CHAPITRE 40 : Tu as des pouvoirs Kyle
Invisible, invisible, je suis invisible. Ces mots se répètent à toute vitesse, sans que j'ai à un seul instant la capacité de les absorber. Je penche délicatement ma tête vers le bas de mon corps pour distinguer qu'elle ne ment pas, j'ai pourtant toujours la sensation d'être assis à côté de mon amie. Mais plus encore, je sais que ma main est toujours posée sur son genou, je peux le certifier je sens même la texture jean de son pantalon sur mes phalanges. Malgré tout je ne la vois pas.
— Je déconne pas Kyle, tu viens de faire quoi ? Essaye tant bien que mal de chuchoter Jessica totalement affolée.
N'ayant aucune réponse de ma part, elle finit par se lever discrètement et se coller à un des murs de la pièce habillé d'une tapisserie, elle même ornée de motifs bleus indescriptibles tellement ils me paraissent loin. Elle ferme ses yeux un instant, plisse violemment le front et en quelques millièmes de secondes son corps paraît ne faire qu'un avec le mur. La couleur de sa peau et de ses vêtements s'accordent à la tapisserie, elle devient un vrai caméléon, totalement cachée. Je suis tellement déboussolé que je fais abstraction de l'intégralité de la scène à laquelle j'assiste pourtant bel et bien sous mes yeux.
Pas le temps de réfléchir. La poignée de la porte est brusquement enclenchée, la porte s'ouvre dans la foulée bruyamment. Ma respiration se coupe totalement. Je suis figé au sol. Deux silhouettes se dessinent de plus en plus distinctement à mesure qu'elles entrent dans la pièce qui nous sert de cachette. Je ferme si fort mes yeux pour échapper à un destin qui me paraît tout tracé que j'ai l'impression que je vais exploser.
Je me vois déjà transporté dans un sac opaque, menotté, bâillonné et jeté dans un camion énorme. On sera probablement enfermés dans une cave, ou même un cabanon au fond d'un jardin abandonné. Quelques personnes masquées viendraient nous donner quelques vivres pour éviter de mourir jusqu'à ce qu'ils nous fassent des expériences complètement tordues. Si ça se trouve on serait même séparés, et ils feraient pression l'un sur l'autre pour qu'on soit à leur merci, comme dans les kidnappings à la télévision ou dans les StoryTime qu'on regardait pour se marrer cet été sur YouTube avec Jessica.
Mais absolument rien de cela ne se passe. J'ai l'impression que des millions de bruits bourdonnent dans mes oreilles. Mais celui-ci je l'entends très distinctement. C'est celui de la porte qui se referme, aussi rapidement qu'elle s'est ouverte. Je n'arrive pas à le croire, ça à fonctionné. Stupéfiant.
J'ouvre les yeux avec une si grande prudence que la lumière pourtant peu forte dans la pièce m'aveugle d'une facilité déconcertante.
Mon premier reflex est de tourner la tête en direction de mon amie, encore presque collée au mur. Tandis que mes yeux s'écarquillent, je remarque que les siens sont remplis de larmes qu'elle s'empresse d'essuyer en esquissant un sourire qui me réchauffe en quelques instants le cœur.
Alors que l'on peut entendre les deux sombros redescendre, Jessica se précipite vers moi en reprenant sa forme humaine bien plus rassurante. Elle récupère quelques documents qui traînent dans un coin de la pièce, sans même les regarder, et me tend sa main que je saisis sans aucune hésitation, notre duo n'a jamais été aussi fort je crois bien. Jessica pose son autre main sur sa tempe.
— Maintenant je peux, s'exclame t-elle à la fois étonnée et enthousiaste.
Avant même de pouvoir poser ne serait qu'une minuscule question, je sens les murs de la pièce se resserrer autour de moi, un bruit strident surgit de nulle part et m'oblige à me cacher une oreille avec la main qui ne sert pas fortement Jessica. Tout ce qui est autour de moi deviens très sombre.
Silence le plus total.
J'ai la sensation que quelque chose cache mes yeux.
Très vite, de la lumière se reflète de nouveau dans mes pupilles. Et me voici maintenant au beau milieu d'un parc totalement désert. Mes yeux se rivent vers l'extrémité de mes bras. Jessica me tient toujours fermement la main.
— Oulala. On viens vraiment de se téléporter Jessica ?
— Tout à fait ! Exprime mon amie d'une immense fierté.
— Et tu pouvais pas le faire avant par exemple ? Ou même me prévenir ?
— On avait pas trop le temps. Et figure toi que non, la présence des Sombros à quelques mètres de nous a dû fortement affaiblir mes pouvoirs Kyle, mais je crois que ce n'est pas le sujet. Qu'est-ce que tu nous a fait ?
— Je.. je n'en sais rien, balbutié-je.
— Moi-même, mais qu'est-ce que je dis, même mes parents n'arriveraient pas à devenir invisibles en si peu de temps au plein milieu d'une pièce, n'en revient toujours pas Jessica.
— Tu sais que je suis tout autant abasourdi que toi, si ce n'est pas plus ? Je comptais sur ton aide pour comprendre ce qu'il s'était passé, mais je crois que t'es carrément paumée aussi.
— Essaye quelque chose !
— Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes Jess ?
— J'en sais rien, fais voler une feuille, décroche ce banc là-bas au loin, envoie moi à l'autre bout du jardin ou fais même ce que tu veux, mais je veux revoir ça !
Je me retrouve bête, en plein milieu d'un endroit qui m'est inconnu à devoir me mettre en spectacle devant mon amie en essayant de reproduire quelque chose que je ne sais absolument pas contrôler.
J'agite mes mains dans tous les sens, je lance mes bras à gauche, à droite, puis en haut, et même en diagonale. Sans résultat, je tente même des coups de tête sur les côtés, des sauts, et tout ce qui peut me rendre ridicule je crois.
Rien.
— Ok. Kyle, c'est encore plus étrange que ce que je pensais. Non pas le fait que tu danses comme un carpeau, ça je le savais déjà. Mais par contre, tu n'as pas l'air d'avoir l'once d'un pouvoir dans ton corps.
— Super, nous voilà encore plus avancés. On est où au juste ?
— Aucune idée, je ne peux pas choisir où je nous téléporte, mais nous sommes forcément dans un rayon de 50 kilomètres de la maison d'Irinka, et surtout un peu plus plus en sécurité. Mais tu as raison de demander, ne restons pas là, on est vulnérables.
Nous marchons quelque temps dans un premier temps à travers ce parc rempli d'une végétation relativement peu entretenue avant d'arriver de nouveau en plein milieu d'une ville qui est désormais, au vu de l'heure, bondée. Parfait pour se fondre dans la masse.
— On ne peut pas avoir confiance en Irinka, lance Jessica après de longues minutes de silence.
C'est souvent comme ça avec elle d'ailleurs. Dès que l'on traverse un moment complètement décalé, du danger, ou du stress, elle finit par se braquer totalement quand tout redescend. Mais dès qu'elle retrouve la parole, c'est en général bon signe, alors je ne vais pas la laisser discuter seule.
— Et qu'est-ce que qu'on fait alors ? C'est elle qui devait nous mener à Andore je te rappelle.
Je tente de suivre son rythme entre les passants et les touristes qui arpentent les rues de New-York à toute vitesse. Nous sommes probablement encore plus au Sud que quand nous étions chez Irinka, les buildings sont bien moins haut par rapport à ceux que j'ai l'habitude de voir à Central Park.
— Pour l'instant on va aller se poser dans motel à l'extrémité de la ville, reprendre des forces et tenter de se faire oublier le temps d'une journée. Ce sera notre nouvelle cachette, en espérant que cette fois-ci on ne sera pas dérangés.
Avec le rythme de marche de Jessica, je remarque que de la poche de son sac un papier s'échappe. J'ai le temps de le ramasser et d'en regarder le contenu.
C'est le début d'une lettre manuscrite.
L'écriture n'est pas très nette, c'est probablement celle d'Irinka.
À la lecture des premiers mots, je me stoppe net dans la foule. Je crie le prénom de mon amie qui s'arrête et reviens vers moi très vite. Je lui tends le papier, les yeux toujours rivés sur ces mots.
« Monsieur Vozt, la venue de votre protégé et de son acolyte ne devrait plus tarder, mais je ne pourrais accomplir ma mission à la perfection que si.. »
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À suivre...
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