O5. SORTIE

𝐀𝐍𝐂𝐎𝐋𝐈𝐄
━━━━━ ⸙ ━━━━━
chapitre cinq —— Sortie
« La solitude finit par détruire. »




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Environ cinq jours. Le temps n'existait pas dans sa cellule. Quel jour était-il exactement ? Quelle heure ? Lara ne savait rient de tout cela. Elle avait cependant réussi à se faire une idée approximative de la date en fonction de sa fatigue.

Seulement, la nuit n'existait pas non plus ici. Si elle était fatiguée, l'orpheline n'avait qu'à demander d'éteindre la lumière de sa salle et à se coucher. Elle était en parfaite autonomie. Et chaque jour, elle passait un test quotidien sur ses capacités.

Bien sûr, elle avait eu le droit à quelques jeux pour passer le temps lorsqu'elle était dans sa chambre : un plateau d'échec, quelques romans d'aventures, mais rien d'extraordinaire.

Alors elle écrivait.

Les scientifiques n'avaient pas remarqué le carnet qu'elle avait scotché à l'intérieur de son uniforme. Mais maintenant, elle le laissait sur le bureau. Personne ne lui avait interdit ni volé, il lui laissait la seule chose qui permettait de réellement l'occuper.

Lara s'en doutait, ils avaient déjà dû vérifier le contenu. Cependant, il n'y avait rien d'intéressant pour eux. Il y avait simplement marqué les sentiments de la jeune fille, son ressenti à Lambda, et plusieurs pages qui racontaient ses longues journées.

Alors que la petite blonde venait tout juste de terminer le dernier roman fantastique que l'infirmier lui avait donné, la porte de sa cellule s'ouvrit. Ce fut, pour la seconde fois de la journée, l'infirmier qui venait d'entrer.

— Grande nouvelle, tu vas pouvoir sortir une dizaine de minutes ! annonça le roux avec un grand sourire.

— Génial ! s'exclama Lara.

L'intéressée se leva d'un bond et sautilla sur place d'un air enfantin. Après avoir passé tout ce temps dans sa chambre, elle allait pouvoir enfin respirer l'air frais ! Sentir les doux rayons du soleil sur sa peau lui avait terriblement manqué.

— Par contre, tu ne sortiras pas dehors, ajouta l'infirmier avec un léger rire. Tu vas seulement aller dans la pièce commune.

L'enthousiasme de Lara s'envola en un instant. Dans une salle ? Encore et toujours à l'intérieur ! L'orpheline soupira. Elle qui avait tellement de revoir l'extérieur, ça n'allait pas être pour aujourd'hui.

D'un pas las, elle s'approcha de l'infirmier en titubant. L'homme lui sourit d'un air amusé et referma la porte juste après qu'elle soit sortie.

Lara et l'infirmier traversèrent de nombreux couloirs. Un véritable dédale. Il était très facile de se perdre dans le laboratoire. Peut-être que les scientifiques avaient fait exprès ? En tout cas, la jeune fille était impressionnée que quelqu'un sache s'y retrouver.

Le roux se stoppa net et fit face à une porte sur la droite. Lara fit de même et remarqua sur le côté, un petit scanner. Il plaça sa main dessus, et un léger rayon lumineux émana. La porte s'ouvrit subitement par ce simple contact.

La blonde entra dans la salle et découvrit quelques personnes déjà installées : un homme assez grand portait un sac sur la tête et était assis sur l'un des trois fauteuils de la pièce. Un autre grand, costaud et au crâne rasé, était assis contre le mur, face à la porte.
D'un air idiot, il leva son regard sur la nouvelle venue et laissa ensuite tomber mollement sa tête, fixant le sol.

Une femme brune, avec une queue-de-cheval et à la silhouette fine, était couchée sur une table. Accompagnée d'un autre homme aux cheveux de la même couleur que sa camarade, à la musculature forte et à l'air idiot, ils comptaient ensemble les rares fissures qu'ils y avaient au plafond.

Alors que la porte se refermait derrière Lara, les regards se posèrent sur l'inconnue. Les deux couchés sur la table lancèrent un regard mauvais à la jeune fille.

J'aurai peut-être dû rester dans ma cellule finalement... songea la blonde en se pinçant la lèvre.

La femme à la queue-de-cheval se leva subitement. Elle s'approcha de l'orpheline tout en la fixant, une lueur d'amusement dans son regard.

— T'as quel âge ? demanda-t-elle avec froideur.

— Onze ans, lui répondit l'intéressée en ne se laissant pas impressionner.

— C'est jeune. Mais ce n'est pas pour ça que je vais te ménager !

Soudain, elle lui prit son bras droit et commença à le serrer avec une poigne de fer. Lara laissa échapper un léger gémissement face à la force de son interlocutrice.

— Qu'est-ce que t'as de spécial pour qu'ils t'amènent ici ? interrogea la brune en resserrant encore plus. Tu ne sembles pas en plus avoir autant souffert que nous.

— Je ne sais pas ce qu'ils me veulent, mais lâchez moi ! implora la petite.

— Et tu vas faire quoi si je ne le fais pas ?

La jeune femme continua de fixer Lara avec toujours cette expression hautaine. Elle la dominait et le savait. Sa force été incroyable et personne n'avait encore jamais résisté. Ou en tout cas, personne n'était jamais reparti sans avoir eu son bras cassé.

Lara planta ses prunelles dans ceux de son aînée, enragée par l'attitude de cette dernière. Comment osait-elle la blesser alors qu'ils étaient dans le même pétrin ? Si elle avait tant souffert que ça, ne pouvait-elle pas comprendre ce que Lara avait ressenti lors de son opération ?

— Alors, j'attends ta...

Lara coupa court sa phrase et, à l'aide de son second bras, elle asséna à cette femme un puissant coup de poing dans le ventre. La brune lâcha un hoquet de surprise et poussa un cri de douleur. Elle relâcha aussitôt la jeune fille et lui souffla :

— Je m'en souviendrais.

A ses mots, elle tourna les talons pour rejoindre son camarade en se pliant en deux.

Lara fut surprise elle-même par la tournure qu'avait pris la situation. Elle venait vraiment de donner un coup aussi puissant ? Bouche bée, la blonde observa attentivement ses deux mains, comme si quelque chose allait apparaître.

C'est donc ça mes améliorations ? se demanda-t-elle, stupéfaite.

Lara toucha son bandage, toujours scotché sur son œil gauche. Quelle chose allait-elle voir en dessous ? Arrivera-t-elle à se reconnaître devant le miroir ?

Elle chassa ses questions en secouant vivement la tête et partit s'asseoir sur l'une des trois chaises de la pièce blanche. Cette salle ressemblait presque à sa chambre, mais en étant beaucoup moins lumineuse. Les murs et le plafond sombraient dans une nuance plutôt grisâtre, tandis que quelques trous et fissures se creusèrent un peu partout.

A cause de la taille de l'homme portant un sac sur la tête, Lara n'avait pas vu plus tôt une autre personne, assise calmement sur un des trois fauteuils. Il semblait serein et calme, contrairement à l'autre idiote.

Sa peau mate reflétait la lumière, lui donnant une jolie couleur caramel. Ses petites lunettes rectangulaires lui rappelaient celle du chirurgien. Avec surprise, l'orpheline ne vit pas un cheveu sur son crâne luisant, tout comme l'homme assis contre le mur.

Rassurée, Lara prit place sur la dernière chaise et fixa le plafond, ennuyée. Elle aurait préféré sortir, plutôt que de rester ici à se faire frapper et dévisager par ces inconnus.

— Ne fais pas attention à elle, lâcha soudainement l'homme chauve en brisant le silence. Elle et le gars, là-bas, sont un peu fous.

Il lui montra d'un signe de tête les deux amis sur la table, riant aux éclats.

— Je vois, soupira la blonde d'exaspération.

— Ta démonstration de force était très impressionnante, Barbara n'est pas du genre à perdre, reprit-il.

— Vous connaissez les noms de chacun ?

— Bien sûr, cela fait des mois que nous sommes ici !

Lara jeta un coup d'œil sur son livre. Dans ses mains, l'inconnu lisait un roman d'environ huit-cents pages sur la médecine.

— Et vous êtes ? poursuit Lara, curieuse.

— Vincent. Zazie, c'est le gars avec le sac. Cislo, c'est le camarade de Barbara, que tu connais déjà. Et enfin Adam, celui qui est contre le mur.

A ses mots, la jeune fille observa tour à tour les personnes que Vincent venait de citer. Zazie se tenait sur le fauteuil, les bras croisés contre sa poitrine. Il semblait s'ennuyer autant qu'Adam, qui continuait de fixer le sol.

— Quels sont leurs capacités ? questionna Lara en fronçant les sourcils. Si nous sommes là, c'est parce que nous avons quelque chose de spécial, non ?

— En effet. Pour Zazie, je n'en sais rien, mais Cislo, Barbara et Adam eux, sont la force.

— Et vous, c'est quoi ?

— Mystère. Au fait, quel est ton nom ?

— Lara.

Vincent parut surpris de l'information et haussa un sourcil. La blonde ne comprenait pas, qu'était-il en train de penser ?

— Tu es l'enfant qui vient de Grace Field ? De la plantation numéro cinq ?

Lara ne sut que dire. Comment cet inconnu pouvait-il savoir cela ? Alors que c'était la première fois qu'ils se rencontraient.

— Oui, comment vous savez ? questionna-t-elle, intriguée.

— Norman m'a dit que tu viendrais sûrement à Lambda.




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CHAPITRE 5 TERMINÉ
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