Chapitre 11
La fin de l'année était arrivée en apportant avec elle un côté détendu, malgré l'approche des examens pour les terminales. Il faisait de plus en plus chaud et les élèves passaient la majeure partie de leur temps dehors, ou à replier les manches de leurs chemises quand ils étaient en classe. Même les professeurs adoptaient un look plus décontracté qui contrastait avec l'image strict que voulait se donner l'établissement. Quand Andréas entendait les élèves parler de Rosa Park, le lycée public d'à côté, il ne voyait pas bien la différence qu'il y avait en termes de discipline. Les américains n'auraient jamais pu supporter une semaine chez les Jésuites.
Il venait de s'asseoir sur sa chaise dans le cours de littérature de Mme Fraser quand Merlin se laissa tomber à côté de lui. Étonné, Andréas releva les yeux vers lui et se retourna pour chercher Dylan du regard.
– Il est malade, expliqua Merlin.
– Je me disais aussi que ce n'était pas normal qu'il te laisse te mettre ici. C'est la place de Bart au fait, tu risques de l'énerver.
– Qu'est-ce que tu fous à ma place Fraser ?
Barthélémy n'avait pas mis longtemps à se rendre compte que Merlin était sur sa chaise. Son instinct de protection et de propriété venait de faire sa réapparition.
– Tu peux t'asseoir ici ? proposa Merlin en désignant la place à ses côtés.
Les rangs étaient constitués de plusieurs rangées de trois. Barthélémy haussa un sourcil, l'air de croire que Merlin était tombé sur la tête s'il croyait vraiment qu'il allait s'asseoir à côté de lui. Il se mit à râler mais finit tout de même pas obtempérer. L'enseignante distribua à chacun un extrait de La princesse de Clèves sur lequel Andréas jeta un regard rapide. Ils devaient lire le livre durant les vacances, mais il l'avait trouvé particulièrement ennuyeux et avait sauté la moitié des passages. Mme Fraser leur demanda de réfléchir à une problématique puis de trouver un plan pour analyser l'extrait. Il se mit à soupirer alors que Barthélémy raturait sa feuille. Merlin se pencha vers lui.
– Tu as écrit « Clèfe » au lieu de « Clève », lut-il.
– T'es venu pour me critiquer en fait ?
– Je disais ça pour t'aider. Tu écris vraiment très petit et c'est illisible.
– Je suis dyslexique, rétorqua Barthélémy. Et dysorthographique ! Ce n'est pas de ma faute.
– Il veut vraiment t'aider Bart, chuchota Andréas.
– Tu as trouvé ton plan petit duc ?
Andréas lui renvoya un regard noir. Il était même tenté d'y ajouter un doigt d'honneur, mais cela aurait paru inapproprié, d'autant qu'ils étaient surveillés par Mme Fraser et pas dans un cours particulier qui aurait pu déraper. Ce qui était d'ailleurs dommage car il ne voyait pas bien l'intérêt de faire de la littérature avec Merlin si c'était pour vraiment faire de la littérature. L'enseignante passait entre les rangs pour commenter ce qu'ils écrivaient. Quand elle arriva vers eux, elle pointa du doigt plusieurs phrases qu'il avait souligné, avant de jeter un bref regard sur la problématique de son fils avec un sourire satisfait. Andréas soupira en la voyant s'éloigner. Il préférait quand elle le croisait chez elle et lui demandait comment il allait plutôt que quand elle jouait la professeure.
– Tu l'as lu au moins ? demanda Merlin en le tirant de ses pensées.
– Inutile de lire ce livre pour comprendre que la morale de l'histoire est stupide, baragouina Barthélémy en continuant de raturer sa feuille de brouillon. Qui choisit d'aller vivre dans un couvent, sérieux ?
– Hanna, répondit Andréas.
– Ta fiancée est dans un couvent ? répéta Barthélémy.
– C'est un internat pour jeunes filles, dans un ancien couvent.
– Avec des bonnes sœurs ?
– Les sœurs encadrent et aident au culte, mais les cours sont dispensés par des enseignants, rassurez-vous.
– Bienvenue dans la secte catholique, ricana Merlin.
Andréas lui jeta un regard noir. Il allait se lancer dans une explication longue afin de lui faire comprendre qu'il ne s'agissait pas d'une secte, mais Merlin posa un doigt sur ses lèvres pour l'empêcher de parler.
– Tu as des nouvelles d'elle ? interrogea-t-il.
Il lui renvoya un second regard noir et se mit à marmonner qu'il n'avait pas envie d'en parler, surtout avec Merlin. Moins il pensait à elle, moins il songeait au jour où il devrait l'épouser.
– Elle sait que tu préfères les garçons ? lui demanda Merlin.
Andréas vit Barthélémy suspendre son crayon, dans l'attente de sa réponse.
– Non, répondit-il au bout de quelques secondes. Et cela n'arrivera pas. Elle penserait que je suis malade.
– Tu pourrais lui expliquer ? Vous discutez tous les deux ?
– Je ne veux pas discuter avec elle !
Il ne voulait ni la voir, ni lui parler, ni l'entendre lui dire que leur vie maritale serait merveilleuse ! Il l'avait croisé à Noël, s'était prêté à la mascarade des photos officielles pour faire plaisir à leurs parents, et espérait que cela suffirait pour faire bonne figure. Leurs deux pères leur avaient demandé de signer leur futur contrat de mariage, dont les conséquences en cas de rupture leur vaudraient un château en dédommagement, ce que son père n'avait pas cessé de lui répéter ensuite. Andréas vivait cela comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête et souhaitait y penser le moins possible.
– Tu sais que si tu ne l'aimes pas, ça posera des soucis entre vous un jour ? lui demanda Merlin.
– Mais on ne parle pas d'amour là ! s'énerva-t-il. C'est un mariage arrangé, je n'ai pas eu mon mot à dire.
– Tu devrais mettre fin à ça le plus tôt possible si tu n'as pas envie de l'épouser, ajouta Barthélémy.
– Ce dont je n'ai pas envie, c'est d'en parler, rétorqua Andréas en écrasant la mine de son crayon sur la feuille. Vous ne connaissez pas ma vie.
– Ne t'énerve pas, on disait cela pour t'aider, s'excusa Merlin.
– Il ne veut pas être aider, il veut se plaindre, soupira Barthélémy.
– Je ne me plains pas, rétorqua le jeune duc. C'est juste compliqué et vous ne pouvez pas comprendre.
– C'est vrai petit duc, tu ne te plains absolument jamais, s'amusa Merlin avec un sourire. Et Bart et moi n'avons ni château, ni titre, ni fiancé.
– Ni tous les problèmes qui vont avec apparemment, ricana Barthélémy.
Visiblement, Merlin et Bart venaient de trouver un terrain d'entente mais Andréas n'était pas sûr que cela soit à son goût à lui. Vexé, il préféra reporter son attention sur l'analyse de texte. La littérature pouvait peut-être être utile en cas de fuite finalement.
– Pourquoi la princesse de Clèves ne cède-t-elle pas à sa passion pour le Duc de Nemours ? interrogea-t-il Merlin pour changer de sujet.
– J'imagine qu'elle cherche à résister à la tentation, jusqu'à ce que celle-ci soit trop forte et qu'elle n'en soit plus capable. Un peu comme quand on tente de refreiner ses ardeurs avant de se jeter dans les bras du premier homme venu.
– Si c'est à moi que tu fais allusion, sache que je ne me jette pas dans les bras du premier homme venu, rétorqua-t-il.
– Seulement dans les miens alors ?
Andréas eut envie de lui écraser son livre sur la tête. Il allait le rendre fou. D'autant qu'il s'était mis à le regarder avec ce regard qui lui donnait juste envie de l'embrasser.
– De toute façon, même si la princesse cède au Duc, elle finit dans un couvent, rappela-t-il.
– Parce qu'elle est trop bête pour choisir le Duc. On veut nous faire croire qu'il vaut mieux une vie de chasteté que de céder à l'amour. Résultat, son mari finit par mourir de chagrin et tout le monde est triste.
– Un point pour toi Fraser, marmonna Bart.
– C'est bien la chasteté, souleva Andréas avant de détourner le regard.
– Dit-il.
– Pour les femmes je veux dire.
Merlin parut si surpris par sa remarque qu'Andréas crut qu'il allait basculer de sa chaise. L'adolescent sembla réfléchir, prit une grande inspiration et lui posa une main sur son épaule. Andréas sentit son corps se tendre et se mit à frissonner, comme souvent lorsque Merlin le touchait. Ce dernier se pencha vers son oreille pour murmurer :
– Si tu prononces encore une parole aussi sexiste devant moi, je t'attache aux barreaux d'un lit, complètement nu, je te caresse jusqu'à ce que tu sois sur le point de jouir, puis je t'abandonne avec ta frustration.
Cette image lui procura une telle émotion qu'il s'écarta vivement en tentant de reprendre sa respiration et de calmer l'érection qu'il sentait poindre entre ses jambes. Merlin était impossible. Il était censé être en colère contre lui et il arrivait à le faire bander en le menaçant. Il se repencha vers son texte et ne dit plus un mot du reste du cours.
Quand la sonnerie retentit, il ressentit un grand soulagement. Barthelemy se leva et ne l'attendit pas, comme s'il voulait clairement lui manifester son mécontentement pour avoir accepté la présence de Merlin entre eux. Andreas l'appela mais il avait déjà disparu.
– Tu vas où ? demanda Merlin en lui suivant dans les couloirs.
– Tu comptes me suivre partout aujourd'hui ?
– Je pensais qu'on pourrait profiter de l'absence de Dylan pour passer du temps ensemble.
– Il ne risque pas d'être jaloux ? Ou de t'appeler en disant que tu l'abandonnes ?
Merlin arqua un sourcil, l'air de se demander de quoi il parlait. Andréas poussa un soupir, à croire que le jeune homme ne comprendrait jamais l'influence néfaste que son meilleur ami exerçait sur lui. Depuis quelques temps, il cherchait à lui ouvrir les yeux de plus en plus souvent, en le mettant face à ses contradictions et à la réalité, mais rien n'y faisait.
– Et Alexie ?
– Elle est avec Lily au bureau des élèves, Prudence avait besoin d'elles pour préparer les diplômes des terminales. Je dois aller faire des retouches pour mon tatouage, ça te dit de m'accompagner ?
Il allait refuser car il avait promis à l'attaché pastoral de venir l'aider pour le catéchisme, mais il ne parvint pas à dire non aux yeux bleus de Merlin et à son sourire. Aussi, il le suivit et ils marchèrent jusqu'au centre-ville. Sur le chemin, il en profita pour lui expliquer comment il comptait s'y prendre pour être élu président du futur bureau des élèves. Il serait en terminal l'année prochaine, Prudence ne souhaitait pas prolonger son mandat pour se consacrer à la musique et il avait envie de s'investir plus encore dans la vie de l'établissement.
Quand ils arrivèrent devant la boutique, ils furent accueillis par un grand brun aux cheveux frisés, très maigre et entièrement tatoué, qui dit s'appelait Maximilien. Merlin et lui semblaient se connaitre et se mirent à parler tatouage alors que ce dernier prenait place sur une chaise pour les retouches. Il avait une grande épée tatouée sur le bras qu'Andréas affectionnait. Il aimait son côté dur et ses tatouages païens, même s'il ne lui disait jamais, de peur de passer pour un hérétique. Le tatoueur se mit à retoucher le dessin et Andréas l'observait d'un air à la fois fasciné et apeuré, à l'idée de cette aiguille qui s'enfonçait dans la chaire de son ami.
– Vu ta tête, tu n'es pas tatoué, ricana Maximilien en lui jetant un coup d'œil.
– Aucune chance, il est catholique, ricana Merlin.
– Je fais de très jolie croix latine tu sais, ajouta le tatoueur.
– Il n'osera jamais, il est douillet.
– Qu'est-ce que tu en sais ?
Piqué au vif, Andréas était bien décidé à lui prouver qu'il n'était pas juste un petit chrétien bien élevé et qu'il pouvait aussi faire des choses interdites lui aussi.
– Vous pourriez me faire une croix sur le coude ? demanda-t-il à Maximilien.
– Tu vas vraiment le faire ? s'étonna Merlin avec un sourire.
Et pourquoi pas ? Son père le tuerait s'il le savait, mais il n'était pas obligé de l'apprendre. Il pouvait très bien placer le tatouage à un endroit où personne ne le verrait jamais, surtout pas les aristocrates qu'il serait amené à côtoyer, car cela ne se faisait pas dans leur milieu. Ce serait comme un souvenir de Merlin et des États-Unis quand il devrait rentrer en Europe pour épouser Hanna. Une façon de se rappeler qu'il s'était rebellé lui aussi, à sa manière.
– Pourquoi ici ? interrogea le tatoueur.
– Comme ça il arrêtera de me pincer, répondit Andréas.
– Si tu crois qu'une croix va me repousser.
– Jésus me préservera de toi.
– Mais bien sûr, si ça te fait plaisir de le croire.
– Vous formez un beau couple tous les deux.
Les deux garçons se turent et Andréas ne sut pas quoi répondre à cela. Il pensait que Merlin allait dire quelque chose pour expliquer au tatoueur qu'il faisait fausse route mais il se contenta de le regarder pendant qu'il envoyait un message à Ludwig pour savoir s'il avait son autorisation. Son oncle lui envoya plusieurs smileys étonnés et accepta. Il était vraiment très tolérant, car son père aurait fait une crise cardiaque en lisant son message. Puis il aurait sûrement débarqué pour le trainer à l'église et lui demander de faire pénitence.
Il releva sa manche et fixa ses yeux dans ceux de Merlin, pour lui prouver qu'il était capable de supporter la douleur sans ciller, comme lui venait de le faire. Mais quand le tatoueur commença à poser l'aiguille sur sa peau, il se mit à pleurer et attrapa la main de son amant pour la lui serrer. Un sourire étira les lèvres de Merlin qui vint les poser sur sa joue.
– Allez petit duc, c'est un tout petit tatouage.
Tout petit tatouage qui prit quand même une demi-heure durant laquelle il eut l'impression de mourir au moins vingt fois. Cela faisait beaucoup plus mal que des coups de cravaches. À la fin, il regarda dans le petit miroir que lui tendait le tatoueur, satisfait du résultat. Merlin semblait très amusé et le félicita pour cette grande épreuve qu'il venait de traverser pendant que Maximilien prenait leurs billets et qu'il leur donnait des conseils pour bien désinfecter.
– Je t'offre un goûter pour fêter ça ! déclara Merlin quand ils furent sortis. On peut demander à Alexie de nous rejoindre si tu es d'accord ?
Vingt minutes plus tard, celle-ci arriva en compagnie de Barthélémy. Décidemment, ils ne se quittaient plus tous les deux. Ils étaient en plein débat sur la meilleure façon d'éliminer un corps quand ils parvinrent à leur hauteur. Ils entrèrent tous les quatre dans une pâtisserie et s'assirent les uns en face des autres. Une petite brune avec des couettes leur tendit des cartes, et un prospectus pour faire un don au lycée public, puis s'enfuit le temps qu'ils choisissent.
– Alors, t'en es où de ton discours ? demanda Bart tout en jetant un œil à la carte.
– J'ai presque terminé, répondit Andréas.
– Je pourrais le relire ? proposa Merlin.
– Et tu ne voudrais pas le rendre un peu plus fun ? interrogea Alexie.
La jeune fille avait lu par-dessus son épaule quand il le préparait et ne cessait de lui répéter qu'il manquait d'humour. Mais depuis quand la politique devait-elle être fun ? Il voulait gagner grâce à ses idées, pas faire du divertissement comme ceux qui s'agitaient sur les réseaux sociaux à la mode. La petite brune revint pour prendre la commande.
– Vous voulez quoi ? demanda Alexie.
– Andréas va prendre des pancakes au sirop d'érable, dit Merlin avec le sourire.
– Je ne savais pas que tu avais noté ses préférences culinaires Fraser, railla Barthélémy.
– Il adore le sirop d'érable depuis que Josh et Isaac le lui ont fait goûter, expliqua-t-il en haussant les épaules.
– Et moi ? s'exclama Alexie.
– Mummm... Le crumble aux pommes et à la cannelle ?
– Tu es un génie. Et Bart ?
– Je suppose qu'il prendra un cupcake aux fruits rouges. Tu adores les fraises, non ?
Barthélémy lui jeta un regard qui aurait foudroyé sur place n'importe qui.
– T'es un serial killer en fait ? Tu projettes de tous nous empoisonner, avoue !
Andréas et Alexie éclataient de rire. Merlin faisait de son mieux avec Barthélémy mais il n'était pas facile à contenter et semblait prendre un malin plaisir à garder rancune contre lui. La petite brune s'enfuit avec leur commande et revint dix minutes après avec les pâtisseries, des milk-shakes pour Bart et Alexie et du thé pour Andréas et Merlin. Ils se mirent à parler de la fin des cours et de ce qu'ils allaient faire durant l'été. La jeune fille comptait retourner voir son père quelques semaines dans le Nord du pays et son petit ami resterait en Californie – ce qui supposait qu'il fréquenterait sûrement Dylan tout l'été –. Quant à Bart, il avait trouvé un stage au Los Angeles Times.
Ils étaient en train de critiquer leur professeur de mathématique quand le portable de Merlin vibra sur la table et que le nom de Dylan s'afficha. Il s'excusa et le récupéra pour lire le SMS qu'il lui avait envoyé. Son visage prit alors une mine défaite.
– Un souci ? interrogea Alexie.
– Il est malade depuis hier soir, expliqua Merlin, et dit qu'il a des soucis respiratoires. Il a besoin de moi. Je vais devoir vous laisser.
– Parce que t'es son infirmière en plus d'être son chevalier ? s'étonna Barthélémy.
– C'est mon meilleur ami.
Bien sûr, c'était toujours ce qu'il répétait. Bizarrement, Dylan apparaissait toujours au plus mauvais moment pour tout gâcher. Il réclamait l'attention de Merlin dès qu'il s'éloignait, comme s'il avait un radar pour le pister. Andréas n'aurait pas été étonné d'apprendre qu'il avait mis un GPS dans son téléphone.
– S'il a des problèmes respiratoires, il devrait plutôt appeler un médecin, continua Barthélémy.
– Ou arrêter la drogue, ajouta Andréas avec un regard pour Merlin.
– Vous êtes durs avec lui, répliqua ce dernier. Il a beaucoup de pression sur les épaules, son père le prépare pour gérer leur entreprise et fumer le détend.
– Et toi, ça te détend ? Parce que j'ai plutôt l'impression que ça produit l'effet inverse.
– T'es toujours obligé d'exagérer hein ? rétorqua Merlin. Tu ne peux pas juste profiter comme tous les jeunes ? Faut toujours que tu fasses des leçons de moral en mode petit catho bien élevé ?
– Ça va, ne t'énerve pas Fraser, le tempéra Bart en terminant son cupcake. Il veut juste t'aider.
– Ma mère croit que je suis dépendant à cause de lui et me reproche de passer trop de temps avec mon meilleur ami !
– Eh ! Calmez-vous ! intervint Alexie en prenant la main de son petit ami. On passe un bon moment-là.
Merlin jeta un regard mauvais à Andréas qui s'en voulut pour ses paroles. Il avait bien compris que la drogue était un sujet sensible pour Merlin mais il ne supportait pas de le voir s'enfoncer dans son addiction sans rien faire. Quelques jours plus tôt, ils s'étaient disputés lorsqu'il lui avait apporté une brochure pour un centre anti-drogue, juste avant leur cours particulier de littérature. Merlin lui avait répondu qu'il n'en avait pas besoin, qu'il contrôlait sa consommation. Ils avaient fini par coucher ensemble pour oublier leur accrochage. En partant, le jeune duc avait quand même laissé la brochure sur la table du salon, en espérant que la mère de Merlin la verrait. L'adolescent n'en avait pas reparler depuis, mais il n'avait sûrement pas apprécié son insistance, surtout si Élisabeth en avait remis une couche derrière.
– On se voit toujours ce soir pour le cinéma ? demanda Alexie pour détendre Merlin.
– Ça dépendra de Dylan, répondit-il. Je t'appelle.
Il l'embrassa et alla déposer un billet sur le comptoir avant de disparaitre sans un mot pour Andréas. L'aristocrate et Alexie échangèrent un regard gêné. Barthélémy se mit à touiller son milk-shake, avala une gorgée, puis le reposa brutalement.
– Ok, je n'aime pas Fraser, c'est vrai, mais l'autre, c'est un tordu et il est complètement sous son emprise. Et Andréas a raison, il y a carrément un problème avec la drogue.
– À chaque fois que je lui en parle, il se braque, répondit Andréas. Il croit que je déteste Dylan.
– Tu détestes Dylan, répéta Barthélémy.
– Je déteste Dylan, c'est vrai. Mais je veux surtout que Merlin ouvre les yeux.
– Laisse tomber, j'ai essayé moi aussi, soupira Alexie. Il ne veut rien entendre et lui trouve toujours des excuses.
C'était bien là le souci. Merlin trouverait toujours des excuses envers Dylan, principalement parce que ce dernier le manipulait et lui faisait croire que c'était les autres qui étaient contre lui. Andréas termina son thé, perturbé. Il était désolé que l'après-midi ait tourné ainsi et en voulait à Dylan d'avoir tout gâché en appelant Merlin.
Ils préfèrent discuter de l'organisation de la remise des diplômes pour penser à autre chose, même s'il n'arriva pas totalement à oublier l'idée que le garçon qu'il appréciait été sûrement entre les bras de son ami toxique en ce moment.
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