Je quitte cette maison, légèrement forcé par le vieillard qui ne voulait visiblement plus de ma compagnie. C'est culotté pour quelqu'un qui remue ciel et terre pour me voir, m'enfin.

Je n'ai aucune idée du nombre de temps que j'ai passé ici, le ciel menace toujours de déverser sa haine, et je me retrouve seul dans la rue. Personne à l'horizon. Un silence de plomb.

Je finis par mettre dans ma poche l'objet triangulaire que m'a donné le vieux monsieur, tout en m'interrogeant sur son contenu.

Je suis presque persuadé que je vais l'ouvrir en rentrant chez moi, à l'abri des regards indiscrets. Mais une part de moi m'oblige à attendre, comme si cet homme allait dicter mon avenir.

Désormais, ce ne sont plus quelques doutes, mais une multitude de mystères qui s'installent dans ma tête. Ma priorité est maintenant de parler à Jessica, afin d'avoir les fameuses explications que j'attends depuis si longtemps.

Je ne suis plus en contact avec elle depuis son départ à Andore, et je n'ai qu'un moyen de communiquer avec elle dès son retour :

"Rdv seize h. au lac il faut qu'on parle"

Sans hésiter une seule seconde, et avec moins d'appréhension qu'auparavant, j'appuie sur envoyer d'une manière sereine.

Il m'arrive des choses encore moins probables que ce que je vivais déjà ces derniers mois, mais j'ai appris à mieux contrôler mes émotions et à ne plus les exposer, c'était mon point faible.

L'heure que j'ai fixée à Jessica me laisse un laps de temps assez long pour préparer ce que j'ai à lui demander. Je voudrais déjà savoir qui est cet homme pour elle, que me cache-t-elle ? Mais pour répondre à ces interrogations, il faudrait déjà qu'elle vienne.

J'ai envie de me vider l'esprit avant cette fameuse confrontation qui m'obstine depuis si longtemps. Je vais être fixé, je ne peux rien faire d'autre, alors je ferai mieux de me décontracter avant.

Je me repère tant bien que mal, sortant de l'affreuse ruelle sombre.

Je commence à apercevoir une place que je connais bien et me dirige vers un marchand de glace ouvert toute l'année.

Il me connaît bien, je passais toujours lui dire bonjour quand j'étais petit et il m'offrait souvent une boule de glace. Je me rapproche du comptoir, personne n'attend devant moi.

L'homme d'une quarantaine d'année me reconnaît aussitôt qu'il lève la tête :

- Kylou !

- Bonjour monsieur Brandt, lui répondis-je, assez choqué de cet accueil si enthousiaste.

- Tu n'es pas venu me voir depuis un moment garnement ? s'interroge t'il.

J'essaye de passer au-dessus du petit surnom affectif "garnement" que je déteste, comme tous les surnoms.

- Je.. je ne traîne plus trop ici depuis la fin de l'année dernière, mais je suis content de voir que tu es en forme, repris-je.

- Et comment mon garçon, quel parfum te ferai plaisir, je te l'offre, j'insiste.

Bien que peu étonné par son cadeau, j'accepte poliment et je désigne le parfum pêche et cerise qui me font envie.

- Je te prépare ça tout de suite, dis le vendeur en partant dans son arrière-boutique.

Je suis content de pouvoir profiter dans quelques minutes d'une glace, bien que l'automne soit présent.

Je récupère ce que je considère comme mon en cas avant la révélation ultime, et je discute quelques minutes de plus avec le gentil monsieur Brandt.

Je me dirige vers un pont que je traverse en quelques minutes, les taxis affluent de l'autre côté, attirés par les clients qui sortent des boutiques du centre commercial.

J'arrive sur le lieu du rendez-vous, l'endroit est presque calme, hormis les familles qui se promènent. Je découvre un banc, sur lequel je vais m'installer, tranquillement.

Le lac est magnifique, l'eau turquoise et transparente ne donne qu'une envie, me baigner.

Le lac est probablement gelé, mais rien ne m'enlève l'envie de plonger en plein mois d'octobre.

Le magasin d'en face afflue de clients, dans quelques jours c'est Halloween, et c'est un des meilleurs endroits pour se concocter un parfait déguisement, ou encore préparer de terribles farces à faire.

Les arbres qui m'entourent sont d'une couleur comme rassurante, le rouge est de plus en plus présent dans la végétation, laissant tout de même une place principale à l'ocre.

Le ciel parait maintenant presque dégagé. Quelques pollens virevoltent non loin de moi, des enfants jouent et chahutent, c'est presque une journée banale.

J'espère que je n'attends pas pour rien, mon téléphone m'indique bien qu'il est quatre heures de l'après-midi.

C'est presque une habitude pour mon amie d'arriver en retard, enfin je ne sais même pas si je peux encore l'appeler mon amie.

Après tout, je n'ai strictement rien à craindre de notre conversation future. Je n'ai aucun tords et rien à me reprocher.

Par contre elle, il vaut mieux qu'elle soit claire et qu'elle ne se perde pas dans un nouveau cercle de mensonges totalement infondés.

Je me sens prêt, comme un sportif avant un combat.

Mon état d'esprit est différent de la normale, je ne vais pas avoir cette fâcheuse habitude de tout pardonner.

Même si d'un côté j'aimerais que notre rendez-vous, s'il a lieu, se termine en se prenant dans les bras, je ne le ferai pas.

La silhouette lointaine d'une jeune fille devient de plus en plus reconnaissable, Jessica est là, et il est maintenant l'heure des vérités.

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Désolé pour le retard des chapitres, trop de choses en ce moment ^_^ je vais pouvoir reprendre bientôt mon avance et publier sûrement tous les deux jours en juillet :)

Le prochain chapitre va être très révélateur, et il devrait vous plaire !!! J'ai hâte d'avoir vos retours.

Et aussi, un grand merci pour tous vos retours, plus de 20 000 vues sur l'histoire c'est juste fou ! Et Andore reste toujours dans le haut du top fantastique depuis sa sortie, alors un merci du fond du cœur !