Lire le Shonen Jump and ...
- Les gars, ça y est j'ai le mien ! M'exclamé-je en débarquant avec fracas dans la chambre de Toshi.
- Enfin ! Vite, installe toi, m'accueille Satori en me lançant un grand sourire aussitôt que j'ai passé le pas de la porte.
Il est impatient qu'on commence comme à chaque fois. Quand j'arrive à son niveau, je pose alors ma main sur son avant-bras et le presse légèrement des doigts pour le saluer, mes yeux plongés franchement dans les siens. Il me répond en ébouriffant mes cheveux et on en rit tous les deux. Ma main toujours sur son bras, il vient alors poser la sienne sur ma hanche. Sa paume caresse mon flanc un court instant mais juste assez pour me faire frissonner. Sa prise sur moi est légère mais résolue. Il rapproche bientôt mon corps du sien. Nos yeux toujours soudés, il avance son visage de moi. Je ne me détourne pas. Je sais à quoi il joue. Je le tente en venant humecter mes lèvres avec ma langue. Sa bouche vient presque effleurer la mienne avant de dévier vers ma joue et, tendrement, il y dépose un doux baiser avant de se redresser en soupirant. Depuis le temps qu'on joue à ce jeu, je commence, moi aussi, à savoir déduire ses intentions ou ses gestes et, à chaque fois, on repousse un peu plus la limite. Je suis sans cesse séduite par lui. Dorénavant tentée à l'extrême de faire ce premier pas pour combler les derniers centimètres voir millimètres qui nous séparent lorsque ça nous prend. Je serais hypocrite de dire que je ne voudrais pas qu'on la brise définitivement cette limite qu'on s'impose mais, ce n'est pas si simple. En vérité nous ne sommes pas que tous les deux dans cette tentation.
Malgré ce qui nous pend au nez et dont on est tout à fait conscient, j'adore ce moment de légèreté qu'on a instauré entre nous. Mes soucis s'envolent automatiquement quand je les vois. Cette simple routine c'est notre jardin secret, notre moment à nous trois et rien qu'à nous. Une fois par semaine, à la sortie du shonen jump, on se rejoint ici. C'est notre rituel que l'on attend impatiemment. En dehors du stress de la compétition, en dehors des cours, en dehors du temps, en dehors de tout. Quand Satori et moi avons fait connaissance, on est rapidement venu squatter la chambre de Toshi pour pouvoir lire le Shonen Jump et échanger nos impressions. Personne ne dérange le capitaine impassible de l'équipe de volleyball, c'était donc la planque parfaite. Personne ne s'intéresse à notre petit club de lecture de toute façon. Au début, le pauvre Toshi n'était pas vraiment emballé par l'idée. Il aime lire le Shonen Jump mais il apprécie aussi son calme, et pourtant il a vite flanché. Je n'ai jamais su pourquoi et même Satori ne sait pas, mais il a insinué, avec une pointe de jalousie à peine dissimulée, que c'était peut être bien ma présence qui l'avait décidé à accepter. Au fond de moi aussi je sais, Satori a raison, je l'ai tout de suite vu quand les yeux de Toshi se sont posés sur moi la première fois. Il m'a envisagé. Cependant il l'a fait pendant un si furtif battement de cil que j'ai vite balayé cette impression et l'ai enfoui profondément dans un coin de mon esprit depuis, luttant pour la calmer à chaque fois qu'on se voyait. Je mentirais si je disais qu'il me laissait indifférente mais je suis simplement heureuse et reconnaissante d'avoir été acceptée dans leur duo. Depuis le jour de notre rencontre, depuis cette réunion du destin, tout s'est fait naturellement entre nous trois, comme si notre amitié était écrite depuis le début. Je me sens complètement à ma place avec eux à mes côtés. J'ai appris à les connaître entièrement, et ils connaissent aussi tout de moi. Nous n'avons plus de secret. Enfin presque... plus où moins... C'est dans notre petit groupe, un secret de polichinelle on va dire.
Je m'avance alors vers le lit et Toshi, déjà allongé, lève ses yeux de son livre et me gratifie d'un léger sourire avant de replonger aussitôt dans sa lecture. Je passe une jambe par dessus lui et alors que je prends mon élan pour l'enjamber, mon pied encore au sol glisse. Je me retrouve tout à coup à califourchon sur lui, mes mains en appuies sur son torse. Aucune plainte de sa part mais Toshi referme alors le Jump et une de ses mains vient se poser sur ma cuisse, enfonçant délicieusement ses doigts puissants dans ma chair, comme s'il attendait une opportunité comme celle là depuis un certain temps, et qu'il ne comptait pas la laisser passer. Je le sens plus avide et alerte que d'habitude. Je ne me démonte pas pour autant. Restons naturelle. Restons maître de soi.
- Salut Toshi, désolée j'ai glissé..., dis-je pour justifier ma soudaine position sur lui.
Il ne bronche pas. Il ne semble même pas gêné du tout. Son regard intense vient s'ancrer au mien et je me sens faiblir tout à coup. Je perçois des teintes de roses venir colorer le haut de ses joues et je devine les miennes en faire de même quand je sens mon visage s'échauffer. On se fixe pendant un bref instant, mais le temps suspend agréablement ces quelques secondes, pour nous laisser le loisir d'en profiter. Mon corps semble soudainement aux abois. Une envie primitive vient taper à la porte branlante de ma raison. Je ressens son sexe sous mes fesses et, comme pour encourager ce désir croissant, le bas de mon ventre se crispe vicieusement. Mes mains, qui reposaient jusqu'alors négligemment sur son ventre, se mettent à glisser sur son torse ridiculeusement musclé.
- Salut, tu es en retard, me déclare-t-il enfin, ses yeux dorés toujours accrochés intensément aux miens, sa main commençant, elle aussi, à remonter discrètement sur ma cuisse.
- Je sais mais tu aurais pu m'attendre avant de commencer, continué-je légèrement, essayant difficilement de faire redescendre cette soudaine hausse de température qui vient d'envahir la pièce.
Mes doigts se resserrent pourtant sur son t-shirt qui se soulève et me dévoile le bas de ses abdominaux d'une beauté céleste. Je fléchis dangereusement. Mon cerveau affiche un encéphalogramme complètement plat. Mon désir a clairement pris le contrôle. Mes yeux se posent alors sur ses lèvres et j'essaye de m'imaginer leur goût sur les miennes. Mais je n'ai pas le temps de m'y attarder que je sens deux mains me pousser sur le côté et me font basculer sur le lit. Je me mets aussitôt à rire. J'en connais un à qui ça n'a pas plus et qui s'est impatienté.
- Satori ! M'exclamais je faussement offusquée.
- J'ai dit installe toi mais j'avais imaginé sur le lit, pas sur Wakatoshi, me lance-t-il alors avec une moue boudeuse.
En attendant, grâce à son intervention, il nous a ramené à la réalité et a tout de suite calmé cette pulsion qui nous a prise par surprise. Je relève alors les yeux vers lui. Il me fixe d'un regard interrogateur et franchement jaloux. C'est le moment parfait pour le taquiner et je ne vais pas me gêner.
- Jaloux ? Dépêche toi de nous rejoindre alors, lui lancé-je, taquine.
Ce n'était peut être pas une bonne idée d'essayer de l'exciter comme ça après ce bref instant avec Toshi. Satori me lance alors aussitôt un regard que je me surprends à ne pas pouvoir déchiffrer. Je m'attendais encore à de la jalousie mais non, pas cette fois. Tu es toujours aussi imprévisible mon ami. Quelle nouvelle idée vient de germer dans ta tête ? Depuis le premier jour, tu joues à me provoquer, à m'attirer à toi pour mieux t'éloigner, puis tu reviens presque suppliant vers moi et alors, c'est à mon tour de te séduire pour, finalement, te faire languir. On se court inlassablement après et on se provoque avec ce délicieux désir qui nous habite. As-tu seulement idée d'à quel point tu me tentes dorénavant ? Tu sais que je ne peux plus me passer de toi et c'est pareil pour toi aussi, je te suis devenue douloureusement indispensable. Tu aurais voulu être à la place de Toshi à l'instant, je le sais, et tu vas certainement venir te venger en torturant sensuellement mes sens.
Perdue dans mes réflexions, je surprends alors les yeux de Satori glisser sur moi. Je les vois descendre très lentement, telle une caresse délicieuse qui me rend curieusement fébrile, qui ravive les braises du feu que Toshi a allumé juste avant. Il s'approche enfin du lit et alors qu'il passe rapidement par dessus Toshi, il ralentit intentionnellement en arrivant à mon niveau. En s'allongeant, son corps me frôle de toute sa longueur. Son souffle chaud vient s'échouer le temps de quelques fabuleuses secondes dans mon cou. Alors que j'entrouvre la bouche pour je ne sais quelle raison, il m'adresse un autre sourire tout aussi troublant, son visage à quelques centimètres de mes lèvres. Mon corps se tend alors et un doux frisson parcourt mon échine avant d'exploser en un millier de petits feux d'artifices dans le bas de mon ventre. Ma main vient frôler du bout des doigts la peau douce de son dos, effleurant ses muscles incroyablement bien dessinés. Je n'arrive plus à me contrôler. Je suis prête à le retenir contre moi mais je le laisse encore filer. Je suis au bord du supplice de devoir reculer une nouvelle fois.
Ce secret qui n'en est pas un, celui qu'il nous reste à nous avouer ouvertement et qu'on n'a encore jamais osé aborder tous les trois, c'est ça. Au delà de notre amitié incroyable, il y a quelque chose de plus charnel qui plane au dessus de notre petit groupe avec une pressante sensualité. Ce besoin physique irrépressible de devenir intime et tactile, de vouloir ne faire qu'un, nous tente avec insistance et s'intensifie inexorablement à chaque fois un peu plus lorsqu'on se rencontre chaque semaine. On le sait mais on a implicitement fait voeu de silence. On l'a fait par crainte de se perdre, par peur de gâcher notre amitié et la détruire à cause d'un peu de luxure passagère et égoïste. Mais combien de fois nos regards se sont attardés avec désir sur nos corps ? Combien de caresses fortuites ou provoquées, avons-nous initiées et échangées ? Combien de rapprochements avons-nous sciemment incités ? Un nombre incalculable de séduisantes fois, mais notre amitié est au-dessus de cette tentation, elle doit l'être, on n'a pas le choix.
Pourtant, cette délicieuse et si vicieuse tentation, nous relance sans cesse depuis le premier jour et, malgré nos efforts inouïs pour la faire taire, on y résiste maintenant difficilement, on a de plus en plus de mal à la contenir lorsqu'on se voit, elle gagne du terrain. On va bientôt y céder et on le sait très bien. Notre connexion mental devrait pourtant nous suffire, mais on joue avec le feu. Il nous faudrait un rien pour sauter le pas maintenant, mais on n'ose toujours pas, on ne sait pas comment faire.
Oui, on s'est tous les trois envisagés comme plus que des amis mais je suis incapable de choisir. Je ne peux pas. Je ne suis pas dupe aussi, j'ai senti cette rivalité silencieuse qui était apparue entre eux quand je suis là. Rien de violent et de brutale mais plutôt réservé et contrôlé dans leur manière de se surveiller du coin de l'œil, leurs jeux de regards. Ce besoin d'attirer mon attention sur un plus que l'autre. Je les aime exactement de la même manière, comment est-ce que je peux choisir ? Je baisse les bras. Ne gâchons rien et restons comme nous sommes. C'est le mieux pour nous trois. Je ne veux pas perdre ce que nous avons, je ne le supporterais pas. Chaque instant près d'eux est trop précieux pour le mettre en jeu. Je devrais peut être trouver un petit ami ? Mouais... non. Aucun autre ne peut arriver à leurs chevilles. Je bascule la tête en arrière et souffle lourdement. C'est compliqué et il ne vaut mieux pas que je me mette à y penser maintenant. Je secoue la tête pour essayer de remettre mes idées en place mais ce soir, quelque chose est définitivement différent. L'atmosphère est beaucoup plus lourde et suave dans la petite chambre. Ou alors c'est juste moi qui me fais des films ? Non, ce n'est pas moi. Je nous sens au bord du gouffre de cette concupiscence exacerbée que l'on repousse avec acharnement. Ces regards qu'ils m'ont lancés depuis mon arrivée ce soir, ces caresses échangées, chargées de promesses si douces et sauvages à la fois. J'ai comme un mauvais pressentiment. Pas vraiment mauvais, mais comment le décrire ? Un déclic, c'est ça ! Un déclic invisible, presque imperceptible, mais si exquis qui me fait chavirer plus qu'à l'accoutumé. Je divague surement, j'ai eu une longue journée. La fatigue me joue des tours. Je rattrape alors rapidement ma raison, qui essaye furtivement de me fausser compagnie, je m'assure qu'elle se tient tranquille puis je soupire doucement.
Satori s'allonge enfin en se calant contre le mur et nous voilà tous les trois sur le lit de Toshi, collés les uns aux autres. Je ne comprends toujours pas comment on arrive miraculeusement à tenir sur ce lit. Ce n'est pas vraiment important et c'est même devenu réconfortant et apaisant de les sentir ainsi près de moi malgré tout. Une fois installés, et après cet aparté impromptu mais si délicieusement tendu, on peut enfin commencer notre soirée. Essaye quand même de reprendre ton sang-froid jeune fille. Satori met alors le livre au dessus de nous deux et nos têtes se rapprochent naturellement pour se toucher. Ça ne va pas m'aider à me calmer de le sentir comme ça contre moi maintenant, mais on a toujours lu tous les deux ensemble. Tout ça car notre cher Toshi met une plombe à lire. Il s'attarde à lire les publicités de l'épais Shonen Jump. Pas seulement quelques pubs non, toutes ! Il se tape absolument toutes les pubs du magazine. C'est pour cela qu'on le laisse dans son coin pendant qu'avec Satori, on lit tous les deux.
On a seulement passé quelques pages que je sens Satori s'agiter contre moi. Je tourne la tête et vois qu'il grimace. Il ne dit jamais rien quand quelque chose le dérange, mais cette fois il ne m'aura pas.
- Donne le moi, je vais tenir le bouquin, dis-je alors, voyant aussitôt son visage se relaxer.
- Aaaah merci, souffle-t-il, soulagé. J'ai des fourmis dans les deux bras.
Je lui souris tendrement et soulève le livre un peu plus haut pour qu'il puisse, lui aussi, le lire confortablement. Il étire ses bras et en passe immédiatement un sous ma tête avant de revenir rapidement reposer sa joue sur le haut de mon crâne. C'est si agréable. Il sent toujours bon en plus. Je ne comprends pas les gens qui le trouvent bizarre. Il est si attachant et drôle. Il faut apprécier son humour sarcastique certes, mais je ne compte plus le nombre de fois où il m'a fait rire. En repensant à la fois où, par sa faute, j'ai recraché mon eau sur Toshi, je laisse échapper un petit rire que j'étouffe au dernier moment avant qu'il ne passe la barrière de mes lèvres. Je me risque alors à l'observer du coin de l'oeil pendant qu'il se redresse un peu. Je ne dirais pas qu'il est beau mais, purée qu'il est diablement charmant. Son sourire me capture à chaque fois. Je l'aime si sincèrement.
À ces pensées, je viens caler ma tête confortablement contre lui, et je la laisse intentionnellement aller sur son épaule, profitant de sa présence. Satori pose alors sa main sur mon ventre, ses doigts se déploient aussitôt en éventail. Ce toucher ne fait que gonfler encore d'un cran la boule qui était apparue dans ma poitrine quand son corps avait réveillé le mien en m'effleurant si malicieusement. Mes cuisses se resserrent et un petit pincement délicieux chatouille mon entre-jambe. Mon esprit s'échauffe à nouveau, c'est plus fort que moi, je me sens bien tout contre lui. À côté de moi, il y en a un autre que j'aime tout aussi sincèrement.
Le regard inlassablement froncé, Toshi est concentré sur sa lecture. J'essaye d'attirer son attention en le fixant des yeux mais il est imperturbable. Comme si ça me surprenait. Stable comme jamais. Ma jambe vient alors bousculer délibérément la sienne. Il décroche enfin son regard de son livre pour venir le plonger dans le mien. Ce regard stoïque et cette lueur désorientée à peine visible, quand il ne sait pas ce qu'il se passe, le prenant toujours un peu au dépourvu, vient aussitôt m'hypnotiser. Je lui souris. Malgré le temps qu'on a déjà passé ensemble, je sais qu'il ne comprend toujours pas quand je le taquine, mais je ne me lasse pas de ses réactions, elles sont adorables. En dehors des terrains, il est l'homme calme et imperturbable, avec cette expression intense fixée à son visage qu'on pourrait prendre pour de l'arrogance, que personne n'ose approcher. Mais les gens ne savent pas ce qu'ils manquent. Tant pis pour eux. Quand il lui arrive de sourire franchement, mon cœur dérape à chaque fois. Il pourrait littéralement me tuer avec ce sourire si pur. Il faut simplement faire le premier pas et passer outre les apparences pour mériter cette facette de lui. Il ne juge personne et accepte les gens. Son équipe est un bel exemple et je le sais heureux parmis eux. Toshi me sourit en retour et le dos de sa fameuse main gauche vient caresser ma joue. De ses doigts, il dégage une mèche de cheveux de mon visage et la passe derrière mon oreille. Mon coeur s'arrête net et je reste figée pendant qu'il se retourne et recommence à lire. Alors que ma lucidité se brouille dangereusement, mon sang tambourine frénétiquement dans mes tempes. Je suis si faible face à eux.
Quand enfin je reviens sur terre, je cligne plusieurs fois des yeux pour faire disparaître cette brume de désir qui m'embrouille et se répand en moi. Je me pince alors la lèvre et rougit éhontément de cette attention spontanée qu'il vient de me donner avant de rediriger, moi aussi, mon attention sur ma lecture. Ce sont mes précieux amis et assurément plus. Je suis comme dans un cocon invincible entre ces deux hommes. L'un adorablement gentil et l'autre incroyablement apaisant. Je commence à sourire bêtement mais me retiens de trop le montrer pour ne pas me faire charrier par Satori. Son visage si près du mien et son souffle qui glisse régulièrement sur ma peau me soutirent un léger soupir d'aise.
Alors que je suis plongée confortablement dans mes pensées et plus vraiment sur la lecture, la main de Satori se pose sur la mienne et il relève un peu le livre pour mieux le voir. Mon cœur fait un tel sursaut que ma tête se redresse immédiatement pour le dévisager. Sa peau est si douce que sa chaleur aussitôt disparue, je voudrais qu'elle revienne tout de suite me réchauffer. Alors que je le dévisage plus longuement, je me rends compte que son contact m'a fait frissonner bien plus que d'habitude. Qu'est ce qu'il m'arrive ce soir ? Ma respiration s'est emballée et ne semble pas vouloir se calmer tout de suite. Satori se tortille encore. Lui aussi n'est pas comme tous les autres soirs. D'ordinaire, il ne bouge pas d'un pouce. C'est la pleine lune ou quoi ?
Il relève ses jambes et ses pieds viennent alors toucher les miens. J'en profite pour tourner un peu plus mon buste vers lui. On doit peut être trouver une meilleure position ? Il replie alors un peu son bras autour de ma tête et la rapproche de son torse. J'avais déjà du mal à me concentrer sur ma lecture, je pense que je peux définitivement dire au revoir à ma raison. Rien ne s'arrange quand je sens alors un léger mouvement de ses orteils sur mes pieds. C'est plutôt agréable et je décide naïvement de le laisser faire sans broncher. Ses mouvements me relaxent mais finissent définitivement de me déconcentrer. Satori joue bientôt avec mes pieds de manière de plus en plus marqué. Il a l'air de ne plus se soucier d'être discret. Il veut seulement attirer mon attention et honnêtement, ce n'est plus très compliqué. Il l'a déjà capturé et si facilement, que je me surprends moi même de n'avoir pas tenu plus longtemps. Mais en toute sincérité, je n'avais déjà plus vraiment envie de résister dès que j'ai franchis la porte de cette chambre. Cette chaleur qui se répand dans tout mon être se fait déjà plus insidieuse. Je relève la tête vers lui et ses yeux sont loin d'être rivés sur le magazine. Je rougis quand je découvre ses pupilles plongées sur moi. Il me sourit mais son regard se mue rapidement en une expression plus lascive que je n'arrive pas à déchiffrer tout de suite, tant la situation semble irréelle. Qu'est ce qu'il a en tête ? Il y a Toshi juste à côté de nous. Tandis que je m'égare entièrement dans ses yeux fascinant, essayant de comprendre la suite de son initiative avec moi, sa jambe remonte sur la mienne et se met à la caresser lentement. L'intérieur de sa cuisse se pressant sur ma jambe. Il l'enroule à la mienne si sensuellement que je frémis de délice. Il en rajoute. Il pense que son capitaine ne remarquera peut être pas. Il a du cran et je ne résiste quasiment plus. Après tout, Toshi est du genre à se concentrer sur une seule chose. Je le laisse donc faire mais je sais que c'en est fini pour moi s'il accentue cette fougue, je n'arrive déjà plus à reculer. Son bassin se rapproche lentement du mien et ma respiration s'emballe franchement au fur et à mesure que je le sens contre moi. Sa jambe, son bassin, son torse, tout vient s'aimanter contre moi. Satori arrête s'il te plait. Non, continue je t'en supplie. Je ne sais plus. Je sombre dans la passion de son audace. Nos esprits finissent fatalement de s'échauffer alors que nos jambes continuent de s'entremêler. Je fixe maintenant ses lèvres avec insistance et il le remarque facilement. Je t'attends. Je n'attends que ça. Et cette fois.. moi aussi, je te garderai contre moi. La main de Satori vient alors baisser le livre que je tiens encore, par je ne sais quel miracle, au-dessus de nos têtes. Il est temps qu'on s'en débarrasse manifestement.
Je me détourne légèrement de lui et je décide de jeter le bouquin, devenu inutile, par dessus Toshi. Mon geste heurte son bras et il me regarde aussitôt de son regard doré. Je reste figée devant lui et, pour le coup, ça doit être moi qui doit l'avoir cette lueur confuse dans mes yeux. Son bras maintenant enroulé sur mon ventre, je sens Satori se serrer contre moi et son érection naissante se durcit un peu plus sur ma cuisse. Il me pousse à choisir. Mon souffle se coupe. Je dois prendre une décision. On pourrait prétexter n'importe quoi pour sortir tous les deux et aller ailleurs, mais quelque chose semble nous retenir ici. C'est nous trois ou rien. C'est notre pacte tacite. Et comme si ce moment suspendu dans le temps venait de nous donner tous les droits sur la suite pas si logique des événements, mes yeux s'accrochent sans hésitation à ceux du capitaine et je pose ma main sur sa jambe puissante. Il ne tressaute même pas, comme s'il était prêt à recevoir ma caresse, comme s'il l'espérait. Mais sous la fermeté de ses muscles, c'est moi qui perds tout à coup le contrôle de tout. Ne sois pas aussi naïve ma grande, ça devait arriver, tu l'as même espéré. La lueur habituelle d'incompréhension dans le regard de Toshi laisse alors rapidement place à une autre bien plus sauvage, plus licencieuse, que je lui pensais bêtement incapable d'afficher. Il a compris et il en a envie. Il n'attendait que ce petit coup de pouce pour se laisser aller. Il dépose alors le magazine au sol et se tourne vers moi. Son visage s'adoucit en une expression qui me fait fondre, il se rapproche de moi. Il m'autorise et m'encourage même à aller plus loin en venant caresser mon visage du bout de ses doigts. Ma main remonte alors petit à petit sur sa cuisse et au lieu de venir découvrir et jouer un peu avec son entrejambe, je tire sur son jogging, le suppliant de se rapprocher encore plus près de moi, son corps encore bien trop loin du mien à mon goût. Je veux les sentir tous les deux le plus proche possible, les sentir se coller à moi et m'étouffer de leur chaleur brûlante de passion. Puisqu'on a décidé de plonger dans cette pure folie, je veux pouvoir m'enivrer d'eux sans restriction. La voilà donc la solution à notre dilemme et elle s'est dévoilée à nous si naturellement ce soir. Comme une évidence pour nous, mais une évidence si dévergondée, que nos esprits ont mis du temps à l'accepter alors que nos corps ne faisaient que nous le hurler depuis le tout début. Il ne fallait pas choisir, il fallait voir plus grand et je suis en train de finir d'amorcer ça. Enfin, non, on succombe en même temps. Pourquoi ce soir ? On ne le saura sans doute jamais et franchement on s'en fout. Ça devait arriver, c'est tout et je perds déjà la tête de cette idée démente qui nous prend, qui nous traverse et qui nous emporte complètement.
Mais alors que j'allais me retourner vers Satori, Toshi se détache de moi et se relève tout à coup du lit. Avec Satori on se dévisage, surpris. Il a changé d'avis ? Il n'avait pas compris ? Toshi s'éloigne vers la porte et, en entendant un petit clic franc, je comprends qu'il vient de fermer la porte à clef. Je soupir de soulagement. Très bonne initiative de sa part mais mon coeur se met soudainement à battre la chamade. Ce cliquetis de verrous vient implicitement de donner l'approbation de la mise en pratique de cette idée, déraisonnable mais si excitante, qui germait depuis un moment dans nos trois esprits et qui vient d'éclore subitement ce soir.
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