CHAPITRE 42 : Le mauvais choix

Je suis rempli d'émotions en un instant, à tel point que j'entends bourdonner mon rythme cardiaque de plus en plus fort.


- Sans rire, tu commences à sérieusement m'inquiéter là Jess, qu'est-ce qu'il t'arrive ?


Je m'attendais à toutes les réactions possibles, mais pas celle-ci. Elle se met à rire fort, tellement fort que je me mets également à rire nerveusement sans même comprendre pourquoi. 

On reste un long moment, l'un à côté de l'autre à rigoler à tour de rôle et à l'unisson, comme si toute la pression que l'on a accumulé se dégageait de nos deux corps. Et, quand nous arrivons enfin à reprendre nos esprits, probablement vidés de toutes émotions, c'est Jess qui répond finalement à ma question. 


- Ce qu'il se passe Kyle, c'est que j'en ai marre. J'en ai marre de tout ce qu'il nous arrive, j'en ai marre de subir et j'en ai marre des contraintes. On n'a rien demandé nous. C'est tellement injuste tout ce que l'on est obligé de vivre. Tu ne penses pas qu'on mérite d'être heureux à un moment ? Qu'on en a assez bavé tous les deux pour dire un très grand merde au monde entier ? 

- Bien sûr que si Jess, et tu sais à quel point je m'en veux de t'avoir embarqué dans cette affaire, sincèrement tu ne méritais pas ça... 

- Je n'ai été contrainte de rien. Juste volontaire. Oui, volontaire. Personne ne m'a poussé à te suivre Kyle.

- Alors.. Pourquoi l'as-tu fait ?

- Je n'ai pas hésité une seule seconde à t'aider. J'ai foncé tête baissée sans calculer à un seul instant les dangers, pourquoi ? Plutôt pour qui ? Toi. Toi, la seule personne de ce monde qui m'a toujours écouté, soutenue et épaulée.


Jamais Jess ne s'était confiée sur notre amitié, ou plus classiquement sur notre relation. Elle est si pudique, mais ses mots sont tellement touchants et sincères que je profite de chacun d'eux comme si j'étais conscient que ces moments seraient uniques.

Je n'arrive même pas à lui aligner deux mots en guise de réponse.


- Cette sorte d'épopée complètement folle que l'on vit main dans la main nous a soudés à jamais, Kyle. Pour cette raison je ne regretterais jamais de m'être lancée dedans pour toi, continue-t-elle dans sa lancée, sans cesser de m'impressionner.

- Merci Jess, merci, vraiment merci, balbutié-je presque toujours surpris. Je sais que tu n'as pas l'habitude des discours larmoyants et que ça représente quelque chose pour toi de te confier. 

- Ne me remercie pas, tête de piaf, t'as bien la chance de m'avoir dans ta vie.

- Tu n'imagines même pas à quel point Jessica.


Un long silence s'installe. Mais celui-ci n'est en aucun cas embarrassant, il est le résultat de deux personnes sincères qui se livrent petit à petit sur leurs sentiments personnels. Je ressens le besoin de lui dire tout ce que j'ai sur le cœur, sans même réfléchir un instant, la voix encore toute tremblante.


- Tu sais à quel point mon entourage est limité si l'on se met à faire le compte. Quand, même tes propres parents complotent dans ton dos, et qu'il te paraît difficile de savoir en qui tu peux avoir confiance, je suppose que l'on choisit facilement de sombrer dans la folie. Mais ça n'a pas été mon cas. Enfin je ne crois pas. Du moins pas totalement. Et j'espère que tu ne sous-estimes pas l'immense importance que tu as pour moi Jess. C'était un long chemin, de ton côté comme du miens avant de réaliser au combien garder ses histoires, ses problèmes et traquas était compliqué. J'ai décidé de tout quitter. J'en connaissais le prix, enfin je croyais le connaître. Fuir le foyer parfait, il n'y avait plus rien à perdre non, exceptée la liberté. J'aurais pu en faire des bêtises, blesser mon corps, mutiler mon âme, mais j'ai toujours pensé à toi. Tu m'as toujours tendu ta main et je l'ai saisi. Des tas de fois. Malgré nos grosses différences ou encore tes pouvoirs, le destin nous a toujours entraînés, et mis à chaque fois l'un sur la piste de l'autre, et ce n'est probablement pas le fruit du hasard. Et je peux lui dire merci au destin, et à toi aussi, tu es la personne qu'il manquait dans ma vie.


Je crois que je n'ai même pas bégayé à un seul instant. Tous ces mots étaient tellement honnêtes qu'ils se sont enchaînés pour former, je crois, une belle déclaration. Après quelques secondes sans oser la regarder dans les yeux, je relève ma tête pour observer son visage rempli d'émotions et ses yeux humides.

 Sans même comprendre ce qu'il m'arrive, Jessica se rapproche lentement de moi jusqu'à s'allonger à mes côtés sur le lit. On reste un instant tous les deux, chacun de nous le regard en direction du plafond en attendant que l'autre daigne prendre la parole. Mais pas besoin, elle se tourne sur le côté pour me fixer. C'est à mon tour de la regarder. Elle sourit, de ses dents parfaitement alignées, et le temps me semble comme stoppé, elle s'approche lentement, et sans prévenir elle dépose soudainement un léger baiser sur mes lèvres.


Tout se bouscule dans ma tête, que vient-elle de faire ? J'ai envie de crier super fort pour m'échapper de cette situation. Peut-être a-t-elle mal interprétée les confidences que je viens de lui faire. En aucun cas je ne veux que notre relation change, enfin je crois, ou je croyais. Je la repousse de la manière la plus délicate possible.


- Excuse-moi, s'empresse-t-elle de me dire presque pétrifiée par mon geste.


Je ne sais pas ce qu'il se passe, ou alors je ne veux pas le savoir. Je ne sais pas non plus ce qu'on fait, et je crois que je sais encore moins pourquoi je viens de la repousser. Il est peut-être temps pour moi d'arrêter d'avoir peur.

Après tout, il faudrait que je me mette enfin à écouter mes émotions, mes sentiments. Ne pas toujours tout calculer, anticiper en permanence pour éviter le danger. Foncer, c'est ça que je ne sais pas faire, j'ai toujours peur de tout, de ne pas oser, de ne pas m'affirmer, de ne pas tenter par peur d'échouer. Il me faut du laisser aller, que je lâche prise pour de bon et que je profite sans me poser mille questions. Il est temps que je mette mon cerveau en pause. En réalité, il faut que je vive. Je découvre dans ses yeux un désir qui ne me laisse pas indifférent, je crois que je le ressens aussi ce désir. On a tous les deux très bien compris ce qu'il se va se passer. 


C'est la première fois que je m'apprête à le faire, apparemment on s'en souvient pendant un moment, et c'est pas forcément le meilleur moment parait-il. Ça se trouve ça va être carrément nul à tel point qu'elle aura besoin de penser à son ex pour prendre un minimum de plaisir. Et si je fais mal les choses ? Si ça ne se passe pas comme ça devrait se passer ? Ok, une nouvelle fois je me pose beaucoup trop de questions. Lâcher prise on a dit. 

Je regarde Jessica avec un grand sourire et un léger hochement de tête, comme pour lui dire que je suis partant, comme pour lui faire comprendre que je ne voulais pas vraiment la repousser. Comme pour lui dire que moi aussi, je l'aimais. 

Elle pose une main sur mon épaule et commence à effleurer ma peau d'une douceur qui me provoque des frissons dans tout l'avant-bras. Je n'ai jamais ressenti de telles sensations parcourir l'intégralité de mon corps, j'ai l'impression d'être entièrement connecté avec le sien, en parfaite harmonie. Une forte tension est en train de grandir entre nous, c'est comme si je ne contrôlais plus rien. 

Elle se colle de plus en plus à moi, jusqu'à finir par me grimper dessus pour se retrouver sur moi. Jamais je n'avais ressenti une aussi grande excitation, tant cérébrale que physique. Je me couche littéralement sur elle en prenant garde de ne pas l'écraser son mon poids, et quand son visage se rapproche du miens, je me jette sur ses lèvres pour les embrasser le plus fougueusement possible. J'ai l'impression d'être déconnecté de la situation, je ne suis pas sûr d'assimiler tout ce qu'il se passe. Tout va très vite. Elle enlève mon t-shirt, puis c'est au tour de ses vêtements de rejoindre le sol poussiéreux de la chambre. 

Sans aucun malaise, elle déboutonne mon jean pendant que j'observe avec attention la beauté des détails de son corps parfaitement sculpté. Tout se fait le plus naturellement possible, j'ai l'impression qu'on est réellement compatible. 

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La très faible opacité des rideaux de la chambre d'hôtel laisse entrer une violente lumière qui me réveille instantanément. Je me retourne sur le dos. La seule pensée qui me traverse l'esprit est également une constatation qui me pétrifie : J'ai fait la plus grosse connerie de ma vie.

Je n'arrive pas à préparer ce que je pourrais lui dire, je commence en m'excusant ? En lui disant qu'on n'aurait pas dû ? Que ça peut arriver ? Que c'est pas si grave ? Que ça aussi on va le surmonter ? Je me retourne pour observer Jessica. Personne à mes côtés.

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À suivre...

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