𝐀𝐍𝐂𝐎𝐋𝐈𝐄
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chapitre vingt-six —— L'enregistrement
« Le temps est le meilleur allié de la vérité. »

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L'intérieur du bâtiment n'était pas bien grand. Sur chaque mur en brique, il y avait une fenêtre qui donnait sur l'extérieur. Au centre, Lara put reconnaître un ascenseur. Elle en avait déjà vu dans un livre à Grace Field, mais jamais elle n'aurait pensé en voir un en vrai, et aussi vieux. À côté de cet ascenseur se trouvait une borne, et un téléphone posé sur une table.

— Un ascenseur, et il n'est pas tout jeune ! déclara Lucas en observant les alentours.

Emma restait planter devant l'immense machine, hébétée.

— Se pourrait-il que l'on puisse rejoindre le monde des humains grâce à cet ascenseur ? demanda la rousse.

Lucas ouvrit grand les yeux, et pouffa de rire.

— Non, c'est impossible !

— Ouais, je sais. Après toutes les difficultés que l'on a endurées, je doute que ce soit aussi simple ! ajouta Emma.

— Et puis, franchement, le monde des humains via un ascenseur quoi !

S'en suit un fou rire entre les deux. Lara soupira, la théorie d'Emma pouvait très bien être vraie.

— Vous êtes au courant que cette idée pourrait marcher ? questionna la blonde.

Les deux complices s'arrêtèrent net de rire. Ils observèrent l'immense ascenseur qui se dressait devant eux, et se fixèrent à nouveau.

Cet ascenseur pouvait très bien être une sorte de passage entre les deux frontières. Donc, s'il pouvait aller du monde des humains vers le monde des démons, il pourrait très bien faire le chemin l'inverse.

— Sur la borne, là, il n'y a pas un moyen de l'actionner ? demanda Lara.

Emma se dépêcha d'aller vérifier. Elle s'exclama avec joie :

— Si, il y a une fente, à côté du dessin de la chouette ! Le dessin indique le mot "pen", je vais insérer le stylo alors.

Lara et Lucas s'approchèrent de la rousse. Elle mit le stylo dedans et un bruit sourd en sortit. Pourtant, alors que Lara pensait que l'ascenseur était en parfait état, le mot "failure" apparut sur l'écran de la borne.

— Quoi ? Comment ça "failure" ? s'exclama Lara.

Soudain, le téléphone posé sur la table, se mit à sonner. Les trois paires de yeux s'ouvrirent en grand. Minerva les appelait ? D'une main tremblante, Emma prit l'appareil et balbutia :

— Allô ?

— William Minerva à l'appareil.

Lara resta tétanisée à l'entente de la voix, tout comme ses deux autres camarades. Alors, William était vivant ? C'était vraiment lui qui allait leur parler ? Cela semblait presque trop beau pour être vrai.

— Je suppose que vous êtes un ou une évadée donc je vais être très bref. Tout d'abord, je voudrais vous présenter mes plus plates excuses.
Car l'ascenseur était censé être un moyen pour vous conduire dans le monde des humains, mais il est hors d'usage.

Lara écarquilla les yeux de stupeur. Alors, si cet ascenseur avait vraiment marché, elle aurait rejoint le monde des humains ? Il servait donc bel et bien de transporteur ? Lara sentit un puissant sentiment d'impuissance l'envahir. N'y avait-il aucun moyen de le remettre en marche ? Elle ne pouvait pas le laisser comme ça ! Mais le remettre d'aplomb était impossible. 

Comment William sait s'il est hors service ? Aurait-il fait un enregistrement et aurait prédit que l'ascenseur ne marcherait pas ? réfléchit Lara, songeuse.

— Comment ça hors d'usage ? s'exclama Emma. M. Minerva, où êtes-vous ?

— J'ignore en quelle année vous vous trouverez en écoutant ce message. Mais si vous m'écoutez, c'est que l'ascenseur est HS.

C'est donc bien un enregistrement !  pensa Lara, ébahie. Ça doit être une sorte de mécanisme d'urgence qu'il a planifié : si l'ascenseur ne marche pas, alors l'enregistrement se met automatiquement en route !

— C'est de ma faute, j'ai manqué de prudence. Jamais je n'aurais pensé que j'aurais été trahi. Je pense donc que le village que j'ai construit n'est plus un endroit sûr.

Lara s'en doutait depuis le début. À la base, Goldy Pond n'était pas un terrain de chasse, mais un endroit sûr et protégé pour les évadés des orphelinats. Peut-être était-il là pour assurer la transportation vers le monde des humains ? Une sorte de point de passage ?
En tout cas, une chose était sûre, Minerva s'était fait trahir par quelqu'un qui lui était cher, cela se sentait au son de sa voix.

— Je voulais me racheter, reprit William. Mon véritable nom est James Ratri, et je suis un descendant du clan qui a été à l'origine de la promesse d'il y a environ mille ans.

Lara put observer du coin de l'œil Emma réagir tout de suite au nom. La connaissait-il ?

— Mon clan et moi jouons un rôle de médiation entre les deux mondes afin de respecter la promesse. Mais, en tant, qu'humain, je ne pouvais plus tolérer ce que vous enduriez. J'ai donc laissé des indices sous le pseudonyme de William Minerva.

Alors, ce stylo confirmait bien la destination où les enfants devaient aller : Goldy Pond. Pour, ensuite, passer dans le monde des humains à l'aide de l'ascenseur. Seulement, comme le laboratoire Lambda avait-il pu mettre la main sur un de ces fameux stylos ? Ou bien, peut-être que seulement Stan et Smee en avaient et étaient au courant.

— Mais bon, le village a dû être bloqué, et maintenant, celui qui m'a trahi a retourné mon clan contre moi, soupira William. Désormais, ils en veulent à ma vie.
À l'heure où je vous parle, nous sommes le 20 Mai 2031. Quand vous écouterez ce message, je serais probablement mort.

— Quoi ?! s'indigna Emma. Il est mort ?!

— Il ne devait pas être tout jeune, ajouta Lara. Même si sa voix n'a pas celle d'une personne âgée...

— Mais ne vous inquiétez pas, poursuivit Minerva, je ne suis pas votre seul allié ! D'ailleurs, il y a d'autres moyens pour aller dans le monde des humains, même si ils sont sûrement assez dangereux. Par exemple : Grace Field, Glory Bell, Grand Valley et Goodwill Ridge.

Lara en resta bouche bée. Il y avait un passage à Grace Field et elle n'avait rien vu ? Si c'était au Centre, elle était si proche du but.

— Sois, vous fuyez discrètement par petits groupes, sois vous rassemblez une armée d'enfants et brisez la promesse en déclarant une guerre au système. Ni moi, ni mes alliés ne vous en empêcheront. Mais si aucune de ces solutions vous conviennent, partez à la recherche des "sept murs".

Une guerre ? Briser la promesse ? Et les Septs Murs ? Voilà le choix que devait maintenant faire les orphelins, et Lara n'avait pas la moindre de ce que tout cela voulait dire.

— Je n'ai plus de temps. Je prie de tout cœur que vous réussissiez ce que vous aurez choisi. Au revoir et surtout, continuez à vivre !

Et l'enregistrement de William Minerva prit fin lorsqu'il raccrocha.

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CHAPITRE 26 TERMINÉ
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