Merlin et lui n'avaient pas la même conception de l'amour ni du couple, et il valait mieux pour Andréas qu'il évite de se projeter dans un avenir avec Merlin qui n'existerait jamais.
Son portable vibra dans sa poche et un message de son oncle s'afficha. Il répondit que Nicolas n'était pas libre ce soir, qu'il était en ce moment avec Alexie et Merlin et qu'il rentrait bientôt. Le téléphone se remit à sonner quelques secondes après.
– Mon oncle veut vous inviter à dîner ce soir ? Ça vous plairait ?
Le couple échangea un sourire, puis ils hochèrent la tête. Alexie appela sa grand-mère pour obtenir l'autorisation et Merlin en fit autant avec ses parents, avant de rédiger un SMS à l'attention de Dylan. Du moins, c'est ce qu'Andréas eut l'impression qu'il faisait, vu qu'il rangea si prestement son portable dans sa poche qu'il eut à peine le temps de voir l'écran.
– J'ai vu qu'Isaac et Josh ne restaient plus trop avec vous, dit-il sans lâcher Merlin des yeux.
– Ils se sont rapprochés du groupe des sportifs, répondit l'adolescent. Ils espèrent intégrer l'équipe l'an prochain.
Merlin n'ajouta rien et Andréas se demanda s'il avait perçu sa question sous-jacente. Derrière sa demande, il espérait que son amant comprendrait que les jumeaux ne s'éloignaient pas uniquement parce qu'ils voulaient intégrer le groupe de football du lycée. Isaac avait clairement dit à son frère qu'il ne supportait plus Dylan depuis qu'il s'en était pris physiquement à Alexie au chalet, et Josh ne semblait plus trouver le comportement de leur ami sympathique. Seul Merlin ne trouvait jamais rien à redire.
– Tu ne voudrais pas t'engager au bureau l'an prochain ? demanda Andréas à Merlin.
– Je fais déjà du soutien en littérature et en français, je ne vais pas me rajouter le BDE en plus. D'autant que Dylan trouve déjà que je passe trop de temps avec vous.
– Et évidemment, tu as besoin de son autorisation pour tout ce que tu fais.
Andréas s'en voulut à l'instant où il prononça ses mots. Il savait que Merlin risquait de se braquer et il se mordit les lèvres en se reprochant de les avoir dits.
– Il est seul en ce moment, et malade, répéta Merlin comme si cela excusait tout.
– Je lui apporterai des cookies demain, proposa Alexie avec un sourire. Bon sinon, je pensais faire une vidéo surprise pour l'anniv de Bart, vous avez des idées ?
Ils passèrent le reste du trajet à discuter de l'anniversaire de Barthélémy, auquel Alexie était conviée, mais pas Merlin. Il faudrait encore un peu de temps avant que le youtubeur accepte de partager son gâteau d'anniversaire avec son ancien ennemi. D'autant que sa mère avait insisté pour les invités chez elle et qu'il ne pourrait pas excéder un certain nombre de convive aux vues de l'étroitesse des lieux. Cinq personnes paraissaient déjà beaucoup trop.
Le bus s'arrêta à quelques mètres de la villa de Ludwig et Andréas poussa la porte le premier avant de les faire entrer dans l'immense hall baignée par la lumière de la verrière au plafond. Alexie plissa les yeux et siffla d'admiration devant le mobilier moderne et blanc. Ce n'était pas au goût du duc qui préférait les endroits anciens, avec les poutres et les moulures, mais Ludwig et Veronica adoraient les grandes pièces aérées, inondées par la lumière des baies vitrées et les meubles dans l'ère du temps. Il était presque dix-neuf heures et Amélie était assise sur le canapé en train de lire. Sa petite sœur Émilie regardait la télévision tandis que leur mère découpait des légumes pour préparer une salade de crudités.
En les voyant, ses cousines se levèrent pour venir embrasser Merlin et Alexie. Andréas était en train de leur présenter sa tante lorsque son oncle arriva dans le salon.
– Ludwig, se présenta-t-il en serrant la main à Merlin et en embrassant Alexie sur les joues. Ça me fait plaisir de voir de nouveaux visages.
– Votre maison est magnifique, le complimenta Alexie.
– Merci. Andréas t'as fait visiter ?
La familiarité avec laquelle il lui parlait donnait tout de suite une ambiance chaleureuse. Le you américain rapprochait immédiatement les gens. Cela dit, même quand il le voyait en Allemagne, Ludwig avait toujours tutoyé son neveu, ce qui le déstabilisait quand il était petit car tous les autres adultes le vouvoyaient, comme ses parents. Son oncle se mit en tête de leur faire faire le tour du propriétaire pendant qu'Amélie et Veronica dressaient la table sur la terrasse. Andréas vint leur prêter main forte. Son père aurait grincé des dents à l'idée que son frère n'ait pas investi dans l'emploi de domestiques et qu'il oblige son fils à mettre la table, mais le jeune duc aimait ces moments en famille où il pouvait échanger avec sa cousine.
– Il est mignon, chuchota Amélie.
– Qui ? s'étonna Andréas.
– Comme si tu n'avais pas compris de qui je parle. C'est lui Merlin non ?
– Oui, et alors ?
– On parle de vous au lycée, expliqua-t-il.
Andréas faillit faire tomber les assiettes sur le sol et les rattrapa de justesse. Il alla les déposer sur la nappe alors que sa cousine se rapprochait et posait ses mains sur ses épaules.
– On se détend petit cousin, nous n'avons rien dit à ton père et il ne va pas surgir de derrière un placard.
– Je ne sors pas avec Merlin, il est avec Alexie, se justifia-t-il immédiatement.
– Arrête de le regarder avec des yeux amoureux alors. Même sa copine a dû se rendre compte de tes sentiments.
– Je ne... Non, je t'assure que je ne suis pas amoureux de lui.
– Très bien, et de qui es-tu amoureux alors ? Tu as un autre garçon dans ta vie ?
– Non je ne ... tu sais très bien que je ne dois pas être avec un garçon, il y a Hanna.
Amélie poussa un soupir et s'éloigna en le laissant avec ses pensées. Elle savait qu'il était fiancé et ce que son père pensait de l'homosexualité. Andréas leur savait gré de l'accueillir chez lui et de ne rien dire à Wolfgang, mais il ne fallait pas qu'ils croient qu'il pouvait tomber amoureux du premier garçon venu. C'était juste différent avec Merlin. Juste une attirance physique. En soignant ses pulsions tous les vendredis soir avec le jeune homme, il s'empêchait de tomber amoureux de lui, et ne risquait pas d'être attiré par un autre garçon. C'était logique.
Alexie et Merlin revinrent avec Ludwig, suivi d'Émilie qui criait qu'elle mourrait de faim. L'estomac des adolescents semblait toujours sans fond. Un sourire s'inscrivit sur les traits d'Andréas quand il croisa les yeux bleus de son amant alors qu'ils s'asseyaient.
– Qui veut prononcer le bénédicité ? proposa Ludwig en tendant ses mains.
– Moi ! s'exclama Alexie.
Andréas s'étonna de cet empressement. La jeune fille se racla la gorge et ferma les yeux alors qu'ils levaient tous les mains autour de la nourriture.
– Esprit des loups, accompagnez le petit Jésus pour qu'il bénisse cette salade préparée avec amour et remerciez-le de nous avoir invité moi et Merlin.
– Esprit des loups ? répéta Andréas sans comprendre.
– Je suis catholico-quileute, je ne te l'avais pas dit ? Forcément, mes prières ne peuvent être exclusivement chrétiennes, puisque je viens d'une tribu.
– Je peux peut-être refaire la prière mon oncle ? proposa-t-il.
– Cela ira Andréas, sourit Veronica. J'ai beaucoup aimé. Tu dis que tu viens d'une tribu ? Où est-elle située ?
Sa tante semblait très intéressée par la vie d'Alexie et lui posa beaucoup de questions auxquelles la jeune fille répondit avec plaisir. Merlin était plus timide et discret, comme à son habitude. Quand Ludwig l'interrogea sur ses loisirs, il répondit qu'il aimait surtout lire et qu'il souhaitait aller à la fac après la terminale pour suivre un cursus littéraire et faire une thèse.
– À propos de thèse, avança Ludwig, j'ai eu ton père au téléphone Andréas, il a dit que c'était hors de question que tu suives l'option d'environnement l'an prochain. J'ai évidemment répondu que j'étais d'accord, puis j'ai signé les papiers.
Andréas lui sourit et le remercia. Son père avait exigé qu'il suive uniquement des options en politique, économie, anglais et droit. Tout ce qui pouvait l'éloigner du conservatisme politique dans lequel il voulait l'enfermer le gênait et l'écologie n'avait jamais fait partie de ses priorités. Andréas se demandait parfois si son père craignait plus son homosexualité ou son attrait pour les idées socialistes et écologistes.
– Tu as eu des nouvelles pour Thamyris ? demanda-t-il en reprenant de la salade de quinoa.
– Ton grand-père l'a récupéré dans ses écuries, sinon ton père l'envoyait à l'abattoir.
Andréas resserra ses doigts autour de sa fourchette. Son cheval était malade depuis plusieurs semaines et son père lui avait écrit deux jours plus tôt pour l'informer qu'il allait le faire euthanasier, car il ne souhaitait pas payer des soins pour un animal inutile aux courses qui avait fait chuter son joker. Andréas l'avait supplié de ne pas le faire mais cela n'avait rien changé à sa décision. Pourtant, Thamyris était jeune, il avait à peine cinq ans et sa blessure à la patte s'était infectée uniquement parce qu'elle n'avait pas été soignée tout de suite. Avec de la patiente et un bon vétérinaire, elle guérirait et il pourrait de nouveau galoper. Comme il ne parvenait pas à faire entendre raison au duc, il avait appelé son grand-père en pleurs pour le supplier d'intervenir.
Il ressentit un grand soulagement en apprenant la nouvelle. Sous la table, les doigts de Merlin vinrent de se poser sur sa main gauche et il resserra ses doigts autour des siens.
– Qui est Thamyris ? interrogea Merlin.
– Mon cheval, murmura-t-il. C'est un cadeau de mon père pour mon dixième anniversaire, mais il est blessé. Le joker a fait une chute lors des dernières courses.
– Il sera bien soigné chez Alberfred, le rassura Amélie.
– Tu rentres toujours en Allemagne pour les vacances alors ? demanda Alexie.
– Oui, pour deux mois. Mon père veut que je travaille avec lui pour m'apprendre à gérer le domaine et il a prévu d'inviter la famille de Monpezat, du Danemark, et d'autres nobles. Il faut que je sois parfait mais c'est compliqué. Je ne suis pas souvent à la hauteur de ses exigences.
Ludwig toussota et jeta un coup d'œil à sa femme. Andréas resserra ses doigts autour de ceux de Merlin. Son oncle n'aimait pas quand il disait cela et lui avait dit plusieurs fois qu'il n'était pas obligé d'être parfait pour être un bon duc, ce sont Andréas doutait fortement. Son père exigeait la perfection de lui et il n'était jamais à la hauteur, quoi qu'il fasse.
Quand le repas fut terminé, il proposa à Merlin et Alexie de venir dans sa chambre pour qu'ils fassent un jeu de société avant qu'ils ne rentrent. Son amant leur demanda deux minutes le temps de fumer et d'appeler Dylan, et la jeune femme resta en retrait avec Andréas, le temps de préparer des boissons chaudes.
– Dylan est vraiment malade ? demanda Andréas en posant les sachets de tisane dans l'eau fumante.
– Il tousse beaucoup, mais il n'est pas non plus à l'agonie, répondit Alexie. Il est surtout très énervé.
– Pourquoi ?
– Il trouve que Merlin passe beaucoup trop de temps avec nous, et pas assez avec lui.
Andréas s'en était douté. Il n'y avait qu'à voir le nombre de fois où Merlin avait jeté des coups d'œil à son téléphone toute la soirée, comme s'il craignait que Dylan ne lui reproche de l'avoir délaissé. Quand il revint, il sentait le cannabis, mais le jeune duc ne dit rien par peur que son amant se braque une nouvelle fois.
Ils montèrent dans la chambre et s'installèrent sur le tapis avant d'ouvrir un jeu de stratégie et de se mettre à jouer. Amélie les rejoignit pour qu'ils puissent faire des équipes de deux par deux et les filles les battirent à plate couture. Vers vingt-deux heures, Merlin annonça que ses parents allaient venir les chercher et Alexie demanda à aller aux toilettes avant de partir. Elle s'esquiva avec Amélie et il se retrouva seul avec Merlin qui s'appuya contre son lit et lui ouvrit ses bras. Andréas se glissa contre lui alors qu'il l'embrassait sur la tempe.
– Comment va ton coude ?
– Ça pique et j'ai mal, se plaignit Andréas.
– Tu n'avais qu'à pas te faire tatouer, s'amusa Merlin.
– C'est de ta f aute, tu m'as tenté.
Son amant lui sourit de cet air tentateur auquel il ne pouvait pas résister et Andréas s'empara de ses lèvres. Alexie n'allait pas tarder à revenir et il voulait profiter quelques instants de lui. Merlin resserra ses doigts et les glisser sur son bras. Le silence s'installa dans la pièce.
– Dis-moi, comment est ton père exactement ? voulut savoir son amant.
Andréas se contracta et Merlin le maintint contre lui en glissant une main sur son bras.
– C'est compliqué, répondit-il au bout d'un moment. Il a beaucoup d'attente, mais il m'aime.
Il le répéta plusieurs fois, pour bien faire comprendre à Merlin que si le duc de Bavière était si dur avec lui, c'était parce qu'il exigeait la perfection et qu'Andréas devait être à la hauteur de son rang. C'était une preuve d'amour.
– Quand tu dis qu'il est exigeant, tu entends quoi par-là ?
– Je te l'ai dit, il veut que je sois parfait, c'est tout.
– Il t'a déjà fait du mal ?
– Quoi ?
Andréas se redressa et s'écarta. Pourquoi Merlin lui disait-il une chose pareille ? Wolfgang était difficile, c'était vrai. Il n'avait pas toujours été tendre avec lui, il avait des mots durs et il arrivait qu'il lui fasse peur, mais il ne l'avait jamais maltraité.
– Il ne m'a jamais frappé, répondit-il. Si c'est ce que tu veux savoir.
– Faire du mal à quelqu'un, ce n'est pas seulement lui donner des coups.
– Dylan te frappe.
Merlin se redressa à son tour. Andréas s'en voulut à l'instant où il prononça ces mots. Il ne voulait pas les dire ainsi, mais il ne voulait pas non plus penser à son père. Wolfgang ne l'avait jamais frappé. Jamais. Au contraire de Dylan. Alors, si quelqu'un devait faire du mal à un autre, ce n'était pas son père avec lui.
– C'est quoi les marques dans ton dos ? insista-t-il.
– Tu fais chier Andréas !
Merlin se leva et récupéra son sac qu'il avait posé sur le lit.
– Attends, s'écria-t-il. Je suis désolé. Je ne voulais pas dire ça, pardon.
Il se rapprocha de lui et glissa ses mains dans son dos pour le retenir. Il sentit le souffle chaud de son compagnon qui s'était figé. Doucement, il descendit le long de son dos et Merlin se contracta contre lui.
– C'est Dylan qui t'a fait ça, pas vrai ?
– C'est la même chose que ce que l'on fait tous les deux ! s'écria-t-il en se retournant.
– Ce qu'on fait tous les deux, c'est se donner du plaisir. Pas des coups qui font mal.
– Putain mais t'as rien compris.
Merlin le repoussa et ouvrit la porte pour sortir dans le couloir. Andréas s'en voulait encore plus. Il l'appela mais Alexie arriva à ce moment-là et il n'osa plus rien dire. Il n'aurait pas dû s'y prendre ainsi, c'était minable de sa part. Il évitait ses propres démons en plaçant Merlin en face des siens. Il sentit une larme rouler sur sa joue qu'il essuya d'un geste rageur.
– Ça ne va pas vous deux ? demanda Alexie en passant ses yeux de l'un à l'autre.
– Tout va bien, répondit Merlin en lui tendant la main. Tu viens, ma mère est arrivée, elle va te ramener chez toi.
Alexie hocha la tête et ils descendirent dans le hall où ils se dirent tous au revoir. Andréas espérait que Merlin allait venir l'embrasser mais il ne fit rien d'autre que saluer poliment son oncle et sa tante puis ils partirent. Une fois seul, il se sentit encore plus mal à l'idée d'avoir pu le blesser. Il souhaita bonne nuit à sa famille et remonta s'enfermer dans sa chambre, où il prit son portable et rédigea un SMS à l'attention de Merlin.
Andréas :
Je suis désolé, je n'aurais pas dû dire ça.
Le message afficha rapidement un « vu » auquel Merlin ne répondit pas. Après vingt minutes, Andréas en envoya un autre, associé à des cœurs.
Andréas :
Vraiment, je suis désolé ! ❤️🥺
Merlin ne répondit pas non plus à celui-ci et sa culpabilité s'intensifia. Il espérait ne pas avoir tout gâché et que Dylan ne se servirait pas de cela pour l'éloigner un peu plus de lui. Il posa son portable sur la table de chevet, mit son pyjama puis se glissa dans les draps avant d'éteindre la lumière. Ensuite, il reprit son téléphone, et renvoya un nouveau message avec des cœurs. Après quelques minutes, Merlin répondit enfin.
Merlin :
Moi aussi.
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