CHAPITRE 32 : La planque

Alors que l'obscurité dans la ruelle est de plus en plus importante, la porte s'ouvre tout à coup.

Jessica se tourne vers moi et me lance :
- Après toi !

J'approche, un peu hésitant.

Je n'arrive absolument pas à distinguer derrière cette porte quelconque forme, il y a probablement un couloir sombre, peu rassurant.

Je sens derrière moi une force me pousser, Jess me force carrément à entrer.
Je fais quelques pas, et très rapidement une odeur d'humidité se fait sentir, le lieu paraît désert.

- J'imagine que tu as ouvert cette porte grâce à tes grands pouvoirs que je n'aurai jamais, dis-je ironiquement à Jess.

- 6 fois, c'est tout, se contente de me répondre Jess. Et quant à tes pouvoirs très chers, reprend-elle, à ta place je ne m'avancerai pas trop.

- Comment ça, répliqué-je ?

Aucune réponse de sa part.

Je me retourne pour la regarder, elle me fixe et reprend :

- Bon on va pas rester dans l'entrée indéfiniment, en tout cas pas moi.

En me poussant d'une délicatesse inouïe, Jess passe devant moi et commence à avancer dans le lugubre couloir.

Très vite je n'arrive plus à distinguer sa silhouette.

- Attends-moi au moins, lancé-je assez fort pour qu'elle puisse m'entendre.

Plus on avance dans ce passage étroit, plus il fait chaud. Je crois entendre crépiter au loin une cheminée, mais ça ne m'étonnerait pas que mon imagination me joue des tours.

- Au fait, simple curiosité, on est où ?

A cette question, Jess se retourne et me lance un regard assassin avant de prendre sur elle :

- Je te présente la planque, la quesco comme l'appellent mes parents. Un endroit assez sécurisé pour que l'on passe la nuit et que l'on sème ceux qui te suivent.

- Ceux qui me .. ?

- Tu comprendras tôt ou tard, mais je ne peux pas tout t'expliquer maintenant c'est beaucoup trop tôt et dangereux.

- C'est jamais le moment avec toi Jessica c'est ça ?

Une nouvelle fois, elle s'amuse à ignorer ce que je lui dis.

Après avoir avancé de quelques mètres, je manque de me prendre le sac à dos de Jess, elle s'est arrêtée. Devant elle, une vaste pièce lumineuse semble la rendre nostalgique.

- C'est bien ici.. murmure-t-elle.

- Et tu ne penses pas que tes parents puissent venir ?

- Kyle, même s'ils venaient on ne craint rien.

- Mais ils sont..

Jess me coupe :
- Bien sûr qu'ils sont au courant, c'est eux qui m'ont demandés de m'occuper de toi.

- Ils laisseraient leur fille partir avec un fugitif qui fuit des « ombres » ?

- Primo, ce ne sont pas que des ombres crois-moi. Secondo, si ça peut te rassurer aucun problème pour moi, ce n'est pas moi qu'ils cherchent, satisfait ?

Mes yeux s'écarquillent d'incompréhension.

- Bon on avance, continue Jess en se tournant vers moi.

Nous arrivons dans la grande salle qui pourrait s'apparenter à un très grand salon, ou bien un appartement. Les murs sont en bois, le sol aussi et une cheminée centrale dégage une forte chaleur. Je n'ai donc pas rêvé.

- Et tu viens souvent ici Jess ?

- À chaque fois que je dois m'occuper d'un ami recherché, ricane-t-elle.

- Deux conclusions à tirer de ta réponse, tu n'as pas perdu ton sens de l'humour, et tu as l'air de me considérer encore comme ton ami.

Toujours pas de réponse, je regarde la voit qui commence à rougir, ce qui ne lui arrive jamais.

Notre planque ne possède aucune lumière extérieure, pas de fenêtre, seul le feu central s'occupe de notre confort. La pièce fait probablement quatre fois la taille de ma chambre, quelques canapés en cuir sont disposés un peu de partout, il y a même des plaids, des coussins. Je distingue au fond deux lits superposés.

- Et c'est quoi le plan maintenant, dis-je en me tournant vers mon acolyte de fugue.

- On dort ici, on fuit les parages demain à l'aube et ensuite.. ensuite.. heu.. ensuite..

- Oui j'ai compris, ensuite ?

- On verra bien. Ne bouge pas surtout, j'ai quelque chose à régler.

Jess se dirige de nouveau vers le long couloir sombre.

Je commence à entendre quelques mots d'une discussion, mais ce n'est pas clair. Je n'entends aucune réponse, elle doit être au téléphone, je me rapproche discrètement :

- Nous avions convenu de notre arrivée, rappelez-vous. Ne me laissez pas dans une situation autant délicate toute seule, vous ne risquez rien avec toutes les mesures de précautions prises. Je n'ai pas beaucoup de temps, ne changez pas d'avis, je vous en pris.

À ces mots, Jess se retourne et m'aperçois.

- Je crois que pour la discrétion on repassera, hein, lui dis-je.

Jess ne me répond pas, elle me passe devant pour rentrer dans la salle.

- Tu sais je ne voulais pas t'espionner, repris-je.

J'invente rapidement un mensonge :

- J'ai vu que tu avais oublié ton téléphone, alors je me suis dit que s'il t'arrivait quelque chose pendant que tu allais « régler ce quelque chose »..

Jess me regarde, et d'un air désespéré me lance :

- Est-ce si difficile à comprendre que je n'ai pas besoin de supermarché pour m'acheter à manger, d'avion pour voyager et d'un put*in de téléphone pour communiquer ?

- Calme Jess..

- Kyle, reprend-elle. Je pratique la magie depuis des années, et je t'ai toujours accepté comme bannet, mais je t'en supplie ne devient pas lourd, depuis le temps que tu me connais tu sais comment ça se passe.

- Ça faisait simplement longtemps.. j'oublie vite les choses c'est tout.

- Oh je t'en pris ne fait pas ton Calimero avec moi, je suis la pour t'aider mais ne me complique pas la vie.

- Dis-moi où l'on va au moins Jess, tu ne me tiens au courant de rien, comment veux-tu que je puisse comprendre ce qu'il m'arrive ? Essaye de te mettre à ma place.

- Kyle, ce n'est pas si facile que ça.

- Pas si facile ? Tu te fout de moi Jessica ?

- Ne m'appelle pas Jessica...

- Je crois qu'il va falloir que tu saisisses que je viens de quitter ma famille, tu me retrouves dans un café alors qu'on ne s'est pas vu depuis je ne sais quand, tu m'obliges de te faire confiance, on finit dans une maison lugubre au couloir sombre immense, tu discutes avec je ne sais qui, tu ne réponds à aucune de mes questions, et c'est pour toi que c'est difficile ? Je croyais que tu ne risquais rien.

J'agrippe Jessica à l'épaule, non pas pour lui faire mal mais pour qu'elle comprenne que je ne rigole pas.

- À Andore Kyle, on va à Andore.

Soudainement je lâche Jess, ma tête tourne terriblement.
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N'hésitez pas à me laisser vos avis en commentaire que je puisse vous répondre :)

Merci pour les plus de 50 000 lectures sur mon histoire ! 

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